Site d'écluse du Marais Pin

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Magné

Une première "éclusette" en 1854

L'endroit apparaît dénué de constructions sur le plan cadastral de 1833. La Sèvre Niortaise effectue ici un virage serré et sinueux. Ce site fait partie de ceux choisis au milieu du 19e siècle par les Ponts et Chaussées pour établir le chapelet de barrages éclusés destinés à mieux réguler le niveau d'eau dans le fleuve, en créant des biefs. Le barrage éclusé du Marais Pin, construit en même temps que celui de la Tiffardière et sur le modèle de celui créé quelques années plus tôt à la Sotterie, aura pour vocation de délimiter le bief venant de la Tiffardière en amont et celui rejoignant la Sotterie en aval.

Les 4 juin et 28 juillet 1853, le préfet des Deux-Sèvres écrit au ministre des Travaux publics pour plaider le projet de construction de deux petites écluses ou "éclusettes" au Marais Pin et à la Tiffardière, de manière à faciliter la navigation sur la Sèvre en aval de Niort. Un autre courrier précise que les deux ouvrages, en bois, seraient réalisés sur le modèle de celui de la Sotterie, avec pour chacun, un système de doubles cloisons mobiles ou portes busquées, pointées vers l'amont. Au Marais Pin, sera créée une dérivation de la Sèvre, sur sa rive droite, à l'endroit où elle forme un coude. Un barrage sera établi sur le lit originel du fleuve. Ce projet, dont les plans ont été présentés dès le 7 décembre 1852, est approuvé par décision ministérielle du 16 décembre 1853 et, le 11 septembre 1854, les travaux sont adjugés à François Bretonneau, entrepreneur à Niort. Les terrains nécessaires à la création de l'écluse sur la rive droite de la Sèvre, sont acquis en octobre. L'emplacement de l'écluse est tracé au sol par Jean-Baptiste Héliot, conducteur des Ponts et Chaussées. Un an plus tard, le 19 octobre 1855, Bretonneau est mis en demeure d'achever les opérations, les autorités ayant constaté que les terrassements n'ont guère avancé. N'y étant pas parvenu, son contrat est résilié le 30 août 1856 et il est remplacé par François Bourdin, maître charpentier à Niort. L'écluse est rapidement modifiée, avec le remplacement des aiguilles par des portes busquées, durant l'été 1857.

La reconstruction du barrage et de l'écluse en 1865 et 1869

A cet ouvrage en bois succède dans les années 1860 un ouvrage en maçonnerie, plus solide et plus pérenne. On commence par reconstruire le barrage associé à l'écluse. L'ingénieur des Ponts et chaussées Eugène Espitallier en présente le projet le 17 septembre 1864, approuvé par décision ministérielle du 12 novembre. Comme à Comporté, à la Tiffardière et à la Sotterie, le nouveau barrage sera constitué de pertuis, ici au nombre de deux, de 6,5 mètres de large chacun, commandés par des aiguilles. On en profite aussi pour renforcer les abords de l'ouvrage (revêtement partiel en pierre des talus, des rives et de l'îlot entre le barrage et l'écluse), et pour construire une maison éclusière, servant de logement au préposé chargé de la manoeuvre de l'écluse.

Les travaux sont adjugés le 16 mars 1865 à François Aubert, entrepreneur à Niort. Or, entre temps, les inondations de l'hiver 1864-1865 ont remis en cause la conception du projet. Espitallier présente un projet modifié le 7 avril. Il s'agit désormais de construire un barrage non plus à deux pertuis mais à trois, dont un de 5,20 mètres, à poutrelles, deux de 3,90 mètres, dont un à aiguilles et un à poutrelles. Le niveau du sommet des piles et des culées est relevé de 0,10 mètre à 0,40 mètre au-dessus du niveau maximal de la retenue d'eau. Ces modifications entérinées par décision ministérielle du 11 mai 1865, les travaux peuvent reprendre. La date 1865 est d'ailleurs inscrite sur la culée de rive droite du barrage, côté amont, et sur le mur pignon de la maison éclusière. La réception définitive des travaux a lieu le 31 décembre 1866.

A la suite des travaux d'élargissement de la Sèvre menés en 1868, on décide de reconstruire l'écluse, en mauvais état et restée en bois depuis 1854-1855. Elle fait alors partie des quatre dernières écluses établies sur la Sèvre dont la reconstruction doit être réalisée. Le projet est de nouveau conçu par Espitallier qui en remet les plans et devis le 23 février 1869. Il prévoit un ouvrage en maçonnerie, construit avec de la pierre des carrières de Benet ou de Bégrolles. Approuvés par décision ministérielle du 19 avril, les travaux sont adjugés le 2 juin à Léon Laniaz, entrepreneur à Paris. Ils commencent en juillet. Les rôles de journées montrent que l'on fait appel à une main-d'oeuvre et à des artisans locaux. Le 13 septembre cependant, on constate que les travaux n'ont guère avancé : une partie seulement de la pierre nécessaire a été acheminée sur le chantier, mais encore aucun des bois qui serviront à la fabrication des portes. Les travaux ne prennent fin qu'en avril 1870. Ils sont définitivement réceptionnés le 25 avril 1871.

Plusieurs campagnes de travaux ont lieu successivement au cours des décennies suivantes et jusqu'à nos jours. Les portes de l'écluse doivent être reconstruites dès 1883-1884. Les abords du barrage et de l'écluse (perrés) ont été restaurés en 2024.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1865, porte la date, daté par source

1869, daté par source

Auteurs Auteur : Espitallier Eugène

Ingénieur des Ponts et Chaussées dans la seconde moitié du 19e siècle.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Aubert Frères

Succédant à leur père Pierre Aubert (1792-1854), les frères Pierre (1818-1889), François (né en 1820) et Jean-Baptiste Aubert (1821-1898) sont entrepreneurs de travaux publics à Niort dans les années 1850-1870. Ils interviennent individuellement ou ensemble sur les chantiers.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Maire Joseph

Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Niort, chef du service spécial de la Sèvre Niortaise de 1850 à 1857.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)

Le site d'écluse du Marais Pin se trouve sur un méandre de la Sèvre Niortaise, au nord-ouest du bourg de Magné. Il regroupe d'ouest en est un barrage éclusé, une écluse séparée du premier par un îlot, et une maison éclusière établie sur la rive droite de l'écluse. S'y ajoutent à l'ouest un barrage et une passerelle établis à la tête de la Vieille Sèvre de la Repentie qui va circuler dans les marais de Monpensier, jusqu'à la Repentie.

Le barrage est constitué de trois pertuis séparés par des piles et des culées en pierre de taille. Les trois vannes levantes sont mues à l'aide de crémaillères. Les côtés aval du barrage sont protégés par des perrés inclinés, avec des escaliers d'accès. Une passerelle métallique traverse le barrage pour accéder à l'îlot puis à l'écluse. Sur l'îlot se trouvent un local technique ainsi qu'une passe à poissons, aménagée de manière à permettre aux animaux de passer d'un côté à l'autre du barrage, et à observer ces migrations.

L'écluse est constituée d'un long sas de plan rectangulaire, entre deux maçonneries de pierre de taille. Les côtés amont et aval de l'écluse sont protégés par des perrés en moellons équarris, équipés d'escaliers. Les radiers de chaque côté de l'écluse sont en pierre de taille. A la tête amont comme à la tête aval, l'ouvrage est commandé par une porte busquée pointée vers l'amont. Chacun des deux vantaux de la porte, en bois, est équipé d'une vantelle avec crémaillère à cric, et d'une passerelle métallique. Les portes sont manipulées à l'aide de manivelles placées sur les berges.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

  3. Matériau du gros oeuvre : fonte

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Magné

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: le Marais Pin

Cadastre: 1833 A 295, 2024 AC 131, 185

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