Maison des Petites soeurs des pauvres, actuellement église orthodoxe et résidence

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Poitiers

C´est en 1853 que l´abbé Bellot (1803-1871), chanoine de la cathédrale de Poitiers, entreprend de fonder un établissement destiné à secourir les personnes âgées sans ressources. L´objectif est aussi de doter d´un lieu de culte le faubourg de la Tranchée qui commence à s´agrandir et qui dépend de l´église Saint-Hilaire de Poitiers, un peu éloignée. L´établissement serait confié à la congrégation des Petites Soeurs des Pauvres, fondée en 1839. Celle-ci manquant de personnel, le projet est retardé. Le chanoine Bellot parvient toutefois à trouver un lieu pour cet implantation. Il s´agit de la maison de Belair dont les bâtiments apparaissent sur le plan cadastral de 1838 (parcelles G 564 à 579). Elle a déjà semble-t-il servi de "maison de santé". Une partie appartient à Jacques-Théodore Farran et à son épouse, Jeanne Bourdin. Farran est emprisonné pour dettes, dont certaines dues à l´évêque de Poitiers et à un autre chanoine, l´abbé Charbonneau. Le 13 août 1856, la propriété de Farran est vendue aux enchères devant le tribunal de première instance de Poitiers. Au nom des Petites Soeurs des Pauvres, le chanoine Bellot se porte acquéreur. L´ensemble comprend, outre la maison, des dépendances, une serre, un kiosque "ou pavillon chinois" mentionné sur le cadastre de 1838, un colombier, une chapelle dans le coteau, des jardins sur le haut et d´autres en bas, au bord du Clain. L´année suivante, le reste du domaine de Belair est acquis. Parallèlement, avec l´aide de bienfaiteurs, le chanoine Bellot prépare l´arrivée des premières religieuses. Le 20 octobre 1857, quatre Petites Soeurs des Pauvres et une novice font leur entrée dans leur nouvel établissement. Un premier pensionnaire est accueilli dès le 23. Le nombre de personnes à loger et à nourrir augmentant, les religieuses reçoivent de nombreux legs et dons de la part de bienfaiteurs, d´institutions et de commerçants de Poitiers. En 1858, une maison contigüe est achetée. En octobre 1859, on compte 80 pensionnaires, 140 en 1863. En 1859, Joséphine-Amélie Chastaignac de Sussac, veuve de M. de Brugières, acquiert la jouissance d´une partie du jardin des Soeurs pour 10.000 francs, somme qui devra être utilisée à la construction d´une chapelle. Construite en neuf mois, cette dernière est bénite par l´évêque de Poitiers, Mgr Pie, le 28 février 1861. Elle est d´abord vouée à saint Jacques, en souvenir de la chapelle Saint-Jacques dont les vestiges étaient encore visibles quelques années auparavant plus loin sur la route de Bordeaux, aux Trois-Bourdons. La chapelle des Petites Soeurs des Pauvres est ensuite placée sous le vocable de saint Joseph, patron de la Maison. Un chemin de croix est érigé dans la chapelle en 1879, puis à nouveau en 1890 et remplacé en 1912. En plus de la chapelle, les constructions se multiplient grâce à de nombreux dons et aux collectes réalisées par les religieuses (fig. 1). En 1862-1863 est édifié un premier corps de logis pour les pensionnaires, perpendiculaire à l'avenue (fig. 13 à 18), ainsi qu´un logement pour l´aumônier, à gauche de l´église (où il existe encore, fig. 23 et 24). En 1865, d´autres bâtiments voisins sont achetés. En 1870, une buanderie est construite juste au bord du coteau (où elle se trouve encore). En 1874, une statue de sainte Germaine est bénite (il s´agit peut-être de la statue visible sur les photographies au sommet du pignon du bâtiment des hommes, perpendiculaire à la rue). En 1875 sort de terre un long corps de bâtiment pour abriter les femmes, parallèle à la rue et reliant la chapelle et le bâtiment des hommes (fig. 2 à 4). Une galerie extérieure est ajoutée sur sa façade côté Clain en 1885 (fig. 7). En 1887, conformément au souhait de Mme de Brugières exprimé trente ans plus tôt, la chapelle est agrandie et prend sa physionomie actuelle. Le clocher, le transept et le choeur sont ajoutés à l´ancien édifice. En 1889, le quartier des hommes est agrandi. Deux pavillons supplémentaires sont construits en 1892. D´autres bâtiments répartis autour d´une basse cour prolongent l´ensemble le long de l´avenue, vers le sud. Des grottes sont aménagées en oratoires dans le coteau. Les travaux se poursuivent au gré des dons et après la vente du jardin au bord du Clain, en 1905. Une nouvelle buanderie est édifiée en 1911. L´établissement sert d´hôpital en 1914-1918 et accueille de nombreux réfugiés ainsi que les pensionnaires de trois autres Maisons des Petites Soeurs des Pauvres en 1939 et 1940. Une véranda est construite en 1945, un pavillon de « chambres de ménages », c´est-à-dire pour les pensionnaires en couple, en 1958, tandis que les dortoirs sont divisés en chambres individuelles. Le 17 décembre 1971, les dernières Petites Soeurs des Pauvres quittent Poitiers. La maison de retraite reste encore quelques années. Propriété de la Caisse d´épargne, les bâtiments sont un temps abandonnés. En janvier 2003, l´ancienne chapelle Saint-Joseph est donnée à l´association cultuelle orthodoxe de la Trinité-Saint-Hilaire, fondée en 2001, après que l´évêque catholique de Poitiers, Mgr Rouet ait renoncé à reprendre ce lieu de culte. La nouvelle église orthodoxe est consacrée le 11 janvier 2004. Quant aux bâtiments de la maison de retraite, ils sont démolis, à l´exception de l´ancienne buanderie, de l´ancien logement de l´aumônier, de la chapelle située derrière l´église, et de la partie du quartier des femmes contigüe à l´église. Celle-ci est incluse dans la résidence qui est construite en 2004 à la place des anciennes constructions (fig. 5).

Périodes

Principale : 2e moitié 19e siècle

Dates

1860, daté par travaux historiques

1875, daté par source

1887, daté par source

1889, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

L´ancienne Maison des Petites Soeurs des Pauvres s´étire entre l´avenue de la Libération et le coteau. En venant du centre-ville, le premier bâtiment rencontré, à l´ombre de l´église, est l´ancien logement de l´aumônier (fig. 23 et 24). Il s´agit d´une maison dont la façade, donnant sur la vallée, ouvre par trois travées d´ouvertures et est ornée d´une corniche et d´appuis moulurés. L´ancienne chapelle Saint-Joseph, aujourd´hui église du culte orthodoxe, domine l´avenue de son clocher-porche (fig. 25 à 30). De type néo-roman, elle possède un plan en croix latine avec une nef unique, un transept et un chevet circulaire encadrée par deux petites sacristies. La façade sur l´avenue, encadrée par deux contreforts, est entièrement appareillée de pierre de taille. En partie haute, l´appareil est réticulé. La porte en plein cintre prend place sous un porche soutenu par deux colonnes et surmonté d´un fronton triangulaire. Au-dessus se trouve une haute baie en plein cintre encadrée par deux contreforts puis par deux baies également en plein cintre, moins hautes et plus étroites. Le tout est dominé par la tour carrée du clocher. Surmontée d´une corniche à modillons, elle ouvre sur chaque côté par trois baies en plein cintre hautes et étroites. La flèche en ardoise, hexagonale, est percée de quatre lucarnes à fronton triangulaire. Des contreforts distinguent les travées de la nef et encadrent les murs à pignon découvert du transept. Le mur droit de la nef est aveugle tandis que l´autre est percé de baies en plein cintre. Les murs pignons du transept ouvrent par deux baies jumelles en plein cintre surmontées d´une autre plus petite. Le chevet est percé de trois baies en plein cintre, dont celle d´axe est aveugle. Le toit de la nef, du transept et du chevet, couvert d´ardoise, est souligné par une corniche à modillons identique à celle du clocher. Un bandeau court sur les façades en reliant les larmiers qui ornent les linteaux en plein cintre des baies. L´intérieur de l´église montre la même sobriété que l´extérieur (fig. 6, 22 et 31 à 33). Une tribune surmonte l´entrée, sous le clocher-porche. Sous une voûte en berceau brisé, on retrouve la division de la nef en quatre travées, matérialisée par des arcs doubleaux retombant sur des colonnes à chapiteaux muets. La croisée et les bras du transept sont chacun surmontés d´une voûte d´arêtes. Après la croisée, une travée distinguée par deux arcs doubleaux identiques à ceux de la nef, précède une abside circulaire voûtée en cul-de-four. Dans le bras droit du transept, en hauteur, une petite tribune autrefois réservé aux religieuses communique avec l´ancien bâtiment du quartier des femmes. Derrière l´église, à l´est, surplombant le coteau, se trouve une petite chapelle de plan rectangulaire, surmontée d´un toit à lons pans en ardoise. Sa façade sur le mur pignon découvert, au sud-ouest, présente une porte surmontée d´un cartouche. Sur le côté nord-ouest, on observe une autre porte et une niche qui a dû abriter une statue (fig. 34). Perpendiculaire à l´église et parallèle à l´avenue, l´ancien quartier des femmes comprenait un corps de bâtiment central encadré par deux ailes plus hautes, en prolongement (fig. 7, 9 à 13, 35 et 36). Seule l´aile contigüe à l´église a été conservée et intégrée dans la nouvelle résidence. Selon les photographies prises avant la construction de cette dernière, le corps central présentait un étage carré et un toit à longs pans et à croupes. La façade côté vallée était percée de cinq travées d´ouvertures, plus trois lucarnes à croupes.au niveau du comble. De part et d´autre, les ailes latérales possédaient deux étages carrés et un toit à longs pans et à croupes. Chacune présentait six travées d´ouvertures. Une galerie extérieure courrait sur la façade côté vallée des trois corps de bâtiment, au rez-de-chaussée et au premier étage. Le décor se limitait aux encadrements saillants des ouvertures et à la corniche à modillons qui soulignait les toits, identique à celles de l´église. Au-delà de cet ensemble, là où se dresse maintenant la résidence, se trouvaient plusieurs autres bâtiments, connus par des photographies de 2003. Le quartier des hommes était un long bâtiment perpendiculaire à l´avenue et au quartier des femmes (fig. 13 à 18). Il possédait un étage carré et était surmonté d´un toit à longs pans brisés et à égoût retroussé, percé de lucarnes à fronton en arc segmentaire. Au sommet du mur pignon côté avenue, une niche abritait une statue. A côté de ce bâtiment, près de l´avenue, se situait une buanderie, celle construite en 1911 (fig. 18 à 21). Couverte d´un toit en ardoise à longs pans et à croupes, elle possédait un étage et présentait de larges ouvertures à encadrements saillants. Derrière se trouvait le bâtiment des pensionnaires en couples (fig. 21), puis l´ancienne buanderie, construite en 1870, la seule encore visible aujourd´hui (fig. 37). Dominant la vallée, cette dernière est un petit bâtiment en rez-de-chaussée avec un toit en ardoise à longs pans. Elle est flanquée d´un petit château d´eau de plan hexagonal. Enfin, dans le coteau, on devine les vestiges de jardins en terrasses, d´une citerne avec pompe en fonte, d´anciens oratoires aménagés dans le rocher et abritant encore un autel pour l´un, une statue de la Vierge à l´Enfant pour l´autre (fig. 38 à 44).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : enduit

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers , 77 et 79 avenue de la Libération

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2004 EY 792 et 798

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