Eglise paroissiale Saint-Eutrope du Vanneau-Irleau

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Le Vanneau-Irleau

Aucune construction ne figure à cet endroit sur le plan cadastral de 1830. Il s'agit d'un vaste enclos délimité par des fossés, appelé le pré de l'Aumée, et qui appartient alors à Marie Anne Rose Guillemot, veuve de Jean-Baptiste-Henri Thibault d'Allery, ancien co-seigneur du Vanneau. A son décès en 1831, le pré passe à son fils, François-Louis Thibault d'Allery, conseiller de préfecture, décédé à Paris en 1841, puis aux enfants et héritiers de celui-ci, Caroline, Marie-Louise, épouse d'Ernest Helie, avoué à Niort, et Philippine, épouse de Louis de Guilhemanson.

Dans les années 1860, l'état de vétusté et de délabrement de l'ancienne église (actuelle salle des fêtes) pousse les autorités à envisager sa reconstruction. Anticipant une lourde dépense, la commune demande en 1869 le partage de l'essentiel de son marais communal pour pouvoir financier l'opération. Elle y est autorisée, le partage a lieu en 1873 et rapporte 348000 francs. Le 23 juillet 1875, le conseil municipal approuve le projet de reconstruction de l'église présenté par Auguste Bergeron, architecte à Niort, pour un montant de 95000 francs. Ce projet prévoit toutefois, déjà, de reconstruire l'église sur un nouvel emplacement, en l'occurrence de l'autre côté de la rue, vers le sud-ouest, sur un terrain appartenant à M. Reignier père et à Pierre Ravard. Or, les démarches entreprises auprès de ces derniers échouent, se heurtant à leur refus ou à leurs prétentions excessives.

Le 17 octobre, le conseil municipal ajourne le projet de construction en attendant de trouver l'emplacement nécessaire. Il décide parallèlement de transformer l'ancienne église en halles ou en remise. Des contacts sont alors pris avec les héritiers Thibault d'Allery pour acquérir le pré de l'Aumée, au nord du bourg, un emplacement dégagé et éloigné du virage dangereux dans lequel se trouve l'ancienne église. Cette acquisition permettrait aussi de disposer d'un vaste champ de foire, et de créer une nouvelle rue (actuelle rue de l'Eglise) reliant la route d'Irleau et d'Arçais à la rue du Port. La décision d'acheter ce terrain est prise en conseil municipal le 20 décembre, suivant un plan établi quatre jours plus tôt par Bergeron.

Le projet ne fait pourtant pas l'unanimité. En février 1876, pétitions et protestations sont portées lors d'une enquête publique. Reste aussi à trouver de nouveau 100 000 francs pour financer la construction de la nouvelle église. Le produit de la vente de l'essentiel du marais communal en 1873 ayant été absorbé par ce projet et par d'autres, la vente du reliquat de ce marais communal est demandée par le conseil municipal du 16 janvier 1876. Il décide aussi, pour réduire la dépense, de reporter à plus tard la construction de la flèche envisagée sur le nouveau clocher. La vente est autorisée par arrêté préfectoral du 6 avril, et a lieu le 30. Le 4 mai, la commune achète le pré de l'Aumée aux héritiers Thibault d'Allery, pour 15000 francs.

Auguste Bergeron est de nouveau chargé d'étudier le projet et de présenter devis et cahier des charges, ce qu'il fait le 17 octobre 1876. Il prévoit un édifice construit ex-nihilo, dans le plus pur style néo-gothique (voir la description en annexe). Quant aux matériaux, il prévoit d'utiliser des moellons d'Arçais ou de Benet, pour les voûtes des moellons de Benet ou de Niort, la pierre de taille rousse de Surimeau ou de carrières analogues voisines de Niort, la pierre de taille blanche de Niort ou de Benet, des ardoises d'Angers, du bois de chêne du pays, et du bois de sapin du Nord pour la charpente. Son devis, d'un montant final de 97741 francs, inclut mobilier, vitraux, autels et sculptures. Après quelques modifications, le conseil municipal entérine ce projet le 11 février 1877 et confirme un crédit de 95000 francs.

Or, depuis le début du projet, l'argent issu de la vente du marais communal en 1873 puis 1876 a été en grande partie utilisé ailleurs, pour la construction de ponts et le creusement de fossés. Après s'être assuré auprès du receveur des capacités financières de la commune, le préfet autorise le 23 mai 1878 un emprunt de 70 000 francs. La commune demande en outre une subvention de 15000 francs à l'Etat, qui n'en accordera finalement que 5000 en mars 1879. Par ailleurs, l'opération, risquée financièrement, peine à séduire les entrepreneurs et plusieurs tentatives d'adjudication restent infructueuses. Une dernière, le 26 avril 1877, permet de confier le chantier à Guillaume Darqué, entrepreneur à Niort, pour 83791 francs.

La construction de l'église peut donc enfin commencer. La première pierre est posée le 16 octobre 1877. Une plaque de cuivre commémorant l'événement est placée sous le premier pilier de gauche de la nef en entrant dans l'église. Le 16 janvier 1879, l'architecte écrit au maire pour l'informer que l'église est couverte, qu'à l'intérieur il ne manque plus que les voûtes et le dallage, et que la naissance de la flèche du clocher est réalisée. Le 13 juillet, le conseil municipal demande que la flèche, jusque là mise en réserve, soit bel et bien exécutée. Le 8 septembre, on demande à Martin Wittwer, crépisseur à Niort, de réaliser le crépissage extérieur de l'église. Au cours des mois suivants, le conseil municipal vote les crédits nécessaires à la réalisation du mobilier (vitraux, bancs...) et du décor sculpté (commandé à M. Pairault - sans doute Louis Alphonse Pairault -, sculpteur à Niort). La réception provisoire des travaux a lieu le 13 mars 1880. L'inauguration a lieu le jour des Rameaux. Pour l'occasion, est organisée une grande procession reliant l'ancienne et la nouvelle église. Celle-ci est consacrée le 20 mai 1884 par l'évêque de Poitiers.

Peu de modifications sont ensuite apportées à l'église. Comme prévu par Auguste Bergeron, la sacristie nord-ouest est, dans un premier temps, la seule édifiée. L'autre, au nord-est, est ajoutée par la suite. La statue du père de Montfort qui orne la façade, y est placée le 13 août 1891, en souvenir de la mission qu'il prêcha dans la paroisse en 1714.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1877, daté par source

Auteurs Auteur : Bergeron Auguste

Né en 1833 à La Crèche, décédé le 27 septembre 1912 à Niort, époux de Marie Louise Malvina Junin.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Pairault Louis Alphonse

Sculpteur à Niort. Né le 3 janvier 1842 à Vivonne (Vienne).

, sculpteur (attribution par source)

L'église se situe dans la partie nord-ouest du bourg du Vanneau, sur le côté nord de la rue qui porte son nom. Elle est encadrée par une habitation à l'ouest, le cimetière au nord, l'ancienne école primaire publique de filles à l'est. Au sud s'étend une petite place. Exemple d'architecture néo-gothique de la seconde moitié du 19e siècle, l'église se distingue par son orientation au nord-est, et non à l'est. Elle présente un plan en croix latine qui rassemble, de manière parfaitement symétrique, les éléments suivants, du sud-ouest au nord-est : un clocher-porche terminé par une flèche ; une nef et deux bas-côtés, à trois travées, sous un toit à longs pans ; un transept à murs pignons découverts ; un choeur à cinq pans, encadré de deux chapelles latérales puis par deux sacristies perpendiculaires à l'ensemble, elles-aussi à murs pignons découverts. L'ensemble est construit en moellons de calcaire enduits, à l'exception de la façade occidentale, du clocher et des sacristies, en pierre de taille.

Le clocher-porche coiffe la première travée de l'édifice, englobant la porte centrale et deux chapelles dont une, au sud-est, dévolue aux fonts baptismaux, l'autre à l'accès à l'église et à la tour d'escalier du clocher. Le clocher domine la façade sud-ouest dont la structure et les éléments de décor concourent à l'élévation du regard. Cette façade est encadrée par des contreforts d'angle jumelés en équerre et terminés par des pinacles. Elle se structure en trois travées et en trois niveaux. La travée centrale, formant avancée et elle-même flanquée de contreforts plats, s'élève jusqu'à la tour carrée du clocher. Le niveau inférieur comprend la porte centrale et deux arcades aveugles latérales, toutes trois en arc brisé dont les sommiers se prolongent en bandeau. Sous une archivolte, on compte une voussure sur les arcades latérales, trois au-dessus de la porte centrale, retombant dans tous les cas sur des colonnes engagées à chapiteaux ornés de feuillages. Le niveau supérieur englobe une rose centrale, à réseau polylobé, et deux arcades aveugles du même type que celles du niveau inférieur. Enfin, au sommet de la façade et à la base du clocher, une arcade elle-aussi en arc brisé reçoit au tympan un oculus polylobé, et abrite une statue.

Ce troisième niveau de la façade se prolonge par la tour carrée du clocher, aux angles marqués par des pinacles. Les faces de cette tour sont percées de baies jumelées, inscrites dans des arcs brisés du même type que ceux observés sur la façade. Au-dessus s'élève la flèche octogonale, en pierre de taille. Chaque pan de la flèche est percé à la base d'une lucarne en arc en plein cintre, sous un fronton triangulaire, puis de petites baies alternativement en arc, en trilobe et en oculus. Les arêtes sont ornées de choux frisés, motif que l'on retrouve sur les pinacles de la tour. La flèche se termine par un couronnement sculpté, puis par une croix en ferronnerie et par un coq en métal.

Les murs gouttereaux des bas-côtés présentent chacun trois travées, sous une corniche à modillons (que l'on retrouve sur les bras du transept, le choeur et les chapelles latérales). Ils scandés de contreforts plats terminés par des pinacles. Chaque travée est percée d'une baie en arc brisé, surmontée d'un larmier. Les murs pignons des bras du transept, encadrés pour chacun de deux piliers à pinacles, présentent une baie en arc brisé et à réseau (un quadrilobe et deux lancettes). Au chevet, se déploient symétriquement le choeur à cinq pans, les chapelles latérales qui l'entourent et les deux sacristies. Des contreforts plats contrebutent le choeur qu'éclairent des baies en arc brisé et à réseau (un trilobe et deux lancettes), comme les chapelles latérales (une seule lancette).

On pénètre à l'intérieur par la travée sous clocher, encadrée par, à l'ouest, un espace comprenant la tour d'escalier montant au clocher, et, à l'est, par la chapelle des fonts baptismaux. Au-dessus s'étire une tribune. Viennent ensuite la nef centrale et les deux bas-côtés qui la suivent, le tout voûté d'ogives, en pierre (les bas-côtés étant moins élevés que la nef). Les voûtes retombent sur des piliers flanqués de colonnettes engagées, à chapiteaux ornés de motifs végétaux. Après le transept, la nef aboutit au choeur et chaque bas-côté à une chapelle latérale, là encore voûtés d'ogives. De part et d'autre se trouvent la sacristie, à l'ouest, et une remise, à l'est.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Le Vanneau-Irleau , rue de l' Eglise

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg du Vanneau

Cadastre: 1830 B 1960, 2023 AO 6

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