CAHIER DES CLAUSES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES DE L’OPÉRATION D'INVENTAIRE SUR LE PAYS DUNOIS
I. Contexte institutionnel et objectifs
Rappel : les desseins de l’Inventaire du patrimoine
Créé en 1964 par André Malraux, l’Inventaire général est chargé de « recenser, d’étudier et de faire connaître toute oeuvre qui du point de vue historique, artistique ou archéologique fait partie du patrimoine national ». Le corpus documentaire en cours d’élaboration sur le Pays Dunois permettra de :
- constituer une documentation scientifique sur les édifices du territoire,
- délivrer un état des lieux du patrimoine,
- mémoriser cet héritage pour les générations futures,
- faire émerger des axes forts de l’identité du Pays Dunois.
La documentation sera mise à la disposition du public (notamment sur Internet pour ce qui concernera le patrimoine public) et pourra être exploitée sous forme de publications, d’expositions, d’actions pédagogiques ou d’itinéraires thématiques de visites. Elle servira par ailleurs aux élus autour des problématiques d’aménagement du territoire et de réhabilitation du bâti à caractère patrimonial.
Modalités juridiques des opérations départementales d’Inventaire
La loi n° 2004-809 du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales donne une base législative à l'Inventaire, en élargit le champ et en modernise l'appellation, qui devient désormais “Inventaire général du patrimoine culturel”. Cette loi de décentralisation transfère la compétence d’Inventaire aux Régions à compter du 1er janvier 2005, sous le contrôle scientifique et technique de l'Etat. En application de cette loi, le service de l’Inventaire et du patrimoine culturel du Limousin, créé en 1976, a été transféré à la Région au mois de juillet 2007. Il a rejoint la Direction du développement culturel et sportif, sous le nom de Service de l’Inventaire et du patrimoine culturel.
Le patrimoine est un enjeu fort du Conseil Général, qui a acquis dans ce domaine de l’expérience en participant à deux pôles d’économie du patrimoine et à la démarche d’expérimentation précédant la décentralisation de l’Inventaire général du patrimoine culturel. A ce titre, les partenaires avaient signé en 2002 un protocole de partenariat renforcé, qui a permis la création de la Conservation Départementale du Patrimoine (CDP).
En application de l’article 95 alinéa 2 de la loi du 13 août 2004, la Région Limousin et le Conseil Général de la Creuse ont choisi de poursuivre leur partenariat en confiant au département une délégation de conduite des opérations d’Inventaire, dont les modalités ont été fixées par la convention triennale du 28 janvier 2008. Ces opérations feront l’objet d’une programmation annuelle conjointe. Cette collaboration représente une source d’enrichissement mutuel en matière deconnaissance et de valorisation du patrimoine creusois.
Une harmonisation scientifique et méthodologique
Le chef de service de l’inventaire est garant de la cohérence des données à verser et de leur contenu scientifique. L’équipe du Service de l’Inventaire et du patrimoine culturel apporte une aide méthodologique et scientifique à la Conservation Départementale du Patrimoine. Dans ce cadre, une collaboration avec Emmanuelle Philippe, conservateur du patrimoine chargée de l’Inventaire du patrimoine d’Aubusson, s’est naturellement mise en place afin d’harmoniser toutes les opérationsen cours sur la Creuse.
II. Atouts et enjeux dans le Pays Dunois
Délimitation de l’aire d’étude
Un territoire aux confins Nord-Ouest de la Creuse
Le Pays Dunois se situe à l’extrémité Nord-Ouest du département, à la frontière avec l’Indre. Cette entité se compose de 13 communes regroupées autour de Dun-le-Palestel.
Le paysage du Pays Dunois est dominé par l’agriculture et l’élevage en particulier. Un réseau hydrographique dense entaille par de profondes vallées les plateaux environnants. Ce territoire est traversé du Sud-Est au Nord-Ouest par la Creuse et d’Est en Ouest par la Petite Creuse. A Crozant,la confluence entre la Creuse et la Sédelle, dont la physionomie a été modifiée depuis la construction en 1926 du barrage d’Eguzon situé à 6 km en aval (trois moulins ont disparu sous les eaux à Crozant), a néanmoins conservé son aspect sauvage et son intérêt paysager puisque la vallée de la Sédelle à Crozant et celle des deux Creuse à Fresselines sont inscrites et protégées au titre dela loi du 2 mai 1930 (relative à la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque).
Le « pays de Dun » historique
Historiquement, il est possible de délimiter un « pays de Dun », qui englobe sept paroisses dont cinq appartiennent à la communauté de Communes du Pays Dunois (Dun-le-Palestel, Maison-Feyne, Sagnat, Saint-Sulpice-le-Dunois et Villard). Ce « pays de Dun » se situait à la limite septentrionale du diocèse de Limoges. A ce diocèse de Limoges se surimposa dès la fin du 10e siècle un comté éponyme, démembré au milieu du 11e siècle par le Duc d’Aquitaine pour la création d’une « Marca Lemovicina », Marche Limousine. Au 12e siècle, cette région s’est organisée en Comté de la Marche indépendant, divisé au siècle suivant en deux territoires distincts : la Haute et la Basse Marche. Les communes du Pays Dunois se situaient ainsi sur un territoire frontière militarisé aux limites du Poitou et du Berry, ce qui explique la présence d’églises fortifiées, de châteaux forts et de tours de gué ou fortins.
A la fin de l’Ancien Régime, la moitié des communes étaient des arrières-fiefs du comté de Dun, sous le joug au 18e siècle du Marquis de Persan, qui possédait les châteaux de Saint-Germain-Beaupré, de Dun, de Crozant et des fiefs à Lafat, Maison-Feyne, Saint-Sébastien, Saint-Sulpice-le-Dunois et Villard.
L’héritage patrimonial du Pays Dunois
Nombreux sont les vestiges préhistoriques et antiques visibles sur la commune de Naillat, en particulier le menhir de la Pierre Berce et le dolmen de Pierre Euberte (classé MH). Dans les autres communes, quelques vestiges antiques apparaissent près des anciennes voies romaines.
Le château de Crozant, les trois églises fortifiées (Naillat, Sagnat et Saint-Sulpice-le-Dunois), les anciennes tours de position (comme au Boucher à Nouzerolles ou aux Guérennes à Dun) et plusieurs éléments isolés (notamment le Domaines des Places à Crozant ou le prieuré de Labetoulle à Saint-Sébastien) forment un corpus représentatif du patrimoine médiéval, auquel s’ajoute la configuration des rues centrales du bourg de Dun-le-Palestel.
Après 1500, des témoignages monumentaux vernaculaires sont conservés mais de nombreux éléments posent des problèmes d’identification et de datation, par exemple les « maisons seigneuriales » de Grancher, Villejoint et Bochetet à Crozant, ou celles des Fougères, des Ribières et de Pécut à Naillat. Lors de la mise en place des généralités à la fin du 16e siècle, les communes dunoises dépendaient de la généralité de Moulins et intégraient l’élection de Guéret. Sur le plan judiciaire, elles relevaient de la sénéchaussée de Guéret appliquant la Coutume de la Marche. Au 18e siècle, l’agriculture ne permet plus de subvenir à tous les impôts et plusieurs épidémies frappent le département. Déjà présente à partir du 14e siècle (MOULIN, Annie. Les maçons de la Creuse – Les origines du mouvement. Facultés des lettres et sciences humaines del’Université de Clermont-Ferrand. Institut d’Etudes du Massif Central (Centre d’Histoire des entreprises et des Communautés). Le Poiré-sur-Vie : Imp. Graphique de l’Ouest, juin 1997. 564 pages. Fascicule IV de la collection prestige), l’émigration temporaire des hommes jeunes, les fameux « maçons creusois », va nettement s’intensifier. Le pays de Dun fait partie de l'une des trois zones du département les plus touchées par ce phénomène, conséquence de la petitesse des domaines cultivés par les paysans. Dès cette période, à la traditionnelle maison rurale de type « bloc à terre » viennent s’ajouter des maisons imprégnées par les modèles urbains reproduits par les maçons de retour dans la Creuse.
Le 19e siècle est marqué par trois évènements d’importance, à la fois complémentaires et émanant les uns des autres :
- la redécouverte des ruines du château de Crozant en 1827 par Georges Sand, qui ne cessera de vanter leur beauté et y fera venir de grandes figures telles que Frédéric Chopin, Alexandre Dumas fils et Maurice Rollinat.
- l’installation de Maurice Rollinat à Fresselines en 1883. A son tour, il accueille sur le territoire de nombreuses personnalités et devient après Georges Sand le nouvel « ambassadeur » de cette partie du département. Le plus célèbre de ses invités, Claude Monet, séjournera trois mois chez le poète et y peindra 23 toiles.
- la mise en place informelle d’une école sans maître tardivement nommée « École de Crozant » en 1864. Elle regroupe les peintres attirés par les paysages des rives de la Creuse, en particulier ceux incités par Georges Sand ou Maurice Rollinat et ceux regroupés autour de l’impressionniste Armand Guillaumin résidant à Crozant.
Parallèlement à cet épisode artistique, le 19e siècle se caractérise aussi par un développement industriel : multiplication des moulins, construction de tuileries et/ou briqueteries (5 ont été dénombrées) et création d’entreprises (verrerie et atelier de menuiserie-sculpture sur bois à Saint-Sébastien, fabrique de Limonade, tannerie, scierie et brasserie à Dun). Malheureusement, peu d’édifices et d’archives sur ce thème nous sont parvenus. L’histoire des chemins de fer a beaucoup compté dans cet essor économique ; les gares du Pays Dunois existent toujours mais seule celle de Saint-Sébastien reste en activité.
Les formes du bâti
Organisation du bâti
L’habitat du Pays Dunois est organisé en petits bourgs (à l’exception de Dun-le-Palestel où le bourg est plus conséquent) et en écarts, avec entre les deux du bâti isolé. Ces écarts sont localement désignés sous le terme « villages », qui dans le Limousin structuraient économiquement et socialement l’espace. Les 13 communes rassemblent ainsi plus de 200 « villages », chacun préservant sa part d’histoire et de patrimoine collectif.
Approche typologique de l’habitat
Il n’existe pas de modèle spécifiquement creusois : le bâti rural s’inspire et s’apparente sur plus d’un point à celui des territoires voisins, principalement l’Auvergne, le Bourbonnais et surtout le Berry. Les caractères se définissent par ailleurs en fonction des matériaux disponibles sur place. Une approche typologique plus précise sera proposée en fin d’étude.
Deux types de classements complémentaires
· Classification communale : les dossiers collectifs
Les notices individuelles sont liées au dossier de généralités « Présentation de la commune », mais également à plusieurs dossiers collectifs :
- « Architecture funéraire, commémorative ou votive » : cimetière ; monument commémoratif ; monument aux morts ; obélisque ; mégalithe ; dolmen ; menhir ; tumulus ; pierre des morts (les éléments inhérents aux dossiers collectifs sont indiqués ici à titre d’exemple ; la liste n’est pas exhaustive).
- « Architecture industrielle, artisanale ou commerciale » : usine ; moulin ; moulin à huile ; moulin à farine ; forge ; tuilerie ; briqueterie ; filature ; travail à ferrer.
- « Architecture publique » (PDEN = Architecture administrative, scolaire, judiciaire, pénitentiaire, hospitalière, de sport ou de culture) : mairie ; école ; maison de retraite ; maladrerie ; bibliothèque ; lavoir ; cinéma ; salle des fêtes ; poste.
- « Architecture religieuse » : église ; chapelle ; abbaye ; prieuré ; calvaire ; croix de chemin ; croix de cimetière ; croix monumentale ; fontaine de dévotion.
- « Châteaux, manoirs et maisons de maître » : château ; manoir ; maison de maître ; hôtel.
- « Architecture du génie civil » : voie ferrée ; gare ; borne ; digue ; écluse ; gué ; éolienne ; fontaine ; borne fontaine ; puits (seulement les puits isolés, les autres puits figurent comme partie constituante) ; château d’eau ; pont.
- « Maisons et fermes » : maison rustique ; ferme, presbytère ; grange ; hangar ; logis ; étable ; poulailler ; remise.
Ces sept dossiers collectifs sont suggérés dans un premier temps pour les 13 communes, mais des ajustements seront effectués au fur et à mesure des recherches (suppression de dossiers collectifs non pertinents). Crozant et Naillat se distinguent par la présence d’un huitième dossier collectif intitulé « Vestiges archéologiques », qui s’imposait car de nombreux éléments préhistoriques et antiques monumentaux parsèment leur territoire. Crozant est également doté d’un dossier collectif complémentaire « Architecture de jardin », induit par la présence de plusieurs jardins ouverts au public. La création de ces dossiers collectifs suit scrupuleusement le Système Descriptif de l’Architecture.
· Classification intercommunale : les dossiers associés (= collectif d’aire d’étude)
Afin d’anticiper sur la dernière étape de cette étude et sur ses utilisations futures en matière demise en valeur du territoire, des dossiers intercommunaux thématiques ont été définis : « Bascules publiques du Pays Dunois », « Châteaux et manoirs du Pays Dunois », « Colombiers et pigeonniers du Pays Dunois », « Croix du Pays Dunois », « Eglises et chapelles du Pays Dunois », « Lavoirs du Pays Dunois », « Monuments aux morts du Pays Dunois », « Monuments historiques du Pays Dunois », « Moulins du Pays Dunois », « Ponts du Pays Dunois » et « Vestiges archéologiques du Pays Dunois ». L’architecture liée à l’eau, importante dans la vallée de la Creuse, est ainsi valorisée à travers trois thèmes (moulins, ponts, lavoirs). Ces dossiers associés ont l’avantage d’être transversaux : ils enrichissent considérablement nos connaissances globales sur l’aire d’étude et permettent d’une part de faire émerger une identité spécifique au Pays Dunois, d’autre part de mettre en exergue des thèmes susceptibles d’être abordés ultérieurement sous formes de publications, d’expositions ou de visites guidées. De part son format html et la présence de ces dossiers associés, la base de données réalisée représente un corpus scientifique rigoureux tout en étant déjà un outil de valorisation.
Les enjeux scientifiques
L’aire d’étude : un territoire de confluences
Le choix de l’aire d’étude répond à une volonté politique forte : faire de l’axe Crozant -Fresselines un espace touristique attractif. Aussi le Pays Dunois a-t-il été qualifié de prioritaire par la Région et le Département, qui travaillent en relation étroite pour mettre en valeur la Vallée de la Creuse. Il existe en réalité deux vallées de la Creuse et de ses affluents : celle de la Petite Creuse et celle de la « Grande » Creuse. La « Grande » Creuse trace une diagonale du Plateau de Millevaches jusqu’à Crozant, tandis que la Petite Creuse traverse le Nord du département d’avant Boussac jusqu’après Fresselines. Le long de ces axes naturels sont parsemés de nombreux édifices et édicules méconnus, dont une centaine de châteaux.
Ce choix s’inscrit également dans une logique de cohérence géographique puisque cette communauté de communes jouxte le canton de La Souterraine, étudié par le SRI, et le Pays de Guéret, en cours de finalisation par le Département (à ce titre, l’intégration de Colondannes - seule commune qui ne fait partie ni du Pays de Guéret, ni du Canton de La Souterraine, ni du Pays Dunois – se fera à l’occasion d’un stage de mai à juillet 2009). L’objectif à terme est de bénéficier d’une vision plus précise sur l’histoire et le patrimoine du Nord-Ouest de la Creuse, soit le Pays de Guéret et les deux tiers du Pays de l’Ouest Creusois (il manque la Communauté de Communes de Bénévent - Grand-Bourg, qui devra être étudiée ultérieurement).
Intérêt scientifique de l'opération
Le Pays Dunois n’avait encore jamais bénéficié d’un Inventaire scientifique de son patrimoine, et ce malgré différentes initiatives locales qui n’avaient pas abouties. De plus, ce territoire regroupe plusieurs sites touristiques dont un d’exception : le château de Crozant, qui fait l’objet d’un très important chantier de restauration. Enfin, la notoriété artistique de ce territoire n’est plus à démontrer et mérite d’être abordée sous un angle plus global et plus contemporain que la seule École de Crozant. Le Pays Dunois apparaît comme un secteur privilégié pour la valorisation culturelle de la Creuse : plus qu’une confluence géomorphologique, Crozant et Fresselines font figure de confluence historique et artistique. Il est nécessaire de découvrir et de répertorier précisément les atouts patrimoniaux et paysagers qui attiraient les artistes au 19e siècle. Mieux connus ou révélés pour la première fois, ces héritages monumentaux pourront contrer les transformations malheureuses du paysage par l’évolution des pratiques agricoles et surtout par la construction du barrage-réservoir de production d'électricité d'Eguzon. Un constat s’impose néanmoins : l’attrait artistique du territoire a perduré et s’est étendu aux communes voisines, les ateliers subsistent et des créations originales voient le jour. L’Inventaire du patrimoine participe à la réflexion sur les moyens de mettre en corrélation les potentiels artistiques, architecturauxet paysagers du Nord-Ouest de la Creuse.
Les problématiques scientifiques
Trois thèmes primordiaux émergent :
· L’Ecole de Crozant dans la vallée de la Creuse.
Objectifs : grâce à la collecte de données historiques et architecturales sur Crozant et Fresselines, participer à une réflexion globale sur la mise en valeur du patrimoine des ces communes et des artistes qui les ont représentées ou qui y ont vécus. La présentation de cet héritage culturel ne pourra être ambitieux que s’il est imaginé en collaboration avec d’autres institutions, tel que le Musée de Guéret, et en lien étroit avec le projet de classement des sites impressionnistes au patrimoine mondial de l’UNESCO.
· Le Pays Dunois, un territoire aux confins de la Haute-Marche.
Objectifs : mettre en relief les sites médiévaux présents sur ce territoire frontière, la plupart étant fortifiés (églises, tours, châteaux), et ce malgré la disparition de certains éléments (dont les deux abbayes cisterciennes).
· Le patrimoine bâti du Nord-Ouest de la Creuse.
Objectifs : collecter un corpus documentaire et photographique sur le patrimoine de cette aire d’étude, afin d’en dégager les caractéristiques propres. En plus d’enrichir les connaissances sur le patrimoine creusois, cette documentation appuiera les politiques de restauration du patrimoine bâti ancien.
Ces axes forts seront privilégiés tout au long de l’étude, en particulier dans la sélection des éléments, de façon à anticiper d’éventuelles publications ou recherches ultérieures plus approfondies. Il est donc préconisé d’apporter un éclairage particulier sur Crozant et Fresselines, qui concentrent plusieurs atouts naturels, culturels et touristiques : les deux vallées inscrites, les confluences des deux Creuse, le château fort de Crozant, l’Ecole des peintres de la Creuse dite « Ecole de Crozant », l’oeuvre du poète Maurice Rollinat à Fresselines, ainsi que les routes touristiques de Saint-Jacques de Compostelle et de Georges Sand. Les 11 autres communes ne bénéficieront que d’un pré-Inventaire, sans recherches archivistiques approfondies et sans prise en compte de l’organisation interne des édifices.
Toutes les communes seront étudiées simultanément afin d’une part de conserver une vision globale du territoire durant la progression scientifique, d’autre part de proposer à la même période un point d’étape auprès des habitants. Il apparaît d’ores et déjà que le bâti plus dense de Dun-le-Palestel nécessitera un temps de recherche important, absolument nécessaire pour comprendre l’évolution de la commune centrale du Pays Dunois à qui elle a donné son nom.
Les modes d’approche et leur application
La phase de recensement est remplacée par un diagnostic rapide des bourgs après lequel sont définis les familles d’objets à recenser et les particularités locales. Le repérage et une grande partie de la sélection auront ensuite lieu simultanément.
Autour de la vallée des deux Creuse, il apparaît que le « petit patrimoine » fait l’objet d’un intérêt certain. Il rassemble des constructions à usage fonctionnel et quotidien, nées d’une architecture vernaculaire souvent communautaire, utilisant des matériaux locaux. L’intérêt pour ce type de patrimoine ne peut cependant pas justifier la mise à l’écart du patrimoine remarquable, en particulier les châteaux, manoirs et anciens logis nobles, qui sont paradoxalement délaissés. Plusieurs édifices privés anciens sont abandonnés, totalement remaniés voire ruinés (l’étude devra servir de levier pour sensibiliser à la conservation des monuments privés et impulser les collaborationsavec d’autres institutions (notamment le CAUE et la Fondation du Patrimoine) afin de favoriser leur restauration). C’est pourquoi il serait inopportun que l’Inventaire sur le Pays Dunois ne porte que sur le petit patrimoine ou uniquement sur le Patrimoine Rural Non Protégé (PNRP). L’ensemble du bâti de chaque commune sera repéré et localisé, puis une sélection des éléments les plus signifiants sera faite.
Le repérage sera systématique pour le patrimoine religieux, les châteaux et manoirs, les éléments vernaculaires antérieurs au 17e siècle. Si cette phase de repérage se souhaite la plus exhaustive possible, une sélection s’opérera néanmoins parmi les éléments de l’architecture publique, funéraire et commémorative, les biens sectionnaux, le génie civil, le patrimoine industriel, les maisons et fermes. Seront privilégiés les éléments les plus représentatifs (les typicums), les plus rares (les unicums) ou encore les mieux documentés ; tous feront l’objet d’une notice individuelle. Les éléments repérés mais non sélectionnés seront présentés dans un dossier collectif, ce qui permettra une restitution globale et des dénombrements. L’intérêt scientifique est en effet de disposer d’informations suffisantes pour préparer l’approfondissement de la recherche, de conserver une vue globale sur le contexte bâti du territoire et d’évaluer le potentiel patrimonial du Pays Dunois. Les dossiers collectifs auront également pour mission de présenter une synthèse sur chaque groupe d’éléments architecturaux, synthèse rédigée dans la dernière phase de l’Inventaire.
Bien que le patrimoine naturel ne soit pas prit en considération dans cette étude, des photographies de paysages illustreront les notices de présentation des communes. Si l’étude ne s’octroie pas d’autre limite typologique, les bornes chronologiques sont pour leur part fixées à l’an 400 après J.C. pour la limite haute et 30 ans avant la réalisation de l’enquête pour la limite basse. Seuls les vestiges archéologiques en élévation ou visibles en surface pourront être recensés.
Des difficultés apparaissent d’ores et déjà quant à l’accessibilité de certaines propriétés (maisons abandonnées et abondance des résidences secondaires) ou de certaines oeuvres (envahies par la végétation ou au coeur de propriétés privées fermées). Lorsque les propriétaires ne pourront être contactés, et en l’absence d’éléments visibles de la rue, certaines notices ne pourront pas être dûment complétées. Par ailleurs, des difficultés résident aussi dans l’identification des éléments anciens en milieu rural, car les changements de destination des bâtiments provoquent des remaniements importants, en façade notamment.
Calendrier prévisionnel
Un minimum de 24 mois de travail est préconisé pour cette opération. Celle-ci peut être découpée en 8 phases, qui ne sont pas nécessairement successives :
1ère phase (4 mois) : état des connaissances et recherche documentaire préalable.
2ème phase (1 mois) : installation, configuration et paramétrage de l’outils Renabl pour le Département.
3ème phase (2 mois) : synthèse et intégration dans la base de données des études réalisées antérieurement sur les communes du Pays Dunois.
4ème phase (4 mois) : recherches aux Archives Départementales.
5ème phase (10 mois) : enquête de terrain, production et traitements simultanés des données. Bilan auprès des élus et des habitants sous forme de conférences publiques.
6ème phase (2 mois) : recherches complémentaires sur Crozant et Fresselines.
7ème phase (1 mois) : correction de la base de données, en collaboration avec le SRI.
8ème phase (2 mois) : restitution, diffusion, valorisation des résultats.
L’étude, qui a débutée en septembre 2008, devrait sauf incident être prête pour septembre 2010. Il est estimé que 4 mois supplémentaires permettront d’une part de formuler des propositions de valorisation, d’autre part de prévoir une éventuelle publication dans les collections nationales de l’Inventaire.
III. Moyens scientifiques et techniques
Personnel et compétences
Les moyens humains engagés dans cette opération consistent en une attachée de conservation du patrimoine employée à temps plein par le Conseil Général de la Creuse et placée sous l’autorité de Michel Manville, Conservateur en chef du patrimoine, responsable de l’opération. Recrutée en juin, Céline Belzic a pris ses fonctions le 1er septembre 2008. La Conservatrice Déléguée aux Antiquités et aux Objets d’Art (CDAOA) de la Creuse, Géraldine Thevenot, sera pour sa part chargée de créer les notices Palissy sur le mobilier des édifices religieux et les Mariannes des mairies.
Moyens techniques
Des dossiers documentaires sont produits sur chaque oeuvre recensée dans les communes du Pays Dunois. Ces dossiers sont organisés en différents chapitres comprenant des textes plus ou moins développés permettant d’identifier l’oeuvre, de la localiser, d’établir dans la limite des sources disponibles son historique et sa description. L’ensemble sera accompagné d’une bibliographie et des photographies, auxquels s'ajoutent dans certains cas des reproductions de documents anciens (cartes postales en particulier). L’ensemble appliquera avec soin toutes les normes scientifiques et techniques définies par le Conseil National de l’Inventaire général du patrimoine culturel, à savoir les méthodes de conduite de l’opération, les vocabulaires, les schémas et formats de données.
Les dossiers font l’objet d’une indexation par des notices informatisées dans les bases de données documentaires du Ministère de la Culture : Mérimée (pour les oeuvres architecturales) et Palissy (pour les objets mobiliers). Pour cette base de données, le choix du logiciel s’est porté sur celui utilisé par la Région Limousin et bien d’autres régions en France, à savoir Renabl. Cet outil, spécifiquement créé pour les chercheurs des services d’Inventaire, sert de support électronique aux travaux de recensement. L’arborescence proposée est conforme à celle de la Région Limousin.
Le patrimoine religieux bénéficiera d’une couverture photographique professionnelle réalisée par le photographe du SRI du Limousin, Philippe Rivière. En dehors de cette campagne, toutes les photographies et les reproductions seront effectuées par l’attachée de conservation. Une couverture complémentaire pourra être envisagée au terme de l’étude dans l’éventualité d’une publication. Toutes les photographies rejoindront la banque régionale d’images consacrée au patrimoine que la Région Limousin souhaite mettre en place sur Internet.
Tous les éléments seront géoréférencés (pour les éléments repérés présentés dans les dossiers collectifs, les références cadastrales figureront de surcroît dans lechamp « Description »). Ce géoréférencement se fera par la création d’un filtre complémentaire sous Map Info dans le SIG du Conseil Général de la Creuse, compatible avec le SIG de la Région Limousin.
Suivi et évaluation
Le suivi scientifique est assuré par le Conservateur en chef du patrimoine, Michel Manville, et par le chef du Service Régional de l’Inventaire et du patrimoine culturel, Colette Chabrely. En application du décret n°2005-835 du 20 juillet 2005, la validation définitive de l’étude sera assurée par l’Etat, dont le contrôle garantit la qualité scientifique et technique des opérations d’Inventaire et en assure la cohérence, la pérennité, l’interopérabilité et l’accessibilité.