Maisons, fermes : l'habitat à Barzan

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Barzan

Un patrimoine ancien, reconstruit en grande partie au 19e siècle

Parmi l'habitat et les bâtiments domestiques (fermes, dépendances…), on relève un nombre important de constructions qui reprennent au moins un élément antérieur à la Révolution. Un bâtiment sur cinq présente en effet une ouverture en arc segmentaire ou à encadrement chanfreiné ou encore une cheminée qui semblent remonter au 18e siècle, voire avant. On observe par exemple des portes identiques, en plein cintre et à bossage, ornées d'un cœur, à Chant-Dorat et à la Garde. Les maisons construites avant la Révolution sont de petites dimensions, avec un comble et un rez-de-chaussée souvent constitué d'une seule pièce. Celle-ci est tout au plus éclairée par une porte et une fenêtre, dont les linteaux peuvent ne pas être alignés sur la même hauteur. La volonté d'isoler le logement contre le froid extérieur explique cette limitation du nombre et de la taille des ouvertures.

Plus de neuf constructions sur dix inventoriées à Barzan remontent, en tout ou partie, à la seconde moitié du 19e siècle. Cette époque est marquée d'une part, comme dans toute la Saintonge, par la prospérité viticole, d'autre part par l'essor du port des Monards. Le tout draine une importante activité économique et profite à de nombreux habitants dont le niveau de vie s'élève, comme pour la majorité de la population française à l'époque. Cet enrichissement permet à beaucoup de se faire construire une nouvelle maison, plus grande et plus confortable que l'ancienne, avec des matériaux et des éléments de décor au goût du jour. Rares toutefois sont les "maisons de maître", aux allures de maisons bourgeoises, qui marquent ostensiblement dans la pierre la réussite de leur propriétaire. On n'en compte que deux à Barzan (dans le bourg, chemin du Rambaud, et Chez-Grenon).

À partir des années 1890, le nombre de nouvelles constructions ou de reconstructions chute. La crise du phylloxéra, qui a laminé le vignoble, et le déclin du port des Monards expliquent sans doute en bonne partie cette évolution, parallèle au recul démographique de la commune. On ne compte que quatre nouvelles constructions dans la première moitié du 20e siècle. Deux d'entre elles, à Roche Batard et aux Monards, adoptent les caractéristiques de l'architecture de villégiature, celle des villas de bord de mer, très à la mode à l'époque.

Périodes

Principale : 18e siècle, 19e siècle

En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a porté sur 79 maisons et fermes ou anciennes fermes. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible.

Les bâtiments retenus lors de l'enquête d'inventaire témoigne du passé de la commune, tourné vers l'agriculture, la viticulture mais aussi l'exploitation des ressources de l'estuaire de la Gironde.

Des constructions saintongeaises regroupés en hameaux

Les maisons et fermes ou anciennes fermes de Barzan sont, pour plus de neuf sur dix, regroupées dans le bourg et les hameaux. Rares sont les constructions isolées comme la Chaume, la Garde, Chant-Dorat ou Pied-de-l'œuf : elles sont principalement situées dans la champagne qui couvre l'ouest de la commune. Un quart seulement des habitations se trouvent dans le bourg. Plus des deux tiers sont situées dans les hameaux qui s'égrenent d'une part le long de l'estuaire, d'autre part sur la route entre les Monards et Arces. Les Monards constituent le hameau le plus important, juste devant Chez-Grenon et Chez-Garnier. Ces regroupements d'habitations sont assez denses : près d'une maison sur deux est une maison attenante, ne disposant au mieux que d'une petite cour.

Construites pour l'essentiel dans la seconde moitié du 19e siècle, une majorité des habitations de Barzan présentent une ou plusieurs caractéristiques de l'architecture propre aux constructions saintongeaises, développée notamment pendant l'âge d'or viticole des années 1850-1870. L'élévation du niveau de vie à cette époque a permis d'adopter des formes et des matériaux plus diversifiés et plus coûteux. La moitié des habitations possède ainsi un toit avec une croupe sur au moins un côté, généralement le côté le plus visible depuis l'espace public. Les deux tiers des habitations sont constituées d'un rez-de-chaussée et d'un comble, habitable ou occupé en grenier. Sur la façade, le rez-de-chaussée et le comble sont souvent séparés par un bandeau (un cas sur quatre). Les logements sont généralement de taille moyenne. C'est ce que traduit le nombre d'ouvertures en façade, réparties en trois ou quatre travées (alignements verticaux) dans la moitié des cas.

Certaines caractéristiques distinguent toutefois les habitations de Barzan de la norme saintongeaise. Par exemple, à la corniche qui couronne généralement les façades en Saintonge, on préfère de loin (pour plus de la moitié des habitations) la génoise, frise constituée d'un alignement de tuiles sur une rangée et même, pour près d'un cas sur deux, sur deux rangées. Par ailleurs, l'agrandissement des logements au 19e siècle, lié à l'élévation du niveau de vie, a trouvé ses limites : une habitation sur trois seulement possède en effet un étage. Quant aux matériaux utilisés, seules cinq façades sont entièrement construites en pierre de taille, plus coûteuse à mettre en œuvre, et aucun toit n'est couvert en ardoise, matériau distinctif d'un certain enrichissement à la fin du 19e siècle. Près d'une façade sur cinq ne présente que deux travées d'ouvertures, signe de logements de taille modeste. Enfin rares sont certains éléments de décor comme les épis de faîtage.

Un caractère agricole affirmé

Sur les 79 habitations inventoriées à Barzan, on dénombre 25 fermes ou anciennes fermes mais aussi 21 maisons dites "rurales", c'est-à-dire possédant de petites dépendances agricoles (des toits à cochons et à volailles, un petit chai…). Cela représente plus des deux tiers des maisons. Cette proportion fait apparaître le caractère agricole du patrimoine de Barzan, sans que l'on rencontre sur la commune de fermes importantes et nombreuses. Ce patrimoine résume la vie de la majorité des habitants jusqu'au milieu du 20e siècle : un peu d'agriculture et de viticulture, sur les collines et la champagne, de l'élevage, notamment dans les marais, et de la pêche. La plupart se limitaient à leur petite exploitation et complétaient leurs revenus par un emploi dans de plus grandes fermes des environs, par la pratique de la pêche, par un emploi dans les carrières du Pilou par exemple ou sur le port des Monards.

Plus de la moitié des fermes et des maisons rurales possédaient un chai, et presque autant une grange et une étable, signe de l'omniprésence de la polyculture notamment après la crise du phylloxéra à la fin du 19e siècle. De manière générale, la moitié des fermes ont leurs dépendances accolées les unes aux autres, l'autre moitié les ont séparées, réparties autour de la cour. Dans un cas sur cinq, une partie au moins des dépendances est placée en appentis à l'arrière du logis. Il s'agit généralement du chai, l'exploitant désirant surveiller son vin de près. Enfin, parmi les dépendances et équipements de la ferme, on relève de nombreux puits, parfois à l'usage de tous les habitants d'un hameau, et de rares boulins ou trous à pigeons, réunis par une mouluration.

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