Manoir de Chapître, ferme
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Arces
Historique
L'étymologie du nom Chapître laisse entrevoir une histoire viticole très ancienne de ce site. En effet, il est dérivé du mot latin "capistrum" qui désigne un vignoble délimité par une palissade. Le logis noble de Chapître est mentionné pour la première fois en 1539. Il est alors détenu par Grégoire Joussereau ou Jarousseau. La tour d'escalier ronde, avec sa porte en plein cintre et sa bretèche, constitue sans doute l'élément le plus ancien parmi les bâtiments actuels du domaine de Chapître. On peut en effet estimer sa construction à la fin du 16e siècle ou au début du 17e. A cette époque, Chapître appartient vraisemblablement aux fils de Pierre Lemoine, sieur de Chapître. En 1615, à la suite d'un accord conclu avec le baron de Cozes, le domaine passe à Gilles du Breuil, seigneur de Théon. En 1653, la fille de ce dernier, Hippolyte épouse Jean-Georges de Barrault, seigneur de La Cannonerie. Chapître échoit à leur fille, Hippolyte de Barrault, qui l'apporte à son tour à son mari, François-Alexis de Marin, seigneur de Saint-Palais. En 1760, leur descendante, Marie-Charlotte-Renée de Marin, épouse de Jean-Olivier de Queux, seigneur de La Gorce, hérite du domaine. M. de Queux décède le 20 juillet 1785 et est inhumé dans le cimetière au pied de l'église (entre les deux premiers piliers nord, dit son acte de sépulture). Sa veuve et leurs deux filles sont arrêtées et incarcérées le 14 brumaire an 2 (4 novembre 1793). La famille conserve toutefois Chapître par-delà la Révolution : Henri-Hippolyte de Queux est en effet toujours à la tête du domaine lorsque le cadastre de la commune d'Arces est établi, en 1833. Trois ans plus tard, criblé de dettes, il doit se séparer de son domaine qui est adjugé à Léon-Eugène Mollière, puis revendu en 1838 à Charles Manuel, négociant à Dijon, et à Pierre-Eugène Allard, médecin, tous deux beaux-frères. Au cours de ces deux siècles d'histoire, Chapître connaît plusieurs aménagements. Au début du 19e siècle, vraisemblablement, le logis est abaissé et la tour perd son toit qui devait être en poivrière. La moitié est du logis, à droite et y compris l'entrée actuelle, a pu être construite à cette époque, venant s'ajouter à la moitié ouest comprenant la tour. L'axe central du bâtiment est alors décalé vers la droite, passant de la tour à l'entrée. C'est notamment ce que laisse penser la différence d'épaisseur entre le mur est (plus épais) et le mur ouest de l'entrée. C'est aussi ce que semble indiquer la présence, dans le grenier, d'une baie chanfreinée qui devait donner sur l'extérieur (au-dessus de l'actuelle entrée). Au 19e siècle, un autre aménagement, à l'intérieur du logis, a consisté en la création d'une cage d'escalier dans l'entrée.
Le plan cadastral de 1833 montre par ailleurs qu'à cette époque, le logement à l'est du logis ainsi que la plupart des dépendances actuelles n'existaient pas, à l'exception de la grange-étable située juste devant le logis. Un autre corps de bâtiment trônait au milieu du jardin actuel, dans l'espace désormais délimité par le chai, le cuvier et la distillerie. Enfin, le plan de 1833 montre que l'allée d'arbres n'existait pas non plus et que l'accès au domaine s'effectuait par le chemin à l'est, là où s'étire aujourd'hui l'ancien chai. L'allée a pu être créée au 19e siècle, interrompue dans un second temps par le mur de clôture de la cour et par le portail. Selon le cadastre, de nouveaux bâtiments sont construits en 1879 pour le compte d'Alexandre Guinaudeau, qui a acheté Chapître quatre ans plus tôt. Il s'agit probablement du logement pour ouvriers agricoles, au sud, et d'une grande partie des dépendances actuelles : chai et cuvier (dont une première partie a toutefois pu être construite dès l'époque de Manuel et Allard), distillerie, grange-étable à l'ouest, accolée à l'ancienne. Cette dernière semble avoir été raccourcie d'une travée. En janvier 1911, à l'occasion d'une vente judiciaire, Chapître est acquis par Abel Morin qui y emménage en juillet. Distillateur-liquoriste, maire d'Arces de 1924 à 1941, il développe une importante production viticole. A cette époque, la région se relève peu à peu de la crise du phylloxéra par une reconstitution partielle du vignoble dans les mains de quelques grandes exploitations. A cela, Abel Morin ajoute la pratique de l'élevage, en particulier dans les prés salés en bord d'estuaire : vers le milieu du 20e siècle, son exploitation compte jusqu'à 70 bovins. En 1925, le logement pour les ouvriers agricoles est agrandi. La distillation cesse à Chapître en 1976, mais la production viticole se poursuit encore de nos jours (le siège social est désormais situé à Thézac, entre Saintes et Cozes).
Description
La propriété comprend plusieurs corps de bâtiments, répartis pour l'essentiel autour d'une cour et d'un jardin, et pour le reste vers l'ouest et le sud. Au sud, une allée d'arbres aboutit à un portail en ferronnerie. Ce dernier porte la marque de la Société de la métallurgie artistique Grassin-Baledans, d'Arras "Portail breveté sgdg, Grassin Baledans Arras"). Le côté nord de la cour est occupé par le logis. Couvert d'un toit avec une croupe sur le côté gauche droit uniquement, il se distingue par sa tour d'escalier ronde, adossée à la façade et qui devait être couverte d'un toit en poivrière. Cette tour ouvre par une porte en plein cintre, avec clé de linteau et sommiers saillants. Une cloche est fixée en hauteur. La tour abrite un escalier en vis qui relie une cave, voûtée, les étages et le grenier. La façade présente au total quatre travées d'ouvertures, dont la porte basse. De part et d'autre de la tour, au niveau du comble, on remarque de petites baies à encadrement chanfreiné. La façade postérieure du logis, au nord, est soutenue par un contrefort. Elle présente elle aussi quatre travées d'ouvertures, dont certaines ont un encadrement saillant. A l'intérieur, le logis comprend une cave voûtée avec, semble-t-il, un départ supposé de souterrain. La tour abrite un escalier en vis. Un parc s'étend au-delà du logis. Au nord de la cour, en retour d'équerre par rapport au logis, se trouve une dépendance, couverte d'un toit à croupe. La cour et le jardin sont fermés à l'est par un cuvier, un chai et une ancienne distillerie qui forment ensemble un plan en L. La distillerie se distingue encore par sa cheminée en brique. Son mur sud est ponctué de pierres passantes, appelées "chopines" (leur nombre serait, dit la tradition locale, en lien avec la tournée de vin que le propriétaire devait au maçon). A l'ouest de la cour et du jardin, à la suite du portail, se situe une importante grange-étable à façade sur le mur pignon (la grange occupait l'espace central, encadré par les étables ; cette forme est le signe d'exploitations agricoles importantes). Devant cette dépendance, s'élève un ancien silo à fourrage. Une autre grange-étable, cette fois de plan allongé, s'étire à la suite de la première, en retour d'équerre. Plus récente (fin du 19e siècle), elle présente des ouvertures en arc segmentaire et à encadrement saillant. Des mangeoires subsistent à l'intérieur. Au sol, des rails étaient utilisés pour l'évacuation du fumier. Enfin, au sud de ces deux granges-étables, un hangar est accolé à l'arrière de deux anciens logements d'ouvriers agricoles. Celui de droite, le plus ancien, comprend un grenier et, au rez-de-chaussée, une pièce de chaque côté d'un couloir. Le logement de gauche, plus récent (construit en 1925), se distingue par sa façade sur le mur pignon, sous un débordement de toit.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
sous-sol, 1 étage carré, comble à surcroît |
Couvertures |
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Typologie |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Un motif végétal est sculpté au-dessus de la porte de la tour. Au-dessus de la porte du chai et de la distillerie, on devine les vestiges d'un décor en béton moulé : il représente un tonneau encadré par deux grappes de raisin. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17045615 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2013 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Manoir de Chapître, ferme, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/0062156a-a3b2-44b0-ad03-1f5b2195f69d |
Titre courant |
Manoir de Chapître, ferme |
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Dénomination |
manoir ferme |
Parties constituantes non étudiées |
cour jardin parc portail puits logement chai distillerie silo hangar grange étable toit à porcs |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Arces
Milieu d'implantation: isolé
Cadastre: 1833 A 557, 2009 ZS 929