Ferme de Richebonne, usine de chaux de la Société des fours à chaux de Richebonne, puis Martin-Fettig

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Charron

Une ferme au milieu des marais dès le Moyen Age

La ferme de Richebonne dépendait jusqu'à la Révolution de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm (Vendée). Elle constituait ainsi un des points d'appui développés par les abbayes de la région, dont celle-ci, dans les marais d'Aunis et du Bas-Poitou, sur les anciennes îles, bien avant le dessèchement de ces mêmes marais. Les débuts de cette implantation restent imprécis. En 1811 puis en 1835, des sarcophages contenant des ossements et semblant remonter au début du Moyen Age, ont été mis au jour sur l'ancien îlot. Richebonne aurait fait partie des biens de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm dévastés par Eble de Châtelaillon au 11e siècle. Richebonne est en tout cas mentionné en avril 1314 dans un amortissement accordé par Hugues de la Celle, commissaire du roi, à l'abbé de Saint-Michel-en-l'Herm pour des biens nouvellement acquis à Richebonne et à Marans ; et dès 1303 dans une sentence d'arpentement prononcée entre le seigneur de Marans et les religieux de Richebonne, dépendant de l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm, au sujet des limites de leur terres. Dans ce dernier document, confirmé en 1324, il est question des terres délaissées par la mer au pied de cette "grande tende de Richebonne, laquelle est assise entre Bysé et le port du Bérault". Les religieux de Richebonne exerceront leurs droits sur "tous qui leur metteront en paissant o bestes et en fauchant et emportant herbe en foing ou blé si ladite tende estoit tournée à cultueure", tout en laissant "voye convenable à aller au port du Bérault, en lieu où il est, o beus et o charettes et aultres bestes, à pied e tà chevau". Le logis a conservé quelques éléments de cette période médiévale (contreforts, cheminée, linteau de porte sculpté).

Dès le Moyen Age, l'abbaye de Saint-Michel-en-l'Herm aménage les marais qui dépendent de Richebonne en creusant, semble-t-il, un canal traversant le site actuel des écluses du Brault, le chenal du Grand Cravans. Au 17e siècle, elle profite des dessèchements réalisés par les sociétés de marais voisines et du creusement de leurs canaux évacuateurs pour rétablir l'écoulement des eaux des marais de Richebonne. En 1637, elle s'entend ainsi avec Pierre Geay de la Pénissière pour l'autoriser à faire passer le canal de la Brie sur les terres de Richebonne. En échange, le canal du Cravans est creusé pour évacuer les eaux des marais de Richebonne. Une transaction est aussi passée en 1710 avec la Société des marais de Taugon, mettant un terme à un contentieux de plusieurs décennies au sujet du passage du canal de la Banche sur les terres de Richebonne. Enfin, l'abbaye et la Société des marais de la Brie et la Pénissière renouvellent leur transaction au sujet de l'entretien du canal du Cravans le 16 décembre 1726.

L'exploitation de la métairie est confiée par l'abbaye à des fermiers, par exemple Jacques Metereau en 1680 et Jacob Bruant à partir de 1698. En 1700-1701, un contentieux s'élève entre ce dernier et l'abbaye au sujet de l'entretien des canaux et des ouvrages d'écoulement de l'eau. Le 19 mars 1791, la métairie de Richebonne, saisie comme bien national, est vendue aux enchères, pour 200 000 livres, à Jean Rigaud et Philippe Cappon, de Marans, qui agissent pour le compte de Samuel Demissy (1755-1820), armateur, député de la Charente-Inférieure, maire puis sous-préfet de La Rochelle sous la Révolution et l'Empire. La ferme appartient en 1820, selon le cadastre, à sa veuve, Marie-Louise-Esther Liège, demeurant à La Rochelle.

De la ferme à l'usine à chaux

Une usine de chaux est créée en 1845 sous le nom de Société des fours à chaux de Richebonne. La pierre est extraite du sol de l'ancien îlot calcaire. En 1861, une autorisation préfectorale est accordée à Mathieu Alzard pour la construction d'un nouveau four permanent. Le cadastre mentionne cette construction à la même date, ainsi qu'une maison en 1862, le tout au nom d'Elisabeth Gando, veuve de Pierre Roy-Bry, négociant à Rochefort, et mère d'Eugène Roy-Bry (1810-1864), banquier, député-maire et président fondateur de la chambre de commerce de Rochefort. Les héritiers Alzard et Gando font construire un nouveau four à côté des trois fours préexistants, des magasins en 1883 et 1884, une écurie et une maison en 1890.

En 1898, l'usine est exploitée par Brémond et Girard, puis à partir de 1908 par Martin, chaufournier à Nieul-sur-Mer, associé à Fettig. Il y fait installer une machine à vapeur et un broyeur. En 1914, les lieux appartiennent à Armand-Louis Auriol-Roy-Bry, demeurant à Rochefort puis à Tonnay-Charente. L'usine, qui emploie dix ouvriers en 1930, cesse de fonctionner dans les années 1960. Une grande partie des bâtiments est abandonnée et tombe peu à peu en ruines.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1861, daté par source

1883, daté par source

1890, daté par source

En 1996, le site de l'ancienne usine de chaux comprenait un magasin industriel en moellon de calcaire apparent, couvert d'une charpente en bois apparente et d'un toit à longs pans à croupes en tuile mécanique ; ainsi que deux logements d'ouvriers couverts d'un toit en tuile creuse. En 2018, il n'en reste plus que des ruines, le long de la route D105. Les vestiges du four à chaux demeurent au nord-ouest.

Au nord de ce premier ensemble, se trouvent les ruines de l'ancien logis de ferme. Il s'agit d'un bâtiment à un étage, flanqué sur sa façade sud-est de contreforts plats et d'une hotte de cheminée en moellons et pierre de taille. A l'intérieur, cette cheminée (15e siècle ?), adossée, comprend un linteau en bois, une hotte moulurée et des piédroits dont il ne reste que les consoles. Une des portes de la pièce où se trouve cette cheminée, présente un linteau orné d'une accolade au centre de laquelle figure un écusson avec des armoiries en grande partie effacée. L'accolade est encadrée par deux autres motifs sculptés : celui de gauche est très dégradé ; celui de droite forme une étoile (ou une fleur ?) à six branches.

Derrière le logis, au nord, se trouvent deux alignements de dépendances (granges ? étables ?), en ruines, perpendiculaire l'un à l'autre.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile mécanique, tuile creuse
Étages

en rez-de-chaussée

Couvrements
  1. charpente en bois apparente
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

  2. Partie de toit : croupe

Typologie
  1. Ferme à bâtiments séparés
  2. Grange à façade en pignon
État de conservation
  1. établissement industriel désaffecté
  2. vestiges
Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Charron

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Richebonne

Cadastre: 1820 C 12, 2016 OC 36 à 40, 48, 50 à 52

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