Port de Marans

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Le port de Marans jusqu'à la fin du 18e siècle

L'histoire de Marans est étroitement liée à celle de son port, tête de pont du commerce sur la Sèvre Niortaise, entre la baie de l'Aiguillon et Niort, dès le Moyen Age. A cette époque, le port, situé à quelques kilomètres en amont du Brault, était sans doute un simple havre, soumis aux aléas des marées et des flux et reflux de la mer. Il n'était accessible qu'aux bateaux plats et de faible tonnage qui, au Brault, prenaient le relai des navires plus importants venus de la mer. Cette situation perdure jusqu'aux 17e et 18e siècles mais n'empêche pas Marans de profiter des dessèchements des marais alentours pour se hisser à la tête du commerce des blés et du bois de toute la contrée.

A l'époque moderne, Marans s'équipe d'installations portuaires pour mieux remplir son rôle commercial. Dès le 15e siècle, il est question de quais sur lesquels se chargent et se déchargent les marchandises transitant entre l'amont et l'aval. Le 27 mars 1618, René de Bueil, comte de Marans, autorise Jehan Hurtaud, propriétaire du logis des Trois Rois, sur la rive gauche, près des halles, à faire construire un quai "bien et dûment maçonné" le long de son logis, "de la largeur de six pieds et de telle hauteur que les eaux, bien que fort grandes, ne puissent passer par dessus". En 1699, Jean et François Teixier, marchands, sont autorisés à établir un quai et des cales devant leurs magasins ; en 1701, François Teixier se plaint de ce que son quai est occupé sans autorisation par de nombreuses embarcations. La même réclamation est portée en 1762 au sujet du quai et de la cale en pierre avec escaliers qui se trouvent devant le logis seigneurial, rive droite (actuellement 24-26 quai Foch).

Les cartes et plans de l'époque, notamment ceux de l'ingénieur Claude Masse en 1703 et 1716, montrent le cours principal de la Sèvre traversant Marans. La Sèvre est alors franchie par le vieux pont qui se trouve au débouché de l'actuelle rue de la Maréchaussée et qui supporte un ancien moulin à eau (le pont de pierre ne lui succèdera qu'en 1782). Il sépare le "port du Langon", en amont, et le "port de l'havre neuf", en aval. Depuis le Bot Courant jusqu'au "port aux Moucles" (place de la République), les rives sont plus ou moins aménagées en quais interrompus par des escaliers perpendiculaires au cours d'eau. Une partie de ces quais figure sur les plans établis par Trudaine vers 1750, sur la rive droite, de part et d'autre du vieux pont : leur parement en pierre de taille semble en mauvais état. En amont, à l'emplacement du futur pont de pierre, au débouché d'une rue descendant du château (future rue d'Aligre), se trouve une cale où les voyageurs désirant se rendre en Poitou embarquent pour remonter la Sèvre puis la Vendée. Près de là, le Bot Courant a son embouchure non pas à son emplacement actuel mais au débouché de l'actuelle rue Evariste-Baron. Sur sa rive droite (emplacement de l'ancienne laiterie), comme en face, sur la rive droite, se trouvent des places "où s'empile quantité de bois à vendre".

A l'opposé, en aval du vieux pont, la Sèvre forme deux coudes successifs, au lieu appelé "le Coin du Goulet", nom qui évoque l'étroitesse du lieu (et faussement repris, dès le 19e siècle, en "Coin du Boulet"). Claude Masse précise que les bateaux de 50 à 60 tonneaux ne remontent pas au-delà de ces coudes (il existe d'ailleurs à l'extrémité de la rive gauche du port un lieu appelé "le bout des barques"). C'est ici également que la rivière du Moulin des Marais, bras secondaire de la Sèvre qui irrigue les marais au nord de la cité, vient se jeter dans la Sèvre (son cours actuel vers l'ouest et vers les Enfreneaux n'existe pas encore). Autrement appelé "rivière de Nalliers", cet ancien cours d'eau permet de rallier le Poitou par une de ses branches qui passe par les Grandes Alouettes, par-delà le canal de Vix. Les voyageurs peuvent passer d'une rive à l'autre du port à l'aide d'un bac ou bateau dont la rue du Bateau rappelle le souvenir. En aval du Coin du Goulet, la Sèvre est longée, rive gauche, par le "quai du pont rompu" puis par "divers greniers à blé", alignés en bord de Sèvre (le plan du port par Tréton-Dumousseau, en 1806, en donne le détail et les noms des propriétaires). En face, sur la rive droite, se trouve un lieu appelé "la Grave", avec maison, chantier naval et cale. C'est ici qu'aboutit un ancien chemin venant lui aussi du Poitou, toujours via les Grandes Alouettes, "quand les eaux sont basses", rappelle Claude Masse. Il n'existe ensuite plus aucun aménagement jusqu'au Brault.

Cette situation ne change guère avant le début du 19e siècle. La construction du pont de pierre, en 1782, s'accompagne de la création d'escaliers aux quatre angles de l'ouvrage. Deux ans plus tard, le vieux pont face à la rue de la Maréchaussée est démoli. Un contentieux s'élève avec son démolisseur, Lecour lorsque celui-ci entreprend de rejeter une partie des déblais dans le cours de la rivière, et d'utiliser une autre partie de ces déblais pour élever un nouveau quai, à pierres sèches et de mauvaise qualité, devant le logis seigneurial. C'est peut-être aussi à cette époque que l'embouchure du Bot Courant est décalée vers l'amont, à son emplacement actuel, et qu'une cale, appelée cale Tabarit, est aménagée au débouché de la nouvelle rue alors créée (rue Evariste-Baron). Il s'agit d'une cale inclinée, perpendiculaire à la Sèvre, comme l'est encore aujourd'hui la cale aux chevaux.

Les débuts de la reconstruction des quais sous le premier Empire

Il faut attendre le premier Empire pour que de véritables travaux d'envergure soient menés aux quais de Marans, et ce dès avant l'adoption du décret impérial de 1808 sur l'amélioration de la navigation sur la Sèvre Niortaise. En 1806, l'ingénieur des Ponts et chaussées Pierre Tréton-Dumousseau, chargé d'un des premiers grands projets d'aménagement du bassin de la Sèvre, propose de redresser les quais de Marans, notamment en aval du pont de pierre, quitte à frapper d'alignement les maisons qui se trouvent notamment sur la rive droite. Ce redressement permettrait de mettre fin aux accumulations d'immondices à cet endroit, source d'encombrement et d'envasement du port et de la Sèvre, donc d'inondations en amont. Son projet prévoit aussi de remplacer les deux coudes en aval du Coin du Goulet par un bassin à flot équipé de cales et fermé par un barrage éclusé.

Sans aller jusque là pour l'instant, une première campagne de construction de quais verticaux est menée entre 1806 et 1808 de part et d'autre de l'emplacement du vieux pont démoli vingt ans plus tôt, sur une longueur de cent mètres sur la rive gauche, de soixante-cinq mètres sur la rive droite. La date 1807 est, du reste, inscrite sur le quai de la rive droite (à la limite entre deux camapgnes de construction du quai, devant le 22 quai Foch). La cale à rampant unique, appelée "cale Poidvin", face à la rue de la Maréchaussée, est sans doute construite à cette date. Des maisons sont démolies, avec indemnisation et malgré certaines protestations. Le chantier est adjugé à Jacques François Ouvrard, entrepreneur à Melle (Deux-Sèvres), sous la direction de l'ingénieur Belval, mais des malfaçons aboutissent en 1811 à déchoir Ouvrard de son adjudication et à reprendre les travaux en régie.

L'attention se porte aussitôt sur les rives de la Sèvre en amont des nouveaux quais, de part et d'autre du pont de pierre. Juste en aval du pont, la rive droite avance en effet considérablement vers le milieu du fleuve, rétrécissant d'autant son lit. En 1812, on projette donc de nouveau de frapper d'alignement une bonne partie des maisons qui se trouvent là (6 à 16 quai Foch) ; et de créer une rampe d'accès au pont venant masquer le rez-de-chaussée des maisons conservées, malgré les protestations de leurs propriétaires (15 rue d'Aligre, 2 et 4 quai Foch). Ce projet est provisoirement abandonné après que l'appel d'offres ait été infructueux. Parmi les travaux dont on se contente alors, figure la cale à rampe unique, en escalier, qui se trouve sur la rive gauche (27 quai Clemenceau). Elle est appelée "cale Rolland", du nom d'un riverain et maire de Marans à l'époque. Un peu plus loin, la cale aux chevaux, qui existait déjà auparavant, est réaménagée en 1812 également. Durant l'hiver 1815-1816, une forte gelée endommage une partie des pierres des nouveaux quais construits quelques années auparavant. D'importantes réparations sont menées en 1817.

Les travaux des années 1820-1830

Le projet de redressement des quais de la rive droite et d'alignement des maisons qui s'y trouvent, élaboré dès 1811-1812 mais non réalisé faute d'entrepreneurs candidats, est repris à partir de 1818 par l'ingénieur des Ponts et chaussées Mesnager. Celui-ci est chargé d'un nouveau vaste programme d'aménagement du bassin de la Sèvre, approuvé par décision ministérielle du 15 juillet 1822. Il reprend aussi l'idée de Tréton-Dumousseau d'un bassin à flot à la place des coudes du Coin du Goulet, avec barrage éclusé ; bassin d'où partirait un canal de Marans à La Rochelle dont il est déjà question depuis plusieurs décennies ; en amont, le bassin serait alimenté non seulement par la Sèvre traversant le port de Marans, mais aussi par un nouveau canal déviant la rivière du Moulin des Marais et contournant la cité par le nord (comme l'actuel canal de dérivation). De nouveau, le programme de Mesnager se perd, en partie du moins, dans les méandres administratifs. On ne procède qu'à la réparation des parements de pierre endommagés dans les parties supérieures des quais construits quelques années plus tôt, des travaux d'entretien adjugés le 17 août 1823 à Pierre Esserteau, entrepreneur à Niort.

En 1824-1825, après réclamation de la municipalité de Marans concernant l'état du port, il est décidé de poursuivre la reconstruction des quais sur la rive gauche et de curer la Sèvre dans la traversée du port. Il reste notamment de cette campagne de travaux la partie courbe du quai de la rive gauche : la date 1825 est inscrite sur un des côtés de la cale aux chevaux. Les opérations consistent aussi à construire deux barrages mobiles destinés à créer un effet de chasse pour évacuer les vases qui s'accumulent dans le port. Malgré l'hostilité des bateliers et des populations habitant en amont, l'un de ces barrages est placé dès 1824 contre le pont de pierre, juste en amont ; l'autre, conçu par l'ingénieur Mesnager, est établi en 1825-1826 dans la rivière du Moulin des Marais, un peu avant son embouchure dans le port.

Dès sa construction, le barrage du pont de pierre notamment est accusé d'accélérer l'envasement du port en aval et d'accroître les inondations en amont. Face aux menaces de le détruire, un garde doit être nommé pour le surveiller et, en 1826-1827, une vaste campagne de dévasement de la Sèvre en amont comme en aval du port de Marans est réalisé à l'aide de bacs à râteaux prêtés par les sociétés de marais desséchés voisines. Par la même occasion, les Ponts et chaussées acquièrent leur propre bac à râteau, destiné à l'entretien du chenal et du port de Marans ; la construction en est confiée le 9 octobre 1826 à Jean-Jacques Homo, entrepreneur de travaux publics à Niort.

Dans les années 1827-1831, les travaux concernent les quais situés en amont du pont de pierre, là où ne s'élevaient que des empierrements imparfaits ou dégradés, ou bien des talus de terre (la cale à deux rampants située devant le 48 quai Leclerc, par exemple, remonte à cette période). Un plan des deux rives de la Sèvre en amont du pont de pierre, préparatoire aux travaux, est établi en 1826, suivi, en 1830 seulement, d'un devis et cahier des charges. Les travaux concernent la rive droite en 1828, la rive gauche en 1830-1831.

Une nouvelle campagne de redressement et de (re)construction des quais est approuvée par ordonnance royale du 5 septembre 1835, reprenant le projet présenté par l'ingénieur ordinaire A. Garnier le 12 octobre 1834. Au cours des années suivantes, les travaux ainsi décidés se concentrent sur les rives juste en aval du pont de pierre, déjà visées par les projets d'alignement de 1812 et 1820. L'avancée de la rive droite est supprimée, remplacée comme sur la rive gauche par un quai vertical et deux cales à deux rampants et palier. Les maisons situées le long du nouveau quai sont frappées d'alignement et, le cas échéant, reconstruites. La date 1837 est inscrite sur une des nouvelles cales à deux rampants, rive gauche, juste en aval du pont (au débouché de la rue Neuve dont elle porte le nom). L'autre cale à deux rampants située un peu plus loin (face au marché aux poissons) date sans doute aussi de 1837. Ainsi prennent véritablement naissance les quais Clemenceau, Joffre, Leclerc et Foch (partie amont).

Les travaux des années 1840

Les années 1840 continuent à fourmiller de projets pour l'amélioration du port de Marans. En 1841-1845, des travaux sont menés sur les quais en amont du pont de pierre, de part et d'autre du Bot Courant mais aussi sur la rive droite. Une passerelle en bois, adjointe d'un barrage mobile à poutrelles, est jetée par-dessus l'embouchure du Bot Courant. En 1844, le cours de la rivière du Moulin des Marais qui se jetait dans le port au Coin du Goulet, est dévié vers l'ouest, aboutissant désormais aux Enfreneaux. L'ancien cours est fermé (il sera remblayé en 1859), et le barrage qui s'y trouvait depuis 1825 est abandonné.

Surtout, un nouveau programme de travaux est présenté en 1845 par l'ingénieur Marchegay, et approuvé dans le cadre de la loi du 16 juillet 1845 sur l'amélioration des ports. Ce programme se concentre désormais sur la partie aval du port, au-delà de la cale aux chevaux. Marchegay propose la construction de nouveaux quais à cet endroit et, comme Tréton-Dumousseau puis Mesnager en leur temps, le creusement d'un bassin à flot, de plan triangulaire, à la place des coudes du Coin du Goulet ; une cale de radoub serait créée sur la rive nord de ce bassin ; les anciens coudes de la Sèvre seraient comblés et remplacés d'une part par le bassin, et d'autre part par une esplanade avec quais verticaux (place du Port actuelle) ; fermé en amont par le barrage du pont de pierre, le bassin serait délimité en aval par un barrage éclusé situé à l'entrée du chenal, en direction des Enfreneaux.

Les travaux aussitôt engagés (et réceptionnés le 13 août 1849) ne concernent toutefois qu'une partie de ce programme, soit la construction de nouveaux quais en aval et en face de la cale aux chevaux ou cale Rolland (quai des Fusiliers Marins, et partie aval du quai Foch). La date 1845 est d'ailleurs inscrite sur le côté ouest de celle-ci ; une autre date, 1848, apparaît en face, sur la rive droite, à côté de la cassure sur laquelle figurait déjà la date 1807 (22 quai Foch). De cette époque date la cale à deux rampants qui se trouve juste à côté de cette cassure, dans l'arrondi du quai, de même que, probablement, les deux cales à deux rampants situées en aval du barrage éclusé du Carreau d'Or. C'est aussi vers 1845 qu'est aménagée la "cale Rayé", du nom de son riverain, autre cale à deux rampants située de l'autre côté du pont de pierre, juste en amont du Bot Courant. Quelques années plus tard, en 1853, une passerelle piétonne, en bois, vient relier les deux rives des nouveaux quais, dans le prolongement de la place du Carreau d'Or. Quant au dispositif autour d'un nouveau bassin à flot, il est remis aux calendes grecques.

Création du bassin et du barrage éclusé du Carreau d'Or (1859-1871)

Il faut attendre une nouvelle décision ministérielle en date du 20 décembre 1858, puis de nouvelles réclamations à la suite de violentes inondations dans tout le bassin de la Sèvre au printemps 1859, pour que le bassin, devenu bassin d'échouage, la cale de radoub, l'esplanade et son quai voient enfin le jour. Reprenant en grande partie le projet Marchegay, l'ingénieur Sallebert en présente les plans le 2 mars 1859. Au projet initial, il ajoute notamment la construction d'une maison du garde du port, près de la nouvelle cale de carénage, l'ancienne maison de garde, à la Grave, étant supprimée du fait de la création du bassin. Enfin, l'ancien cours de la rivière du Moulin des Marais, devenu canal de Chasse, sera rouvert avec rétablissement d'un barrage mobile à son embouchure, de manière à rétablir l'effet de chasse que produisait ce cours avant son comblement en 1844-1848.

Les travaux sont adjugés le 20 mai 1859 aux sieurs Aubert frères, entrepreneurs à Niort (quelques années plus tard, ils construiront les ponts Main et les halles de Niort). De puissants batardeaux sont établis en amont et en aval du bassin à creuser et des quais à établir. A plusieurs reprises, ils manquent d'être emportés par la crue et le chantier n'est achevé qu'en 1862. Désormais, le port est accessible à des navires plus gros qu'auparavant. Il reste toutefois encore un port d'échouage, le barrage éclusé destiné à fermer le bassin en aval, et à créer ainsi un véritable bassin à flot, ne voyant pas encore le jour.

Le dispositif continue à lentement mûrir à partir de 1865, cette fois dans les mains de l'ingénieur en chef Evrard. Le programme qu'il présente les 12 août 1865 et 30 mai 1866 prévoit la transformation du port d'échouage en bassin à flot, délimité par des barrages éclusés. La limite amont de ce bassin n'est plus fixée au barrage du pont de pierre, tant décrié depuis sa construction en 1824 et qui sera démoli, mais par un nouveau barrage éclusé établi au Carreau d'Or. En aval, Evrard renonce au barrage éclusé prévu en 1845 par Marchegay à l'entrée du chenal : il le remplace par deux ouvrages différents : l'un aux Enfreneaux, là où aboutit depuis 1844 par rivière du Moulin des Marais ; le second, une écluse à l'embouchure du canal de Marans à la mer ou canal maritime dont le principe est par ailleurs acté. Ces ouvrages d'aval ne sont pourtant pas réalisés de suite, au contraire du barrage du Carreau d'Or, édifié entre 1867 et 1871. En attendant la construction du barrage des Enfreneaux et de l'écluse du Brault, le barrage du Carreau d'Or empêche les remontées d'eau salée vers l'amont, et sépare la partie fluviale du port, en amont, de sa partie maritime, en aval.

Par ailleurs, comme Sallebert le prévoyait déjà, et comme Evrard le préconise à son tour, l'ancien cours de la rivière du Moulin des Marais est rétabli en 1868, de manière à éviter l'envasement du port pendant la durée du chantier de construction du barrage du Carreau d'Or. Ce cours rétabli (toutefois modifié et décalé vers l'est) prend le nom de canal de chasse, avec un barrage mobile à son embouchure. Quant à la passerelle de 1853, dont la place est prise par le nouveau barrage du Carreau d'Or, elle est également démolie mais remplacée par une autre, intégrée au nouveau barrage.

Reconstruction de quais et création d'un bassin à flot (années 1870-1880)

Dans les années 1870-1880, à la suite probablement de travaux d'approfondissement du lit de la Sèvre, des parties de quais s'éboulent en amont du pont de pierre et doivent être relevées. C'est notamment le cas, en 1876-1877, pour le quai devant la laiterie, tout juste créée. A cet endroit (face à la rue Evariste Baron), une ancienne cale-abreuvoir, appelée "cale Tabarit", est comblée pour faciliter la circulation, et elle fait place à un quai vertical avec une cale à deux rampants, appelée "cale de la laiterie". Une autre cale du même type, appelée "cale Boulay" du nom d'un marchand de bois riverain, est établie de l'autre côté de la Sèvre, rive droite (devant le 62 quai Leclerc). Par ailleurs, des deux côtés amont du pont, les escaliers qui descendaient aux quais sont remplacés par des rampes droites. Les escaliers côté aval, quant à eux, sont conservés. Dès 1875, une cale inclinée, appelée "cale Bonnin" du nom du propriétaire d'un café voisin, est construite à l'usage des lavandières en amont du Bot Courant, là où elle se trouve encore de nos jours (devant le 53 quai Joffre).

Une nouvelle partie du quai de la rive gauche en amont du pont de pierre (entre la laiterie et le Bot Courant) s'effondre en 1880 et doit être reconstruite aussitôt. En 1894, sur le même côté (devant les numéros 65 à 71 quai Joffre), une cale inclinée, construite en 1831 et appelée la "cale Baron" (du nom du propriétaire de la laiterie), est remplacée par une cale à deux rampants. Dans le même temps, le tablier en bois du pont franchissant l'embouchure du Bot Courant, fait place à un tablier métallique. Tous ces travaux sont menés par André Deschamps, entrepreneur à Marans.

A la même époque, l'autre préoccupation majeure des gestionnaires et utilisateurs du port concerne le bassin qui s'avère trop étroit, d'autant qu'il est de plus en plus fréquenté, notamment par des navires à vapeur important du charbon. Cette fréquentation est facilitée par l'achèvement, enfin, du vieux projet de bassin à flot, avec la construction du canal de Marans à la mer, de son écluse et du barrage des Enfreneaux, ouvrages qui viennent fermer le bassin à flot en aval, comme le prévoyait Evrard en 1865. Le 20 juin 1888, le bassin à flot est officiellement déclaré opérationnel. Il permet à de plus gros navires d'accéder au port de Marans, sans plus passer par les vieux méandres de la Sèvre en aval des Enfreneaux.

Toutefois, l'étroitesse du bassin du port empêche l'évitage (manoeuvre de demi-tour) des plus gros navires, contraints dès lors de manoeuvrer plus en aval, entre l'entrée du canal de Marans à La Rochelle et celle du canal maritime. Dès 1905, pour faciliter l'accostage des navires sur le quai de la rive gauche du bassin, la grande cale qui se trouvait là depuis 1860 est supprimée, permettant le développement des voies ferrées des grues de déchargement des navires. Surtout, entre novembre 1913 et septembre 1914, après de multiples débats entre l'Etat et la municipalité, le bassin est élargi sur sa rive droite, vers le nord. Cela nécessite la reconstruction du barrage mobile situé à l'embouchure de l'ancienne rivière du Moulin des Marais ou canal de Chasse.

Le 22 août 1919, par décision du conseil municipal, les anciens "quai du Nord" et "quai du Midi" sont rebaptisés pour honorer les "grands hommes de la Victoire" de 1918. Les noms de Clemenceau, Joffre et Foch sont ainsi donnés aux quais, ainsi que celui des Fusiliers Marins. Un autre quai, rive droite, en amont du pont de pierre, d'abord appelé quai du Maréchal Pétain, est rebaptisé quai du Général Leclerc après 1945.

Diverses améliorations sont apportées au cours du 20e siècle au dispositif de gestion du port. En 1924 par exemple, le barrage mobile du canal de Chasse est doté de vannes métalliques à la place des poutrelles. En 1951-1953, un barrage est établi sur le chenal, un peu en amont de l'entrée du canal de Marans à La Rochelle. Il est remplacé vers 2015 par une passerelle mobile pour permettre aux promeneurs d'aller d'une rive à l'autre de la Sèvre.

Périodes

Principale : 19e siècle

Dates

1807, porte la date

1825, porte la date

1837, porte la date

1845, porte la date

1848, porte la date

1860, daté par source

1913, daté par source

Auteurs Auteur : Aubert Frères

Succédant à leur père Pierre Aubert (1792-1854), les frères Pierre (1818-1889), François (né en 1820) et Jean-Baptiste Aubert (1821-1898) sont entrepreneurs de travaux publics à Niort dans les années 1850-1870. Ils interviennent individuellement ou ensemble sur les chantiers.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Tréton-Dumousseau Pierre

Né le 15 mars 1766 à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), fils d'un conseiller du roi et lieutenant en l'élection de cette ville, il se marie en 1792, à Saumur, avec Eulalie Blancler. A cette date, il est déjà ingénieur des Ponts et Chaussées et demeure à Conflans-Charenton (Charenton-le-Pont), près de Paris. Selon les lieux de naissance de ses enfants, il demeure successivement à Saint-Hilaire-Saint-Florent (Saumur) en 1796, Saint-Symphorien près de Tours, en 1802, Tours en 1804. En 1805, Pierre Tréton-Dumousseau est nommé ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Niort où naît son fils, Paul, en janvier 1806. François-Philippe Mesnager lui succède à la tête du service ordinaire des Deux-Sèvres en 1811. Affecté en Vendée puis dans les Côtes-du-Nord en 1813, actif dans la Haute-Vienne sous la Restauration, il prend sa retraite en juillet 1823, et décède le 28 mai 1835 au Coudray-Macouard, près de Saumur.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)

Dans la traversée de la ville de Marans, depuis la cale inclinée qui se trouve sur la rive gauche en amont du pont de pierre (au niveau du 142 quai Joffre), jusqu'au bassin à flot en aval du barrage éclusé du Carreau d'Or, puis à la passerelle mobile en aval du grand silo, le port de Marans s'étire sur plus d'un kilomètre. Il est à cheval entre la Sèvre fluviale et la Sèvre maritime, le barrage du Carreau d'Or en marquant la séparation.

De part et d'autre du pont de pierre et du barrage du Carreau d'Or, les rives du port sont bordées de quais verticaux empierrés, avec parement en pierre de taille. Ces quais sont interrompus par une dizaine de cales à deux rampants et à palier, parallèles au fleuve, et par deux cales inclinées (l'une en amont du Bot Courant, l'autre, la cale aux chevaux, au débouché de la rue des Fours). Il reste aussi quelques anneaux et bornes d'amarrage, en fonte. L'une de ces bornes, quai du Général Leclerc, porte cette inscription : "Guérin Niort 1894". Les anneaux devaient être utilisés par les bateliers et les haleurs pour manoeuvrer les bateaux, en remontant comme en descendant le cours de l'eau.

En aval du Carreau d'Or, le cours de la Sèvre aboutit à un bassin à flot de plan triangulaire. Rive gauche, ce bassin est de nouveau bordé de quais verticaux qui se terminent au niveau des magasins à blé, un peu avant le grand silo. Rive droite, un barrage mobile, équipé de deux vannes verticales entre des piles en pierre de taille, se trouve à l'embouchure de l'ancien cours de la rivière du Moulin des Marais, canalisé et appelé "canal de Chasse". A côté, une grue métallique porte l'inscription : "1883 / A. Martin / 10 tonnes" (c'est-à-dire la date de fabrication de la grue, le nom de son fabricant et sa capacité de charge maximale). Cette grue, d'une hauteur de 7,70 mètres, provenant d'une station de chemin de fer désaffectée, a été installée là en 1939 et était utilisée par le service des Ponts et chaussées. Puis vient l'ancienne maison du garde du port et la grande cale de carénage au bord de laquelle s'élèvent d'anciens chantiers navals, au commencement d'un chemin de halage.

Ce chemin et celui qui prolonge les quais de la rive gauche aboutissent, en aval du silo, à une passerelle mobile, au terme d'un chenal aux bords enherbés. Quelques dizaines de mètres plus loin, en aval, se forme un bassin où prennent naissance le canal de Marans à La Rochelle d'une part, et le canal maritime de Marans au Brault, d'autre part. Aux barrages des Enfreneaux, la Sèvre est rejointe par la rivière du Moulin des Marais et reprend son cours sinueux vers l'ouest.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Marans , quai du Général Leclerc de Hautecloque

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1820 E, 2016 AA, AB, AC, AR

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