Présentation de la commune de Beauregard-de-Terrasson

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Beauregard-de-Terrasson

Si aucun témoin matériel de l’époque antique n’a été retrouvé dans le territoire communal, des observations aériennes ont révélé plusieurs éperons barrés (Serre-Marsal, Serre-Bru) et enclos fossoyés (les Gannes) probablement liés à des occupations de l’âge du Bronze.

Un pôle castral semble s’être développé assez tôt à Mellet (cf. IA24001463), dont les seigneurs (la famille du même nom) sont attestés dès 1066 dans le cartulaire de l'abbaye de Tulle (Gerburge de Melet) et apparaissent également dans les cartulaires des abbayes périgourdines de Chancelade en 1203 (A. de Melet) et du Dalon en 1220 (Raymond de Melet). Le "repaire de Melet", cité en 1445 (AD Pyrénées-Atlantiques, E 644, acte du 17 sept. 1445), remonte très certainement à bien avant cette date, comme le suggèrent des vestiges du XIIIe ou du XIVe siècle repérés dans les parties basses du château actuel. Cette seigneurie, tout comme celles de Muratel (cf. IA24001464) et de Beauregard (cf. IA24001523), dépendaient de la châtellenie d'Ans, qui elle même était mouvante de l'évêché d'Angoulême depuis le XIIe siècle (et le resta jusqu'au XVIIe siècle) et relevait de la vicomté de Limoges.

Lors de la période d’évangélisation du Périgord, entre le Ve et le XIIe siècle, le territoire actuel de la commune était partagé entre deux paroisses : celle de Mellet au nord-ouest, celle de Bersac au sud-est. La première, relevant de l'archiprêtré d'Excideuil, est attestée dans le dénombrement de 1365 (signalée comme paroisse de "Meleto") et dans la pancarte d’organisation des deux diocèses du Périgord en 1554 (avec l’ "Ecclesia de Melet"), qui reprend cependant l'organisation paroissiale d'avant 1317. Les sépultures qui voisinent le château de Mellet, évoquées par A. de Marcillac en 1887, n’ont pas été datées, mais, selon toute vraisemblance, elles étaient situées dans l’ancien enclos cimetérial lié à l’église primitive de Mellet dont rien ne subsiste. D'ailleurs, celle-ci dut péricliter assez rapidement, absorbée dans la paroisse de Bersac peut-être dès le Moyen Âge, puisqu'elle n'est plus mentionnée par la suite et n’est pas indiquée sur la carte de Belleyme, planche n° 16 levée en 1767. La paroisse de Bersac est mentionnée à partir du XIIIe siècle (l’« Ecclesia de Bersas », pouillé du XIIIe siècle), puis en 1382 ("Bersac") et en 1528 ("Bersacum"). En 1554, d'après la pancarte des diocèses du Périgord, Bersac relève de l'archiprêtré de Saint-Méard.

Plusieurs lieux-dits sont également attestés dans le territoire au milieu et à la fin du Moyen Âge : "La Colrieyra" (XIIe siècle), "Al Bancharel" (1355), "Bosco Alto" (1344) et "Al Breilh "(1411). Toutefois, un hameau plus important semble s’être développé assez tôt hors des deux pôles, ecclésial et seigneurial, déjà évoqués, à Beauregard, idéalement situé sur la route de grands passages de Brives à Périgueux : mentionné en 1307 (AD Dordogne, 10 J 92-1), le site comprenait une chapelle, qui fut fondée en 1309 par le vicomte de Limoges, Jean III de Bretagne.

Après la guerre de Cent ans et avec la reprise économique et démographique qui suivit, le hameau de Beauregard prit de l’importance au point de devenir un véritable bourg, développé autour de la chapelle fondée par le vicomte de Limoges et parfois déjà confondu dans les textes avec le chef-lieu de paroisse. Ainsi, le 10 mai 1487, Alain d'Albret, vicomte de Limoges et comte de Périgord, qui recherchait des liquidités pour le couronnement et les mariages de ses deux fils, vend à Jean d'Aubusson, seigneur de Villac, les "paroisses et bourg de Beauregard, de Saint-Lazar et de Perignac [Peyrignac]" ; d'autres lettres confirment l'aliénation des "paroisses de Bersac et Saint-Lazar et lieu de Beauregard" au seigneur de Villac pour le prix de 1500 livres tournois le 13 octobre 1495. Mais peu après, dès 1500 (8 octobre) et 1501 (5 août), le comte de Périgord rachète "[l]esdites paroisses". En 1502, dans un mémoire rédigés par les officiers de celui-ci portant sur l'état de ses vicomté de Limoges et comté de Périgord, la paroisse est ainsi décrite : "Dans la parroisse de Bersac, dans les fins [limites] de laquelle est le lieu de Beauregard, dans laquelle parroisse a IIIIxx et unze feux ou beliges dont la plus grande partie sans heritages, et les autres pauvrement herités [...]". A cette date, on prend donc soin d'indiquer la présence du "lieu" de Beauregard à Bersac, qui compte alors 91 feux, soit environ 450 habitants. Plus loin, le texte du mémoire précise : "Dans les fins d’icelle, les seigneurs de Peyraulx, de Muratel, de Vilhac, de Merbec [sic pour Mellet ?], de La Salle, de la Cassanhe [i.e., La Cassagne], Mesmy, Monfreliou, de Momege [i.e., Montmège], de la Marche, l’abbé de la Chastres, le commendeur de Condat, le curé de Bersac, le seigneur du lieu Jehan Lambert et les heritiers de feu Jehan Papoisat, chacun […] tiennent en fondalité plusieurs heritages villages, maison, etc., et la plus part audit lieu de Beauregard ; par raison de quoy, levent tous ensemble 50 charges de froment, 20 charges de segle, 18 charges d’avoine, 45 livres tournois de rente, 60 gellines, etc."

A la fin du XVIe siècle, Henri de Navarre, futur Henri IV, comte de Périgord et vicomte de Limoges, considérablement endetté par les guerres, dépossède progressivement plusieurs châtellenies de son domaine de leurs prérogatives en vendant à des gentilshommes du voisinage de nouveaux droits. C'est ainsi que Guy de Badefols, seigneur de Peyraux, acquiert la justice haute, moyenne et basse de la paroisse de Bersac (dans le territoire de laquelle se trouve alors le château de Peyraux), détachée de la châtellenie d'Ans, par acte passé à Périgueux le 8 août 1600 ; cet acte fait ainsi de Peyraux le siège d'une seigneurie haut-justicière, la plus éminente du territoire, éclipsant toutes les autres. Au cours de cette période, outre Peyraux, Mellet, Muratel et Beauregard, d'autres fiefs sont attestés dans la paroisse, mais aucun d'eux (excepté "Prévé d'Alle", aujourd'hui désigné "Peyredaille) ne peut être identifié car ils ne correspondent à aucune appellation contemporaine : ce sont le "lieu Jehan Lambert" (1502), le fief de Pierre-Levade (1677) et de la Gilardie (s.d.).

Au XVIIe siècle, la "chapelle de Beauregard" est devenue une église, annexe de l'église paroissiale de Bersac. Ce n'est toutefois qu'au siècle suivant, entre 1733 (AD Dordogne, B 1487, mention) et 1758 (AD Dordogne, B 1324, mention), que l'essor du bourg de Beauregard devient tel que les rôles doivent être inversés : l'église de Beauregard, simple annexe de celle de Bersac, est érigée en église paroissiale (l’église actuelle ; cf. IA24001459) au détriment de celle-ci, qui devient son annexe. Par voie de conséquence, le bourg de Beauregard devient chef-lieu. C'est la situation que figure la planche n° 16 de la carte de Belleyme levée en 1767, où l’église et le bourg de Beauregard sont au centre d’un territoire étendu comprenant l’ancienne paroisse de Bersac (et le bourg de Bersac avec son église indiqué comme "annexe").

La carte de Belleyme, incomplète pour cette partie haute de la vallée de la Vézère en Dordogne, figure également une très importante zone viticole autour du "Puy de Bur" (actuel Peuch) et de la "Combe Ségéral", lieux aujourd'hui situés dans la commune du Lardin-Saint-Lazare, mais qui faisaient alors partie de la paroisse de Beauregard. La carte de Belleyme n'est pas le seul témoin de ce passé viticole et de nombreux textes mentionnent la présence de vignes. Ainsi, pour ne citer que lui : en 1355, Raymond de Mellet donne à son frère Guillaume une vigne située dans sa féodalité, au lieu appelé "al Bancharel" (Saint-Allais, vol. XI, p. 135). Les textes ne sont pas les seuls à témoigner de ce passé : nombre de fermes et maisons de la commune, certaines remontant au Moyen Âge (réf. IA24001493) ou au début de la période moderne (réf. IA24001507), conservent des chais ou des cuviers en niveau de soubassement.

Après la Révolution, Bersac reste attaché à Beauregard, commune qui prend parfois le nom de "Bersac-Beauregard" (Gourgues 1873, p. 148). Le cadastre ancien établi en 1825 et surtout la carte d'état-major dressée un peu plus tard témoignent à leur tour, mais de manière plus précise, de l'importance de la viticulture dans cette partie haute de la vallée de la Vézère : les coteaux exposés en contrebas de Serre-Marsal, de Mellet, de Peyredaille, de la Combe de Souillac, de Muratel, de Serre-bru ou encore des Grattes-Chats étaient alors couverts de vignes. La grave crise du phylloxéra les a ravagées, là comme ailleurs dans la vallée, au cours de la seconde moitié du siècle. Victor Grand en témoigne en 1889 : " elle [la commune de Beauregard] était autrefois couverte, dans sa presque totalité, de vignobles dont on ne voit plus, aujourd'hui, que des restes insignifiants." Aussi, à cette date, point de vignobles mais la nature a repris ses droits ou d'autres cultures les ont remplacés : le "sud de la commune de Beauregard est occupé par les fertiles vallées du Sern et de la Vézère ; les prés et les terres labourables s'y disputent le terrain. Puis, par gradations successives, les collines vont en s'élevant dans la direction du nord, pour aboutir au plateau de Beauregard, plateau qui se prolonge jusqu'aux bruyères de Gratechas et aux châtaigneraies de Châtres. Cette partie montueuse est occupée par quelques belles prairies, par des terres cultivées et par d'assez nombreux bouquets de bois". C'est à peu près le paysage actuel de la commune.

Si la paroisse de Bersac comptait 91 feux en 1502, soit environ 450 habitants, la commune de Beauregard en compte un peu plus du double en 1790 (986 hab.). Les dénombrements suivants indiquent une moyenne de 1050 habitants jusque dans les années 1810. Mais à partir de là, la commune voit sa population fluctuer entre 1050 et 1350 habitants, avec des pics démographiques atteints en 1831 (1315 hab.), en 1846 (1347 hab.), puis en 1856 (1397 hab.), l'acmé étant atteint en 1881 avec 1426 habitants. On note une chute constante à partir de cette date, liée à l'exode rural. Le 24 avril 1906, le président de la République Armand Fallières signe, sur proposition de Georges Clemenceau, ministre de l'Intérieur, le décret divisant la commune de Beauregard-de-Terrasson en deux municipalités distinctes : Bersac devient une commune à part entière ; elle le restera jusqu'en 1967, date à laquelle elle fusionne avec celle de Saint-Lazare. La démographie de Beauregard connaît alors un pic négatif marqué, la population passant de 1288 hab. en 1901 à seulement 587 en 1906 ; cette baisse se poursuit jusqu'en 1954 où la population atteint un niveau bas qu'elle n'avait pas connu depuis le Moyen Âge : 379 habitants. Depuis, la population de Beauregard connaît une croissante lente mais régulière, passant de 400 habitants en 1962 à 653 en 1990, pour atteindre 716 en 2016.

Située à l’est du département de la Dordogne, au cœur du canton de Terrasson-Lavilledieu, Beauregard-de-Terrasson s’étend en limite des secteurs touristiques dits « Périgord Blanc » et « Périgord Noir ». A son extrémité orientale, la commune confine au département de la Corrèze en un lieu où quatre entités communales se rejoignent. L’endroit est matérialisé par un affleurement de roche cristalline appelé le « Caillou Blanc ». Le territoire de la commune présente une transition géologique entre les grès et les schistes des franges du bassin de Brive (terrains métamorphiques du horst de Châtres) et les buttes calcaires qui annoncent le causse. Cette transition se retrouve dans les matériaux de construction du bâti traditionnel (cf. IA24001457). L’espace communal est traversé par deux ruisseaux d’orientation nord-sud : la Nuelle à l’ouest, affluent du Cern et l’Elle à l’est, affluent de la Vézère. Les espaces boisés se développent autour des collines de Serre Marsal et de Serre Bru. Le point le plus haut se rencontre au nord de la commune à Renaufie (291 m.) et, le plus bas, dans la vallée de l’Elle (autour de 110 m.) en aval du viaduc de Muratel. La route départementale D62 qui contourne le bourg au nord-ouest traverse la commune du nord au sud suivant la ligne de crête entre les deux vallées. Depuis 2008, l’autoroute A89 sabre la commune du sud-ouest au nord est.

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