Aérium Maurice Pierre aujourd'hui centre de vacances

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Bidart

Un article publié en 1928 dans la Revue philanthropique par le docteur Pierre Peyret permet d'avoir une connaissance globale des différents sanatorium présents à Bidart à cette date. Médecin militaire officiant lors de la Première Guerre mondiale au château d’Ilbarritz, qui fut transformé en hôpital militaire jusqu'en 1922, Pierre Peyret fut également le fondateur du sanatorium des Embruns. D'après cet article, durant la Première Guerre mondiale, l'américaine Dorothea Fisher loua une maison à Bidart pour ouvrir un refuge destiné à recueillir les enfants parisiens subissant les bombardements. Après la guerre, Zinca Paléologue, épouse d'André Lebon, député des Deux-Sèvres, ministre du commerce, de l'industrie et des postes et télégraphes, puis ministre des colonies, reprit la location et fonda l’Œuvre Maurice-Pierre du nom de deux de ses fils. Elle est la mère notamment de Pierre Lebon qui fit construire la villa Itsas Gaïna à Bidart. Zinca Paléologue fit aménager la maison existante en un véritable préventorium privé. D'après les cartes postales anciennes, l’établissement était situé sur la rive nord de l’embouchure de l’Uhabia, à proximité de l’océan. Un jardin clôturé s’étendait vers l’Uhabia tandis qu’une cour était aménagée à l’est devant la façade principale. Sur le plan cadastral de 1831, l’ensemble correspondrait aux parcelles 2 et 3 de la section D, où deux édifices sont représentés.

Au décès de Zinca Paléologue, en 1924, sa fille Marie Lebon, qui avait épousé Maurice Pilliard, présida l’Œuvre Maurice-Pierre. L'association fut reconnue d’utilité publique le 20 mai 1926. D'après le Comité national de défense contre la tuberculose, cette même année, le préventorium marin avait une capacité de 30 lits et accueillait les garçons et les filles de 6 à 13 ans qui présentaient une forme latente et curable de la tuberculose. Les pensionnaires bénéficiaient d'une cure d’air iodé de quatre mois minimum. La classe était donnée en plein air et les enfants jouaient sur la plage de l’Uhabia située à proximité. Le service médical était effectué par le docteur Pierre Peyret.

D'après les courriers échangés entre la présidente de l’association et le maire de Bidart, en 1928, en prévision de la fin du bail de location, Marie Lebon décida de faire construire un établissement plus moderne sur un terrain lui appartenant, situé proche de la chapelle Ur Onea. Ce dernier étant frappé de servitude par "le Plan d'Aménagement et d'Embellissement" de Bidart, la municipalité le lui échangea contre un autre terrain situé dans le quartier d’Oyhare (parcelles 400, 401), à l’est de la route nationale et derrière la ligne de chemin de fer et promit d’améliorer le chemin d’accès à la plage de l’Uhabia. L’année suivante, le Comité Technique des Sanatoriums autorisa l'établissement définitif d'un préventorium marin sur le territoire de Bidart. Le projet fut subventionné à 50 % par l’État. L’architecte Henri Rateau, dont les plans et les élévations ont été conservés, fut désigné pour l’élaboration du nouveau bâtiment. Pour la première fois, il appliqua les caractéristiques de l’architecture néo-basque à un programme autre que celui de l’habitation et d’une taille beaucoup plus imposante. Il dessina un préventorium moderne dont la conception était encadrée par la loi Honnorat du 7 septembre 1919 et de ses décrets qui imposèrent des normes sanitaires en fournissant des prescriptions sur la situation, la composition générale et l’aménagement médical de l’établissement de cure. L’édifice fut divisé notamment en quatre pôles fonctionnels distincts.

On pouvait lire dans la Gazette Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz du 19 septembre 1929 qu’une fête de bienfaisance fut donnée par le couple Mac Williams à leur villa Mendigaïna afin de récolter l’argent nécessaire pour meubler le nouveau établissement Maurice-Pierre. Le décorateur Emile Bertin, qui possédait une maison de villégiature à Bidart, participa à l’ouvrage en peignant une fresque dans le réfectoire. Cette fresque, qui représentait des scènes traditionnelles basques dans un paysage basque, n’existe plus aujourd'hui. Elle est visible sur une carte postale. D'après le permis de construire n°6, en 1947, le Ministère de la Santé Publique exigea l’aménagement d’un lazaret au sein du préventorium marin. En effet, depuis 1920, la réglementation imposait aux établissements recevant des enfants l’usage d’un lazaret collectif pour accueillir et observer les nouveaux arrivants afin de prévenir la propagation des maladies infantiles. Afin d’éviter la fermeture de l’établissement la Vice-Présidente Madame Le Laire fit appel à l’architecte André Pavlosky. Il aménagea le lazaret en surélevant le pavillon de l'infirmerie. Ce lazaret est aujourd'hui transformé.

Dans les années 1950, l’établissement devint un aérium destiné à accueillir les enfants déficients ou menacés par la tuberculose. D'après les photographies aériennes entre 1959 et 1961, des terrains de sport furent aménagés au sud de l’établissement. Il fonctionna jusque dans les années 1970. A la fermeture de l’établissement, la Banque de France racheta le bâtiment pour le transformer en centre de vacances destinés à ses employés. L’intérieur fut entièrement remanié et un court de tennis fut installé au début des années 2000 sur les terrains situés en face de l’établissement.

Périodes

Principale : 17e siècle, 18e siècle (incertitude) (détruit)

Secondaire : 1er quart 20e siècle (détruit)

Principale : 2e quart 20e siècle

Dates

1929, daté par source

Auteurs Auteur : Rateau Henri

Henri Rateau s'est installé à Bidart en 1924 où il a réalisé de nombreuses maisons de villégiature. Il est l'auteur du groupe scolaire (1932), de la mairie (1937) et du bureau de Poste. Son cabinet d'architecte était aménagé dans sa maison, "Les Tamaris", rue des Tamaris, à proximité du sanatorium des Embruns. Au cours de sa carrière, il a travaillé en association avec l'architecte Marras.

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Auteur : Pavlovsky André, architecte (attribution par source)

L’établissement Maurice-Pierre est situé au sud de la voie ferrée et au nord de l’autoroute A10. Il est à l’angle de la rue Lukuchenea et de la rue Maurice Pierre. Il est implanté sur la crête de son terrain. Il se compose de quatre volumes distincts formant un plan en T. Le volume central, qui est l’ancien pavillon de la Direction, comprend un étage de soubassement semi-enterré en moellon, un étage carré et une toiture à deux pans dissymétriques. La façade nord est précédée d’un perron qui donne accès au porche dans-œuvre du rez-de-chaussée. Le linteau de ce dernier est symbolisé par un large cartouche portant l’inscription « Maurice-Pierre ». Il repose sur deux consoles à volute. La porte d’entrée dessine un arc en plein cintre. L’étage carré et le pignon présentent un faux pan de bois maçonné et peint. Un faux pigeonnier est symbolisé par huit triangles évidés placés au-dessus d’une tablette. Les plans d’Henri Rateau permettent d'avoir une vision précise de l'organisation du sanatorium. L’étage de soubassement était réservé aux services (cuisine, office, garde-manger et buanderie) tandis que le rez-de-chaussée regroupait les pièces de réception (salle d’attente, bureau, parloir et salle à manger), et l’étage était divisé en cinq chambres réservées au personnel. En tant que pavillon central, il est relié aux trois autres pavillons. A l’est, l’ancien pavillon de l’infirmerie qui comprend un étage de soubassement en moellon, un rez-de-chaussée, un étage carré et un toit à deux pans. Les façades sont enduites. Le rez-de-chaussée accueillait le cabinet du docteur et un dortoir de six places pour les malades. L‘étage de comble était occupé par le grenier. Une porte permettait d’atteindre le toit-terrasse situé au-dessus du cabinet du docteur. A l’ouest, le pavillon de l’ancienne école est de plain-pied, il est couvert d’un toit à deux pans. Il est percé de larges baies à croisées. Il accueillait le réfectoire, la salle de classe et le préau. Au sud, le pavillon des dortoirs comprend un étage de soubassement en pierre, un rez-de-chaussée, un étage carré et une toiture à deux pans. La façade est symétrique et se compose de sept travées, la travée centrale est en saillie et forme un pignon couvert et orné d’un faux pan de bois. Ce pavillon était aménagé de deux dortoirs par niveau, tous éclairés par de grandes baies à croisées.

Pour le pavillon central Henri Rateau applique le programme d’une maison de villégiature de style néo-basque avec en façade l’usage de la pierre pour le soubassement, le porche pour marquer l’entrée principale, le décor de faux pan de bois à l’étage et la toiture dissymétrique. A l’intérieur, on retrouve la répartition de la maison de villégiature : pièces de services, pièces de réceptions et pièces privées. Les autres pavillons sont traités simplement : trois niveaux d’élévation, toiture à deux pans symétriques, façades enduites. Seuls quelques éléments rappellent le style néo basque : le soubassement en pierre et un mur pignon orné d’un faux pan de bois. Ici, Henri Rateau a conçu un édifice de style néo-basque en adéquation avec les besoins d’un équipement médical. Cette adaptation d’un style, qui à l’origine concerne les habitations, sur un équipement plus vaste sera de nouveau mise en œuvre quelques années plus tard pour le groupe scolaire de Bidart.

Murs
  1. Revêtement : enduit

  2. Revêtement : faux pan de bois

Toits
  1. tuile creuse
Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré

Élévations extérieures

élévation à travées, jardin en pente

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à deux pans

    Partie de toit : pignon couvert

  2. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Bidart , 216 chemin de Mundunstenea

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2017 AL 24-27

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