Imprimerie Plainemaison, puis magasin de commerce Treuil et Brunaud, puis Treuil, Brunaud et Ruchaud, puis Desvilles et fils et cie, puis Eurodif, puis centre culturel Frac-Artothèque de Nouvelle-Aquitaine.

France > Nouvelle-Aquitaine > Haute-Vienne > Limoges

L’imprimerie est construite en 1893 par Alfred Rouchaud, architecte et ingénieur civil pour l’imprimeur Félix Plainemaison, sur un jardin aménagé au début du XIXe siècle à l'emplacement du couvent de l'Oratoire.

Félix Plainemaison a repris en avril 1889 l'imprimerie de Daniel Gély, installée au 10, rue des Grandes-Pousses, à Limoges. Un premier projet d'atelier à charpente en bois et sur deux niveaux est déposé en mairie en mars 1893, avant que le choix se porte sur une structure métallique à trois niveaux. Alfred Rouchaud applique le système novateur de ferme en demi-arc mis au point par l'ingénieur Henri de Dion en 1878 pour l'Exposition universelle, et employé par les ingénieurs Levesque et Pesce pour les halles de Limoges en 1886. Les travaux débutent au printemps 1893 et sont achevés à l'été. L'imprimerie déménage à la mi-septembre.

Plainemaison se spécialise dans les marchés d'impression avec l'administration (Conseil général de Haute-Vienne, Lycée de Limoges) ainsi qu'avec la Compagnie française des chemins de fer d’Orléans et de Bône. Il travaille aussi pour la Ville de Limoges, l'Armée et la gendarmerie. Il édite enfin un journal, les Petites affiches limousines de 1893 à 1900.

En 1893, il emploie 25 ouvriers, dont 6 typographes (un contremaitre, quatre ouvriers et un apprenti), huit relieurs, deux conducteurs de machines et deux apprentis conducteurs. En mars 1893, l'embauche d'une typographe payée à moitié du tarif entraine une grève d'un mois.

La force est fournie par un moteur à gaz système Gradel et un moteur électrique. L'imprimerie compte trois presses mécaniques - une Alauzet & Tiquet format double-Jésus, une Marinoni Universelle (double-Jésus) et une Marinoni Indispensable (format Jésus) - une presse à bras et une presse à pédale. Le matériel de composition comprend six tables et trois marbres, trois rangs, un lingotier, deux grands casiers à plateaux, cent soixante-dix casses, cent vingt châssis et ramettes, et deux lots de lettres d’imprimerie de caractères d’affiche. L'équipement est complété par deux rogneuses (une système Driard) et deux coupes- bord à biseau, une petite machine à perforer et une presse à cahier.

En avril 1900, un incendie oblige Plainemaison a cesser son activité. L'année suivante, bâtiment, machines et mobilier sont mis en vente. En 1903, après quelques modifications intérieures, l'édifice est occupé par le magasin de tissu en gros Treuil et Brunaud. Treuil, qui était auparavant installé au 3 de la rue du Consulat, s’associe en 1904 avec Ruchaud.

En 1933, l’entreprise devient la société anonyme des anciens établissements Treuil, Brunaud et Ruchaud. Vers 1946, Desvilles rentre dans la société qui sera rebaptisée en 1956 Desvilles et fils et cie, tissus en gros et confection. En 1965, elle emploie 56 salariés et produit les tricots Gyna. En 1987, le site est aménagé par l'architecte Charles Breton, de l'Agence 4, pour devenir un magasin de commerce.

Le bâtiment abrite différents commerce de vêtements (Styléco, Bouchara, Eurodif…). Après le déménagement d'Eurodif en 2013, le site est acquis par le Conseil régional pour y installer le FRAC-Artothèque du Limousin. En 2017, le cabinet Jakob + Macfarlane lauréat du concours d'architecte, est chargé de la réhabilitation du site. Les travaux sont achevés en 2024 et le Frac-Artothèque s'installe dans le lieu au printemps 2025.

"Fouler le sol", le 1% artistique a été créé par Flora Moscovici.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle (daté par source)

Secondaire : 1er quart 21e siècle

Dates

1893, daté par source

2024, daté par source

Auteurs Auteur : Rouchaud Mathurin-Alfred

Mathurin-Alfred Rouchaud est un architecte et ingénieur civil né à Limoges le 20 aout 1849. Troisième fils d'un serrurier-quincailler en gros et détail du faubourg Montmailler. A l'exception de Gabriel, le cadet, chef de musique militaire au 83e régiment, la fratrie fait le choix de professions techniques et d'avenir : Jean-Baptiste (dit Fernand) et Gabriel (dit Charles) sont électriciens. Charles devient mécanicien en 1890 ; associé à Lamassiaude, il fondera une des plus importantes usine de construction mécanique de Limoges.

Après avoir travaillé dans la serrurerie familiale, Alfred rejoint les Chemins de fer de l'Etat. En 1884, il s'installe à son compte comme ingénieur civil puis architecte-ingénieur, profession qu'il exerce jusqu'en 1900. Il s'associe en 1899 avec les architectes Rocher et Menissier, qui lui succèderont. Il a notamment construit la mairie-école de Champnétery (1896) [pop culture IA00075181], et, à Limoges, une maison particulière au 15, rue Mirabeau [daté et signé] (1887), l’usine de chaussure Dourdet (1893) [popculture IA87000182] et l’imprimerie Lavauzelle (1896).

, architecte (attribution par travaux historiques)
Auteur : Breton Charles

Architecte, cofondateur en 1982 de l'Agence 4 à Limoges avec René Pestre, Philippe Roche et Jean- Marc Laplace.

, architecte (attribution par source)
Personnalite : Plainemaison François

François, dit Félix, Plainemaison est né dans une famille de la bourgeoisie limougeaude. Son père, François dit l’Acheteur, est un ancien boucher devenu propriétaire-rentier (la valeur des prairies d’embouche qu’il possède à l’ouest de Limoges s’est accrue à mesure de l’expansion urbaine). Ses quatre frères, Maurice, Émile, Adolphe et Armand font carrière dans le négoce de tissus et la porcelaine. Malade et endetté, Félix doit arrêter son activité en 1901. Il est interné jusqu'à sa mort en 1935.

, commanditaire (attribution par source)
Personnalite : De Dion Henri

Ingénieur formé à l'école centrale des Arts et Manufactures de 1848 à 1851. Collaborateur d'Eugène Flachat pour la construction du pont de Langon et la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Bayeux en 1854. Il construit plusieurs ponts de fer en Espagne, la gare de Delicias à Madrid, ainsi qu'une sucrerie à la Guadeloupe (1862).

Spécialisé dans la résistance des matériaux, il dirige le conservatoire des Arts et Métiers et occupe la chaire de Stabilité des constructions à l'école centrale d'architecture. Il a pour élève Gustave Eiffel. Il est président de la société des ingénieurs civils de France en 1877. Enfin, chargé de la construction du palais des machines de l'Exposition universelle de 1878, il y met en pratique le système de grandes fermes sans entrait sur lequel il travaille depuis 1867.

Des portions des bâtiments de la galerie des machines sont réemployées après l'exposition universelle :

- à Meudon : hangar à dirigeables. Le hangar Y a été conservé et restauré en 2023.

- La Halle 4 de Cardinet, longue de 200 m sera détruite en 2008 par la Mairie de Paris.

- à Belfort : atelier à la société Dollfus-Mieg.

- Une dernière partie abrite actuellement un cinéma le long du bassin de la Villette.

, personnage célèbre (attribution par travaux historiques)
Auteur : Jakob+Mac Farlane , agence d'architecture (attribution par source)
Auteur : Moscovici Flora

Diplômée de l’École supérieure d’arts appliqués Duperré et de l’École nationale supérieure d’arts Paris-Cergy, Flora Moscovici est peintre. Elle développe sa pratique sur le mode de l’in situ en créant des peintures de grandes dimensions pensées spécifiquement pour les lieux qui les accueillent et dans lesquelles elles restent de façon éphémère ou pérenne.

, peintre (attribution par source)

L'imprimerie est construite sur une structure métallique comprenant cinq travées et portant deux niveaux de passerelles. Elle présente sur rue une façade ordonnancée en pierre de taille particulièrement soignée, comme en témoignent les baies géminées du couronnement, les volutes amorties au-dessus du cartouche qui devait porter la raison sociale de l’entreprise ou encore les trois modèles d’ancres des structures métalliques. Le bâtiment est couvert à long-pans. L'éclairage est assuré par les nombreuses baies sur rue, la grande baie sur cour et la verrière en toiture qui dispense un éclairage zénithal. A chaque extrémités du bâtiment, côté rue, deux portes donnent accès l'une au rez-de-chaussée, l'autre au niveau de soubassement.

Le flanc sud-est du bâtiment, mitoyen avec l'immeuble du 17, s'appuie sur des vestiges du transept de la chapelle de l'Oratoire.

En 1902, la reconversion du site en magasin de tissu amène quelques modifications : les cloisons et les menuiseries des bureaux sur rue sont déposées et remployées pour le bureau de contremaître installé au fond du bâtiment ; un des escaliers latéral est déplacé pour donner accès à ce bureau sur pilotis. Il est probable que le carrelage bicolore ait été posé lors de cette campagne de travaux.

D'autres modifications ont lieu en 1987, lors de l'aménagement du magasin Styléco par l'architecte Charles Breton, de l'agence Atelier 4, à Limoges : le bureau du contremaître est démonté. Ses cloisons servent à fermer deux bureaux installés au dernier niveau en façade. L'escalier le desservant est déplacé pour donner accès au plateau créé devant la verrière.

L'appropriation du lieu aux attentes fonctionnelles du centre culturel Frac-Artothèque conduit l'agence Jakob+MacFarlane à assurer d'une part une réhabilitation des structures existantes, et d'autre part à proposer deux créations, la boîte immersive et la grille en façade. Les architectes conçoivent ces deux éléments à partir de la matrice de la structure du bâtiment, en reprenant la trame de 6 mètres par 6 mètres de la charpente métallique originelle.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : acier

    Mise en oeuvre : pan de fer

Toits
  1. ardoise, verre en couverture
Étages

2 étages carrés, sous-sol

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

Autres organes de circulation
  1. monte-charge

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Haute-Vienne , Limoges , 17bis rue Charles-Michels

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 2014 DY 335

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