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Colonie de vacances de Malakoff, actuellement Centre hospitalier de Royan
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Vaux-sur-Mer
Historique
1- La colonie des Enfants au Grand Air
L'actuel Centre hospitalier de Royan occupe le site et, pour partie, les bâtiments d'une ancienne colonie sanitaire, appelée colonie de Malakoff. Aucune construction ne figure à cet emplacement sur le plan cadastral de 1838, seulement des champs en bordure du chemin qui relie le bourg de Vaux et la conche de Pontaillac. En 1855, le site, en hauteur, est choisi pour édifier une tour en bois destinée à servir de phare pour la navigation sur l'estuaire de la Gironde. Construite la même année que la victoire de Napoléon III à Malakoff, en Crimée, la tour en reçoit le nom. Elle est abattue par une tempête en 1885 et une villa prend sa place en 1889. Edifiée pour le compte de Gustave Siliman, de Bordeaux, il s'agit d'un grand chalet, suivant la mode architecturale de l'époque, avec plan carré, façades en pignon, organisées symétriquement et ornées de balcons en bois. Une autre villa est construite en 1892 de l'autre côté du chemin qui conduit à Saint-Sordolin, pour le compte de Jean Renoux, de Bordeaux.
En 1920, la villa Siliman et son parc de deux hectares sont achetés par une association, "l'Oeuvre de l'Enfant au Grand Air", fondée en 1914 par Henri Grumbach. Siégeant à Paris, elle a pour objectif "la régénération de l'enfance par la vie au grand air et l'éducation physique ; la lutte préventive contre la tuberculose chez les enfants ; la diffusion de l'éducation physique et la pratique des sports". L'époque est en effet à la lutte contre la tuberculose par l'ouverture de sanatorium pour soigner les malades, et de préventoriums ou colonies sanitaires pour éloigner les enfants des foyers de contagion. L'association de M. Grumbach, dirigée par sa veuve après lui, et dont l'un des membres fondateurs, le docteur Boutin, demeure à Royan, a d'abord établi sa colonie dans le bourg de Vaux, dans un bâtiment qui a servi à accueillir les réfugiés de la guerre 1914-1918, les enfants abandonnés et les soldats blessés. Le choix s'est ensuite porté sur la villa de Malakoff, son vaste parc ombragé et sa situation aérée, en hauteur, près de la mer.
Très vite, de nouveaux bâtiments sortent de terre sous le contrôle des architectes Louis Basalo et M. Zwelhen. En 1924, la construction d'un grand pavillon, parallèle à la rue, est confiée à l'architecte René Baraton, très actif à Vaux et dans la région de Royan. Approuvée en 1926, le nouveau bâtiment est achevé en 1930. De plan rectangulaire, il comprend deux ailes avec toit à longs pans brisés et à demi-croupes, de part et d'autre d'une tour centrale, terminée par un troisième étage en encorbellement et coiffée par un double toit en pavillon. Vers le sud, ce grand bâtiment est complété par un autre, plus petit, comprenant un logement de gardien, et dont l'architecture et le décor sont ceux des villas de type cottage du bord de mer. A l'arrière, vers l'ouest, le nouveau bâtiment est relié à l'ancienne villa qui abrite l'administration, les cuisines, l'infirmerie et le logement du personnel. Le nouveau bâtiment comprend au rez-de-chaussée deux grandes salles pouvant servir de réfectoire, une salle de jeux et, à l'étage, des dortoirs contenant au total 80 lits. La colonie se dote d'un préau en 1936, bâtiment en quart de cercle situé à l'ouest des bâtiments principaux (vers l'actuel bâtiment du scanner).
La colonie sanitaire enregistre dès lors un réel succès : en 1937, elle accueille 283 enfants, dont 196 de la région parisienne, 64 des Charentes, 12 de la Haute-Vienne et 8 de la Haute-Garonne. Ce succès est tel que la colonie reste ouverte au-delà de la période estivale et devient en 1937 une colonie sanitaire permanente. Les enfants présents dans la colonie durant la période scolaire fréquentent la petite école communale de Vaux, ce qui pose souci à la municipalité car elle craint un sureffectif et les risques de contagion. Elle réclame donc l'ouverture d'une école spécifique à la colonie de Malakoff, ce que l'administration refuse. Dès lors, une école privée de garçons est ouverte en avril 1938, tenue par Gabriel Conte. En été, la classe se fait en plein air, sous le préau. En 1939, l'Etat souhaitant clarifier le rôle de la colonie, à la fois centre de vacances et colonie sanitaire, l'association confie à Louis Basalo le projet d'aménagement d'un véritable préventorium dans le bâtiment de 1930, bien distinct des locaux dédiés à la colonie de vacances estivale. Ce projet est interrompu par la guerre 1939-1945. Dès 1940, la colonie est occupée par les troupes allemandes pour héberger 21 officiers et 120 soldats, entrainant l'évacuation des enfants.
2- De l'hôpital Malakoff au Centre Hospitalier de Royan
Avant la guerre déjà, la municipalité de Royan envisageait la construction d'un nouvel établissement hospitalier. Ce besoin se fait encore plus sentir après les bombardements des 14 et 15 avril 1945 au cours desquels la ville et ses établissements de soins ont été fortement endommagés, voire totalement détruits. Restée debout, l'ancienne colonie de Malakoff est réquisitionnée dès le mois de juin 1945 par la Ville de Royan pour y établir un hôpital provisoire. Un an plus tard, ne parvenant pas à s'entendre avec l'association "l'Oeuvre de l'Enfant au Grand Air", la Ville entame une procédure d'expropriation, prononcée par arrêté préfectoral le 22 septembre 1949. Sans attendre cette décision, dès le mois de mai 1946, un projet d'aménagement de l'ancienne colonie est confié, comme en 1939, à l'architecte Louis Basalo. Il en présente les plans et le devis en février et septembre 1947. Le 19 juillet 1948, l'hôpital-hospice public de Royan est officiellement créé par décret. Le nouveau bâtiment hospitalier réaménagé est inauguré le 19 octobre 1952. Le rez-de-chaussée est occupé par le service de médecine, en distinguant adultes et enfants, le premier étage par la chirurgie, la salle de garde et le bloc opératoire. La maternité est installée au second étage. L'ancienne villa comprend cuisine, pharmacie et cabinet de dentiste au rez-de-chaussée, chambres et cabinet de radiologie à l'étage, logements des domestiques et des infirmières dans le comble. Enfin, un nouveau logement de directeur est construit au sud de l'ancienne colonie, le long de l'avenue Pasteur.
Au cours des décennies suivantes, le centre hospitalier ne cesse de s'agrandir. En 1959, sous la conduite à nouveau de Louis Basalo, désormais assisté de M. Maillard, un nouveau bâtiment est construit au sud de l'ancienne colonie. Haut de trois étages, et de plan rectangulaire, il accueille 40 lits de chirurgie, 12 lits de maternité et un bloc opératoire. Sa façade principale, au sud, sera remaniée par la suite. En 1968, l'ancienne villa est réaménagée et perd son toit à pignons. Dans les années 1960, un bâtiment de logements est ajouté à l'ouest : depuis 1991, il abrite le scanner. Pendant les années 1970-1980, l'établissement continue à croître en effectifs et en services rendus. Une aile en retour d'équerre, de deux étages, est ajoutée en 1974 au grand bâtiment de 1959, et un plateau technique comprenant urgences, réanimation, radiologie et bloc opératoire est construit à l'arrière en 1981. Le service de gynécologie-obstétrique ferme cependant en 1983. Un centre périnatal de proximité existe encore aujourd'hui dans l'ancien bâtiment construit en 1930 : modernisé, il a perdu son toit à longs pans brisés et ses deux niveaux supérieurs ont été remaniés en 1990. A la même époque, l'accueil des malades et des familles est amélioré, de nouveaux locaux de consultations de médecine et de cardiologie sont construits, un laboratoire d'analyses médicales et un SMUR sont mis en service, et une hélisurface est aménagée.
En 1992, l'hôpital Malakoff est rebaptisé Centre Hospitalier de Royan. Depuis lors, l'établissement suit les évolutions du système de soins et d'hospitalisation (en 2005, fermeture des activités chirurgicale, viscérale, orthopédique et traumatologique ; en 2008, intégration au Groupement de coopération sanitaire des urgences du Pays Royannais ; en 2010, installation d'un service d'IRM). En 2014, l'établissement a été agrandi d'une nouvelle aile au sud-est de celle édifiée en 1975. Le Centre Hospitalier compte aujourd'hui 315 lits et places installés. Il comprend aussi un centre de gérontologie, "la Coralline", situé sur la commune de Gua, au nord de Royan.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e quart 20e siècle, 2e quart 20e siècle Principale : 2e moitié 20e siècle |
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Auteurs |
Auteur :
Baraton René, architecte (attribution par source) Auteur : Basalo Louis, architecte (attribution par source) |
Description
Le Centre Hospitalier de Royan, ancien hôpital Malakoff, occupe un vaste espace compris entre l'avenue Pasteur à l'est, la rue Demange au nord et l'avenue de Saint-Sordolin-Plage à l'ouest. Bien que fortement remaniés, l'ancienne villa de la fin du 19e siècle et le bâtiment de la colonie sanitaire construit en 1930, subsistent le long de l'avenue Pasteur. La première abrite notamment des cuisines, et le second le centre périnatal de proximité. L'ancienne villa a conservé, au rez-de-chaussée et au premier étage, ses travées d'ouvertures strictement alignées, ses chaînes d'angles, ses bandeaux et, au rez-de-chaussée, son parement de faux moellons. Le bâtiment de 1930 présente encore, sur l'avenue Pasteur, sa structure en deux ailes de chaque côté d'une tour centrale, et ses travées de baies jumelles réunies par le linteau.
Au sud se trouve l'ancien logement de gardien, construit au début des années 1950. Il allie l'architecture traditionnelle des chalets (façade sur le mur pignon, sous un débordement de toit) et des éléments de l'architecture moderniste (contraste entre l'enduit blanc, le parement de moellons et le parement de briques rouges).
A l'ouest de l'ancienne villa, au nord-ouest de l'ensemble, rue Demange, se trouve un ancien bâtiment de logements, construit dans les années 1960. Abritant le scanner, il présente une architecture néo-régionaliste simple, avec un toit à croupes largement débordant.
Enfin, le Centre Hospitalier comprend, de l'autre côté de l'avenue de Saint-Sordolin-Plage, l'ancienne villa construite en 1892 pour Jean Renoux et qui a été remaniée à plusieurs reprises après 1945. Ce bâtiment a malgré tout conservé sa façade sur le mur pignon, organisée autour d'un avant-corps central.
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Vaux-sur-Mer , 20 avenue de Saint-Sordolin-Plage
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1839 B 1458, 2009 AC 8 et 9