Présentation de la commune de Sainte-Radegonde actuellement commune déléguée de la ville de Thouars

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Sainte-Radegonde

La densité de l'occupation du territoire de Sainte-Radegonde dès le néolithique n’est pas connue. Néanmoins, des silex et un broyon à grain ont été retrouvés dans des champs à l'ouest de Ligron. Cette commune est occupée dès le Moyen-Âge, mais se développe surtout au 19e siècle lorsqu'elle intègre les villages de Ligron et de la Fontaine puis de Vrines.

La paroisse de Sainte-Radegonde

D'après la tradition orale, l’histoire de Sainte-Radegonde-de-Pommiers débute à partir dès 5e ou 6e siècles, lorsqu’un prieuré est installé sur la terre de Pommiers. Il est nommé Sainte Marie des Pommiers et dirigé par des religieux. Vers 560, l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers est fondée par la reine Radegonde, consacrée diaconesse par l’évêque saint Médard de Noyon. Bien qu’aucune trace écrite ne mentionne le prieuré de Pommiers, il est probable qu'il ait été cédé par le roi Clotaire Ier comme douaire (c’est-à-dire comme part de biens) à son épouse Radegonde. C'est le cas de la villa de Saix située sur l'actuelle commune des Trois-Moutiers (Vienne).

Une légende locale raconte qu'après sa fuite de la cour de son mari, le roi Clotaire Ier, elle se serait réfugiée sur le territoire de Pommiers pour échapper aux soldats la poursuivant. Elle trouva refuge dans un verger où elle a pu se cacher sous les branches des arbres. Une fois le danger écarté, elle passa la nuit dans ce verger. Au matin, les étoiles d’argent de son manteau d’hermine avaient disparu.

Le toponyme de la commune est constitué du terme Promoerium qui signifie en latin « un lieu planté d’arbres fruitiers » et du nom de sainte Radegonde, fondatrice du prieuré. Ce nom a peu changé au fil des siècles. En 1260, elle est nommée Saint Ragunt de Poner (archives de l’abbaye de Sainte-Croix de Poitiers), puis Pomeria en 1300 par le cartulaire du Grand Gauthier, Sainte Radegunde de Pomiers en 1508 et enfin Sainte Radegonde de Pommiers en 1628 (Pouillé du diocèse de Poitiers). C’est vers 1910 que le nom de la commune est raccourci pour celui de Sainte-Radegonde. La paroisse relève de la sénéchaussée de Poitiers, du bailliage de Coulonges et du ressort de la vicomté de Thouars.

Le prieuré dépendant de l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers possède des terres s’étendant sur le bourg de Sainte-Radegonde, le village de Ligron et une partie de l’actuelle commune de Mauzé-Thouarsais, notamment dans les hameaux de : Soulbrois, de Villiers et de Vilbreuil. À la fin du 14e siècle, les relations entre le vicomte de Thouars et les religieuses de Sainte-Radegonde de Pommiers se compliquent. En 1407, une lettre royale maintient la possession et la jouissance des religieuses de l’abbaye de Sainte-Croix ainsi que la haute, moyenne et basse justice. Le prieuré est géré par un administrateur nommé par l'abbesse et installé dans le manoir nommé la "maison Duschastellier". Au début du 17e siècle, l'abbesse lui demande la construction des fermes autour du prieuré pour inciter l'installation de fermiers et le développement du bourg.

De la paroisse à la construction d’une commune 

C’est après la Révolution que l’ancienne paroisse devenue commune de Sainte-Radegonde évolue et que le bourg perd progressivement sa fonction de chef-lieu.

Au début du 19e siècle, son modeste territoire se compose du bourg, du Bas-Mauzé et de la partie sud du village de Ligron. Les habitants de la partie nord du village de Ligron et du village de la Fontaine dépendent de la commune de Mauzé-Thouarsais et demandent leur annexion à la commune de Sainte-Radegonde. Ce rapprochement est lié principalement à la distance à parcourir pour se rendre à la messe, en précisant que l’église de Sainte-Radegonde est plus proche que celle de Mauzé-Thouarsais. Le village de Ligron (Cf. Annexe : Les villages de Ligron et de la Fontaine), situé à seulement 1 km de distance du bourg de Sainte-Radegonde est mentionné dès 960 comme la Villa Lucroni dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers, puis Ligrun en 1107 dans le cartulaire de Saint-Laon de Thouars. L’écriture de Ligron apparaît en 1275 dans le chartrier des vicomtes de Thouars. Le village de la Fontaine, pour lequel nous avons peu d'information, relève dès le 16e siècle du duché de Thouars. La seigneurie est la propriété des Brion de la fin du 16e siècle jusqu’au milieu du 18e siècle. En 1865, les villages intègrent la commune qui s'agrandit vers le nord. Le village de Ligron dont la position géographique centrale est avantageuse devient le nouveau chef-lieu. Plusieurs changements sont opérés : l’école, installée dans une maison de Ligron depuis 1830, bénéficie en 1873 de la construction d’une école mixte à la sortie sud du village et la mairie, ainsi que les archives, logées dans une maison du bourg, faisant face à l’église, sont déplacées en 1875 au village de Ligron.

Le village de Vrines (Cf. Annexe : Le village de Vrines) dont le rattachement est plus tardif, est connu sous le nom Terra et pons de Vrines en 1110, puis Verines en 1265 et enfin Vrines en 1470. Le nom de Vérines continue cependant à être utilisé, notamment sur le cadastre napoléonien de 1825. Le village est rattaché dès le 14e siècle ou 15e siècle à la commune des Hameaux dont la création résulte de la réunion de plusieurs hameaux indépendants sans chef-lieu. Le village est rattaché à la paroisse Saint-Médard de Thouars. La dissolution de la commune des Hameaux est la conséquence de l'arrivée du chemin de fer près de Thouars. La gare et la voie de chemin de fer sont installées sur le territoire des Hameaux. Le 15 mai 1885, le Conseil d’État décide de dissoudre la commune et de distribuer les sections cadastrales aux communes limitrophes. Le village de Vrines, éloigné de Thouars d’au moins 3 km et limitrophe de Sainte-Radegonde est annexé par cette dernière la même année. Ce nouvel agrandissement de la commune sur la rive est du Thouet déplace le point central de la commune vers le pont de Vrines.

Les projets communaux en cours sont bousculés et la prise de décision du conseil municipal se complexifie. Le plus urgent est de régler la question du cimetière installé dans le bourg près de l’église Sainte-Radegonde et devenu trop étroit pour accueillir la hausse soudaine de population. Le terrain choisi au préalable entre le bourg et le village de Ligron est abandonné au profit d’un terrain entre Ligron et le Pont de Vrines, au lieu-dit du fief Martine. L’ancien cimetière devient ensuite une place publique. Les habitants du bourg obtiennent cependant l’autorisation par la préfecture de créer un petit cimetière à l’emplacement initialement prévu. À la fin des années 1880, la commune possède deux écoles mixtes situées à Vrines et à Ligron. Le choix le plus accommodant est de conserver les deux écoles, cependant la préfecture refuse cette proposition et oblige la commune à construire une seule école commune. Se pliant à la demande de la préfecture, le conseil municipal va finalement se mettre d’accord sur l'emplacement du Pont de Vrines. Le groupe-scolaire est achevé en 1900. Le projet de construction d'une mairie à Ligron est arrêté par l'annexion de Vrines. Elle est construite dans le prolongement du groupe-scolaire en 1902. Pour répondre aux besoins hygiéniques, plusieurs lavoirs sont construits au bord du Thouet. Le premier est initié par le meunier Ambroise Giron dans les années 1850. Puis la commune installe un lavoir public en 1867 en aval du pont de Vrines. Il est emporté par une crue dans les années 1950. Un dernier lavoir et un abreuvoir sont construits sur la rive est du Thouet près de la chaussée du moulin de Vrines en 1912.

Le pont médiéval de Vrines représenté sur une gravure conservée au musée Henri Barré, ressemble aux ponts de Preuil ou de Taizon. Lors de la guerre de Vendée, l'une des quatre arches positionnées au milieu du lit de la rivière est détruite. Une passerelle en bois est provisoirement installée jusqu'à la reconstruction de l'arche en pierre, entre 1811 et 1812. Par la suite, la commune décide de construire un pont plus large en amont du pont médiéval. Sa construction est entreprise dès 1850. Le nouveau pont fluidifie la circulation et permet le transport de lourdes marchandises. Au début du 20e siècle, c’est une passerelle piétonne qui est construite en aval du moulin de Pommiers pour faciliter le passage des habitants du bourg de Sainte-Radegonde et des Mauzéens vers Thouars.  

Sur le Thouet, sont installés trois moulins à eau et leur chaussée. Le moulin à eau de Pommiers dépendant du prieuré de Sainte-Radegonde, est cité dès 1513 dans un aveu rendu à l’abbesse de Sainte-Croix. Il est détruit dans un incendie à la fin du 19e siècle. Le moulin du Pont de Vrines cité dès 1747, est reconstruit en 1880 pour devenir une minoterie. Il est en partie détruit dans un incendie au milieu du 20e siècle. Le troisième moulin, situé au Gué-au-Riche est représenté au 18e siècle sur la carte de Cassini. En 1915, le moulin est transformé en minoterie. Sur le coteau de Vrines, deux moulins cavier sont installés et représentés sur une gravure commandée par Gaignières en 1699. D’après le témoignage du Génréal Quérineau, ils sont en ruines à la fin du 18e siècle. Sur le cadastre napoléonien de 1825, seul le nom du lieu-dit « Les moulins à vent » fait référence à leur ancien emplacement. L’actuel moulin à vent est construit en 1843 par Ambroise Giron.

À la fin du 19e siècle, avec l’accord des communes de Sainte-Radegonde et de Saint-Jacques-de-Thouars, le 9e Corps d’Armée venant de Poitiers utilise la vallée du Pressoir pour la formation des nouvelles recrues militaires. La vallée sert de champ de tir notamment pour les grenades jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Durant l'occupation, les soldats allemands vont également utiliser le site.

L'industrie du 19e siècle au 20e siècle

Bien que nous n’ayons pas de trace écrite d’une industrie préindustrielle, des carrières de calcaire que l'on nomme grison, ont été identifiées entre la zone industrielle du Champ de l'Ormeau et le village de la Fontaine, dans les coteaux du moulin de Pommiers, près de l'entrée de la vallée du Pressoir, ainsi que sur les berges est du Thouet. Elles ont été exploitées pour la construction dès le 16e siècle. À l'emplacement de l'actuel terrain de football, une carrière de sable a été utilisée jusqu'au 20e siècle. Il a été employé à Ligron et à Vrines pour les joints et les enduits des maçonneries.

Le cadastre napoléonien de 1825, nous renseigne sur la présence d’un four situé sur l’ancienne route menant du bourg de Sainte-Radegonde au village de Ligron. Ce bâtiment de plan allongé était un four couché utilisé principalement pour la création de tuiles et de briques. C'est au début du 19e siècle qu'il est en partie utilisé pour faire de la chaux. Il a été détruit à la fin des années 1970. Aujourd’hui, des vestiges des soubassements sont encore présents dans la partie sud de la carrière de Ligron.

Au milieu du 19e siècle, la construction du nouveau pont de Vrines simplifie la circulation des usagers et le transport de matériaux. Notamment des usines de fours à chaux et à tuiles qui s'installent sur la rive ouest du Thouet et qui utilisent la matière première locale. Depuis la rive est du Thouet, les habitants du village de Vrines subissent le bruit et l'insalubrité des installations industrielles. Ils font part de leur mécontentement au conseil municipal des Hameaux, mais l'activité ne diminue qu'à partir du début du 20e siècle. En 1941, le dernier four à chaux cesse son activité. 

Plusieurs carrières de granulats utilisés pour la voirie sont exploitées sur le territoire de Sainte-Radegonde entre le 3e quart du 19e siècle et le début du 20e siècle. Les sites d'extractions de ces granitoïdes et de ces schistes sont visibles derrière les anciens entrepôts de la Communauté Emmaüs ( parcelle : ZA392), derrière la salle de l'association locale pour le culte des Témoins de Jehovah (parcelle : AD 707), derrière le restaurant au Pont de Vrines (parcelles : ZC 926-927) et également au nord-ouest de Ligron (parcelle : ZH 146). À partir de 1930, M. Nivet installe une carrière dans la vallée de l'Etang de Juigny séparant le bourg de Sainte-Radegonde et le village de Ligron. Semblable à la vallée du Pressoir ce lieu va servir de carrière jusqu’en 1990. Dans un premier temps, un téléphérique traversant la vallée du Thouet et les coteaux de Vrines permet l’acheminement des matériaux jusqu’au quai de déchargement installé à Thouars, près du viaduc. Après le bombardement du pont de Vrines le 30 août 1944, une passerelle provisoire est installée pour permettre le passage des piétons et des véhicules légers. Rapidement se pose la question de reconstruire le pont ou d’en créer un nouveau. Pour faciliter la circulation des camions, il est décidé de construire un pont en aval et une portion de route pour éviter les rues anciennes et sinueuses de Vrines. Le pont est achevé en 1966 et l’ancien pont de Vrines devient une passerelle piétonne en 1969.

Durant le 2e quart du 20e siècle, de nouvelles industries vont s’installer au Pont de Vrines. La minoterie de Vrines est transformée en 1930 en usine de pâte alimentaire dont l’activité cesse après un incendie dans les années 1950. En aval, Marcel Billy installe en 1935, une usine de blanchissage à linge sur le bord du Thouet. Aujourd’hui, l’usine nommée Anett, est toujours en activité.

Un développement urbain

Dans les villages de Ligron et de Vrines, de nombreux commerces et artisans s’installent dès le milieu du 19e siècle. Pour desservir la partie ouest de Sainte-Radegonde en eau potable, la commune achète une parcelle dans le centre du village de Ligron en 1936 et y construit un château d'eau. À partir du début des années 1960, il sert essentiellement pour les antennes relais jusqu’à sa destruction en 2013. La vie quotidienne des habitants de Sainte-Radegonde s'organise peu à peu autour du Pont de Vrines. En 1954, la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire est construite par la fabrique suite au don d’un terrain par M. Nivet propriétaire de la carrière de Ligron. Par la suite, l'architecte Hervé Baudouin est mandaté en 1992 pour la construction d'une salle des fêtes. Elle sert aujourd'hui de centre de loisirs. La fête des Bateaux fleuris organisée chaque année entre l’auberge de Pommiers et le Pont de Vrines, cesse à la fin des années 1980.

L’expansion démographique de la commune commence dès la fin des années 1950. Elle va permettre le développement vers le sud du village de Vrines à la lisière avec le territoire de la ville de Thouars. Plusieurs zones de lotissements sont construites entre les années 1960 et les années 2000. Elles sont accompagnées de trois zones de commerces qui sont implantées le long de la route principale. En 1974, un nouveau château d’eau est également construit pour alimenter cette nouvelle zone pavillonnaire.

Située au nord-ouest de la ville de Thouars, la commune déléguée de Sainte-Radegonde se développe sur une superficie de 7,52 km². Elle se compose d’un chef-lieu central, le Pont de Vrines et de quatre villages : l’ancien bourg de Sainte-Radegonde, Ligron, Vrines et la Fontaine. La plaine calcaire et agricole est interrompue par trois vallées où affleure le schiste. La plus importante est celle du Thouet qui sillonne du sud-est au nord-est la commune. Son lit a permis l'installation de trois des moulins à eau et de leurs chaussées : de Pommiers, du Pont de Vrines et du Gué-au-Riche. Ses rives ont été utilisées comme carrière pour l'extraction du schiste, laissant un paysage accidenté. La carrière de Ligron, ancienne vallée de l'Etang de Juigny située entre le bourg de Sainte-Radegonde et le village de Ligron et qui ressemblait à la vallée du Pressoir, partie limitrophe avec la commune de Saint-Jacques-de-Thouars.

Le bâti est regroupé dans les villages installés dans les coteaux et dans la plaine. Les nombreuses venelles et rues anciennes sont intégrées dans ce tissu urbain resserré se composant essentiellement de fermes construites autour d'une cour. Plusieurs puits communs existent toujours. La partie sud-est du village de Vrines, limitrophe de la ville de Thouars est très urbanisée.

La commune est protégée par plusieurs zones naturelles. Plusieurs zonages encadrent la vallée du Pressoir. Le site inscrit dit "Cascade de la Gouraudière ou du Pommier et partie du ruisseau de Coulonges en amont", est créé le 6 décembre 1932. En 2013, un Espace Naturel Sauvegardé est installé. Il préserve environ 350 espèces végétales dont la Gagée de Bohème. Depuis le 19 mars 2025, la vallée est reconnue comme Réserve naturelle régionale. Cette vallée creusée dans le granite mène à la cascade de Pommiers. Près de la vallée, des légendes ont été tissées autour du Champ des étoiles. Son nom vient d’un ensemble de fossiles qui forment le pédoncule des crinoïdes c’est-à-dire des animaux marins echinodermes marins au même titre que les oursins et les étoiles de mer. Un ancien terril de la carrière de la Gouraudière (commune de Mauzé-Thouarsais) se situe sur le versant ouest de la vallée.

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