Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

L’estuaire de la Gironde est un des plus grands estuaires d'Europe et, écologiquement, un des plus riches. Qu'il s'agisse d'utilisation de la ressource en eau, de tourisme, de pêche et de cultures marines, de paysages et de biodiversité, il revêt une identité environnementale mais aussi patrimoniale particulière. Son histoire et ses paysages témoignent des relations étroites et variées, sur le long terme, entre l’homme et son milieu naturel.

L'estuaire de la Gironde est également placé au cœur des politiques d’aménagement et de développement durable conduites par l'État, les Régions Poitou-Charentes et Aquitaine (fusionnées depuis 2016, formant avec le Limousin, la Région Nouvelle-Aquitaine) et les Départements de la Gironde et de la Charente-Maritime. Zone sensible d'un point de vue environnemental et riche sur le plan patrimonial, l'estuaire s'avère particulièrement stratégique pour le développement économique de la région.

Validé le 9 juillet 2001 avec la Région Poitou-Charentes et le Département de la Charente-Maritime, un C.I.A.D.T. interrégional et interdépartemental a mis en place des structures de gestion des programmes de développement (SMIDDEST : Syndicat Mixte pour le Développement Durable de l’Estuaire). L'intérêt porté à ce territoire se traduit également par l'importance du réseau associatif et par l'obtention du classement au titre du patrimoine mondial de l'humanité des réalisations de Vauban, dont le verrou de la Garonne (Blaye, Fort-Pâté et Fort-Médoc).

Le Département de la Gironde et la Région Aquitaine d'une part, et la Région Poitou-Charentes d'autre part, ont donc considéré comme prioritaire les actions de connaissance et de valorisation du patrimoine estuarien, ainsi que sa prise en compte dans les politiques territoriales, aussi bien sur le volet naturel et culturel que touristique et économique.

Afin de constituer un socle de connaissances indispensable à leur mise en place, un inventaire topographique des 34 communes riveraines de l'estuaire en Gironde et de 16 communes en Charente-Maritime a donc été programmé à partir de 2009. Cette étude, inscrite dans une convention de partenariat associant la Région Aquitaine et le Département de la Gironde, ainsi que dans le cadre d'une collaboration étroite entre les services de l'Inventaire en Aquitaine et en Poitou-Charentes, s'appuie sur un programme et des objectifs qui traduisent une mise en perspective globale du patrimoine par rapport aux enjeux du territoire.

L'opération consiste à recenser sur le terrain les biens culturels qui constituent le patrimoine du territoire, de l'Antiquité aux années 1960 (paysages, habitat, bâtiments religieux, châteaux, objets mobiliers, traditions orales) ; à étudier ces éléments grâce à des recherches dans les archives (notamment aux Archives départementales de la Charente-Maritime et de la Gironde) ; et à valoriser ce patrimoine à travers une base de données accessible en ligne, mais aussi des conférences, des expositions et des publications.

Le périmètre d’étude choisi concerne les communes présentant une façade estuarienne. Les enquêtes déjà réalisées dans les cantons de Blanquefort et de Lormont ont conduit à écarter certaines communes, comme celle d’Ambès ou encore Macau et Ludon-Médoc. Ces deux dernières ont toutefois été étudiées dans le cadre d’un inventaire spécifique (inventaire du patrimoine de la Communauté de communes Médoc Estuaire), permettant de renouveler la connaissance dans ce secteur de la confluence. Sur l’autre rive, Bourg et Prignac-et-Marcamps situées sur les bords de la Dordogne ont été incluses dans l’étude, afin de porter le regard vers l’amont et de prendre en compte un site stratégique majeur. Dans cette même perspective mais hors périmètre, il faut bien sûr évoquer les villes de Bordeaux sur la Garonne et de Libourne sur la Dordogne, deux ports essentiels du trafic estuarien. Côté océan, l’inventaire a été réalisé jusqu’à la pointe de Grave, au Verdon-sur-Mer, dont dépend le phare de Cordouan. Sur la rive droite, il s’achève avec la commune des Mathes et à la pointe de la Coubre dont l’emblématique phare est situé à La Tremblade. Trois communes ont été examinées de manière partielle : Soulac a été traitée principalement pour sa façade estuarienne, la façade littorale et la station balnéaire ayant fait l’objet d’un mémoire universitaire et d’une ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager) ; Royan, largement connue pour ses villas et son architecture de la Reconstruction, a été abordée uniquement par son "front de mer" ; enfin, la ville intra-muros de Bourg nécessiterait des investigations poussées afin d’enrichir la connaissance de ce site millénaire. Les données de l’inventaire portent ainsi sur 22 communes de la rive gauche et sur 30 de la rive droite. L'enquête s'est achevée en 2015 en Charente-Maritime et en 2022 en Gironde. Au total, ce sont près de 11 000 dossiers concernant des édifices, œuvres et ensembles qui ont été constitués, permettant désormais de proposer une cartographie précise du patrimoine bâti du territoire estuarien, du Moyen Âge à nos jours.

Les paysages ont été identifiés comme un enjeu majeur de la connaissance du territoire, pour leur sensibilité aux mutations contemporaines : étalement urbain, déprise agricole, risques climatiques… La démarche de l’Inventaire permet d’appréhender le territoire et ses paysages dans le temps long, en lui donnant une épaisseur historique.

Ces recherches ont également fait l'objet de plusieurs publications, notamment un ouvrage de synthèse paru en juin 2022, dans la collection des Cahiers du patrimoine.

Dans la base de données, un dossier de présentation du territoire estuarien permet d'appréhender le périmètre étudié. Des dossiers collectifs ou thématiques ont également été réalisés sur des familles d'édifices ou des thèmes spécifiques. Chaque commune bénéficie d'un dossier de présentation auxquels sont liés les dossiers d'entités étudiées au sein de la commune.