Présentation de la commune d'Availles-Limouzine

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1- Un peuplement ancien

La présence de l'homme semble attestée sur le territoire communal d'Availles-Limouzine dès le néolithique et jusqu'à l'âge du fer, bien que les traces de son passage soient très sporadiques. L'inventaire des mégalithes de la France de Jean-Pierre Pautreau et Montserrat Mataro i Padelasala relève l'existence d'un dolmen du côté du moulin de Vareilles (sur la rive gauche de la Vienne). Les prospections aériennes ou les missions orthophotographiques ont permis de relever un enclos de l'âge du Bronze ou de l'âge de Fer, ainsi que des traces d'exploitations agricoles et d'un atelier métallurgique de la fin de l'âge du Fer et de l'époque gallo-romaine.

2- Du Moyen Age à l'époque Moderne

La vicaria Avalia est citée pour la première fois vers 1020, dans une charte de Saint-Etienne de Limoges - bien que le territoire ait toujours relevé du diocèse de Poitiers - à propos du don par Unbert "le Lévite" aux chanoines de Saint-Etienne de Limoges, d'une villa qu'il possède à Chanteloube. Puis c'est le fief de Boisse qui est cité, vers 1080, dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers. Le comte de la Marche et ses vassaux donnent les terres qu'ils possèdent à Boisse aux religieux qui y installent par la suite un prieuré.

Le bourg d'Availles se structure autour de deux pôles. Le premier se situe en hauteur, au nord du bourg et se développe autour de l'église, dont la première mention est enregistrée à la fin du 11e siècle, vers 1090, dans le cartulaire de Saint-Cyprien. Pierre II, alors évêque de Poitiers, concède l'église d'Availles "sur Vienne" (Avallia quae est super Vigennam), près du château de Saint-Germain (propre castrum sancti Germani), aux religieux de Saint-Cyprien qui conservent la nomination du curé jusqu'à la Révolution. La forme légèrement circulaire des rues autour de l'église et la présence du toponyme "la motte" un peu plus au nord sur le cadastre napoléonien pourraient signifier une installation autour du lieu de culte, en association peut-être, avec un premier élément de défense dont il ne resterait pas de traces visibles.

Le second pôle se situe au fond de la vallée, au bord de la Vienne, et est matérialisé par les restes d'une enceinte fortifiée, fermée au nord et au sud par deux portes. Le premier seigneur d'Availles connu est Guillaume de Mortemart, vicomte de Rochechouart entre 1150 et 1205 environ, baron de Saint-Germain de Confolens dont semble dépendre étroitement la châtellenie d'Availles. Ces deux seigneuries font partie depuis le 11e siècle du comté de la Basse-Marche. La châtellenie d'Availles entre dans la famille d'Archiac vers la fin du 13e siècle, par le mariage de Marguerite de Rochechouart avec Aymar II d'Archiac. On retrouve le blason des Archiac (de gueules à deux pals de vair et au chef d'or) dans l'église. Un "hébergement" noble est mentionné dans les aveux du 14e siècle (1379, 1399), puis le "chastel, ville et fauxbourg d'Availles" à partir du 15e siècle. C'est à peu près à cette période qu'Availles "devient" Limousine. D'après Louis Redet, une première mention (Availhe Limosine) remonterait à 1420, dans un acte d'un notaire de Poitiers, puis le registre synodal fait mention d'Availhia Lemovica un peu plus tard, en 1478.

La période de construction des premières fortifications autour de ce pôle d'urbanisation pourrait remonter au 12e siècle, à moins que la période d'insécurité qui s'ouvre à partir du milieu du 14e siècle avec la guerre de Cent Ans ait été l'occasion de la création de cette enceinte, autour du château, afin d'offrir un refuge à la population des faubourgs. Les fortifications de la ville sont relevées après la guerre de Cent Ans, dans un mouvement plus général de reconstruction des fortifications que connaît le secteur à partir de 1426. A cette époque, Availles est encore un port important sur le grand chemin saunier, attesté dès la fin du 10e siècle, et qui conduit le sel de La Rochelle vers le Limousin et l'Auvergne. Cependant, il ne semble pas qu'il y ait eu de pont pour franchir la Vienne à Availles même. Les convois devaient traverser en bateau ou bien remonter la rivière jusqu'à Saint-Germain de Confolens, où la traversée se fait par un pont construit sur la Vienne entre 1130 et 1180 (d'après F. Robin).

Le seigneur d'Availles se partage le territoire avec d'autres seigneurs : ecclésiastiques comme les religieux de Boisse et laïcs comme les Compaing de la Devinière ou les seigneurs de Vareilles, vassaux des seigneurs d'Availles et qui avaient, eux aussi, fait édifier un château à Vareilles, en ruine au milieu du 19e siècle et aujourd'hui complètement disparu. Le seigneur d'Availles a droit de haute, moyenne et basse justice, droit de foires et de marchés pour lesquels il fait construire des halles, droits sur les fours banaux (il en existe deux dans le bourg : un dans la basse-cour du château et l'autre près de l'église), sur les moulins (moulin Girard ou Grands-Moulins sur la rive gauche de la Vienne), droits de guet, de péage, de pontonnage, et de passage sur la Vienne. Il détient également de nombreux droits de garenne, fuies, étangs et pêcheries. Au-delà du territoire de l'actuelle commune d'Availles, la seigneurie s'étend sur les paroisses voisines de Pressac, Abzac, Asnières-sur-Blour, Hiesse, Brillac, Lessac, et Oradour-Fanais.

3- De l'époque Moderne à la Révolution

A la fin du 16e siècle, la ville sort de son périmètre fortifié et se déploie vers les faubourgs à la faveur de deux circonstances. D'une part la fin des guerres de Religion achève la longue période d'insécurité qui, associée à des épisodes climatiques désastreux et au retour récurrent des maladies comme la peste, a contribué à la ruine du château et d'une partie de la ville, assiégée en 1585. D'autre part, l'affermage de la seigneurie, à partir de la fin du 16e siècle, éloigne le seigneur et permet la montée en puissance de nouvelles catégories sociales : officiers royaux, gens de robe, marchands, médecins et quelques artisans qui forment une bourgeoisie de plus en plus influente. Deux faubourgs, attestés depuis le Moyen Age, se développent : entre l'église et le bourg fortifié d'une part et sur la route de Confolens d'autre part. On reconstruit de manière privilégiée dans ces faubourgs, en réutilisant les matériaux provenant des murailles ou des maisons de l'ancienne enceinte fortifiée.

Le 17e siècle s'ouvre sur une période encore compliquée du point de vue sanitaire : les accidents météorologiques, les retours récurrents de la peste engendrent la famine, et déciment les familles au point que le conseil des habitants adresse plusieurs requêtes au roi, en 1607 et surtout en 1631, pour que le rôle des tailles s'élargisse aux habitants les mieux lotis. C'est une période de réorganisation administrative : en 1637, les habitants se prononcent contre leur rattachement au tribunal de Guéret nouvellement créé, et en 1639, le roi retire Availles-Limouzine de l'élection de Poitiers pour la rattacher à celle de Bellac qui vient également de voir le jour. Un collège est créé à Availles, par Jean de Guimard en 1623. Il s'installe dans une maison appartenant au seigneur de la Devinière située au sud du bourg, sur la route de Confolens, à partir de 1709 et semble fonctionner jusqu'à la Révolution. C'est aussi une période où des troupes royales s'installent régulièrement en garnison, ce qui génère des frais, des incidents parfois mortels, mais aussi des affaires ! Enfin, vers 1750, un bureau des Traites est créé, et installé dans une maison située derrière les halles, près du petit pont Saint-Sornin, qui enjambe l'Arribat. Il ferme à la Révolution en 1791.

La fin du 18e siècle est une période de défrichements et de mise en culture de terres incultes. Deux propriétaires terriens, de Reyrac et de Vareilles, font venir en 1777 des Flamands de Lille, réputés bons cultivateurs, pour exploiter ces terres. Les Affiches du Poitou indiquent que dès l'année suivante, ils ont labouré et ensemencé 30 à 40 arpents de terre. Cependant, Availles reste une paroisse pauvre, ainsi que le décrit un rapport de Boireau Delafond, un chirurgien d'Availles, pour l'élection de Confolens. En 1785, le vicomte de Vareilles, avec le concours du syndic, envisage la création d'un atelier de charité. Il parvient à obtenir des fonds de l'intendant du Poitou, Boula de Nanteuil, et ouvre un atelier de filature de coton le 20 mars 1786, plutôt à destination des femmes et jeunes filles pauvres de la commune, tandis que les hommes sont employés à la réfection des chemins. Il n'a pas été possible de localiser l'atelier de filature, qui cesse son activité en 1789, avec d'importantes pertes.

Pendant la période révolutionnaire, la commune, qui prend vers l'an II le nom très provisoire d'Availles-la-Montagne, souhaite se voir rattacher naturellement au département de la Charente avec lequel elle commerce depuis toujours et dans une succession logique à l'élection de Confolens. Mais, il semblerait que certains personnages influents de la commune aient milité pour un rattachement à celui de la Vienne, peut-être pour obtenir le statut de chef-lieu de canton, pour lequel la commune était en concurrence avec Saint-Germain de Confolens en Charente. Si la Convention a finalement opté pour la Vienne, la demande de rattachement à la Charente est restée récurrente pendant un large premier quart du 19e siècle, avec plusieurs délibérations du Conseil municipal dans ce sens (en février-mars 1801 et en août 1836). Les arguments sont toujours les mêmes : la proximité de Confolens et les liens commerciaux tournés vers le sud, et non pas vers Civray, chef-lieu d'arrondissement. L'instruction primaire est assurée dès le 2 floréal an 3 (21 avril 1795) par la nomination d'un instituteur (Antoine Métay) et d'une institutrice (la fille aînée Boireau).

4- Le 19e siècle

La population d'Availles s'élève à environ 1700 habitants au début du 19e siècle. Lors de l'établissement du cadastre en 1826, la commune compte 440 maisons, dont 227 dans le bourg. Cinq moulins et deux huileries sont également comptabilisés dans le bourg.

Commune majoritairement agricole, la mise en culture des terres de brandes, initiée à la fin du 18e siècle, se poursuit tout au long du 19e, jusqu'au début du 20e siècle. Au total, la surface des terres labourables passe d'environ 2500 hectares en 1826 à plus de 3800 en 1915. Les terres incultes (brandes, étangs et landes) passent de 20 à 6 % du territoire de la commune. Plusieurs fermes (la Molière, les Essarts, Monplaisir, la Bussière, la Maison Neuve, l'Avenage,...) sont construites dans des secteurs non habités en 1826. Toutes les autres sont tout ou partie transformées et modernisées. Le cadastre napoléonien, établi en 1826, montre la présence de la vigne dans de nombreux toponymes. Une majorité de hameaux a des parcelles de vigne associées à son nom (les vignes de Vareilles, Masgirard, Lhubert, Chez Bouchet, Saint Pierre, Villatte, Montenat, Lavaud,...). Dans plusieurs cas, la parcelle semble close par une haie, voire un mur et associée à une pêcherie ou un étang, parfois aussi un verger (La Devinière, Vareilles, Les Ecots, Chez Taboury).

Dans le bourg, de nombreuses façades font elles aussi l'objet de transformations ou de reconstructions, dues à l'alignement ou au percement des rues comme la rue Rocard (actuelle rue du Commerce) à partir de 1845, la rue de l'église vers 1849, ou encore la route de Confolens (actuelle rue Adrien Veillon) vers 1888. Les ouvertures s'agrandissent et s'alignent, même si on remploie des éléments de constructions antérieures. Mais la grande nouveauté de ce début de siècle en matière d'infrastructure est l'établissement d'un pont suspendu en 1837, à la place du bac situé en amont et qui fonctionnait depuis le Moyen Age.

En tant que chef-lieu de canton, la commune d'Availles-Limouzine accueille une Justice de Paix, établie à partir de septembre 1790. Elle semble s'installer dans un premier temps, dans l'ancien parquet où s'exerçait la justice seigneuriale, situé derrière les halles et racheté par la commune lors de la vente des biens du comte de Rochechouart, émigré en 1792. La municipalité doit également louer une maison d'arrêt, la maison municipale et les maisons d'écoles. Les travaux à l'ancien parquet prévus en 1833 n'ayant pu être réalisés, la commune projette la construction puis l'achat d'une maison pour loger ces services publics. Ce sera chose faite en 1852, avec l'achat d'une ancienne auberge située rue Adrien Veillon. Mais le bâtiment, en mauvais état sans doute, ne semble pas convenir puisqu'un projet d'achat de la maison et tour de la porte de la ville est discuté en conseil municipal dès 1866. Après de nombreuses tergiversations, c'est finalement l'école des filles qui est relogée dans une maison existante non loin de là (1871) puis dans une nouvelle construction, sur la même place, en 1881.

Déjà bien implantées avant la Révolution, les foires d'Availles sont confirmées par un arrêté préfectoral en 1806. Elles se déroulent les premiers mercredis de chaque mois (en janvier, février, mars, avril, septembre, octobre et décembre) et les 9 mai, 8 juin, 4 juillet, 17 août et 25 novembre. Elles se tiennent sur un grand terrain au sud du bourg, le long de la route de Confolens. Dans la seconde moitié du 19e siècle, Availles bénéficie du mouvement de croissance économique qui touche tous les secteurs de l'économie. Le champ de foire est déplacé le long de la rue qui doit mener à la gare, en projet dans le dernier quart du 19 siècle.

5- Le 20e siècle

Au tournant du 20e siècle, la commune d'Availles-Limouzine est à l'apogée de son développement. Elle compte 2300 habitants au recensement de 1901. L'établissement des premières lignes de chemin de fer dans la seconde moitié du siècle précédent a permis le développement de nombreuses lignes transversales. Availles se situe sur celle qui relie Confolens au Vigeant, où elle fait la jonction avec la ligne Civray (Saint-Saviol) - Le Blanc. Construite à partir de 1898 par la Compagnie des chemins de fer d'Orléans, la ligne ouvre vers 1901. Les foires d'Availles prennent de l'ampleur et, en 1904, la commune achète de nouveaux terrains pour créer un champ de foire dédié aux porcs (actuelle place Adrien Bernard), l'autre étant réservé aux bœufs. Les commerces se développent dans le bourg, comme le montrent les cartes postales du début du siècle.

Dans le même temps, la demande de l'établissement d'une compagnie de gendarmes, récurrente depuis le début du siècle précédent, trouve enfin son aboutissement, avec l'installation d'une compagnie provisoire en 1897, puis la construction d'une gendarmerie en 1903.

La commune d'Availles fait installer un des premiers systèmes d'éclairage public, en construisant une usine d'acétylène dans le jardin de la cure en 1911-1912. Le système fonctionne une dizaine d'années, jusqu'à ce que le syndicat intercommunal d'électrification de Mauprévoir assure la distribution de courant à la commune, qui vend alors le matériel de production de gaz en 1922.

A partir de l'année 1910, elle se lance dans la construction d'un groupe scolaire, pour déménager l'école des garçons devenue insalubre et trop étroite, ainsi que celle des filles dont elle récupérera les bâtiments pour en faire la mairie. Les plans et devis sont acceptés en 1912 mais, la guerre de 1914-1918 retarde les travaux qui ne seront achevés qu'en 1922. Aussitôt après le déménagement des élèves, la municipalité entreprend les travaux de transformation de l'ancienne école des filles en mairie, où elle s'installe en 1926.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la ligne de démarcation passe à Pressac et Mauprévoir, et place Availles-Limouzine en zone libre. Les Forces française de l'Intérieur (FFI) sont présentes dans la commune, les jeunes gens camouflés dans les fermes (comme aux Rénières ou à Lhubert par exemple). Les incidents les plus graves ont lieu après le débarquement du 6 juin 1944, lors du retrait des troupes allemandes. Une maison située dans la rue Rocard est incendiée lors du passage d'un convoi allemand.

Les projets d'adduction en eau potable, initiés en 1933, se concrétisent après la guerre. Un premier projet en 1948 ne semble pas voir le jour mais la nomination d'un ingénieur du service du génie rural comme directeur des travaux à partir de 1950 permet la réalisation d'un nouveau projet d'alimentation, à partir du réservoir de la Chaume (commune de Millac), à construire par le syndicat de l'Isle-Jourdain, avec des réservoirs relais sur la commune. Les travaux sont réalisés par la Compagnie générale d'électrification et d'adduction d'eau à Bordeaux, à partir de 1960, avec des extensions progressives jusqu'en 1963. Le lavoir est réalisé en même temps.

En 1957, un cours post-scolaire agricole, pour former les apprentis du secteur agricole, est créé pour les secteurs de l'Isle-Jourdain et Availles. Il est installé dans un baraquement près de la gendarmerie. En même temps, il semble qu'un enseignement ménager soit dispensé aux jeunes filles. Vers 1960, un véritable centre post-scolaire ménager ouvre dans une maison du bourg (rue René Cassin). A partir de 1967, avec la prolongation de la scolarisation obligatoire jusqu'à 16 ans, ces cours ferment. Un projet de création de classe dite d'orientation, correspondant à la 6ème, est porté par la municipalité dans les années 1960, mais ne voit finalement pas le jour.

Amorcé à partir du début du 20e siècle, le lent déclin démographique s'accélère à partir de la fin des années 1960. La commune connaît un important exode rural, vers des pôles économiques plus importants et plus attractifs, surtout avec le déclassement de la ligne de chemin de fer dès 1970. Au milieu des années 1970, une maison de retraite est construite sur un terrain donné par Madame Pénicault, au sud de sa maison. Des lotissements s'installent autour. La commune se développe également vers le nord, derrière la Motte, et l'ouest, vers Pressac. Une entreprise de boulangerie (entreprise Nault) s'installe en 1968-1969 au sud-est du bourg.

Le déclin démographique tend à se ralentir depuis la fin des années 1990. La commune a développé son offre touristique avec l'aménagement d'un camping et un parcours de pêche de niveau mondial. L'importante communauté britannique qui s'est installée depuis une vingtaine d'année draine une clientèle d'outre-Manche qui vient conforter cette attraction touristique, malgré l'éloignement des centres urbains. Cependant, sur le plan patrimonial, la commune ne dispose que d'un seul bâtiment inscrit aux Monuments historiques en 2002 et actuellement en très mauvais état.

D'une superficie de 5790 hectares, la commune d'Availles-Limouzine est située à l'extrême sud du département de la Vienne, aux limites des départements de la Haute-Vienne et de la Charente. Elle se déploie sur les deux rives de la Vienne, son bourg installé sur le coteau en pente douce de la rive gauche. Elle est limitrophe du Vigeant et de Millac au nord, d'Asnière-sur-Blour et d'Abzac (16) à l'est, de Lessac (16) au sud et enfin de Pressac à l'ouest. Elle compte 1256 habitants (population de 2018 selon l'INSEE), ce qui lui donne une faible densité, de 22 habitants au km².

Le paysage de la commune

La commune est située à la limite nord des massifs granitiques du Limousin, qui affleurent sur un peu plus du tiers de la surface communale. Le socle granitique a été partiellement recouvert au mésozoïque par des sédiments de marne et calcaires, qui affleurent dans les vallées au nord de la commune, puis au cénozoïque, par des dépôts argileux qui recouvrent les plateaux. Le relief de la commune est marqué par la vallée de la Vienne qui coule entre deux plateaux culminants aux alentours de 210 mètres d'altitude. A l'extrémité ouest, sa frontière avec Pressac est délimitée par la Clouère, un affluent du Clain, qui traverse la commune sur 10 km, tout comme la Vienne. Sur la rive droite, le relief est un peu plus marqué par un coteau qui remonte en pente abrupte. D'après André Pégorier, le toponyme d'Availles fait référence à un torrent ou un fossé en eau. Le territoire communal est effectivement émaillé d'étangs, reliés entre eux par des ruisseaux, dont une partie vient se jeter dans la Vienne, tout le long du parcours qu'elle suit dans la commune. Des sources d'eaux salées jaillissent d'ailleurs naturellement au sud de la commune d'Availles et de celle d'Abzac. Des études du BRGM au milieu des années 1980, dans le cadre d'un projet hydrothermal, ont mis en évidence la minéralisation de ces sources qui puisent leur limpidité dans les profondeurs, mais l'insuffisance du débit n'a pas permis d'envisager leur exploitation.

Le paysage des plateaux est un paysage de bocage, où coexistent des terres de brandes, des bornais et des sols sur arène granitique. L'élevage ovin et bovin prédomine, avec une tendance à la concentration des cheptels. 41 % des surfaces sont couvertes par la culture de céréales et d'oléagineux. En dehors des coteaux de la Vienne et de ses affluents, ou encore du bois des Broussilloux, la forêt est peu présente à Availles-Limouzine.

Quatre zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) couvrent 1% de la surface communale, abritant des espèces animales et végétales rares, voire très rares : le Grand Etang de Chez-Rateau, l'étang de la Mondie, le vallon du Puits Tourlet et les coteaux du Moulin de Vareilles. Selon l'inventaire des arbres remarquables mené par la DREAL, la commune d'Availles compte un chêne pédonculé de plus de 500 ans.

Située à l'écart des principaux centres urbains de la région (65 km de Poitiers, 70 km de Limoges et d'Angoulême), Availles est traversée par la route départementale 34 qui la relie à Pressac et à la RD 741 menant de Poitiers à Confolens. Le déclassement de la ligne de chemin de fer en 1970 la met définitivement à l'écart des axes principaux du département.

Les grandes caractéristiques de l'habitat

Sur la rive gauche de la Vienne, l'habitat se concentre dans le bourg, dans quelques gros hameaux (Les Séraillères, Lésigny, Les Rimaudes,...), et de manière plus disséminée sur le plateau. Sur la rive droite, l'habitat tend à se regrouper comme aux Verrières, à Lhubert, ou l'Age Voulergne. Situé sur le socle cristallin (massifs d'Availles et de Pressac-Abzac), le granite est la pierre dominante dans les matériaux de construction, en association avec des grès ferrugineux de couleur rouge sang, très présents dans certains lieux-dits comme la Maison Rouge, qui en tire d'ailleurs son nom. La terre argileuse a été utilisée crue, en enduit avant l'arrivée de la chaux au 19e siècle, ou pour élever les murs, sur un solin de pierre, comme on le trouve encore sporadiquement sur quelques fermes. Plusieurs pans de bois ont été repérés, en façade ou à l'arrière des maisons, au niveau des étages ou des combles. Associé aux traces d'encorbellements identifiées sur certaines maisons de l'enceinte fortifiée, le pan de bois était présent assez largement et se cache peut-être encore sous les enduits en ciment. La tuile creuse est le type le plus utilisé dans les couvertures, que ce soit sur les maisons du bourg, ou dans les fermes, sur les logis comme sur les bâtiments d'exploitation. Les toits à croupes, sans être la majorité, sont assez présents sur les bâtiments d'importance. L'avant-toit est souvent fermé par une génoise à simple, double, voire triple rang.

Le bourg s'est structuré autour de deux pôles : l'église, située au nord, et la ville fortifiée, qui se développe en fond de vallée, tout près de la Vienne. Elles sont reliées par la rue de l'Eglise prolongée par la rue Principale. Deux autres axes viennent compléter cette colonne vertébrale : la rue du Commerce en direction de Pressac, et la rue Adrien Veillon, vers Confolens. Le parcellaire de l'ancienne enceinte fortifiée est dense, de nombreuses maisons sont mitoyennes sur deux voire trois côtés. On repère cependant ça et là, la trace de venelles, aujourd'hui fermées, qui devaient permettre d'éviter la propagation des incendies entre les maisons.

La ferme à bâtiments dispersés est le modèle prédominant sur le territoire communal (73%). Les granges-étables à accès par le pignon sont légèrement prédominantes sur celles dont l'accès se fait par le mur gouttereau (54% contre 51% pour les secondes). Une petite moitié des granges à façade en pignon repérées sont construites sur un modèle caractéristique du Confolentais tout proche. Elles sont plus élevées que les granges à façade en pignon classiques et leur toit forme une demi-croupe sur le pignon. Elles permettaient un volume de stockage plus important, notamment sur les espaces latéraux et correspondent à des campagnes de construction ou reconstruction plus récentes. Chaque ferme disposait d'un four à pain et d'un puits. 32 fours et fournils sont encore visibles voire, pour certains, en état de fonctionner.

Quelques éléments remarquables du patrimoine

La commune compte 1 seul monument protégé au titre des Monuments historiques : une maison située rue Adrien Veillon, protégée en 2002. Le "menhir" de la Pierre Fade au nord du bourg, a été classé Monument historique en 1889, mais il s'agit en réalité d'un bloc naturel. L'étude d'inventaire a permis la création de 219 dossiers au total. Parmi eux, 35 concernent des objets mobiliers, 164 des édifices et le reste décrit les puits, cimetière et croix. 89 dossiers ont été étudiés, dont 55 édifices. Les autres ont été simplement repérés.

Ville fortifiée au Moyen Age, la commune conserve des traces des éléments défensifs du bourg. La porte dite des Cavaliers gardait l'entrée principale du bourg. Du côté de la Vienne, la porte est plus simple et fermait par un portail à deux vantaux et une barre en bois.

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