Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Le quai actuel de la République est établi à l'endroit qui se trouvait à proximité de la ville antique et de son pont, puis sous les murailles de la ville du Moyen Age. Se situaient sans doute dans ces parages les ports connus sous les noms : des Tanneries (dit Saint-Aignan en 1270), du sel (en amont du vieux pont et établi en 1372 par Charles V), Mouclier (cité dès le 13e siècle), Petit-Port (auparavant Anguiller), des Bouchers, Tavernier et des Frères.

Sur le "Pourtrait de la ville et cité de Saintes", daté de 1560, sont mentionnés, d'amont en aval, le port du Chapitre (H), le petit port (G), le port Mouclier (E) et le port des frères Cordeliers (D). Ils se situent à peu de distance les uns des autres, de part et d'autre du pont.

A partir de 1794, dans le cadre des travaux d'embellissement de la ville, réalisés en grande partie par des ateliers de charité financés par l'intendant Reverseaux, les anciens quais Royal et des Récolets, entre la rue Saint-Pierre et le Cours National, sont surhaussés sur les déblais des fortifications de la ville pour lutter contre les inondations. Un quai unique est ainsi aménagé, dénommé un temps Reverseaux ou de l'Abreuvoir, puis de la République. Le mur de soutènement est élevé "provisoirement à pierre sèche avec des matériaux provenant de la démolition d'une vieille tour et de deux moulins qui se trouvaient sur le pont". Une cale d'abreuvoir, établie contre le mur et face à la rue de l'Anguille en 1803-1804, est reconstruite en 1844.

Dans les années 1880, le mur est reconstruit sur 96 mètres de long dans la partie aval du quai et un perré est construit pour consolider l'atterrissement existant, de façon qu'il constitue un quai inférieur. La chaussée empierrée du quai est reconstruite en même temps, avec une largeur de 7 mètres et un trottoir d'1,20 mètre. La cale de l'abreuvoir, présente actuellement, date sans doute de cette époque.

Une passerelle en bois prenant appui sur le quai est mise en service le 25 octobre 1880, face à la rue Saint-Pierre. Un bateau-lavoir est amarré à l'aval de cette passerelle jusqu'au début du 20e siècle au moins. Elle est remplacée en 1928 par une passerelle en béton, encore présente de nos jours.

En 1936, les anciens parapets en pierre sont démolis et des trottoirs en encorbellement viennent élargir le quai, qui ne fait plus partie du domaine fluvial depuis 1929. Cet élargissement est réalisé, en même temps que celui du quai de l'Yser, pour faciliter les accès au pont Palissy du côté de la ville. Les trottoirs en encorbellement se raccordent avec ceux du pont. Un perré, construit en amont de la passerelle en 1936 sur une longueur de 82 mètres, est prolongé l'année suivante sur une longueur de 35 mètres, joignant le quai de Verdun. Sa fonction est de protéger la berge des affouillements dus à l'action des courants.