Château de Lamarque

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Le château de Lamarque semble établi au 11e siècle par le duc d´Aquitaine, bien que le nom de la seigneurie de Lamarque apparaisse pour la première fois dans les rôles gascons en 1277. La forteresse est élevée dans les marais des bords d'estuaire afin de contrôler cet axe stratégique. De cette époque datent probablement les soubassements et une partie de la chapelle. Au cours du 13e siècle, la seigneurie est en possession de Thalésie, dame de Lamarque et l´une des sœurs du seigneur de Blanquefort.

Le château actuel est construit pour Pons de Castillon, chevalier, seigneur de Castillon, de la Marque et de Montendre, dans la seconde moitié du 14e siècle sur les restes de l´ancienne forteresse : élévation du donjon, du corps de logis et de l´échauguette. Prise et confisquée par les souverains anglais, la seigneurie est donnée entre 1422-1430 au fils du roi Henri IV de Lancastre, Humphrey de Lancastre, duc de Glouscester puis en 1446-1447 à la famille de Foix apparentée à celle des Lancastre. Lors de la conquête de la Guyenne par les Français, Jean de Foix, seigneur de Lautrec, et son épouse, Jeanne de Lescun, se retrouvent en possession des terres de Castillon et de la Marque. En 1516, Magdeleine de Lescun est qualifiée de "dame de Lamarque".

A la fin du 16e siècle, la seigneurie de Lamarque est achetée par Jacques II de Goyon-Matignon (1525-1597), comte de Thorigny, seigneur de Lesparre et maréchal de France depuis 1579. Ce dernier fait surhausser la chapelle ainsi que le corps de logis qui connaît lui-même une extension. Le portail d´entrée daterait également de cette époque.

En 1598, Jean-Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642), duc d'Épernon, transforme à son tour le château : les fenêtres sont agrandies, les salles basses sont voutées, la tour carrée est construite et un escalier d´honneur est aménagé. A sa mort en 1642, son fils Bernard de Nogaret de La Valette d'Épernon (1592-1661) lui succède.

En 1674, le domaine de Lamarque (et celui de Beychevelle) revient entre les mains de la famille de Foix-Candale : Henri, duc de Randan (1640-1714), baron de Beychevelle et de Lamarque, héritier du duc d'Epernon.

Le "château de la Marque" est visible sur une carte de 1691, entouré de zones boisées. Le plan du fort du Médoc daté de 1707 souligne l'enceinte circulaire du château et l'allée plantée d´arbres qui mène au bourg. Le 11 septembre 1692, Jean-Pierre Dabadie, premier président de la seconde chambre des enquêtes au Parlement de Bordeaux depuis juillet 1680, achète les seigneuries de Beychevelle et de Lamarque.

En 1717, son neveu, Étienne-François de Brassier (1685-1740), conseiller au Parlement de Bordeaux, reprend le domaine ; une fenêtre surmontée d´une agrafe portant la date de 1722, précédée des initiales MLD/SBD/J, témoigne de travaux effectués alors. Son fils François-Armand (1723-1768), puis son autre fils, Étienne-François (1725-1787), dernier seigneur de Lamarque, lui succèdent. C'est grâce à ce dernier que nait réellement l'activité viticole au château ; les chais situés au nord de l'enceinte seraient datables de cette époque. Le domaine est indiqué sur une carte de 1759. Sur la carte de Belleyme, les vignes sont situées principalement à l'est et au sud du château. Delphine de Brassier hérite seule du domaine après le décès de son frère, jusqu'au pillage du château lors de la Révolution en 1793-1794.

Le château est ensuite vendu comme bien national en 1795 à Urbain Giard. Le 19 décembre 1825, le domaine est mis en vente par licitation au prix de 40 000 francs ; il est acquis par Antoine de Sauvage, maire d'Andernos et grand propriétaire landais. Selon l'acte de vente, le château de Lamarque "est en très bon état" ; il est composé de plusieurs chambres, de salons, d'une cuisine et d'une ancienne chapelle ainsi que de parcs à cochons et à bœufs, d'une écurie, d'un grand cuvier, d'un chai contenant 45 tonneaux, d'une importante allée d'entrée, d'un jardin et d'un grand vivier. Le domaine est de surcroît doté, outre du vignoble, de prairies, de terres labourables et de bois, situés également sur les communes d'Arcins et de Saint-Laurent, ainsi que de deux maisons, une dans la grande Rue du bourg et l'autre, avec deux chais, située au port. L'ensemble couvre près de 57 hectares dont 17 en vigne.

Sur le plan cadastral de 1826, le domaine mentionné "Au Château" est constitué, selon la matrice correspondante, de la maison avec cour (parcelle 290), d'un bâtiment rural (parcelle 291), d'un réservoir (parcelle 285) et d'un jardin (parcelle 288), l'ensemble entouré d'une longue allée, de prés et d'oseraies. La configuration de l'enceinte ne semble pas subir de transformations dans ce second quart du 19e siècle, comme le montre un plan des marais de Lamarque de 1838. Édouard Guillon écrit même en 1868 que M. de Sauvage "laissa (le château) s'abimer peu à peu et tourner du monument à la ruine".

A la suite d'un procès perdu contre des négociants en 1840, Antoine de Sauvage est contraint de se séparer du domaine, saisi par la Justice, "avec toutes ses appartenances et dépendances". D'après le cahier des charges du 5 août 1841, les bâtiments de l'enceinte sont composés : du logis principal au sud, d'une entrée principale suivie des logements des paysans à l'ouest, du chai, cuvier, tonnellerie, grange et remise au nord, et de l'écurie, fournière, volière et parc à cochons à l'est. Cet ensemble avec la cour couvre une superficie d'environ 5 000 m². Le vignoble, d'une superficie de moins de 15 hectares, a sensiblement baissé depuis 1825. Un dessin de la façade sud du château est réalisé à cette époque par Monsau, dessinateur pour la commission des Monuments historiques.

Finalement, l'ensemble de la propriété est cédé à Jacques Pons, comte de Fumel en 1841, chef de bataillon au 4e régiment de la garde royale, qui développe le vignoble. Selon le traité sur le vin de William Franck de 1845 et l'ouvrage de Cocks de 1850, le château produit entre 45 et 50 tonneaux. Dans l'édition de 1868, le vignoble couvre désormais 20 hectares avec une production de 50 à 60 tonneaux. Jacques Pons de Fumel restaure également le château. Selon les registres des augmentations/diminutions des matrices cadastrales, entre 1860 et 1876, des bâtiments sont agrandis et d'autres sont construits ; les logements à l'ouest de l'enceinte ont semble-t-il été dotés de tourelles, les bâtiments d'exploitation dont les chais agrandis et remaniés au nord et la poterne avec la terrasse également restaurées.

A la fin du 19e siècle, la production s'accroît d'avantage, selon les éditions de Cocks et Féret, pour atteindre 75 tonneaux. En 1901, Georgine de Fumel, la fille unique du comte, épouse son cousin le marquis Gilles Brunet d'Evry et fait aménager en 1902 des chambres à l'étage du logis ; la création du crénelage paraît dater de la même époque. Leur fille, Marie-Louise, fonde ensuite avec son mari dans les années 1960 la société Gromand d'Evry. En 1963, les vignes sont replantées et les bâtiments d'exploitation reconstruits (ajout des cuves ciment). Dans les années 1980, un autre chai est bâti au nord-est.

Le château de Lamarque est encore dans les années 2010 entre les mains de la même famille. Il couvre une superficie de 110 hectares dont 35 en vigne et produit près de 160 tonneaux.

Périodes

Principale : 11e siècle (incertitude) (détruit)

Principale : 13e siècle (détruit)

Principale : 2e moitié 14e siècle

Secondaire : 4e quart 16e siècle

Secondaire : 1er quart 18e siècle

Secondaire : 2e moitié 18e siècle

Secondaire : 2e moitié 19e siècle

Secondaire : 1er quart 20e siècle

Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Secondaire : 4e quart 20e siècle

Dates

1722, porte la date

Auteurs Personnalite : Lancastre (de) Humphrey , propriétaire (attribution par source)
Personnalite : Nogaret de La Valette (de), duc d'Epernon Jean-Louis, propriétaire (attribution par source)
Personnalite : Foix-Candale (de) Henri, propriétaire (attribution par source)
Personnalite : Brassier (de) Etienne-François, propriétaire (attribution par source)
Personnalite : Brunet d'Evry Gilles, propriétaire (attribution par source)

Le château de Lamarque est localisé au nord du bourg, sur le bord méridional d´un marais desséché traversé par la "jalle" du Cartillon. Il est entouré par un vaste parc arboré. L´entrée principale s´effectue par une longue allée bordée d’une double rangée d’arbres qui part de la rue principale du bourg. Le château est composé de l´ancienne forteresse construite en pierre de taille au sud et de l’ancienne basse-cour abritant les installations viticoles au nord ; l’ensemble forme un cercle irrégulier.

Au sud, la forteresse est constituée, d´ouest en est : d’une tour, du corps de logis, d´un donjon ornés de mâchicoulis et d’une chapelle. Celle-ci, éclairée par des vitraux, est divisée en deux parties : une chapelle haute de plain-pied avec le premier étage du château et d´une chapelle basse au niveau du sol composée d’une nef et d’une abside. La tour sud-ouest, à la base circulaire, se compose de deux étages octogonaux et abrite l'escalier d'honneur.

Le corps de logis présente sa façade principale au nord, ouvrant sur la cour : un escalier mène à la porte d’entrée encadrée de bossage et couronnée d´un fronton. Les baies sont en arc brisé. A l’ouest se trouve une terrasse. La façade sud, donnant sur l’allée, est ornée de créneaux et percée de baies en arc segmentaire : ces baies sont dotées de balcon avec garde-corps à balustres.

Le donjon circulaire est doté de contreforts en becs montant jusqu´aux mâchicoulis : il abrite une salle basse octogonale, recouverte d´une voûte d´ogives, avec huit nervures en tore qui retombent sur les pilastres. Des corbeaux en pierre s´avancent au niveau des sommiers, un pan de la muraille est occupé par la porte et trois autres pans sont percés d'archères cruciformes.

A l´ouest de cet ensemble se trouve l´entrée monumentale, donnant sur la grande cour entourée d’un mur d’enceinte de deux mètres d’épaisseur et bâti en moellons, matérialisée par une poterne voûtée en arc brisé, ornée du blason de la famille de Fumel et couronnée de mâchicoulis.

Les bâtiments qui entourent l’ancienne basse-cour sont composés de la salle de réception, de dégustation, des chais et cuviers. La salle de réception est située dans le prolongement nord de la poterne et à l’ouest de la cour : en rez-de-chaussée avec un comble à surcroît et bâtie en pierre de taille, elle est dotée de tourelles aux angles sud-ouest et nord-est, coiffées d’un toit en pavillon ; l’entrée de la tourelle sud-ouest s’effectue par un escalier droit. Dans le prolongement au nord se trouvent la salle de dégustation suivie du cuvier et du chai en rez-de-chaussée. Le cuvier est percé d’ouvertures en arc segmentaire. A l’intérieur, des cuves ciment sont recouvertes d’un habillage en bois. Les murs sont en moellons. Dans le prolongement et à l’est de la cour se trouvent d’autres chais et cuviers.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

  3. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile creuse
Étages

2 étages carrés

Couvrements
  1. voûte d'ogives voûte en berceau
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. vitrail
Décors/Représentation
  1. Representations : armoiries

  2. Representations : Prophète


Précision sur la représentation :

La poterne est ornée du blason de la famille de Fumel : D'or au trois fumets montant d'azur ; supporté par deux lions ; surmonté de la couronne du Comte.

Un vitrail contemporain dans le chai porte une représentation de l'ivresse de Noé.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Lamarque

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1826 A1 290, 291, 2009 AB 28

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