Maisons et fermes : l'habitat à Sansais

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Sansais

Parmi les 127 maisons et fermes relevées, une part non négligeable (15, soit 10 %) présente au moins un élément antérieur à la Révolution (17e ou 18e siècle). Il s'agit généralement d'une simple ouverture maintenue ou remployée à l'occasion d'une reconstruction ultérieure, avec encadrement chanfreiné ou linteau en arc en plein cintre. Certaines petites habitations, en simple rez-de-chaussée avec grenier, deux baies au rez-de-chaussée et une travée d'ouvertures en façade, peuvent aussi remonter à cette période (par exemple 9 rue des Ouches). La plupart de ces constructions sont situées dans le bourg (7 rue de Rouget, 1 rue des Lauriers...), avec notamment une demeure importante située 9 et 11 rue du Bien, ou encore une cheminée datée 1631 au 2 Grand rue. Quelques traces du 18e siècle peuvent être relevées à la Garette (2 et 16 rue des Gravées, 2 rue Porte du Marais...), même si ce village s'est surtout développé au 19e siècle. De même, 19 % des habitations (soit 24) présentent des éléments de la première moitié du 19e siècle. Là encore, il s'agit de logements aux dimensions réduites.

Plus des deux tiers des maisons et logis de fermes (68 %, soit 85) ont été construits ou reconstruits dans la seconde moitié du 19e siècle, époque d'essor économique pour les marais mouillés, y compris pour Sansais et pour le village de la Garette, alors en pleine expansion. Ce phénomène est particulièrement intense dans les années 1850-1870 (46 nouvelles constructions), mais il se poursuit jusqu'à la fin du siècle (35 nouvelles constructions), et même encore au début du 20e (19), malgré le déclin démographique alors observé. Après une longue période où les constructions nouvelles ont été plus rare, la fin du 20e siècle et le début du 21e ont vu la diffusion de l'habitat pavillonnaire autour du bourg, en particulier au nord, et même en lisière de la Garette.

Périodes

Principale : 18e siècle, 2e moitié 19e siècle, 1er quart 20e siècle

Deux pôles de concentration de l'habitat : le bourg et la Garette

Comme dans toutes les communes riveraines de la Sèvre Niortaise, l'habitat est essentiellement regroupé sur les terres hautes, à l'abri des inondations. Parmi les 127 habitations relevées (99 logis de fermes et 28 maisons) au cours de l'étude (qui s'est concentrée sur une zone d'un kilomètre à partir de la Sèvre ainsi que sur le bourg, et a pris en compte les éléments les plus significatifs situés ailleurs), on en dénombre autant dans le bourg (56) que dans l'écart de la Garette (53) qui fait véritablement office de second bourg, si ce n'est que la mairie et l'église se situent dans le bourg (une école existait à la Garette comme dans le bourg). 17 habitations relevées prennent place dans d'autres écarts, regroupées notamment le long de la Sèvre Niortaise (la Mothe Jacquelin, Bergère, le Paradis...), où certaines ne sont accessibles qu'en traversant le fleuve en bateau, sans oublier les hameaux répartis en bordure de terres hautes, au sud-ouest de la Garette ou encore au Gué.

La forte concentration de l'habitat dans le bourg et à la Garette a un impact sur la manière dont les bâtiments sont répartis sur la parcelle. Ainsi, 75 % des maisons (soit 21) sont dites attenantes, c'est-à-dire accolées les unes aux autres, sans autre espace qu'une petite cour ou jardin, tout au plus. 52 % des habitations (soit 61) sont par ailleurs en alignement sur la voie. 28 % (soit 35) sont en retrait par rapport à la voie dont elles peuvent être séparées par un petit jardin ou cour délimité par un muret de clôture, avec ou sans grille en ferronnerie.

Des habitations en hauteur et à l'architecture sobre mais soignée

L'optimisation de l'espace se traduit aussi dans l'architecture des bâtiments. On va chercher en hauteur la place dont on manque au sol. Ainsi, les deux tiers des habitations (soit 82) possèdent un étage avec, pour 50 % d'entre elles (soit 41), la présence d'un niveau supplémentaire, soit un grenier qui peut être habitable (20 avec un étage en surcroît) ou non (16 avec un comble à surcroît). Cette hauteur des habitations est particulièrement à observer à la Garette où les bâtiments sont venus s'aligner, dans un espace contraint, de part et d'autre de la rue principale, soit en surplomb des marais, soit en contrebas du coteau. Minoritaires (28 %, soit 38 cas), les habitations en rez-de-chaussée possèdent quasiment toutes un étage ou un comble en surcroît.

Les habitations les plus petites (une seule travée, avec souvent une seconde baie au rez-de-chaussée) remontent pour la plupart à l'Ancien Régime, voire au début du 19e siècle. Au nombre de 20, elles comprennent généralement une pièce unique au rez-de-chaussée, éclairée par une porte et une fenêtre, sous un grenier. Si la taille des logements s'est accrue avec l'élévation du niveau de vie dans la seconde moitié du 19e siècle, la proportion de façades ne présentant que deux travées, liées à des logements de taille modeste ou, plus sûrement ici, à des logements qui ont, comme l'a vu, gagné en hauteur, reste importante : on en dénombre 52, soit 41 % du total. La proportion est la même pour les façades à trois et quatre travées d'ouvertures, marques de logements plus larges, plus grands et plus confortables. 6 façades présentent même cinq travées d'ouvertures.

Le décor des façades est rarement ostentatoire, tout en étant soigné. Les travées d'ouvertures, lorsqu'elles sont en nombre impair (trois, le plus souvent, parfois cinq), sont réparties symétriquement autour de la porte centrale (16 % d'élévations ordonnancées, soit 20 cas). Un quart des façades présente un bandeau qui marque horizontalement l'élévation, laquelle est couronnée, dans un tiers des cas, par une corniche moulurée. L'élément de décor le plus fréquent, et souvent unique, réside dans les appuis des baies, saillants, présents sur 45 % des façades (57 cas).

La taille des logements et l'ornementation de la façade s'accentue lorsqu'il s'agit des 7 maisons de maître relevées sur la commune. Demeures de notables ou logis de ferme inscrivant dans la pierre la réussite économique et sociale du propriétaire, ces bâtiments se distinguent par leurs dimensions (un étage au moins, double en profondeur), la forme du toit (croupes), ou encore les détails du décor en façade (encadrements moulurés, corniche au-dessus de la porte, pilastres encadrant la façade, etc.). Tel est par exemple le cas 8 rue des Gravées (demeure construite en 1902), 3 rue des Lauriers ou encore 15 rue des Ouches.

Un patrimoine agricole témoin de l'âge d'or des marais mouillés au 19e siècle

Les 99 fermes et anciennes fermes relevées sont les témoins de l'âge d'or économique au 19e siècle et jusque dans la première moitié du 20e, mais aussi de ses nuances. Cet essor a en effet plus particulièrement bénéficié aux exploitations proches des marais plutôt qu'à celles implantées dans la plaine agricole, aux terres plus pauvres. 63 % des fermes et anciennes fermes relevées sont ainsi établies à la Garette et dans les écarts situés au bord des marais ou le long de la Sèvre Niortaise. Le hameau de la Garette en regroupe à lui seul 48 %. 86 % des bâtiments relevés à la Garette sont d'anciennes fermes, alors que 61 % le sont dans le bourg où les maisons, sans vocation agricole, sont plus nombreuses, même si cette proportion traduit le caractère éminemment agricole du bourg.

Les contraintes spatiales observées pour la répartition et l'architecture des logements, se traduisent aussi dans celles des bâtiments de fermes. Dans 76 % des cas (soit 75 fermes), les bâtiments (logis et dépendances) sont jointifs, sans plan régulier dans près de la moitié des cas (47). On relève toutefois 9 fermes de plan allongé et 13 ferme dites bloc en longueur (le logis et les dépendances sont alignés sous le même toit). Il s'agit souvent de fermes construites le long de la Sèvre Niortaise.

Parmi les dépendances qui constituent les fermes et anciennes fermes, nombreuses sont celles liées à l'ancienne activité d'élevage. Les granges (22 relevées) et les étables (66) sont souvent surmontées de fenils (34), simplement fermés par des planches de bois de peuplier coupé dans les marais alentour. Souvent prend place à la suite un hangar agricole ou "balet", ouvert sur l'extérieur et fermé sur trois côtés par des murs en moellons. Dans tous les cas, il s'agit de dépendances aux dimensions modestes, auxquels s'ajoutent parfois un fournil, une buanderie, un toit à porcs, un puits... En bordure de marais, notamment à la Garette, ces dépendances sont placées à l'arrière du logis et ouvrent sur le canal ou couche qui circule en contrebas, au bord de laquelle l'on dispose alors d'un petit port privé. Seuls 4 exemples de granges-étables dont la façade est placée sur le mur pignon, ont été relevés (4 rue du BIen, 8 rue des Lauriers, 13 Grand rue et 17 rue Porte du Marais). Dans ce cas, généralement, une grande porte centrale ouvre sur une vaste nef encadrée de deux bas-côtés qui peuvent ouvrir en façade par des portes latérales.

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...