Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Creusé en 1662, le Contrebot de Vix est d'abord dépourvu de porte. Lors de la première campagne de curage du canal en 1675, l'arrêt du Conseil du roi qui ordonne les travaux prescrit aussi la construction d'une porte, à l'image de celles qui équipent déjà les canaux de dessèchement alentours. Même si le Contrebot est, par son principe même, relié à la Sèvre Niortaise et destiné à en faciliter l'écoulement, la construction d'une telle porte doit empêcher le fleuve à marée haute de s'engouffrer dans le canal en accroissant son envasement. Il n'est toutefois pas certain que cette porte soit effectivement construite : elle ne figure pas sur la carte des environs de Marans par Claude Masse vers 1703.

En revanche, Claude Masse mentionne bien la porte du Contrebot sur sa carte établie en août 1714 à l'occasion d'un contentieux sur une nouvelle campagne de curage du canal. Il est alors question de remettre en état le canal, malmené comme tout le Marais poitevin par la grande inondation de 1711. Dans le mémoire qui accompagne cette carte, il est précisé que "l'on travaillait en 1714" à cette porte (pour la construire ou la reconstruire ?) et que "cette écluse est faite pour empêcher que le reflux de la mer n'entre dans le Contrebot de Vix, et aussi pour y tenir l'eau dedans quand l'on en a besoin dans les sécheresses".

La porte actuelle est probablement celle construite en 1714 (une note de la Société du Contrebot, en 1824, indique que l'ouvrage a été bâti cent ans plus tôt). Elle correspond, en tout cas, en tous points aux plans des portes du Marais poitevin établis par Claude Masse au début du 18e siècle. En tout état de cause, la porte du Contrebot fait partie des ouvrages mentionnés en 1767 sur la carte du Marais poitevin par Jacques Parent, lequel lui consacre un plan particulier qui n'a malheureusement pas été conservé.

L'ouvrage a toutefois dû être repris, en tout ou partie, à plusieurs reprises, au fur et à mesure des tempêtes et inondations et de leurs destructions. Il présente une inscription qui, bien que difficile à déchiffrer, comporte en partie basse, sur deux lignes, les noms de deux directeurs successifs de la Société du Contrebot de Vix à la fin du 18e siècle : "[J]EAN RAISON / DENFER DU CLOUSY". Luc-René Denfer du Clouzy fur le premier directeur de la Société en 1781. Jean Raison l'était en 1801.

La porte a perdu de son intérêt et de son utilité lorsque, vers 1810-1815, le cours du Contrebot a été dévié vers le sud, de l'autre côté de la maison de garde de la porte. Il s'agissait de remédier à un grave inconvénient formé par l'embouchure du Contrebot : après avoir franchi la porte, le canal se déversait en effet contre la digue ou Grande levée de Vix, là même où, déjà, le méandre de la Sèvre dans lequel le canal se jette venait heurter et donc fragiliser la digue. L'ancienne porte est restée sur l'ancien cours du Contrebot, appelé "Grand Larron", tandis qu'une autre porte était construite en 1828 sur le nouveau cours du canal ou "Petit Larron".

Malgré tout, l'entretien de l'ancienne porte se poursuit au cours des décennies suivantes. Vers 1890-1900, une nouvelle vanne verticale en bois est fabriquée par M. Richard, de Maillé. Réalisée sur la place de l'église de Maillé, elle est acheminée jusqu'au Brault sur de grandes gabarres, puis assemblée sur place. Elle est remplacée en avril 1933 par une vanne métallique, fabriquée par l'entreprise Joseph Paris, de Nantes, et acheminée par bateau. En 1939, Benjamin Durand, constructeur de bateaux à Marans, est engagé par la Société du Contrebot pour fournir de nouvelles portes à flot. Dans le même temps, des travaux sont menés pour renforcer le pied de la Grande levée de Vix à l'aide d'une contre-digue en palplanches de ciment armé sur pieux à vis. L'opération, d'abord confiée à M. Grimaud, de Bouillé-Courdault, est achevée en régie.