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Passage dit le gué de Malvault ou de Menevault, puis pont
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Sansais
Historique
Jusqu'à la Révolution, un passage par bac et une pêcherie
Ce site a été occupé jusqu'au 19e siècle par un passage à gué, le gué de Menevau, l'un de ceux qui permettaient, dès l'époque romaine puis au Moyen Age, de franchir la Sèvre Niortaise et ses différents bras, ici celui de Sevreau, entre Poitou, Aunis et Saintonge. Dans les années 1850, les vestiges d'un radier maçonné établi dans le lit de la rivière, ainsi que plusieurs objets s'y trouvant, sont mis au jour à l'occasion de la construction du pont. Le 16 août 1858, Julien Brée, maire de Magné et président honoraire de la Société de statistique des Deux-Sèvres, écrit au préfet pour lui adresser un plan des lieux ainsi que lesdits objets (un buste, un anneau en cuivre, une médaille à l'effigie de l'empereur romain Constance) afin qu'ils soient conservés au musée de Niort. Il indique que le radier, comprenait deux couches de pierres soigneusement établies, l'une plus récente (médiévale ?) que l'autre (antique ?), et qu'il présentait des mortaises ayant dû recevoir des pieux servant à supporter le tablier d'un ancien pont en bois.
Jusqu'à la Révolution, le passage par bac appartient au seigneur de Magné qui en afferme l'exploitation, par exemple le 13 novembre 1763 au profit de Jean Izambert, pour 7 ans. Le gué de Menevau est indiqué par l'ingénieur du roi Claude Masse sur ses cartes et dans ses mémoires au début du 18e siècle. L'une de ces cartes, celle du 46e carré, montre le passage, constitué du bac et de deux cours d'eau le reliant au Gué de Magné sur la rive droite, au Gué de Sansais sur la rive gauche. Le mémoire qui accompagne la carte explique que "l'on sort de l'île de Magné par le gué de Menevau où il faut traverser un large marais et l'ancien bras de la Sèvre". La configuration des lieux n'a guère évolué sur les plans cadastraux de Magné et Sansais en 1830 et 1833. Ils indiquent le gué et son bac, et les deux voies perpendiculaires à la Vieille Sèvre, à la place de la route actuelle. Rive gauche, vers le Gué de Sansais, la voie est toujours en eau tandis que rive droite, vers le Gué de Magné, il s'agit bel et bien d'un chemin, encadré par deux fossés. Dès 1814, l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées Mesnager présente un projet d'amélioration des deux levées en terre qui, sur chaque rive, permettent de rejoindre le passage par bac, et dont il ne reste alors que des vestiges. Ce projet est approuvé le 23 novembre et probablement mis en oeuvre dans la foulée.
Une pêcherie jouxtait par ailleurs le passage. Sa propriété est revendiquée en 1833 par un cultivateur demeurant au Gué de Magné, François Izambert, alors que l'Etat est en train de s'emparer des lieux pour les aménager. Parmi les documents qu'Izambert produit pour démontrer son droit, un contrat de mariage passé le 15 septembre 1704 entre René Hervé et Marie Baumier, mentionne parmi les biens de l'épouse et lui provenant de sa mère, Marie Racapé, "les eaux, écluse et pêcherie à elle appartenant, sise au gué Mennevault en l'île de Magné". Le 19 mars 1777, André Hervé vend à Jean Isambert, pêcheur au Gué de Magné, pour 1072 livres, "la moitié dans l'écluse et dans les eaux" du gué Meneveau, paroisse de Magné, prenant "naissance au levant aux eaux de la chapelle Perone et se terminent au couchant au passage du Gué, dans lesquelles ledit acquéreur aura le droit de pêche qu'avait ledit sieur vendeur".
La construction du pont au milieu du 19e siècle
Dans les années 1830, l'Etat envisage de construire un pont à la place du bac. L'idée résulte de la décision prise à la même époque de faire passer le nouvel axe routier souhaité entre le nord et le sud de la Sèvre Niortaise, par Coulon et Sansais-La Garette, plutôt que par Magné et le Gué de Menevault. Le sort du passage de Menevault est par ailleurs lié à celui du grand port de Magné, où un pont est également souhaité. En 1838, le principe du pont à Menevault est adopté par le Conseil général, souhait renouvelé en 1844. Un premier devis est présenté le 24 mai 1840 par l'ingénieur des Ponts et chaussées Lambert, puis un autre, par le même, le 24 juin 1845, mais le coût des travaux est à chaque fois jugé trop élevé. Le 10 septembre 1845, Jean Logeais, entrepreneur à Magné, se propose de mener à bien les travaux de construction des ponts de Menevault et de Magné, et de se faire payer en exploitant les ponts via un péage et une concession de 60 ans. Le 18 novembre 1846, une enquête publique est menée au sujet du projet de pont à Menevault. L'ouvrage projeté sera identique au pont de Magné, sans toutefois avoir de travée mobile (le bras de Sevreau n'est en effet pas navigable). L'affaire tarde pourtant et, le 17 mars 1849, le maire de Magné, Julien Brée écrit au préfet pour le supplier de faire avancer le projet, rappelant le fait que la construction du pont de la Garette, en cours, a coûté quatre fois plus cher. Le 13 août suivant l'ingénieur Lambert présente un nouveau projet et, le 10 novembre, le conseil municipal réclame de nouveau la mise en oeuvre du projet des deux ponts, indiquant que le vieux passage de Menevault est envasé.
Son voeu est enfin exaucé lorsqu'en 1850, l'Etat se prononce enfin en faveur du double projet et de sa concession à Logeais. Le 1er mai 1851, un décret présidentiel autorise la construction des deux ponts, en fixant la durée de la concession à 39 ans, le montant de la subvention publique à 35000 francs, et les tarifs de péage. Le 3 juillet suivant, la construction puis la gestion et l'exploitation par péage des deux ponts sont attribués en concession à Jean Logeay. L'Etat accorde au projet une subvention de 20000 francs, en plus de celle de 8000 francs par le Conseil général et 7000 par les communes concernées. Propriété de l'Etat, l'antique bac est supprimé cette même année 1851. Logeay tarde pourtant à exécuter sa part du contrat. Dès mars 1852, l'Etat lui réclame les documents de conception des ponts, à produire normalement dans les trois mois suivant l'adjudication, et qu'il ne présente que le 20 mars. Les travaux commencent enfin mais avancent lentement. En septembre 1853, les fondations du pont de Menevault émergent enfin de l'eau. Le 18 janvier 1855, Logeay est mis en demeure d'achever les travaux dans un délai de six mois. Les deux ponts sont enfin inaugurés le 24 juin 1855. La population et les autorités politiques et religieuses se rendent le matin en procession de la chapelle Sainte Macrine au pont de Menevault, puis l'après-midi au pont de Magné.
L'affaire s'avère pour Logeais bien moins lucrative qu'envisagé, et les difficultés techniques et financières se multiplient pour lui, en particulier pour l'exploitation du pont de Magné. Il meurt à Magné en 1860, et la gestion du pont de Menevault échoit à son héritière, Angélique Pillet. En 1874, n'ayant pas les moyens de l'entretenir, celle-ci propose à l'Etat de lui abandonner le pont qui nécessite d'importantes réparations. Dangereuse, la traversée de l'ouvrage est interdite et, en janvier 1877, une souscription est lancée pour le rachat du pont et de son péage. La propriété du pont revient ainsi à l'Etat. Le 24 janvier 1878, la restauration de son tablier en charpente est adjugée à Honoré Lamoureux, entrepreneur à Niort. Les travaux sont réceptionnés le 24 juin 1879. De nouvelles réparations au tablier et aux maçonneries sont réalisées en 1894 par Jacques Théophile, entrepreneur à Sansais, puis en 1901 par Louis Deborde, de Magné. Devant toutes ces réparations, décision est prise de reprendre entièrement le tablier du pont. Le 21 octobre 1906, l'agent-voyer Charles Desessards, qui vient de reconstruire la travée mobile du pont de Magné, propose ici un tablier métallique soutenu par des voûtes en brique. Ces travaux sont probablement réalisés peu après. Le pont apparaît ainsi constitué sur une carte postale vers 1920.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : Moyen Age, milieu 19e siècle, 1er quart 20e siècle |
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Dates |
1851, daté par source |
Description
Le site est placé au croisement entre la route qui relie le Gué de Sansais et le Gué de Magné, d'une part, et la Vieille Sèvre ou bras de Sevreau, d'autre part. A cet endroit, un pont permet de franchir le cours d'eau et de rallier ainsi l'ancienne île de Magné depuis le plateau de Sansais, et au-delà le Poitou (puis les Deux-Sèvres et la Vendée) depuis la Saintonge. Le passage est prolongé par les deux chaussées qui forment une rampe sur chaque rive. Le pont est un ouvrage à quatre travées droites, entre deux culées en maçonnerie. D'épaisses piles recouvertes de pierres de taille, et renforcées chacune par un éperon, supportent le pont dont le tablier, en métal, est soutenu par des voûtes en brique. Au-dessus de chaque pile, un parapet en pierre de taille interrompt le garde-corps, également métallique. Rive gauche, juste en amont du pont, une cale enherbée permet d'accéder à la rivière.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA79005908 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2024 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques |
Citer ce contenu |
Passage dit le gué de Malvault ou de Menevault, puis pont, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Centre vendéen de recherches historiques, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/ee05774a-a800-4757-ba3f-7a867032bfe8 |
Titre courant |
Passage dit le gué de Malvault ou de Menevault, puis pont |
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Dénomination |
pont |
Parties constituantes non étudiées |
cale |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Sansais
Milieu d'implantation: isolé
Lieu-dit/quartier: le Gué de Sansais
Cadastre: 1833 B 361, 2024 OB 415
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Magné
Milieu d'implantation: isolé
Lieu-dit/quartier: le Gué de Magné
Cadastre: 1833 C 897, 2024 AO 71