A. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 10 juin 1947.
"Pontonx sur l'Adour, 10 juin 1947. / Monsieur, / Je vous écris à tout hasard. J'ai retrouvé parmi les papiers conservés par monsieur l'abbé Cazaumayou, qui vient de mourir à Pontonx où il était curé depuis 1909, un paquet de lettres, qui datent de 1911, 1912, 1913. Elles ont été écrites par G.P. Dagrant Artiste peintre-verrier... C'est lui que monsieur l'abbé Cazaumayou avait chargé de l'exécution des vitraux de l'église... / Or précisément quatre ou cinq de ces vitraux ont été endommagés par l'explosion des pétards de la Libération... Par bonheur, ce ne sont pas des vitraux à sujets. Mais je ne puis tout de même pas confier leur réparation au premier venu. Et comme la Providence a voulu que je retrouve l'adresse de votre maison, je vous écris pour vous demander s'il vous serait possible d'entreprendre cette réparation... / Je vous prie d'agréer, Monsieur, mes respectueuses salutations. / Abbé Charles Brèthes, curé de Pontonx sur l'Adour, Landes."
B. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 13 juin 1947.
"Monsieur le Curé, / Nous avons bien reçu votre lettre en date du 10 juin au sujet de la réparation des vitraux de votre église et vous nous demandez s'il serait possible d'entreprendre cette réparation. / En temps normal d'avant-guerre, je vous répondrais oui sans hésiter, mais maintenant il ne m'est pas possible de vous répondre affirmativement et suis dans l'obligation de ne prendre aucun engagement ferme pour tous travaux en dehors du secteur bordelais car les moyens de communication sont rendus très difficiles et les frais de déplacements d'ouvriers sont élevés au point que ces frais montent parfois au-dessus de ceux de la réparation. [...] Voulant vous éviter toute surprise désagréable, je crois de mon devoir de vous informer de l'énormité de ces frais. [...] Je m'excuse de vous donner une réponse aussi peu encourageante [...]."
C. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 16 juin 1947.
"Monsieur, / Malgré votre réponse réticente, permettez-moi d'insister auprès de vous pour que vous acceptiez d'exécuter le travail de réparation des vitraux de mon église... / Vous me laissez prévoir des dépenses élevées. Je n'en suis nullement surpris. Mais la municipalité m'a promis de couvrir les frais, les dégâts ayant été provoqués par les canons de la libération... / De plus, lorsque vous avez posé les vitraux à sujets, vous aviez enlevé les vitraux ordinaires et vous les aviez soigneusement emballés dans des caisses, qui se trouvent toujours dans un coin de l'église... Ces vitraux pourront remplacer ceux qui ont été endommagés. / Le mieux serait que vous envoyiez un ouvrier spécialisé qui pourrait se rendre compte par lui-même du travail à exécuter. Je m'engage à payer les frais de déplacement. [...]"
D. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 19 juin 1947.
"Monsieur le Curé, / Réponse à votre honorée du 16 ct, je viens vous faire connaître que je prendrai les dispositions nécessaires pour envoyer un ouvrier à Pontonx, après le 15 juillet, pour relever l'état des réparations à exécuter aux vitraux de votre église. [...]"
E. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 5 août 1947.
"Monsieur, / N'auriez-vous pas oublié la promesse que vous m'avez faite d'envoyer à Pontonx un de vos ouvriers, après le 15 juillet, pour voir les travaux qu'il y aurait à exécuter aux vitraux de mon église... La saison avance et je voudrais bien, s'il était possible, que les réparations soient faites avant les froids de l'automne et de l'hiver. [...]"
F. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 1er septembre 1947.
"Monsieur, / Je vous serais bien obligé de vouloir bien me dire par retour de courrier si je puis toujours compter sur vous pour la réparation des vitraux détériorés de mon église. Dès que j'aurais reçu votre réponse, je ferai dresser l’échafaudage nécessaire, pour qu'il vous soit possible d'envoyer vos ouvriers la semaine prochaine, ou tout au moins dès le début de la semaine suivante. [...]"
G. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 10 octobre 1947.
"Monsieur le Curé, / Sans nouvelles au sujet des réparations que vous désiriez faire exécuter aux vitraux de votre église, je viens vous demander de vouloir bien me faire connaître si vous donnez une suite favorable à votre projet afin que je puisse prendre les dispositions nécessaires en vue du déplacement d'ouvriers. [...]"
H. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 16 octobre 1947.
"Monsieur, / Vous êtes surpris de n'avoir pas encore reçu une lettre vous annonçant que vous ouvriers pouvaient venir à Pontons [...]. Les élections municipales en sont uniquement la cause. Monsieur le Maire a craint d'en parler en séance du Conseil à quelques jours des élections. Il préfère attendre qu'elles soient passées... [...]"
I. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 29 novembre 1947.
"Monsieur, / Que devez-vous penser de mon silence ? Je m'en excuse... Mais avec les administrations, il ne faut pas être pressé. Avant de parler des réparations nécessaires des vitraux de on église, Monsieur le Maire m'avait demandé d'attendre que les élections fussent passées... Voici que maintenant il me demande, pour essayer d'obtenir quelques subventions, de présenter un devis approximatif. Je vous serais donc reconnaissant de l'établir dès que possible et de me l'envoyer. [...]"
J. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 11 décembre 1947.
"Monsieur le Doyen, / J'avais bien reçu votre lettre du 29 novembre [...]. Pour faire un état sérieux du travail à exécuter, il nous faut monter jusqu'aux vitraux. [...] Je suis très contrarié que cet état de choses apporte autant de retard et je m'en excuse, mais un devis de l'importance de celui de vos vitraux doit être sérieusement fait, quoique approximatif. [...] J'ai le ferme espoir que vous n'attendrez pas trop longtemps notre venue. [...]"
K. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 22 décembre 1947.
"Devis approximatif des réparations à effectuer aux vitraux de l'église. / Fenêtre A... 8619. / Fenêtre B... 5986. / Fenêtre C... 7148. / Fenêtre D... 4650. / Fenêtre E... 4883. / Fenêtre F... 3604. / Travaux à exécuter en régie à d'autres fenêtres, estimation... 20000. / Révision des frais de transport des ouvriers, marchandises et matériel, taxes et divers... 14400. / Montant approximatif : frs 69290."
L. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 27 février 1948.
"Monsieur, / Je n'ai pu répondre à votre lettre immédiatement. Vous en devinez les raisons : la réparation des vitraux ne dépend pas uniquement de moi, puisque c'est la commune qui doit assurer les frais. Or, une administration est toujours lente à agir : il faut user avec elle de beaucoup de patience. [...] Monsieur le Maire ne met aucune mauvaise volonté, mais il est difficile de se procurer un échaffaudage (sic) approprié. Des démarches sont faites à Dax. [...]"
M. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 5 mars 1948.
"Monsieur le Curé, / Je me suis occupé, de mon côté, de la question de l'échafaudage. Après bien des démarches, j'ai réussi par trouver quelqu'un qui s'en chargerait. [...] D'autre part, il me serait possible de venir à Pontonx la semaine qui suivra le dimanche de Pâques. [...]"
N. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 10 mars 1948.
"Monsieur, / J'ai soumis votre lettre à monsieur le Maire. Il est heureux de cette solution : car il nous était assez difficile de trouver un échafaudage convenable. [...] La date que vous fixez est assez bien choisie. [...]."
O. Devis estimatif des réparations aux vitraux, par les établissements G.-P. Dagrant, avril 1948.
"Fenêtre A. 1 panneau de 1.40 x 1.00 m2 1.40 (grisaille)... 5852. à remonter à neuf à frs 4180. Dépose à frs 250... 350. Pose à frs 535... 749. Fourniture en remplacement de : 5 pièces grisailles à frs 220... 1100. 1 pièce bordure à frs 80... 80. / 8131. Taxes diverses 6%... 488 = 8619. // Fenêtre B. 1 panneau de 1.20 x 0.80 m2 0.96 (grisailles). à remonter à neuf à frs 4180... 1013. Dépose à frs 250... 240. Pose à frs 535... 514. Fournitures en remplacement de : 9 pièces losanges à croix à frs 80... 720. 2 pièces bordure à Frs 80... 160. 5647. Taxes diverses 6%... 339 = 5986. // Fenêtre C. 1 panneau de 1.20 x 1.00 m2 1.20 (grisailles). à remonter à neuf à frs 4180... 5016. Dépose à frs 250... 300. Pose à frs 535... 642. Fournitures en remplacement de : 3 pièces grisailles à frs 220... 660. 1 pièce palmette à Frs 80... 80. 3 pièces filets à frs 15... 45. 6743. Taxes diverses 6%... 405 = 7148. // Fenêtre D. 1 panneau de 0.80 x 0.80 m2 0.64 (grisailles). à remonter à neuf à frs 4180... 2675. Dépose à frs 250... 160. Pose à frs 535... 342. Fournitures en remplacement de : 2 pièces ornements à frs 260... 520. 3 pièces grisailles à Frs 220... 660. 2 filets à frs 15... 30. 4387. Taxes diverses 6%... 263 = 4650. // Fenêtre E. 1 panneau de 0.80 x 0.80 m2 0.64 (grisailles). à remonter à neuf à frs 4180... 2675. Dépose à frs 250... 160. Pose à frs 535... 342. Fournitures en remplacement de : 2 pièces ornements à frs 260... 520. 4 pièces grisailles à Frs 220... 880. 2 filets à frs 15... 30. 4607. Taxes diverses 6%... 276 = 4883. // Fenêtre F. A repiquer sur place 10 pièces grisailles à frs 340... 3400. Taxes diverses 6%... 204. 3604. // Montant d'après renseignements précis qui m'ont été fournis... 34890. Travaux qui devront être effectués en régie que nous estimons à environ... 20000. // Déplacements. Déplacement du 7 août... 1902. Déplacement du 18 décembre 10 h à 2 ouvriers à 130... 1300. Transport par auto ouvriers et
P. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 23 avril 1948.
"Monsieur le Curé, / Je regrette de ne pouvoir satisfaire votre désir de voir poser les vitraux de votre église la semaine prochaine ; malheureusement un accident de voiture nous oblige à retarder ce déplacement. Je ne pourrais vous envoyer des ouvriers que dans la deuxième semaine de mai. [...]"
Q. Le gérant des établissements Dagrant au maire de Pontonx, 23 avril 1948.
"Monsieur le Maire, / Comme suite à votre lettre du 10 courant, je vous prie de bien vouloir verser à mon compte les 2/3 du montant du devis des réparations des vitraux de l'église de Pontonx. / Les vitraux sont terminés ; malheureusement notre camionnette vient d'être accidentée et nous ne pouvons venir la semaine prochaine [...]."
R. L'abbé Brèthes au gérant des établissements Dagrant, 7 juin 1948.
"Monsieur, / La facture que vous m'avez envoyée m'a fort surpris. Il y a certainement erreur. Je m'attendais bien à payer une somme assez élevée pour le nettoyage des vitraux ; mais jamais je n'aurais pu supposer qu'elle monterait à plus de quatre mille francs. Je n'ai pas la fortune de Crésus pour me permettre pareilles folies. / 200 francs l'heure, c'est vraiment un peu cher pour enlever quelques toiles d'araignée. A la rigueur, passe ! puisqu'il s'agit d'ouvriers spécialisés, encore que ce travail de nettoyage ne réclame par beaucoup de compétence... Mais là où je ne comprends pas du tout, et où je ne puis croire qu'il n'y a pas erreur, c'est le nombre d'heures comptées : 22 heures, mais c'est invraisemblable ! Sans doute le premier 2 est faux ; c'est 1 qu'il faut mettre. Calculez plutôt. Le travail de nettoyage a commencé le matin à 9 heures ; il était terminé le soir même ; et encore les ouvriers avaient-ils trouvé le temps d'achever la réparation de certains vitraux, dont quelques pièces étaient à changer. [...] Plusieurs personnes, les religieuses en particulier à qui j'ai montré votre facture, en ont été littéralement abasourdies. Ce n'est pas tout ! J'ai payé tous les frais d'hébergement du dimanche où ils n'ont pas travaillé du tout. [...] / Sans doute je suis très satisfait du travail de réparation effectué aux vitraux de l'église. Je le suis beaucoup moins de cette dernière facture. Vous le comprendrez sans peine. Je vous envoie 2.000 francs ; je ne puis faire plus. J'estime que c'est suffisamment payé [...]. Excusez le ton un peu dur de ma lettre. Mais vous comprendrez que devant de telles sommes à verser, je ne puis garder tout mon sang-froid, alors que mes caisses sont vides ou peu s'en faut... [...]"
S. Le gérant des établissements Dagrant à l'abbé Brèthes, 16 juin 1948.
"Monsieur le Curé, / Rentrant de voyage ce matin, j'ai trouvé votre lettre du 7 courant dont le contenu m'a fort surpris. J'ai aussitôt demandé aux ouvriers qui s'étaient rendus à Pontonx le détail des heures qui ont servies (sic) au nettoyage des vitraux de votre église. [...] Le total de ces heures est donc bien 22. Quant au taux horaire pratiqué, il est conforme aux tarifs syndicaux en vigueur. Lors de mon passage à Pontonx, je vous avais signalé que ces travaux de nettoyage seraient assez onéreux ; ce n'est que sur votre insistance qu'ils ont été effectués ; quant aux pièces repiquées dans la haute nef, elles devraient être facturées en supplément car elles n'étaient pas prévues dans le devis. / J'ai bien reçu la somme de 2.000 francs que vous m'avez envoyée ; je vous serais très obligé de bien vouloir me faire parvenir le solde de la facture de préférence par mandat-carte. / Veuillez agréer, Monsieur le Curé, mes sincères salutations."
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