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Statuaire historique du département de la Vienne
France > Nouvelle-Aquitaine
Historique
A la fin du 19e siècle, le département de la Vienne n'est pas réputé pour posséder un grand nombre de monuments érigés en l'honneur de ses Grands Hommes. En effet, dans l'Inventaire général des richesses d'art de la France publié en 1911 par le ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts, le préfet du département indique qu'en 1883 " il n'existe aucune statue historique dans le département de la Vienne " financée par l’État, ce qui ne veut pas dire qu'il n'en existe pas. De fait, celles qui ont été réalisées l'ont été à l'initiative des communes, d'associations ou de particuliers.
Poitiers, le chef-lieu du département, est resté lui-même longtemps tenu à l'écart de cette statuomanie qui a envahi la France sous la Troisième République. Comme l'explique en 2004 Alain Quella-Villegier dans Poitiers, une histoire culturelle : 1800-1950, la ville "dans cet élan fait curieusement figure de parent pauvre en n'ayant pas utilisé les quelques espaces déjà vacants ou alors libérés dans les transformations de l'urbanisme". Néanmoins, en 1860, un projet d'érection d'une statue équestre de Napoléon III est envisagé (comme dans d'autres villes de France) par l'architecte municipal Fournier, mais il est rapidement abandonné à la suite de la chute du Second Empire.
Si l'âge d'or de la statuaire historique en France se situe entre 1870 et 1914, dans la Vienne on constate que cette tendance s'est manifestée bien après la première guerre mondiale : sur les 26 monuments recensés, 12 datent des années 1870-1914 (dont un portrait du député Sylvain Drault réalisé vers 1850), et 14 ont été érigés après 1914 (dont 5 après la seconde guerre mondiale, voire au-delà avec le buste de Gilbert Bécaud mis en place à La Bussière en 2008). Parmi les portraits sculptés dans la pierre ou le plus souvent fondus dans le bronze, un certain nombre, peu connus, ont pris place dans les cimetières, comme si cette mode apparue dans l'espace public avait ensuite gagné la sphère privée. Ce déplacement s'explique probablement par la difficulté pour les commanditaires, le plus souvent les membres de la famille, de trouver à la fois des financements publics et des places disponibles dans le tissu urbain, sans doute aussi parce que l'hommage rendu au défunt se devait d'être plus personnel. L'espace funéraire n'étant pas soumis aux règles d'urbanisme et les tombes relevant du domaine privé, les représentations des personnages y étaient beaucoup plus libres, comme aussi la possibilité de choisir librement le sculpteur.
Pour la période 1870-1914, on constate que les statues et les bustes érigés dans le département l'ont été sur des initiatives privées ou portées par des associations, afin de rendre hommage à un natif de la commune. C'est le cas à Loudun avec la statue du fondateur du journalisme, Théophraste Renaudot, à Montmorillon avec la statue du général Paul de Ladmirault ou à Naintré pour un aérostier décédé tragiquement en 1909, Albert Réau. A Poitiers, ce sont la statue du cardinal Pie érigée en 1882 (transférée plus tard à Montmorillon), le buste du peintre Léon Perrault mis en place en 1910, ou le buste de l'archéologue Camille de La Croix réalisé en 1912. Néanmoins, la municipalité poitevine a tenté de rendre hommage à deux grandes figures historiques de la ville, celle de Jeanne d'Arc consécutivement à son séjour en 1429, et celle du comte de Blossac, bienfaiteur de la cité au 18e siècle. Mais ces projets portés par la Société des antiquaires de l'Ouest ne seront réalisés que bien plus tard, dans les années 1920.
Pour réaliser ces oeuvres, les commanditaires ont eu majoritairement recours à des artistes locaux, tels Alfred Charron pour les statues de Théophraste Renaudot et du cardinal Pie, Jules Robuchon auteur du médaillon d'Albert Réau, ou Aimé Octobre auteur de trois oeuvres, celles de Camille de La Croix à Poitiers, de Paul de Ladmirault à Montmorillon et de Numa Sadoul à Angles-sur-l'Anglin. Parmi les artistes qui ne sont pas natifs du Poitou, on ne peut guère citer que le Parisien, Perpignanais d'origine, Raymond Sudre, auteur du buste de Léon Perrault à Poitiers.
Il faut noter le cas particulier de la statue d'Adolphe Thiers à Saint-Savin : réalisée en 1879 par Ernest Guilbert pour la ville de Bône (Algérie), elle a été rapatriée en France après l'indépendance du pays et attribuée en 1967 à la commune de la Vienne sur l'initiative d'un conseiller général local, Fernand Chaussebourg, et contre la volonté des élus locaux.
Cet inventaire a également permis de révéler deux oeuvres inédites, localisées dans des cimetières : à Angles-sur-l'Anglin (cimetière Sainte-Croix), le portrait du magistrat Samuel Périvier exécuté en 1892 par un "général-sculpteur" d'origine montpelliéraine, Eugène Riu, et à Châtellerault (cimetière Saint-Jacques) le buste d'un militant socialiste et bienfaiteur de la ville, Prosper Ernest Guillemot, exécuté en 1889 par un artiste originaire d'Issoudun, Antoine Jusserand.
Après la première guerre mondiale, la dynamique enclenchée avant le conflit se poursuit. On a le plus souvent recours aux mêmes artistes déjà actifs dans le département comme Aimé Octobre et Raymond Sudre, mais on fait également appel au Rochelais Georges-Henri Prud'homme à Poitiers et au Poitevin Pierre Béchon-Sauzeau à Châtellerault. On fait aussi appel à des talents hors région : l'Angevin Léon Morice pour le buste de Théodore Arnault, fondateur de l'hospice de Mirebeau, le Parisien Gaston Petit pour le portrait du biologiste Camille Guérin à Vouneuil-sur-Vienne, l'autre Parisien Pierre Bouret pour le buste de Théophraste Renaudot à Loudun et commandité par l'Etat, Maxime Real del Sarte pour la statue de Jeanne d'Arc à Poitiers, l'Isérois Claude Grange pour deux monuments funéraires à Poitiers et à Châtellerault ou, plus récemment, le Normand Jean-Marc de Pas à La Bussière.
Il est à noter là encore le cas particulier de la sculpture de l'Académicien Jean Rostand réalisée par Georges Boulogne. Visible dans un square de la commune de Saint-Germain, cette oeuvre est arrivée sur le territoire de la Vienne, sans aucun lien avec lui, comme ce fut le cas pour la statue d'Adolphe Thiers, par la volonté personnelle du même conseiller général Fernand Chaussebourg qui souhaitait rendre hommage à ce Grand Homme.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier thématique |
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Référence du dossier |
IM86004668 |
Dossier réalisé par |
Allard Thierry
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2016 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Statuaire historique du département de la Vienne, Dossier réalisé par Allard Thierry, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/36cac139-0f6c-41d2-9bff-1628fe751e6a |
Titre courant |
Statuaire historique du département de la Vienne |
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