Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Avant l'aménagement du canal de Charras, l'embouchure qui était alors celle de la rivière Devise servait de port, cela vraisemblablement depuis l'Antiquité. Il semble perdre de l'importance avant même l'ouverture du canal en 1783. Sur la carte de Claude Masse de 1704, il existe déjà un pont-écluse constituant l'extrémité amont du port. Une carte de 1767 par de La Rozière ne mentionne pas le port mais présente plusieurs chemins y accédant.

Selon R.-J. Boutin, le port de Charras est très fréquenté au moment du blocus anglais, les négociants rochelais préférant alors expédier leurs marchandises par la route jusqu'à Charras et les charger ensuite sur des bateaux à l'abri des incursions anglaises.

En 1810, le sous-préfet prétend dans un courrier qu'il adresse au préfet que le transbordement des marchandises à transporter vers La Rochelle est plus important à l'embouchure du canal de Ciré qu'à Rochefort. A cette époque, il est prévu d'implanter plusieurs pieux d'amarrage dans le port. Un courrier de l'ingénieur chargé de la construction du pont-écluse précise que les pierres de taille nécessaires aux travaux arrivent sur les barques chargées à la carrière. Le lieu est mentionné comme petit port faisant partie de la commune de Saint-Laurent-de-la-Prée en 1839 par Gautier, dans la Statistique du département de la Charente-Inférieure.

A la fin du 19e siècle, le lieu est encore utilisé. Dans son journal de bord, en mars 1891, le gabarier Pitaud note que, parti de Tonnay-Charente pour l'île de Ré, il mouille plusieurs jours "dans le fond de Charras" pour se protéger du mauvais temps. En avril, après être parti de Rochefort le matin à 9 h, le petit port lui sert pour attendre une marée favorable entre 19 h le soir et 5 h du matin lorsqu'il appareille pour la Pallice.

Il est encore considéré comme un port dans les années 1940 par J. Rousseau, amateur de pêche.