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Présentation des objets mobiliers : église abbatiale, actuellement église paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul
France > Nouvelle-Aquitaine > Haute-Vienne > Solignac
Informations complémentaires
Les vitraux anciens
Introduction
Le chœur semi-circulaire de cette église, entouré de trois absidioles, est orné de vitraux de la seconde moitié du 15e siècle. L’église en a été dotée en même temps que de ses stalles et de la peinture murale qui figure saint Christophe, pendant l’abbatiat de Martial de Bony de Lavergne (1456-1484), dont le portrait et les armoiries figurent sur l’un des panneaux. La campagne de vitrage, qu’il faut peut-être situer vers 14791, a pu être continuée par le successeur de cet abbé, Archambaud V de Comborn (1485-1494) : son nom se déchiffre en effet sur le nimbe d’un des saints représentés, à moins que l’inscription ne rappelle l’un de ses prédécesseurs homonymes qui vécurent au 10e et au 12e siècle. La Chronique du monastère Saint-Pierre de Solignac rédigée par Dom Jean-Laurent Dumas (1609-1678), religieux du monastère de 1648 à sa mort, mentionne certains des vitraux existant de son temps : l’un, dans la chapelle qui lui était dédiée du côté sud, figurait saint Éloi entouré de moines et du roi Dagobert Ier ; étaient encore représentés saint Pierre, saint Denis et le saint saxon Théau, disciple du fondateur mort à Solignac vers 702, chacun placé au-dessus de l’autel qui lui était consacré. S’il ne reste rien de ces sujets, endommagés pendant la période révolutionnaire mais encore visibles dans toutes les fenêtres vers 1815 selon les témoignages recueillis par l’abbé Texier, d’autres subsistent néanmoins en nombre conséquent.
L'iconographie des vitraux conservés
Les éléments conservés sont artificiellement regroupés, les panneaux n’étant ni assurément associés à l’origine, ni même à coup sûr contemporains. Ils répondent à deux types de présentation formelle. Ont d’une part survécu trois personnages en pied de grande échelle, sainte Catherine et deux saints évêques sans attributs, dans lesquels André Lecler voulait reconnaître saint Éloi et saint Martial2. Parmi eux, l’un des évêques et la sainte, aujourd’hui respectivement en baies 0 et 4, sortent manifestement d’un même atelier d’après le type de leurs encadrements et l’emploi de motifs circulaires sur certaines étoffes ; tous deux semblent un peu plus récents que les autres panneaux.
Sont d’autre part conservées six petites scènes encloses dans des habitacles à décor gothique, d’une formule proche de ceux de la légende de saint Jean-Baptiste conçue vers 1455 pour le chœur de Saint-Michel-des-Lions de Limoges. Deux de ces scènes renvoient à l’iconographie proprement régionale : on y reconnaît sainte Valérie apportant sa tête tranchée à saint Martial, ainsi que les saints Alpinien et Austriclinien. Deux autres illustrent la piété compassionnelle en vogue depuis le milieu du 15e siècle – la Trinité souffrante ou Trône de grâce, et la Vierge de Pitié
. Devant cette dernière est agenouillé un roi de France, qui serait saint Louis d’après une inscription jadis relevée par l’abbé Texier. Le panneau de même format qui figure les armes de France couronnées, supportées par des anges, est le seul survivant d’autres écus royaux encore en place au milieu du 19e siècle3 ; ces marques laissent supposer que Martial de Bony, figuré dans le sixième panneau, n’a pas seulement voulu rendre hommage aux souverains qui, à la suite de Dagobert, sont réputés avoir favorisé l’abbaye, mais qu’il avait obtenu de l’administration royale quelque contribution financière à ses entreprises.
Des vitraux menacés, restaurés au 19e siècle
L’abbé Texier signalait dès 1846 la lourde menace qui pesait sur ces vitraux longtemps laissés à l’abandon, réduits à l’état de débris et fort fragilisés. Il semble qu’ils aient été déposés sur place avant que ne prenne corps le projet de restauration du monument envisagé à partir de 1859. L’architecte Boeswillwald, qui décrit l’église de manière détaillée l’année de son classement, évoque sans les mentionner l’ensemble des fenêtres murées jusqu’à mi-hauteur4. En outre, un premier devis dressé en 1876 par l’architecte Gabriel Ruprich-Robert n’évoque que des vitreries blanches, qu’il était prévu de refaire en 1880. Les caisses de panneaux anciens ne réapparurent qu’ensuite, ce dont témoigne l’un des rapports de l’architecte Louis-Clémentin Bruyerre (9 avril 1886) : « En restaurant l’intérieur de l’église, il a été découvert des fragments de vitraux qui paraissent remonter au 15e-16e siècle, intéressants parce que rares et parce qu’ils paraissent avoir été fabriqués dans le pays ». Leur restauration fut confiée en 1885 au parisien Émile Hirsch, que désignent ses courriers adressés en 1887 à Eugène Viollet-le-Duc et au ministre de l’Instruction publique pour réclamer le solde du marché. De précieuses photographies des vitraux, prises dans l’atelier avant toute intervention, permettent de juger des compléments introduits ensuite5. Elles documentent en outre la moitié supérieure d’une scène du 15e siècle qui ne fut pas réutilisée et qui n’est plus localisée. L’œuvre, d’un style plus fruste que celui des autres vitraux, figurait un saint évêque en prière visité par un petit ange environné d'une nuée rayonnante (ce panneau ne fut pas présenté à l'Exposition rétrospective de 1886, mais il ne fut pas réintégré au vitrage de l'église l'année suivante). En 1887, les panneaux furent remontés dans le chœur de l’église, répartis en quatre fenêtres (baies 3, 4, 11 et 12), et insérés dans des vitreries blanches inspiré des verrières cisterciennes d’Aubazines, dont Hirsch garnit aussi toutes les autres baies de l’édifice. Dans l’intervalle, l’architecte Geay, commissaire de l’exposition des Beaux-Arts et de l’Industrie tenue en 1886 à Limoges, avait obtenu de présenter les verrières dans la Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville. La « section vitraux et céramiques » du catalogue édité à cette occasion en donne une minutieuse description.
Une nouvelle présentation mise en place au 20e siècle
De petites réparations effectuées sur place par Chigot en 1934-1935 laissèrent inchangé l’agencement des panneaux adopté à la fin du 19e siècle. Leur présentation actuelle dans l’édifice résulte d’un concours lancé en 1985 par l’architecte en chef Gabor Mester de Parajd, visant à la remise en valeur du chœur et de son mobilier suite au déplacement des stalles qui occultaient les absidioles. Est alors projetée la restructuration des vitraux anciens en trois fenêtres et leur déplacement, au centre de la chapelle axiale et dans les deux baies du chœur situées de part et d’autre de celle-ci (baies 0, 3 et 4). Choisi parmi cinq concurrents, l’Atelier du Vitrail de Limoges a procédé aux travaux en 1987 : chacune des trois verrières comprend désormais un saint de grandes dimensions, sous les pieds duquel sont superposées deux des scènes d’échelle réduite, le tout étant mis en page dans de larges bordures colorées et des compléments architecturaux. Parallèlement, pour les accompagner, Michel Guével a créé les vitreries teintées qui occupent les dix baies voisines et les cinq petites fenêtres de l’étage supérieur de l’abside.
Type de dossier |
Mobilier |
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Référence du dossier |
IM87005165 |
Dossier réalisé par |
Gatouillat Françoise
Ingénieur de recherche au Centre André Chastel. Lefebvre Barbara Chargée de recherches_Centre André Chastel (octobre-décembre 2015). |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2011 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Centre André Chastel - Françoise Gatouillat |
Citer ce contenu |
Présentation des objets mobiliers : église abbatiale, actuellement église paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Dossier réalisé par Gatouillat Françoise, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Centre André Chastel - Françoise Gatouillat, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/9e6345c6-9bd8-4b03-ae47-383395a6a834 |
Titre courant |
Présentation des objets mobiliers : église abbatiale, actuellement église paroissiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul |
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