Historique
L'ancien cimetière de Doussay se trouvait en plein cœur du bourg, au sud de l'église Saint-Martin. Cet emplacement central posait des problèmes d'ordre sanitaire pour la commune. En effet, au cours du 19e siècle, les habitants des maisons voisines se plaignent des émanations qui se dégagent du cimetière. Il faut attendre la fin du 19e siècle pour que la municipalité projette de le déplacer à une plus grande distance des habitations. Le 22 décembre 1873, les époux Marchand, vivant à Lencloître, vendent un terrain à la commune pour y installer le cimetière.
Vingt ans plus tard, la commune souhaite creuser la parcelle de l'ancien cimetière pour la niveler avec les rues qui la bordent. Cependant, lors de la translation des tombes de l'ancien cimetière vers le nouveau, certaines sépultures n'avaient pas été déplacées. Des villageois s'opposent à ce nivellement qui entraînerait la redécouverte et la destruction des ossements de leurs aïeux. Le 14 juin 1893, une première pétition contre ce projet est adressée au préfet. Elle est signée par plus de 350 personnes, comprenant des habitants de Doussay, dont deux conseillers municipaux, et des habitants des villages voisins, notamment un conseiller général du canton et plusieurs conseillers d'arrondissement. Quelques années auparavant, un problème similaire était arrivé à Sérigny, où des travaux de creusement de l'ancien cimetière avaient du être arrêtés devant l'ire des habitants. En connaissance de cette affaire, et pour éviter tout débordement à Doussay, le sous-préfet et le préfet refusent la délibération du conseil municipal.
Après des élections, un nouveau maire est élu. Le 18 novembre 1894, le nouveau conseil municipal délibère en faveur du projet pour " l’enlèvement des terres et des murs dudit cimetière ". Il ne reste plus qu'un ou deux monuments funéraires sur le terrain et les murs tombent en ruines. Le sous-préfet souhaite mener une enquête publique avant de prendre toute décision mais le préfet rejette cette proposition. En janvier 1895, après avoir interrogé plusieurs personnes dignes de foi, le sous-préfet estime une seconde fois qu'il serait mal venu d'autoriser le projet. Il opte pour une solution intermédiaire : il conseille au maire de ne pas niveler l'ancien cimetière mais plutôt de détruire les murs de clôture en plusieurs endroits et de construire des escaliers.
Ce conseil n'est pas suivi car le 9 août 1896, le conseil délibère une dernière fois en faveur du projet de nivellement du terrain. Trois mois plus tard, la commune produit un arrêté stipulant que les familles " qui ont fait ériger des croix ou monuments dans le cimetière supprimé sont mises en demeure d’avoir à transférer les restes de leurs parents décédés et enlever les constructions et signes funéraires dans le délai de 15 jours à partir de la date d’approbation du présent arrêté ".
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 3e quart 19e siècle (daté par source) |
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Dates |
1875, daté par source |
Description
Le cimetière de Doussay est situé au nord du bourg, au bord de la route de Saires. Divisé en quatre secteurs, il s'étend sur environ 3050 m² cloturés de murs en pierres calcaire et en grison, partiellement enduits au ciment. Le portail est placé au centre du mur nord-est, entre deux piles en pierres de talle calcaire. La partie sud-est accueille un columbarium.
Le cimetière ne contient aucune chapelle funéraire. Les tombes des familles Perdriau et Raguit, grands propriétaires terriens à Doussay aux 19e et 20e siècles, figurent parmi les sépultures les plus intéressantes. Elles ont fait l'objet de dossiers d'étude.
Une particularité du cimetière de Doussay est la présence d'une dizaine de porte-couronnes funéraires. Ces structures en fonte sont souvent surmontées d'une croix.
Des tombes aux formes diverses :
La grande majorité des tombes présentent des stèles. Celles-ci ont des formes variées, mais la plupart sont surmontées de croix en pierre ou en fontes. Dix-sept tombeaux à croix en fonte sont présents dans le cimetière. Elles affichent généralement un décor d'entrelacs agrémentés de figures et symboles religieux (Christ en croix, Vierge, Sacré Cœur, anges en prières) ou d'ornements végétaux (roses, lierres, pavots, vignes, festons). L'un des tombeaux portant une croix en fonte semble être celui d'un prêtre. La croix en fonte est tombée et a été déposée sur la dalle. Cette dernière porte d'ailleurs une grande croix sculptée en bas relief.
Certaines stèles portent des croix en pierre. C'est par exemple le cas du tombeau de la famille Caillas, dont la croix présente un profil presque identique (mais avec un décor différent) à celle du tombeau Perdriau. Une couronne d'immortelles est visible au centre de la croix. Une autre tombe, celle de François Raimbault, a été réalisée par J. Noël, marbrier à Châtellerault. Elle présente aussi une stèle surmontée d'une croix en pierre, décorée de nervures qui rayonnent depuis son centre. Deux autres stèles se distinguent par leur forme. Il s'agit des tombes des familles Bastard et Jeannet. Les croix qui les surmontaient ont disparu. Ces deux stèles sont identiques et sont décorées d'un motif de fleurons.
La seule stèle pyramidale du cimetière est la tombe d'Adélaïde Clémentine Simonneau. Un Sacré Coeur est gravé au-dessus de l'épitaphe, qui était protégée par une plaque de verre aujourd'hui détruite.
Plusieurs tombeaux en forme de stèle présentent des aspects néo-gothiques (lancettes, toit en bâtière). Le plus ornementé est celui d'Hilaire Marteau (décédé en 1905). Il porte un décor rappelant un remplage polylobé et est surmonté des deux pinacles. Une autre tombe du même type, couverte de pinacles, est en mauvais état. Son épitaphe n'est plus lisible. La tombe d'Adelaïde Martineau (décédée en 1882) présente aussi la forme d'une stèle couverte en bâtière. Elle porte une épitaphe poignante : "Tendre épouse, mère chérie, elle laisse une famille inconsolable". Deux autres tombes identiques, celles de Louis Gignard et de la famille Rousseau, peuvent être classées dans cette typologie. Elles sont couvertes en bâtière et présentent un motif tréflé sur leur face. Ces deux sépultures ont aussi conservé des plaques funéraires en métal : celle de Louis Gignard prend la forme d'un écu et celles des Rousseau sont rectangulaire et en forme de tenture suspendue.
Six tombes du cimetière, dont la construction semble s'étendre des années 1950 aux années 1960, présentent des caractéristiques similaires. Construites en béton, elles possèdent une jardinière intégrée à la stèle et/ou à l'extrémité de la dalle. Ces similitudes permettent dans les rassembler dans une même typologie. Cependant, à l'intérieur de ce groupe, une grande variété de forme peut être observée. La plupart des stèles, surmontées d'une croix, sont flanquées de deux supports de section carrée, dont l'extrémité haute s'appuie sur les bras de la croix qui surmonte la stèle. C'est par exemple le cas de la tombe d'Yvette Delaveau (1930-1962). Elle a conservé un portrait photographique de la défunte dans un médaillon ovale. La tombe de Louis Fradeau (1874-1957) est simplement constituée d'une stèle aux lignes art déco. Certaines de ces tombes portent la signature de Camille Doucet, sculpteur châtelleraudais, qui a notamment réalisé le monument aux morts du village.
Les tombeaux de soldats :
Le cimetière conserve trois tombes de soldats morts pour la France. La première est celle d'Auguste Julien Lidon, soldat du 49e régiment mort à Esnes (Meuse) le 8 mai 1916. La stèle porte une colonne brisée, symbolisant une vie qui prend fin de manière précoce. Elle est décorée de roses sculptées. La base de la colonne est flanquée de volutes ornées de lierre sculpté. La stèle porte une plaque en marbre où est inscrite l'épitaphe. Elle est surmontée de deux drapeaux entrecroisés. Au pied de la stèle se trouve une plaque métallique donnée par l'union nationale de combattants (U.N.C.). Une autre plaque identique se trouve sur le monument aux morts de Doussay, dans le bourg. La tombe d'Armand Foucreau (1910-1940) est constituée d'une dalle et d'une stèle dans laquelle est inserrée une croix dans sa partie supérieure. Quant au tombeau de Jean Bonnet (1915-1940), il peut-être classé dans la typologie des tombes en béton avec jardinière intégrée.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Typologie |
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Décors/Technique |
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Dimensions |
Précision sur les dimensions : Environ 3050 m². |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86009800 |
Dossier réalisé par |
Maturi Paul
Chercheur associé à la Communauté de Communes des Vals de Gartempe et Creuse (2015-2016), puis à la Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault (2017-2024). |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2022 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault |
Citer ce contenu |
Cimetière, Dossier réalisé par Maturi Paul, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/a2aa1b9f-f828-4a80-bac9-532980009540 |
Titre courant |
Cimetière |
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Dénomination |
cimetière |
Parties constituantes non étudiées |
tombeau mur de clôture portail croix de cimetière |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Doussay , route de Saires
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: le Bourg
Cadastre: 2017 AL 168