Phare de Vallières

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Georges-de-Didonne

La pointe de Vallières fait partie des promontoires rocheux qui bordent la Gironde vers son embouchure, sur sa rive droite, face à la pointe du Verdon. Cette embouchure présentant un certain nombre d'obstacles à la navigation, les navigateurs se sont fixés, dès le Moyen Age, des repères sur la côte afin de se guider, sans compter l'aide précieuse des pilotes de l'estuaire. Clochers, bouquets d'arbres, rochers, balises et feux pouvaient constituer de tels repères. La pointe de Vallières en reste longtemps dénuée, comme le montrent les plans de Saint-Georges-de-Didonne par l'ingénieur Claude Masse, vers 1700, puis par Desmarais, en 1759. Aucune balise n'apparaît non plus à cet endroit sur la carte de Guyenne établie par Belleyme vers 1785.

En 1812-1813, un "feu" à la pointe de Vallières sur la carte de l'embouchure de la Gironde établie par M. Raoul. Cette carte en mentionne un autre, le "feu de Suzac", feu rouge, sur les dunes qui se trouvent aujourd'hui sous la forêt de Suzac. Il s'agit sans doute d'installations provisoires : elles ne sont pas signalées sur le plan cadastral de 1837. Un "amer" est indiqué sur un plan du port en 1840, et la "balise de Vallières" apparaît sur la carte d'état-major vers 1850. Deux maisons-phares sont construites en 1860, l'une à Vallières, l'autre à Suzac (appelée "phare aux Lapins"). Ce premier phare de Vallières est indiqué sur un plan du port en 1880, et apparaît sur des cartes postales de la fin du 19e siècle et du début du 20e : il comprend un corps de bâtiment central, à deux étages, encadré par deux ailes en rez-de-chaussée, dont le logement de gardien ; tout autour, la pointe est déjà aménagée en promenade.

En 1897, le système de balisage de la côte est modifié : l'alignement de Terre-Nègre est supprimé et celui de Saint-Georges (Vallières et Suzac) est amplifié. Le feu de Suzac reçoit une lentille plus importante, et celui de Vallières, trop bas, doit être monté à 29 mètres au-dessus du sol. C'est ce qui motive la construction d'un nouveau phare, bien plus grand que le premier. Conçu par l'ingénieur ordinaire des Ponts et chaussées M. Alexandre, il est construit de mai 1900 à août 1901 par Simon Brunet, entrepreneur à Grandjean (près de Saintes), et une équipe de 8 à 16 ouvriers. Le soubassement, édifié en granite bleu de Nantes, est terminé en septembre 1900. Début avril 1901, la maçonnerie de la tour est achevée ; on a fait venir les moellons de Saujon et les pierres de taille de Crazannes, de Sainte-Même et, pour l'escalier, de Vilhonneur. La coupole est montée à la fin avril 1901. Le nouveau phare est mis en service le 25 novembre 1901.

L'ancienne maison-phare subsiste jusqu'en septembre 1944 et est alors détruite par les troupes allemandes. Les bombardements de 1945 sur la pointe de Vallières laissent sur le flanc nord du phare des traces d'éclats d'obus. Après guerre, le développement du port pétrolier du Verdon modifie les circuits de navigation, rendant inutile l'alignement de Saint-Georges. Le phare de Vallières est éteint le 28 juin 1969. Ouvert à la visite en 1986, il est acquis par la commune en 2004, et classé au titre des monuments historiques en 2012.

Périodes

Principale : limite 19e siècle 20e siècle

Dates

1901, daté par source

Auteurs Auteur : Alexandre Paul Edouard

Ingénieur des Ponts et chaussées.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)

Extrait du dossier de protection au titre des monuments historiques :

"Le phare de St-Georges est une tour carrée (5 m de côté) en pierre de taille, haute de 25 m et à l'architecture d'ordre classique : fort soubassement à gradins et corniche très saillante, fût traité en léger bossage en table, puissant entablement dorique à triglyphes transformés en modillons ; parapet ajouré en pierre ; lanterne également en pierre, traitée comme un édicule de jardin avec ses angles abattus en retrait et sa petite corniche moulurée ; coupole en cuivre nervurée surmontée de la boule de décompression et munie d'un chéneau dissimulé par une bande de cuivre ouvragée (esses, étoiles des Phares et Balises). La porte d'entrée présente un décor dorique en granite, les fenêtres un encadrement en table saillante et légère corniche toscane. L'intérieur renferme une cage d'escalier cylindrique, doublée en brique pour éviter les moisissures. Les marches, à noyau, sont parfaitement délardées et ornées d'une astragale. Le soin apporté à la modénature aussi bien qu'aux matériaux (granite bleu de Nantes, meilleurs calcaires de Saint-Même, de Crazannes et de Vilhonneur) est une volonté délibérée de l'administration, de construire un phare exemplaire, de "par sa situation voisine de Royan". Du mécanisme d'éclairage subsiste la colonne en fonte, la lentille annulaire et le feu de secours électrique.

Le phare de St-Georges, même s'il est éteint, reste un important témoignage du degré élevé de qualité que pouvait atteindre de tels édifices. L'administration reconnait dès 1902 que "le phare de St-Georges constitue une construction intéressante au sujet de laquelle la direction des Phares doit posséder des renseignement détaillés". Le plan carré, assez rare, est utilisé pour les petits phares (moins de 30 m), nombreux en Méditerranée (Cap Béar, Cap Leucate, l'Espiguette, Vallauris, la Garoupe, phares de Corse, etc...) et souvent accolés à la maison du gardien. Ce plan est moins fréquent dans l'Atlantique (Triagoz, Kermorvan, la Vieille, le Pilier, Pointe de Grave). Le souci décoratif du phare de St-Georges, pas seulement limité au couronnement comme habituellement, peut se comparer aux phares d'Eckmühl (Finistère) ou de l'Espiguette (Gard) et voit son origine dans les beaux phares antérieurs au 19e siècle : Ailly et la Hève (Seine-Maritime, 1775, détruits, lanterne de la Hève-sud identique à celle de St-Georges), Gatteville (Manche, 1775) et ... Cordouan (Gironde, 17-18e siècle)."

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Georges-de-Didonne , rue du Port

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Pointe de Vallières

Cadastre: 1837 D 917, 2009 BH 8

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...