Portail dit des Apôtres

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Dax

Ce portail est l'un des rares vestiges de la cathédrale gothique érigée, selon Jacques Gardelles, entre le milieu du XIIIe siècle et le début du XIVe. Le portail, qui occupait la façade occidentale, remonte sans doute aux premiers temps de cette campagne de reconstruction (vers 1260-1270 selon J. Marsan), en raison de ses affinités, thématiques tout au moins, avec l'art gothique septentrional. Le programme iconographique présente ainsi des ressemblances avec ceux de Reims, Chartres, Paris et, plus encore, avec le portail occidental d'Amiens, dit "du Beau Dieu" (1220-1230), identique en tout point. Des rapprochements avec des édifices aquitains comme Bordeaux ou Bazas peuvent aussi être évoqués. La proposition de J. Marsan de dater de la fin du XVe siècle, époque de l'ajout d'un porche, les statues du Christ et des apôtres (en remplacement de statues du XIIIe siècle détériorées par les intempéries) est restée sans écho.

Dissimulé par le porche (condamné dès 1642 et jusqu'à la reconstruction du massif occidental dans les années 1890), le portail des Apôtres échappa ainsi aux destructions révolutionnaires, mais parvint à l'époque moderne dans un état de dégradation avancée. Proposé au classement en 1864 puis classé le 20 novembre 1884, l'ouvrage fut toutefois déclassé dès 1887, à la demande de la fabrique et de la Ville, pour permettre l'exécution du projet de construction d'une nouvelle façade occidentale par Paul Gallois et Eugène Charpentier. Après que l'option du maintien in situ entre les deux futures tours, dont témoigne le premier dessin de Gallois (1866 ?), ait été abandonnée, plusieurs projets de remontage furent envisagés mais restèrent lettre morte : contre le mur de la vieille sacristie gothique (proposition de l'archiprêtre Lorreyte et de la fabrique, décembre 1884), contre le mur extérieur du bras sud du transept (décision du ministère des Beaux-Arts, 11 février 1886), entre deux contreforts du mur sud de la nef (contre-proposition de la fabrique, août 1887). Sauvé à l'initiative du Congrès archéologique et, semble-t-il, d'Henry du Boucher, président de la Société de Borda, le portail fut déposé de mars 1889 au printemps 1890 par l'architecte A. Ferron, inspecteur des travaux de la cathédrale de Bayonne, puis finalement remonté en 1896-1897 à l'intérieur du bras nord du transept par les architectes Victor-Louis Petitgrand et Alexandre Lalanne (surveillant des travaux) et par l'entrepreneur dacquois Pierre Ducamp. Quelques éléments sculptés manquants furent alors restitués (attributs et têtes d'apôtres), mais la plupart furent simplement remplacés par des blocs de pierre équarris (tympan et voussure).

Périodes

Principale : milieu 13e siècle

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Dates

1896, daté par source

Auteurs Auteur : Petitgrand Victor Louis

Jean Louis Victor Petitgrand, architecte né à Lingèvres (Calvados) le 21 juillet 1841 et mort à Paris le 23 février 1898 (inhumé le lendemain au cimetière du Montparnasse) ; fils de Jean-Baptiste Louis Petitgrand, fabricant de draps puis inspecteur du chemin de fer de l'Ouest, et de Pauline Louise Alphonse Le Page ; marié à Paris, le 26 juin 1873, avec Marie-Caroline Itam (1850-1933), fille de Charles Victor Itam, commissionnaire de roulage, et de Claire-Caroline Portait, dont il eut trois enfants : Marie-Louise (1874-1943), en 1902 Mme Paul Maze, Jacques Petitgrand (1876-1940), décorateur, et Madeleine (1883-1955), en 1933 Mme Gaston Bickart, puis remariée en 1949 avec son beau-frère Paul Maze. Source : Geneanet.

Élève d’Anatole de Baudot, Victor Petitgrand fut rapporteur au Comité des édifices diocésains en 1879, architecte diocésain de Saint-Claude (Jura) en 1880, puis de Viviers la même année, du Puy-en-Velay (Haute-Loire) en 1883, de Sées (Orne) en 1886, enfin de Coutances (Manche) en 1896 ; architecte des monuments historiques de Toulouse en 1892 ; architecte départemental du Puy-de-Dôme, de la Lozère, de l’Aveyron, du Tarn, de la Haute-Garonne, de la Haute-Loire, de l’Ardèche et la ville de Versailles en 1897 ; chevalier de la Légion d'honneur le 29 octobre 1889. Il reconstruisit la tour-clocher du Mont Saint-Michel avec sa flèche néogothique. Source : Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine.

, architecte, restaurateur (attribution par source)
Auteur : Lalanne Alexandre

Né à Dax le 18 octobre 1863 dans une famille de charpentiers, menuisiers, doreurs et vitriers, et mort dans la même ville le 8 juillet 1934 ; fils de Jean-Baptiste Lalanne (1818-1906), entrepreneur de travaux publics, et de Jeanne Fourcqs (1830-1909), et frère de Gratien Louis Lalanne, entrepreneur de travaux publics. Architecte à Dax, architecte communal de Sort-en-Chalosse (1907), inspecteur des Monuments historiques ; associé à Albert Pomade (1880-1957).

, architecte (attribution par source)
Auteur : Ducamp Pierre

Jean Pierre Ducamp, maçon et entrepreneur de travaux publics à Mimbaste (Landes) puis Dax (boulevard Saint-Pierre en 1895). Né à Mimbaste le 2 février 1840 et mort à Dax le 13 juillet 1931 ; fils de Jean Ducamp, tonnelier, et de Catherine Darrigade ; épouse à Dax, le 26 janvier 1869, Jeanne Lasserre (Pouillon, 9 janvier 1853 - Dax, 16 mars 1909), fille d'Arnaud Lasserre, entrepreneur de travaux publics, et de Catherine Lombard, dont il eut trois enfants : Eugénie (1873-1961), en 1896 Mme Jacques Albert Cazalis ; Marie Catherine et Jean Paul.

, entrepreneur (attribution par source)

Voussure en arc brisé à six rouleaux appareillés ; piédroits des ébrasements à deux registres, l'inférieur (moderne) constitué d'un bahut à arcature brisée sur colonnettes jumelées, le supérieur à colonnes et six statues adossées ; tympan en arc brisé, linteau soutenu par un pilier central à statue.

Catégories

taille de pierre, sculpture

Matériaux
  1. Matériau principal : calcaire

    Mise en oeuvre : appareillé

    Techniques : décor en ronde bosse, décor en haut relief

Dimensions
  1. Type de mesure : h

    Valeur : 1200

    Précision sur la mesure : hauteur approximative

  2. Type de mesure : la

    Valeur : 800

    Précision sur la mesure : largeur approximative

Iconographie
  1. Thèmes : Christ, bénédiction, les apôtres

  2. Thèmes : Jugement dernier, Vierge, saint Jean-Baptiste, imploration, ange, soleil, lune, saint Michel peseur d'âmes, Résurrection des morts, Paradis, Enfer

  3. Thèmes : ange, musicien, Les vierges sages et les vierges folles, saint Laurent diacre, prophète


Précision sur l'iconographie :

Le programme iconographique, que l'on trouve fréquemment à cette époque à l'entrée principale des églises, est axé sur la transmission du message évangélique (le Christ enseignant et les apôtres) préparant le fidèle aux fins dernières (résurrection des morts et Jugement). La Deisis, avec la Vierge et saint Jean en intercesseurs, est aussi un thème classique.

Pilier central : le Christ Sauveur, bénissant et enseignant, auréolé d'un nimbe crucifère, tenant le Livre (refait), les pieds posés sur un lion.

Piédroits : adossés aux colonnes, les Apôtres en pied, nimbés, tenant un livre à fermoir métallique et un attribut. Sont identifiables : sur le piédroit de gauche, saint Pierre avec la clef (1er en partant de l'intérieur), saint André avec sa croix en X (2e, à côté de son frère) ; sur le piédroit de droite, saint Paul (1er en partant de l'intérieur), saint Jacques le Majeur avec une panetière semée de coquilles (2e), saint Jean l’Évangéliste imberbe (3e), saint Jacques le Mineur avec un bâton ou gourdin (4e), saint Thomas avec une croix en té (6e). L'espace entre les chapiteaux à feuilles des colonnes est occupé par des petites figures symbolisant peut-être les vices : chouette, couple grotesque, homme accroupi, masque feuillu (à gauche), démon cornu tenant un panonceau (?), singe, mufle léonin engoulant deux corps humains (à droite). Sur le coussinet de l'embrasure de gauche, un petit personnage masculin accroupi, vêtu d'un mantelet à capuchon ; sur celui de l'embrasure de droite (mutilé), un personnage nu ployé en avant et des motifs non identifiables.

Linteau : la résurrection des morts ; les morts sortent de tombeaux en forme d'urne ; les élus au Paradis et les damnés en Enfer sont figurés au registre inférieur de la voussure, respectivement à gauche et à droite.

Tympan : le Jugement dernier ; au centre, le Christ juge (disparu) entouré par quatre anges agenouillés, deux portant le soleil et la lune au registre médian, deux thuriféraires au registre supérieur ; au registre inférieur, saint Michel peseur d'âmes entouré de deux anges debout tenant les instruments de la Passion (dont la couronne d'épines à gauche) et, aux extrémités, par la Vierge et saint Jean agenouillés en imploration. Les registres ne sont pas matérialisés par des divisions.

Voussure : le registre inférieur est occupé par les figurations du Paradis à gauche et de l'Enfer à droite (voir linteau) ; au-dessus, les rouleaux sont garnis par six rangs de statuettes assises sous des dais architecturés à gâbles et tourelles, représentant la Cour céleste : anges musiciens (1er rouleau en partant de l'intérieur), figures féminines dont les vierges folles et les vierges sages (2e et 3e rouleaux), saints dont saint Laurent avec son gril et saint Étienne avec sa pierre, évêques et prophètes dont David avec sa harpe (4e, 5e et 6e rouleaux).

État de conservation
  • oeuvre recomposée
  • oeuvre mutilée
  • oeuvre restaurée
  • partie remplacée
  • manque

Le portail a subi divers remaniements et restaurations lors de son remontage dans le transept (1897) ; le soubassement à arcature des deux ébrasements a été refait (apparemment à l'identique) à cette époque, de même que plusieurs têtes et attributs d'apôtres ; les éléments trop endommagés du décor du tympan et de la voussure ont été remplacés par des voussoirs de pierre équarrie (ainsi que la partie inférieure des jambes de l'apôtre à l'extrême gauche du piédroit de gauche) ; la lacune la plus importante est la figure du Christ juge au centre du tympan. Le portail a subi depuis lors plusieurs restaurations de détail, la dernière remontant à 1987 (consolidation de la tête du Christ du pilier central).

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Dax , place de la Cathédrale

Milieu d'implantation: en ville

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