Église paroissiale Sainte-Croix

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

D'après Cyprien Pérathon, la première mention de l'église Sainte-Croix (également dite église Sainte-Croix-du-Mont) remonterait à 1498, dans un acte d'achat de rente dressé au profit des prêtres communalistes de la paroisse. Aucun document ne permet de préciser sa date exacte de construction, mais une étude attentive y révèle le travail de diverses époques. Elle ne possède plus aujourd'hui de réelle unité architecturale, mais son vocable plaide en faveur de son ancienneté, tout comme l'examen de ses travées occidentales, de style roman.

L´église semble en effet dater du 13e siècle pour ses parties les plus anciennes (les trois premières travées, côté ouest de la nef). Elle fut remaniée et agrandie au 17e siècle, lors d´une première campagne de réparations datée de 1611, au cours de laquelle le portail fut transporté à son emplacement actuel. Dans la seconde moitié du siècle (1642), y succéda une campagne d´extension menée sur les plans de l'architecte Jean Verduier de Laplante, qui concerna les quatre dernières travées de la nef, comprenant chœur et collatéraux. La construction du grand escalier de l´église, permettant d´accéder à son portail principal, placé dans le mur nord, vint compléter cette série de travaux en 1690. En pierres de taille du Compeix, sculptées à arêtes vives, il serait l´œuvre de deux tailleurs originaires de Royère.

L´église subit de nouvelles réparations et une campagne de consolidation de sa charpente en 1781-1783, sous l'égide de l'ingénieur Jacques Charrière, seigneur de Meysounioux et de Talafeix, procureur-expert à la châtellenie d'Aubusson. Elle comprenait alors une nef à sept travées et à chevet droit et deux collatéraux. La dernière travée formant chœur fut allongée au 19e siècle, pour recevoir la chapelle axiale et la sacristie. La dédicace à la Croix peut trouver son origine dans une relique rapportée de Terre Sainte par un des membres de la famille vicomtale d´Aubusson parti en Croisade : il pourrait s'agir du vicomte Rainaud Le Lépreux, qui participa à la 2ème Croisade, ou de son fils Gui 1er, qui accompagna le roi Philippe Auguste à la 3ème. L'un d'entre eux aurait peut-être obtenu un fragment de bois de la Vraie Croix et aurait fait édifier en son honneur une église pour l'abriter, dans le voisinage immédiat du château. Cette relique était offerte chaque année à la vénération des fidèles, lors d'une procession qui avait lieu le 3 mai, jour de l'Invention de la Vraie Croix et de la fête patronale d'Aubusson. Sainte-Croix demeura jusqu'au 17ème siècle une collégiale, à laquelle le prévôt de Chambon-Sainte-Valérie nommait. Elle devint église paroissiale au 17e siècle, en remplacement de Notre-Dame-du-Mont, qui devint elle-même une collégiale, du fait du transfert en ses murs des moines du chapitre du Moutier-Rozeille (1674).

Le cimetière de la ville d´Aubusson fut longtemps contigu à l´église Sainte-Croix, du côté est, avant d´être transféré auprès de l´église Saint-Nicolas (1654), puis de trouver son emplacement actuel, rue Vaveix, dès 1835. La confrérie des Pénitents blancs, installée à Notre-Dame-du-Mont, quitta cette dernière pour s'établir en l'église Sainte-Croix en 1678. En 1698, elle obtint l´autorisation de faire construire la tribune qui surmonte toujours les travées de l´ouest. Sainte-Croix abritait alors déjà plusieurs confréries, dont celle de sainte Barbe, patronne des tapissiers travaillant dans la cité. A la Révolution, l´église fut dévastée et ses autels détruits. Elle devint un temple de la Raison et un lieu de réunion pour la Société Populaire de la ville ; plus tard, elle servit de logement pour les prisonniers de guerre, et subit donc des aménagements et dégradations conséquents (construction de murs de séparation, percement de cheminées, enlèvement des pavés). En 1794, sous la Convention, trois des quatre cloches de Sainte-Croix furent envoyées à Limoges pour être fondues et converties en canons. Après la signature du Concordat de 1801, le maire d'Aubusson, Jean-Antoine Lecler entreprit de rouvrir l'édifice au culte : il fit recueillir les épaves d'autres sanctuaires abandonnés, afin d'en décorer l'église. C'est ainsi que le grand autel des Récollets se retrouva à Sainte-Croix. Dans les années 1820, l'église fut ornée de peintures murales (en bleu et or, agrémentées d'un semis d'étoiles), qui, en recouvrant la majeure partie de sa voûte, achevèrent de lui donner une certaine homogénéité. Dans les années 1870-1880, de nombreux rapports, émanant des architectes de la ville, soulignèrent la mauvaise conservation de l'édifice, et en particulier de sa toiture en bardeaux de châtaignier, pourrie en plusieurs endroits et de sa charpente, fragilisée. Il semblerait également que l'escalier conduisant à la porte principale ait subi une réfection vers 1878. La toiture de l´église a été rénovée en 1992.

Périodes

Principale : 13e siècle (incertitude)

Secondaire : 17e siècle (daté par source)

Secondaire : 4e quart 18e siècle

Secondaire : 19e siècle

Dates

1611, daté par travaux historiques

1642, daté par source

1781, daté par source

Auteurs Auteur : Verduier de Laplante, architecte (attribution par source)
Auteur : Charrière, architecte (attribution par source)

L´église est de plan rectangulaire, avec une nef à chevet droit et deux bas-côtés. Elle se compose de sept travées, la dernière formant chœur et d'une chapelle axiale en abside. Elle se présente comme un triple vaisseau, de plus de 45m de long et 20m de large, dépourvu de transept. Son plan comporte de nombreuses irrégularités : le collatéral sud est plus large que celui du nord, les travées sont inégales et les voûtes présentent des différences de structure apparentes. En effet, les trois premières travées de la nef, datant du 13e siècle, remontent à l´origine du bâtiment : elles sont voûtées d'ogives à tore aplati, les retombées se faisant sur des piliers quadrangulaires à impostes moulurées. Les trois premières travées des collatéraux sont également de la construction originelle, mais elles ont été remontées et voûtées d´arête durant les premières campagnes de travaux du 17e siècle. Quant aux dernières quatre travées de la nef et des collatéraux, elles ont été montées et voûtées d´arête durant la seconde campagne de réfection du 17e siècle. Au lieu de conserver à la nef du chœur la forme ogivale de l'église primitive, l'architecte Verduier de Laplante y a adopté le plein cintre et pour faire concorder la hauteur des clefs de voûte, il a élevé, au-dessus de chaque pilier, un pilastre au sommet duquel prend naissance la voûte d'arêtes. Les voûtes des collatéraux sont en plein cintre au nord et surbaissées au sud ; elles sont dépourvues d´arc doubleau, à la différence de celles de la nef centrale. Dans celle-ci, les voûtes, assez basses, reposent sur de massifs piliers carrés à arêtes chanfreinées par l'intermédiaire de chapiteaux également carrés, réduits à de simples tailloirs sans ornementation.

Le bas-côté sud est plus large que celui du nord. Tous deux n'ont pas la forme régulière de la nef : leur configuration trapézoïdale a sans doute été motivée par l'étroitesse du terrain, au sud et au nord, limité par l'escarpement rocheux. Ils se terminent, à l´est, par un mur légèrement arrondi. Le chevet droit a été allongé au 19e siècle par l'adjonction d'une chapelle axiale et de la sacristie, composée de deux pièces (l'une à gauche, dite de Sainte-Croix et l'autre, à droite, ordinaire).

Le mur plein, à l'angle nord ouest, suggère l'existence, autrefois, d'un clocher en pierre. L'escalier en vis, dans l'épaisseur du mur, ainsi que la trémie présente au centre de la voûte, semblent corroborer cette hypothèse. Ce clocher est d'ailleurs figuré sur un croquis de 1783, assez grossier, signé Borderie : il consistait en une tour carrée, percée de six fenêtres en plein cintre dans sa partie supérieure.

Lors des travaux de consolidation au 18e siècle (1781) par l'ingénieur Jacques Charrière, le plan révèle 7 chapelles, abritant sans doute les autels des différentes confréries. Aujourd'hui, il n'en subsiste plus que quatre, une au nord et trois au sud.

La toiture a fait l'objet d'une rénovation en 1992 par l'architecte Patrice Trapon : la nef est couverte en tuiles canal et petites tuiles, le clocher est couvert en bardeaux de châtaigner.

En raison de la forte déclivité du terrain, rendant le pignon ouest inaccessible, l'accès à l'église Sainte-Croix se fait par le nord, grâce à une porte principale (remontée avec les éléments d'une porte du 13e siècle), placée en contrehaut de l'escalier qui monte de la rue Châteaufavier. Des tores arrondis s'allongent sur les piédroits supérieurs de ce portail, pour former une arcature ogivale à son sommet. Deux faisceaux de fines colonnettes engagées reçoivent sur le tailloir de leurs chapiteaux la retombée des tores.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

Toits
  1. bois en couverture, tuile plate
Plans

plan allongé

Couvrements
  1. voûte d'arêtes voûte d'ogives
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , place de l' Eglise

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 C 872, 2007 AL 44

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