Abbaye Saint-Martin

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Ligugé

Vers 361 Martin, ancien soldat originaire de Pannonie, arrive à Ligugé. Probablement inspiré par ses voyages en Orient et avec l'aide d'Hilaire, évêque de Poitiers, il s'installe comme ermite. Des vestiges gallo-romains, retrouvés à proximité prouvent qu'il n'arrive pas dans une zone vierge de toute occupation humaine. Les anciennes interprétations de ces vestiges voulaient qu'il s'agisse d'une villa. Des recherches plus récentes tendent à prouver qu'il s'agirait plutôt d'un lieu de culte païen peut-être dédié au dieu Lug. Une fois installé Martin est rejoint par d'autres personnes. Ensemble ils auraient formé la première communauté monastique des Gaules et même de tout l'Occident. Vers 371, Martin devient évêque de Tours. Après son départ puis sa mort en 397, les sources sont plutôt silencieuses sur Ligugé jusqu'au 6e siècle. Certaines sources (dalle funéraire d'Ariomeres) suggèrent peut-être une occupation du lieu au 5e siècle mais en l'absence de datation précise cela reste des hypothèses.

Les vestiges archéologiques et les sources littéraires (notamment le récit de la visite de Grégoire de Tours) tendent à montrer qu'une communauté se développe aux 6e et 7e siècles grâce à l'expansion du culte martinien. Les plus anciens édifices réutilisent ou sont bâtis sur les vestiges de l'époque gallo-romaine. Le monastère connaît durant cette période une grande vitalité comme l'atteste un tiers de sous d'or frappé peut-être à Ligugé et la production littéraire émise par les moines de l'époque.

Du 8e au début du 11e siècle, l'histoire du site est plus incertaine et est sujette à débat. L'église aurait été rebâtie vers le 8e ou 9e siècle. Le monastère aurait ensuite souffert des maux du temps (guerres civiles, invasions,...) et aurait presque ou entièrement disparu.

Dans les premières années du 11e siècle, la comtesse Aumode de Poitou restaure la vie religieuse. À la fin du 12e siècle, peut-être avant, le monastère de Ligugé devient un prieuré dépendant de l'abbaye de Maillezais (Vendée). En 1268, Alphonse d'Anjou (frère de Louis IX) cède au monastère les droits de haute et de basse justice. Au début du 14e siècle, la pape Clément V séjourne à Ligugé (à l'époque du procès des Templiers). La présence du pape suggère qu'à cette époque le prieuré possède des bâtiments d'une certaine importance afin de l'accueillir. De cette période, il subsiste encore aujourd'hui certains éléments dans les locaux actuels de l'abbaye comme par exemple le cellier. Par la suite, la guerre de Cent ans n'épargne pas le monastère. Il est ravagé vers 1359 par les partisans du roi de France pour éviter l'installation d'une garnison anglaise. Le prieuré semble retrouver une vie normale assez rapidement après ces évènements mais il n'aurait pas connu de travaux importants de restauration avant les 15e et surtout 16e siècle.

Au début du 16e siècle, le prieuré tombe sous le régime de la commende (c'est-à-dire que l'usufruit du bénéfice régulier est donné à un séculier). Le prieur commendataire Geoffroy d'Estissac ordonne d'importants travaux. Il fait reconstruire l'église priorale Saint-Martin et entreprend la construction d'un logis (situé au sud-ouest du cloître). C'est de cette époque que date le passage de l'écrivain François Rabelais à Ligugé (il était secrétaire de Geoffroy d'Estissac). Si le prieuré de Ligugé profite dans la première moitié du 16e siècle des bienfaits de la Renaissance, il subit au contraire dans la seconde moitié les guerres de Religion. Des documents de la fin du 16e siècle et du début du 17e présentent le prieuré dans un état de ruine.

En 1607, le prieuré est rattaché au collège des Jésuites de Poitiers. Ces derniers entreprennent de réparer les bâtiments. En 1674, ils font construire un nouveau bâtiment (aile Sud du cloître). Les jésuites sont chassés du royaume de France en 1762. Le site est géré par la manse épiscopale.

À la Révolution, le prieuré et ses dépendances sont vendus comme biens nationaux de première origine.

En 1846, le prieuré et l'église Saint-Martin, qui sert désormais au culte paroissial, sont classés au titres des Monuments Historiques.

En 1852, Mgr Pie, évêque de Poitiers rachète le site. Il installe à nouveau une vie monastique avec l'aide de Dom Guéranger, restaurateur de l'ordre bénédictin à l'abbaye de Solesmes dans les années 1830. Durant la décennie 1850, l'évêque entreprend l'agrandissement de l'église (qui est alors déclassée) afin que les moines puissent y célébrer à nouveau les offices tout en y conservant le culte paroissial.

En 1864, le monastère est élevé au rang d'abbaye.

En 1880, en vertu des décrets d'expulsion des congrégations non autorisées, les moines quittent l'abbaye qu'ils réintègrent 5 ans plus tard. L'abbaye est vendue en 1888 à la Société anonyme de Saint-Martin de Ligugé qui prend les moines comme locataires.

Dans la décennie 1890, l'abbaye connaît d'importantes modifications et travaux avec l'achat de propriétés limitrophes, la construction de nouveaux bâtiments conventuels (ailes nord et est du cloître) et le remaniement de l'ancien logis bâti à l'époque de Geoffroy d'Estissac. C'est aussi à ce moment que la bibliothèque est aménagée. Une imprimerie monastique est fondée. Cette industrie est l'ancêtre de l'imprimerie Aubin. En 1890, l'abbaye est déclassée à la demande des propriétaires.

Des travaux sont réalisés au début du 20e siècle par Eugène-Marie-Savinien Buzy, architecte des monuments historiques.

Suite à la loi de 1901 sur les congrégations, les moines partent à nouveau en exil, en Belgique. En 1912, les bâtiments sont vendus en plusieurs lots. Ils sont tous rachetés par le baron Arthur de Clock. En 1923, les moines reviennent à Ligugé et peuvent réoccuper l'abbaye. Ils font construire à l'intérieur de l'enceinte monastique, en 1929, une nouvelle église réservée aux offices.

À la fin des années 1950, des travaux d'agrandissements sont réalisés du côté nord-ouest de l'abbaye.

Le 9 septembre 1965, l'église paroissiale Saint-Martin, le clocher, les parties anciennes englobée dans l'abbaye et les fouilles sont classées au titre des Monuments Historiques.

Périodes

Principale : 13e siècle, 15e siècle, 16e siècle, 17e siècle, 4e quart 19e siècle, 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle

Dates

1674, porte la date

Auteurs Auteur : Buzy Eugène-Marie-Savinien

Né le 10 avril 1860 à Sens (89), décédé le 11 novembre 1931 à Paimboeuf (44).

Elève de l'école des beaux-arts de Paris, agréé en 1882 inspecteur des Monuments historiques pour la restauration du château de Bonaguil (Lot-et-Garonne). S'installe comme architecte à Niort en 1886-1887. Delaire le cite comme restaurateur des églises Notre-Dame de Niort, Vasles, Brioux-sur-Boutonne, abbaye de Saint-Maixent, monastère de Ligugé, abbaye Saint-Maur-de-Glanfeuil, Silos (Espagne). Il serait l'architecte de la banque de France à Niort. Il signe aussi la façade de l'église Saint-Clément à Ceaux-en-Couhé. Devient maire de Paimboeuf en 1928 où il habite 1 quai Gautreau. Décédé le 11 novembre 1931, il est enterré dans le cimetière de la commune de Paimboeuf.

, architecte des Monuments historiques (attribution par source)

L'Abbaye Saint-Martin est située au cœur du bourg de Ligugé. Son espace est limité au nord par la place du Révérend père Lambert et l'église paroissiale, à l'est par la ligne de chemin de fer, au sud par la rue Saint-Martin et à l'ouest par la Grand Rue et des propriétés privées. Elle se compose de plusieurs édifices (bâtiments conventuels dont l'ancien logis de Geoffroy d'Estissac et le bâtiment dit des jésuites, l'ancienne imprimerie, Villa Bethanie, église claustrale...).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit d'imitation

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse, ardoise
Couvertures

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Ligugé , Place du Révérend Père Lambert

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Le Bourg

Cadastre: 2017 BB 197, 211, 212, 213, 220, 1937 C 383, 389, 391, 392, 394, 1837 C 358, 359, 360, 363, 368, 370, 374, 385

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