Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Cadre en bois peint et doré, orné de moulures de feuilles et châssis à deux traverses en croix. Sur le cartel à oreilles, en bas, au milieu du cadre, figure l'inscription : "Concert champêtre - de M. Braut d'après Giorgione - Envoi de l'Etat 1903". Ce tableau constitue en effet une copie du célèbre Concert champêtre aujourd'hui réattribué à Titien, daté de 1509 environ et conservé au Département des Peintures du Musée du Louvre. Il représente un groupe de figures dans un paysage champêtre, sous un ciel orageux embrasé par les premiers rayons du crépuscule. A gauche, une femme nue, avec un drapé enroulé autour des hanches et des jambes, semble puiser (ou verser ?) de l'eau à une source, à l'aide d'une carafe en cristal. A droite, un groupe de trois personnages assis dans l'herbe paraissent accorder leurs instruments pour entamer un concert : une femme nue tenant une flûte, un courtisan richement vêtu avec un luth et un berger, s'apprêtant à chanter. A l'arrière-plan, un chevrier jouant de la cornemuse conduit son troupeau sous l'ombre des arbres touffus. Dans les confins du paysage s'élève, au-dessus d'un lac brumeux, une villa à pignon sur plusieurs niveaux. La signification de cette œuvre n'est toujours pas élucidée. Selon certains historiens, il pourrait s'agir d'une allégorie de la poésie, basée sur la Poétique d'Aristote. Les figures féminines du premier plan seraient alors les muses de la poésie, leur nudité indiquant leur nature divine. La figure debout versant l'eau représenterait la poésie tragique supérieure, alors que celle assise, tenant une flûte, serait la muse de la comédie ou de la poésie pastorale, moins prestigieuse. Le jeune homme au luth incarnerait le lyrisme exalté, alors que le berger nu-tête figurerait le genre lyrique plus ordinaire. Pour d'autres historiens, cette peinture serait plutôt une allégorie de la nature, dans la lignée de La Tempête de Giorgione (conservée à Venise, à la Galleria dell'Accademia), inspirée par l'idéal de vie arcadienne et pastorale décrit par les grands poètes vénitiens de la Renaissance, tels que Sannazaro et Pietro Bembo. La fortune de cette œuvre, entrée dans la collection de Louis XIV en 1671, fut immense - tout particulièrement à partir de la seconde moitié du 19e siècle, au cours de laquelle elle suscita de très nombreuses variations et copies, par Delacroix, Corot ou Manet.