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Historique
D´abord appelée la Vacherie, ce domaine constituait sous l´Ancien Régime un fief relevant de la Tour Maubergeon de Poitiers, c´est-à-dire du comte de Poitou, auquel il était redevable d´un devoir "d´une maille d´or appréciée vingt cinq sols et un denier de cens". Ce lieu est mentionné pour la première fois vers 1050 sous le nom de "Vacaria", puis au début du 14e siècle. Le 12 mai 1303 en effet, un acte, rédigé en latin, porte don par Bormaud de la Celle, valet, et Agnès son épouse, demeurant à Smarves, à Aimeri Coutrereau et Jeanne son épouse, de la moitié de la maison de la Vacherie et des terres qui en dépendent. A partir du 17e siècle, la Vacherie est mentionnée en tant que fief, tandis que se développe à côté une autre métairie, la Petite Vacherie. La propriété de la Grande Vacherie semble disputée à l´époque entre plusieurs personnes. Le 18 mai 1663, Jean Perigord, procureur du roi à Poitiers, demeurant paroisse de Saint-Porchaire, en rend hommage au roi. Or, le 8 février 1664, un jugement du Parlement de Paris indique que Messire Pierre Morault, vicomte, chevalier, était seigneur de la Vacherie, que par sentence du 14 août 1658 celle-ci a été attribuée à Messire Ernest Philippes, comte de Morlot, époux de dame Gabrielle Morault, héritière de Pierre Morault, mais que la succession de ce dernier présentait des dettes, et que l´adjudication doit être annulée. En tout état de cause, c´est René Perigord, avocat au siège présidial de Poitiers, probablement fils de Jean Perigord, qui est cité en 1674 comme nouveau propriétaire "de la maison et seigneurie de la Vacherie". En 1709, Pierre Perigord, sieur de la Vacherie, déclare que l´exploitation n´a pas de fermier et qu´elle ne peut donc être imposée au titre de la taille.
Par deux actes des 11 août 1717 et 27 juillet 1720, Marie-Anne Perigord, veuve d´Étienne de Pardieu, vend son fief de la Vacherie à Maurice Guyonnet. Le domaine reste dans la famille Guyonnet pendant plusieurs décennies : Guy Guyonnet, marchand, en rend hommage au roi en 1738, puis son fils François en 1757, enfin la veuve et les enfants de ce dernier en 1766. Le 5 mai 1777, la maison de la Vacherie est achetée par Bernard Bauriat, apothicaire à Poitiers. En 1783, dans le cadre d´un contentieux entre celui-ci et le directeur des domaines du comté de Poitou, il est précisé que "la Vacherie faisait partie du domaine des comtes de Poitou et c´était là qu´ils tenaient leurs vaches pour fournir le lait et le beurre nécessaire à la consommation qu´ils faisaient. Cette vacherie consistait en logement, granges, toits, écuries, cours, jardin, clôture et beaucoup de prairies pour y faire paître les vaches et les nourrir". En cette seconde moitié du 18e siècle, la Grande Vacherie apparaît sur l´atlas des routes royales établi par Trudaine.
On la retrouve ensuite en 1838, dans le cadastre, comme propriété d´Ambroise Savatier, économe du collège de Poitiers, demeurant rue des Trois-Rois. Ses héritiers la vendent en 1864 à François Bessonnet-Brangeard, marchand de bois à Poitiers. En plus de ce dernier et de deux jeunes domestiques, le recensement de population de 1881 mentionne deux autres ménages à la Grande Vacherie : celui de Hubert Garreau, cultivateur, époux de Marie Burlyoux, et celui de Louis Sabourin, cultivateur, époux de Marie Pallé. Selon le cadastre, la Grande Vacherie passe en 1887 à Hippolite Robin, propriétaire à Croutelle, puis en 1901 à son gendre, Joseph Leulier. C´est peu après qu´elle est achetée par Pierre-Firmin Sire, époux Aguillon, propriétaire demeurant route de Bellejouanne. Il décède à la Grande Vacherie en 1910. La propriété reste encore quelques décennies dans les familles Sire et Gatineau. Les bâtiments actuels portent les traces de ces époques d´occupation successives. La pierre portant en inscription un aveu au roi date de 1332. Celle au décor trilobé remployée dans un mur remonte probablement aussi au 14e siècle ou au 15e. Certains éléments semblent quant à eux dater du 16e ou du 17e siècle : une pierre au blason sculpté positionnée dans le jardin, les deux pigeonniers d´angles, qui ont peut-être succédé à des tours défensives, et les deux portes cintrées à côté des deux portails. Les larges ouvertures du logis datent probablement du 18e siècle. La plupart des bâtiments, notamment les dépendances et la partie droite du logis, ont toutefois connu des transformations plus ou moins importantes aux 19e et 20e siècles. Sur le plan cadastral de 1838, un ensemble de bâtiments formant un L apparaît à l´ouest. Il s´agissait d´une maison de fermiers, au nord, aujourd´hui disparue, avec en retour d´équerre une grange et d´autres dépendances en partie démolies. Au sud-ouest, un ancien bâtiment qui abritait un chai et une écurie, accolé à un des deux pigeonniers, a été transformé en logement à la fin du 20e siècle. La partie droite du logis a été intégralement restaurée à la même période et un pavillon lui a été accolé à l´angle est.
Description
Le principal accès au domaine s'effectue par l'est où se trouve une mare, autrefois plus vaste, et un portail à piliers maçonnés. Une porte piétonne est accolée à ce dernier, à gauche ; son linteau cintré n'a été conservé qu'en partie. Le logis se trouve juste après cet accès, à droite. Il est divisé en deux logements. Celui de droite, récemment restauré, était celui de fermiers ou de domestiques. Parmi les ouvertures du rez-de-chaussée, on remarque une large fenêtre probablement percée au 18e siècle. Ce logement abrite une cheminée à piédroits obliques. Le logement de gauche était celui des maîtres du domaine. Sa façade présente trois travées d'ouvertures, dont la porte centrale à deux battants et à imposte.
Dans la cour devant le logis se trouve un puits. Face au logis, un pigeonnier occupe l'angle sud-est de la propriété. De plan carré, il est couvert d'un toit en pavillon et en ardoises. A l'intérieur se trouvent encore des boulins à pigeons. De là part un mur de clôture qui délimite la cour au sud. Il est percé d'une porte piétonne et devait être interrompu par un portail comme le laisse penser la présence d'un pilier maçonné. Ce mur mène à l'angle sud-ouest de la propriété, occupé par un second pigeonnier, identique au premier. A ce pigeonnier est accolée une ancienne dépendance aujourd'hui transformée en logement. Il s'agissait d'une écurie et d'un chai.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
1 étage carré |
Couvertures |
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Typologie |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Dans la cour, près du puits, se trouve la base d'une colonne, moulurée. Les boiseries de la pièce de gauche au rez-de-chaussée du logis, sur le trumeau de la cheminée, sont divisées par des encadrements moulurés et sont ornées de motifs antiquisants en vogue à la fin du 18e siècle et au début du 19e : des vases de type greco-romain, des palmettes, des fleurs. Au-dessus des portes, dans un cadre mouluré, on remarque un ange monté sur un char que tirent deux griffons. Les boiseries à l'étage, sur le trumeau de cheminée, présentent des encadrements moulurés et des enroulements. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86004992 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Poitiers |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2009 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Ferme dite la Grande Vacherie, actuellement maisons, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/611ede1d-2dee-47db-906f-2b634e175c1b |
Titre courant |
Ferme dite la Grande Vacherie, actuellement maisons |
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Dénomination |
ferme |
Parties constituantes non étudiées |
cour portail logement grange écurie chai pigeonnier puits |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Poitiers
Milieu d'implantation: isolé
Cadastre: 1838 G1 19 à 24, 2004 HO 143, 144 et 515