Château des abbés de Saint-Amand à Coly, actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Coly

L'ancienneté du site semble être avérée du seul fait que l'église paroissiale, qui remonte au XIIe siècle, lui est subordonnée : tout comme le bourg castral, elle est située en contrebas du promontoire du château.

La mention la plus ancienne du "castrum de Coly" ne remonte guère plus haut qu'au début du XVe siècle : le 1er mars 1407 (n.st.), les biens meubles de l'abbaye de Saint-Amand et du château de Coly font l'objet d'un inventaire, ce qui revient à dire que le château était alors bâti et meublé. Toutefois, un acte établi en 1309, citant Raimond, abbé de Saint-Amand, et conservé autrefois dans les archives du château de Coly, suggère que celui-ci pourrait être antérieur, peut-être d'un siècle, voire plus. De fait, le mur de soutènement oriental de la plate-forme haute du château (qui comprend la partie basse de la tour d’angle circulaire sud-est du bâtiment principal) présente un appareillage en moyen appareil de pierre de taille rectangulaire à joints relativement fins en assises régulières qui peut remonter aux XIIIe-XIVe siècles. D’autres vestiges de maçonneries médiévales sont également visibles en d’autres endroits du site : au mur oriental de l’enceinte basse et à la tour de flanquement sud-est, au mur gouttereau occidental du corps de logis secondaire ouest, au mur-pignon oriental du petit bâtiment flanquant le portail d’entrée de la plate-forme haute et aux murs gouttereau occidental et pignon sud du bâtiment principal. Celui-ci, par sa place (sur la plate-forme supérieure), ses dimensions et ses dispositions (il était notamment doté d'une tour d'angle), ne peut être qu'une partie subsistante du logis abbatial.

Le château était une dépendance de l'abbaye de Saint-Amand comme en attestent les documents précités : "castro de Coly de dicto monasterio" (1er mars 1407). En 1411, après le départ des Anglais chassés de Coly, Pierre de Fleury, capitaine de Montignac, invite l'abbé à restaurer ses fortifications, restaurations qui durent être effectives puisque, dès 1464, l'abbé rend hommage au comte de Périgord Alain d'Albret pour son "chastel et forteresse de Coli". On est tenté de lier ces travaux à certaines modifications et reprises de maçonnerie, tout spécialement celle de la tour sud-est qui a été dérasée et dont la fraction subsistante à l’angle du corps de logis qui comprenait la porte d’accès intérieure a alors été transformée en fenêtre à traverse (une demi-croisée).

En 1541 puis en 1543, l'abbé commendataire de Saint-Amand, Alain de Ferrière, rend hommage au roi de Navarre, comte de Périgord, pour son abbaye et ses dépendances (dont fait partie le château de Coly) dans deux actes, dont le dernier fut précisément passé au "château de Coly".

Le château a encore fait l’objet d’une importante campagne de travaux probablement intervenue au cours des guerres de Religion : la reprise des remparts et des tours d’angle ou de flanquement de la plate-forme haute en moellons équarris et le percement de ces tours par des canonnières à la française (à embrasure extérieure rectangulaire à redents), le portail d’accès principal situé à l’ouest de la plate-forme haute, à arc en plein-cintre extradossé et doté d’une feuillure pour recevoir le tablier d’un pont-levis, ne peuvent dater que de la seconde moitié du XVIe siècle. En outre, deux bâtiments situés à l’intérieur de l’enceinte basse, l'un au nord est une grange étable qui avait peut-être autrefois une fonction de chai et de cuvier, l'autre au sud est aujourd’hui en ruine et adossé au mur d'enceinte : tout comme la grange-étable, il est percé de petites fenêtres à cadre à chanfrein droit autrefois dotées de barreaux ; en outre, ses angles sont flanqués de tourelles dotées de canonnières à la française analogues à celles de l’enceinte haute. Ce dernier bâtiment présente encore les ruines d’une cheminée à piédroits et manteau chanfreinés dotée d’un four à pain, ainsi que celles d’une porte en plein-cintre à piédroits également chanfreinés. Ces travaux attestent non seulement d’une remise en état des fortifications du site mais aussi d’une reprise en main du domaine.

Le château reçoit encore épisodiquement les abbés au XVIIe siècle : en 1691, Jean de Ferrières, un autre abbé commendataire de Saint-Amand issu de cette famille originaire de la seigneurie de Sauvebœuf à Aubas, signe un acte "datum in castello nostro de Coly".

Une description du château rédigée en 1751 et un croquis du chanoine Brugière de la fin du XIXe siècle indiquent la présence de quatre tours circulaires aux angles des remparts, ainsi que de celle de l'ancien pont-levis, aujourd'hui portail principal d'accès au site (à l'ouest). Outre la maison-forte, le château comportait alors un pont-levis, des tourelles crénelées, des souterrains avec meurtrières, un logis secondaire et une porte basse au pied des remparts. La description nous apprend également que le château comprenait une salle haute ouverte par des fenêtres à meneaux surmontées de lucarnes à croisillons éclairant les petites pièces des combles.

Le château est encore indiqué en état par la carte de Belleyme levée en 1768. D'ailleurs, l'ancienne maison abbatiale semble avoir fait l'objet d'une dernière campagne de travaux peu avant la Révolution, comme le suggèrent les portes qui ouvrent son niveau de soubassement et son rez-de-chaussée surélevé, à plate-bande délardée en arc segmentaire (et à chambranle pour celle du niveau de soubassement). Cependant, la période révolutionnaire n'épargna pas le site castral : selon les Annales du Terrassonnais, un paysan acheta le château de Coly, moyennant le prix de vente de deux veaux. L'acquisition réalisée, l'acheteur entreprit la démolition d'une partie des corps de logis subsistant.

Du site castral ne subsistent aujourd'hui que l’ancienne maison abbatiale et les imposants remparts flanqués de tours ; ils ont été restaurés en 2013.

Périodes

Principale : 13e siècle (incertitude)

Principale : 14e siècle (daté par source)

Secondaire : 2e moitié 15e siècle

Principale : 2e moitié 16e siècle

Secondaire : 4e quart 18e siècle

Situé à l'extrémité d'un éperon rocheux dominant la confluence de la Chironde avec le Coly, l'ancien château comprend une première enceinte, basse et relativement grande (environ 3200 m²), constituée de murs en pierre calcaire de différents appareils de pierre de taille, de plan grossièrement rectangulaire, flanquée de tourelles circulaires aux angles nord-ouest, sud-ouest et sud-est. Une deuxième enceinte, plus réduite (env. 1000 m2), forme plate-forme et est comprise à l'intérieur de la première, à l'ouest, flanquée elle aussi à l'ouest de tourelles circulaires et dont les murs, à la fois de soutènement et de clôture, sont en différents appareils de pierre de taille calcaire.

C'est à l'intérieur de cette deuxième enceinte que se trouve le bâtiment principal, qui comprend un niveau de soubassement et un rez-de-chaussée surélevé. Celui-ci abrite aujourd'hui une seule pièce principale dont l'élément le plus remarquable est l'épaisseur de sa maçonnerie ; sa cheminée a été très remaniée. La cave occupant l'étage de soubassement est percée à l'ouest par une porte dont la plate-bande est délardée en arc segmentaire et ornée de motifs sculptés.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Coly

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1825 A2 763, 1986 A2 518

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