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Eglise paroissiale Saint-Pierre de La Ronde
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > La Ronde
Historique
L'église jusqu'au milieu du 19e siècle
Au Moyen Âge, la paroisse Saint-Pierre de La Ronde est à la présentation de l'abbé de Maillezais. L'église fait partie de ses biens mentionnés dans une bulle du pape Célestin III en 1197. En 1402, selon le Pouillé du diocèse de Saintes, elle constitue encore une paroisse en tant que telle, vouée à saint Pierre, à côté de Taugon. Au 17e siècle, elle ne forme plus qu'une succursale de celle de Taugon, et l'église fait alors l'objet, comme telle, de visites de la part des évêques successifs de Maillezais puis La Rochelle. Dès 1566, le prieuré de La Ronde est mentionné dans une déclaration au roi du droit d'aigage de l'abbaye de Maillezais. En 1699, l'église apparaît en mauvais état ("il y a plusieurs endroits où les murailles sont creuvées et qui menacent ruine", rapporte une visite pastorale) et a besoin de grosses réparations.
Le bâtiment apparaît sur le plan cadastral de 1812. Il est situé un peu plus au nord que l'église actuelle, empiétant sur le cimetière qui s'étend alors vers le nord. De plan rectangulaire, avec deux excroissances à l'ouest (ballet ?) et au sud, l'église mesure environ 25 mètres de long sur 10 de large. Elle est semble-t-il partagée en deux nefs par des piliers carrés, et son sol est d'un mètre plus bas que celui de la place et du cimetière qui la jouxtent. En 1850, l'abbé Lacurie mentionne des éléments architecturaux (porte, ogive, arceau dans la sacristie) remontant, selon lui, au 14e siècle. En cette première moitié du 19e siècle, l'église est de nouveau en très mauvais état, proche de la ruine, notamment la charpente. Les 13 mai et 2 octobre 1816, le conseil municipal décide de travaux urgents, relevant que le mur nord de l'église est sur le point de s'écrouler. Les réparations concernent aussi le clocher, les contreforts, la charpente et la couverture. En 1830 encore, l'architecte Antoine Brossard préconise de reconstruire le clocher. En 1837, l'église, qui possède un ballet à l'ouest, a encore besoin de réparations, notamment sur la couverture.
Un projet de reconstruction chaotique (1848-1855)
En 1848, alors que la commune de La Ronde vient de se séparer de celle de Taugon, et tandis qu'elle devient paroisse (succursale) par arrêté du 18 octobre, un projet de reconstruction de l'église, comprenant aussi celle du presbytère, est lancé. L'opération sera financée par la ferme prélevée sur une moitié du marais communal de Chintré, entrave au principe de jouissance collective du communal qui provoque quelques frictions entre des habitants et le maire Etienne Savin, qui est même molesté. Il est alors envisagé de modifier totalement la disposition de l'église, comme le montre un plan des lieux établi par Sennelier, instituteur communal, le 4 juillet 1849 : l'église serait en effet orientée vers le nord, perpendiculaire à la rue (à l'emplacement de l'actuel 41 rue de l'Eglise), avec le presbytère en retour d'équerre (donc parallèle à la rue). Mais pour ce faire, il faudrait exproprier le propriétaire de l'emplacement ainsi visé, Charles Pichot, qui refuse de le céder.
Le projet de reconstruction de l'église est confié au jeune architecte Ernest Massiou. Il semble alors qu'on abandonne, sitôt émise, l'idée d'une église orientée vers le nord, pour la reconstruire en partie à l'emplacement de l'ancienne, quoiqu'un peu plus vers le sud-est. Mais le 29 septembre 1849, le préfet fait savoir que la Commission des édifices religieux a rejeté le principe avancé par Massiou d'un plafond plat plutôt qu'une voûte, ce plafond étant susceptible, selon elle, de pousser et renverser les murs. Massiou balaie ces critiques, indiquant qu'il n'envisage pas une voûte plate mais bien un tillis en planches suspendu à la charpente. Il accepte toutefois d'ajouter des contreforts en pierre aux murs gouttereaux et sur la façade. Son projet révisé est présenté le 26 février 1850.
Les débats, vifs, continuent pourtant. En avril 1850, dans une lettre au maire de La Ronde, Louis-Benjamin Fleuriau de Bellevue, notable du département et des marais desséchés de Taugon-La Ronde, indique qu'il fait pression sur les services préfectoraux pour faire avancer le projet. Mais le 1er septembre 1851, la Commission départementale des bâtiments civils émet de nouvelles critiques sur le projet de Massiou : la nef, large de 14 mètres, serait trop large, les contreforts latéraux seraient trop faibles et pas assez nombreux, de même que les fenêtres, et une seule sacristie doit suffire au lieu de deux. Bref, c'est le projet même de reconstruction qui est ainsi remis en cause. Il est en tout cas retardé et, en avril 1853, alors que Massiou travaille à de nouveaux plans, le conseil municipal réitère sa volonté de reconstruire l'église. La Commission des bâtiments civils s'y oppose toutefois encore, s'appuyant sur un avis négatif rendu par l'architecte départemental Antoine Brossard (le propre oncle de Massiou !). La Commission pousse aussi à une reconstruction à l'emplacement précis de l'ancienne église, ce que Massiou refuse dans un rapport du 24 janvier 1854. De toute façon, Charles Pichot, propriétaire d'une partie du presbytère qui doit être reconstruit en même temps que l'église, refuse de la céder à la commune. Le 6 juin 1855 enfin, un décret impérial déclare d'utilité publique la reconstruction de l'église et du presbytère. Charles Pichot finit par vendre son bien à la commune le 25 juillet suivant. Les matériaux provenant de la démolition du cabaret Pichot, ancien presbytère, serviront à la reconstruction de l'église.
Des travaux longs et difficiles, une réflexion qui se poursuit (1855-1859)
La porte semble ouverte au début des travaux, encouragés désormais par le nouveau maire, le bonapartiste Pierre Roy, désigné le 1er septembre 1855. Mais le 9 mars 1856, l'adjudication des travaux est infructueuse, les entrepreneurs et artisans de la région ne semblant pas se presser pour mener à bien une oeuvre aussi contestée. Un accord est alors passé avec Jean-Baptiste Billard, entrepreneur à Nuaillé-d'Aunis. Il s'engage à réaliser les travaux à l'église et au presbytère mais fixe ses conditions : pour en diminuer le coût, on utilisera non pas de la pierre de taille de Saintonge mais celle de Niort, plus facile à acheminer par bateau, sauf pour les bases des élévations. Malgré tout, le 7 mai 1856, a enfin lieu la bénédiction de la première pierre de l'église. Pendant la durée des travaux, et alors que l'ancienne église est démolie, un lieu de culte provisoire est aménagé dans la salle de classe de l'école des garçons, de l'autre côté de la rue.
Si les travaux commencent (une première messe est célébrée dans la nouvelle église en décembre 1856), le projet ne cesse, lui, d'évoluer. Le 6 novembre 1856, Massiou envoie son projet d'aménagement du choeur, en prévoyant de l'encadrer par deux chapelles latérales, et tout en continuant à réfléchir au mobilier, à la sacristie et au presbytère. Il présente un devis complémentaire qui précise son projet. Il propose un tambour pour la porte d'entrée, des persiennes pour le clocher, un revêtement de la façade occidentale en pierre de taille, un carrelage de la nef avec des bordures en pierre de taille pour dessiner les allées et retenir le bitume, des marches en pierre de taille pour monter au sanctuaire, neuf vitraux en verre de couleur, et une corniche en plâtre à la base des cintres du plafond. La réflexion de Massiou, globale, porte aussi sur le mobilier de l'église, pour lequel il présente un autre devis le 4 février 1857.
Toujours plus ambitieux, il propose, le 26 août 1858, de construire non pas une mais deux sacristies (idée pourtant rejetée en 1851), de surélever les murs de la nef, d'agrandir la porte ouest, de décorer le plafond en ornements de plâtre, de carreler le sanctuaire en carreaux placés en losanges, et de donner une plus grande importance au clocher, orné de sculptures et de colonnettes. Ces nouvelles dépenses, d'un montant total de 17000 francs, ne sont pas du goût de tous. Le 31 juillet 1858, le préfet écrit au maire pour déplorer le début des travaux alors que le projet n'a pu être examiné par les services de l'Etat, ce qui pourrait remettre en cause sa participation financière. Il lui adresse une nouvelle remontrance le 5 novembre, après que la commune a présenté de nouveaux devis pour des travaux semble-t-il déjà commencés voire réalisés ! De son côté, la commune a aussi maille à partir avec l'architecte Massiou qui a délivré un certificat de fin des travaux sans être venu vérifier sa réalité, et alors que le coût total des travaux augmente de jour en jour, atteignant en juin 1859 plus de 62 000 francs. Le 1er juillet enfin, les travaux de reconstruction de l'église et du presbytère sont réceptionnés, même si tout le mobilier notamment n'a pas encore été posé. Le procès-verbal fait désormais état d'un coût de plus de 54 000 francs. Le 24 août, l'évêque de La Rochelle vient bénir la nouvelle église ainsi que le nouveau presbytère. Mais en octobre, la préfecture proteste à nouveau, observant que tous les travaux ne sont pas achevés et jugeant dès lors prématurés leur réception et le paiement à l'entrepreneur Billard. En 1860 encore, cette question ainsi que celle des honoraires de l'architecte n'est toujours pas réglée...
Améliorations et aménagements à la fin du 19e siècle et au 20e siècle
Des travaux complémentaires ou d'entretien sont effectués au cours des années et décennies suivantes. En 1887 par exemple, le sol de l'église est refait en ciment par Calixte Chauveau, plâtrier à Courçon, qui y a laissé sa signature (dans l'allée centrale, en avant du choeur). La toiture est refaite en 1889 : on remplace les tuiles creuses par des ardoises d'Angers, travaux réalisés par Lambert-Amiaud, couvreur à Fontenay-le-Comte. Dès le 22 mai 1886, Pierre Corbineau, architecte alors associé à Ernest Massiou, propose d'orner le tillis d'un décor peint de caissons en trompe-l'oeil, dans le même goût néo-classique que l'ensemble de l'église. Il faut attendre le 2 juillet 1890 pour que Massiou en reprenne le projet (en le modifiant), adopté en conseil municipal le 6. Le plafond sera enduit d'une couche de plâtre, opération adjugée le 7 août à Calixte Chauveau. Une nouvelle reprise du plafond, sur une superficie de 420 mètres carrés, est opérée en 1908 (le décor peint en 1890 disparaît peut-être à cette occasion). L'éclairage au gaz est installé dans l'église en 1910. La toiture et la charpente sont reprises en 1920 ; on en revient à la tuile creuse. En 1950, on intervient de nouveau sur le plafond : la couche de plâtre appliquée en 1890 est retirée au profit d'un nouveau tillis peint en blanc. Les travaux, encadrés par Charles Pavid et W. Barbey, architectes à Cognac, sont adjugés le 13 avril à Jules Fernand, menuisier à Vix. La toiture de la nef connaît une nouvelle intervention en 1993, celle du clocher en 1997. En 1998, une croix est placée au sommet du mur pignon ouest qui en était dépourvu jusqu'à présent ; cette croix provient du tombeau de Pierre Roy, maire de La Ronde au moment de la reconstruction de l'église.
Détail de l'historique
Description
L'église de La Ronde est un exemple d'architecture néo-classique religieuse telle qu'elle s'est diffusée dans le Centre-Ouest de la France au 19e siècle. L'église, constituée d'une nef unique, est de plan rectangulaire, avec une petite abside au chevet contre laquelle s'adosse le clocher, de plan carré. La nef est couverte d'un toit à longs pans, en tuiles creuses. Le clocher présente une flèche polygonale, couverte en ardoise.
La façade occidentale est organisée en deux niveaux et trois travées délimitées par des contreforts plats. Les travées latérales sont aveugles. La travée centrale est percée d'une porte en plein cintre, à encadrement mouluré, surmontée d'une petite croix moulurée. Le niveau supérieur présente une fenêtre ébrasée en plein cintre, avec corniche cintrée moulurée. Les contreforts s'élèvent jusqu'au fronton-pignon aux rampants moulurés et à corniche interrompue.
Les murs gouttereaux de la nef sont chacun composés de quatre travées séparées par des contreforts plats, identiques à ceux de la façade occidentale. Ces travées sont ouvertes de baies ébrasées en plein cintre, à encadrement mouluré. Une corniche également moulurée souligne le toit.
Le clocher s'élève, de manière originale, non pas au-dessus de la façade occidentale mais à l'est (une configuration que l'on retrouve par exemple à Saint-Clément-des-Baleines et à Aytré). Le clocher comprend quatre niveaux. Au premier et au deuxième étage, sur les faces nord, sud et est, s'ouvre une fenêtre ébrasée en plein cintre, avec une petite corniche mouluré au cintre. Le troisième étage est séparé des niveaux inférieurs par une corniche moulurée. Sur chacune de ses faces, des baies géminées prennent place sous une corniche moulurée au cintre, reposant au centre sur un chapiteau à feuilles et à colonne demi-engagée. Des frontons triangulaires moulurés couronnent les quatre élévations, sous la flèche.
A l'intérieur, on pénètre dans la nef sous la tribune formant tambour. La nef est couverte d'un plafond lambrissé, en arc déprimé. De part et d'autre de l'allée centrale, les travées de bancs forment des bas-côtés virtuels, auxquels répondent les autels latéraux. Le choeur, surélevé de deux degrés, est dallé de pierres peintes. Il se termine par une petite abside voûtée en cul-de-four où prennent place le maître-autel et son baldaquin. Derrière celui-ci, une porte donne accès à la travée sous clocher, de part et d'autre de laquelle se trouvent la sacristie au nord, une remise au sud.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
1 vaisseau |
Élévations extérieures |
élévation ordonnancée |
Couvertures |
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Escaliers |
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Typologie |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA00043490 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. Mailles Dominique |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
1980 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques |
Citer ce contenu |
Eglise paroissiale Saint-Pierre de La Ronde, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/45a3935d-058c-40f5-9499-35cd42b3f55f |
Titre courant |
Eglise paroissiale Saint-Pierre de La Ronde |
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Dénomination |
église paroissiale |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , La Ronde , place Jean Guilloux
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Bourg
Cadastre: 1812 B 183, 1867 B 347, 2021 B 106