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Château de l'Age-Champroy actuellement maison forte
France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Fresselines
Historique
La source la plus ancienne qui atteste de l'existence d'un fief à L'Age remonte à 1146, date à laquelle la légataire Dauphine d'Aigurande apporte ce fief comme dot lors de son mariage avec Hélion de la Celle. Le fief revient ensuite par héritage à leur fils Antoine de la Celle. A sa mort, un procès est organisé pour départager les successeurs. Vers 1600, le fief de L'Age-Champroy est tenu par les seigneurs d'Assy, qui y avaient droit de justice. A cette époque, le seigneur fait reconstruire le logis en se servant des pierres de l'"aumônerie" de l'abbaye d'Aubepierre à Méasnes. Des conflits de succession avec des seigneurs voisins, les Saint-Maur de Vervy (dont le château existait à l'endroit de l'actuel hameau de Château de Vervy), ont, par ailleurs, comme conséquence, la destruction de l'église dite chapelle de la Trinité à La Charpagne à la fin du 17e siècle. La famille d'Assy tient encore le fief au 18e siècle. En 1711, François d'Assy de l'Age-Champroy, officier au Régiment de Rouergue, est mis en procès car il est accusé d'enrôlement forcé et de subordination pour recrutement militaire, qui cause la mort d'un homme. Reconnu coupable et condamné à la réclusion à perpétuité, l'officier refuse de se rendre à la justice et se barricade dans son château à Fresselines. Les soldats du roi assiègent alors l'édifice, qui est en partie détruit, et François d'Assy est contraint de se rendre. Il est emprisonné et meurt en détention. Sa veuve Marthe de Goyon se remarie en 1738 avec le fils de la sœur de son époux, Jacques de la Roche, qui prend alors le titre de feu son oncle : seigneur de L'Age-Champroy. Le château, déjà bien dégradé, est habitait en 1780 par une parente de la Roche. Finalement ruiné, il est définitivement abandonné et finit par servir de carrière aux maisons alentours. Le château se trouvait à proximité du village de L'Age, au nord, non loin du hameau de Champroy. La tradition orale le place sur une parcelle légèrement en hauteur située près du lieu-dit Les Moutenons (section BW, parcelle 24). La toponymie ancienne indique en effet près de cet emplacement une parcelle dite La Vigne et une autre dite La Garenne, toponymie régulièrement rencontrée sur les fiefs du Moyen Age. Néanmoins, cet emplacement n'est pas attesté et peut être remis en question au regard de la forme de la parcelle du dernier vestige bâti du fief, à savoir une ferme fortifiée au nord de l'Age. Le plan cadastral de 1826 indique en effet la présence jadis de deux tours de flanquement circulaires, une au nord-ouest et l'autre au nord-est. L'hypothèse de la présence d'une enceinte fortifiée n'est donc pas à exclure. De plus, le plan montre que le bâtiment qui existe encore était à cette date accompagné d'un édifice de dimensions équivalentes bâti au sud-ouest du précédent et disposé en L par rapport à lui. Deux autres bâtiments circulaires isolés apparaissent à l'est et au sud (le deuxième sur une autre feuille du plan : section C feuille 3). Enfin, nombreux sont les vestiges anciens sur le site, en particulier une pierre taillée triangulaire (ancien linteau ?) et une vasque de grande dimension ressemblant à un baptistère et dont l'origine est inconnue. Le château de l'Age-Champroy pourrait avoir été édifié sur cette parcelle (BK 137), rayonnant sur toutes les terres alentours (d'où les toponymes). Délaissé dès le début du 19e siècle, une partie a été utilisée comme ferme (actuellement maison) tandis que l'autre bâtiment a été ruiné et a servi de carrière à différentes constructions du hameau, dont la maison dite maison du Seigneur de l'Age. Cette dernière (section BK, parcelle 2), bâtie dans la seconde moitié du 19e siècle en face de la parcelle où la tradition orale plaçait le château de l'Age-Champroy, est surnommée ainsi en raison du réemploi d'une tête sculptée anthropomorphe en granite. Cette sculpture a été scellée sous l'angle de la toiture du pignon Nord-est. La corniche semble aussi provenir d'un édifice plus ancien. Il semble donc que le bâtiment fortifié encore en élévation puisse correspondre à une partie du château, même si les remaniements ne permettent pas de confirmer avec certitude cette hypothèse. L'édifice a été utilisé comme ferme au 19e siècle avant d'être réhabilité en maison au 20e siècle. La façade sud a été refaite à l´est dans les années 1930, tandis que l´ancien logis à l´ouest a été entièrement remanié dans la seconde moitié du 20e siècle. Face à cette maison existait jusqu´aux années 1980 un fournil indépendant, situé dans la cour au sud-est. Il abritait un petit four à pain. Il devait s´agir d´une construction du milieu ou de la fin du 19e siècle puisqu´il n´apparaît pas sur le plan de 1826.
Description
L´édifice est composé d'un corps central rectangulaire flanqué d'une grange dite "grange à porteau" au sud et d'une tourelle circulaire au nord-est. Il est entièrement construit en moellon de granite recouvert d'enduit à pierre vue et est doté au sud de chaînages d´angle en granite. Les encadrements devaient tous être en granite à l´origine mais les ouvertures de la façade sud à l´Est ont été refaites en brique et pierre. Le bâtiment se distingue par la présence d'une multitude d'archères canonnières : quatorze ont pu être comptabilisées (huit sur le mur gouttereau nord, trois sur la tourelle et trois sur le pignon Est) mais d'autres sont peut-être masquées par l'enduit. Deux d'entre elles sont taillées dans des pierres circulaires ou semi-circulaires en granite (peut-être d'anciennes meules réemployées ?). Le mur gouttereau nord est doté de deux fenêtres carrées chanfreinées, creusées de trous prouvant l'existence passée de barreaux. L'une des deux repose sur un appui mouluré en saillie. La porte est un ajout ultérieur, aussi ce mur devait-il être presque aveugle à l'origine. Sur le pignon est, l'unique petite fenêtre, carrée et en granite, se caractérise elle aussi par la présence d'un appui mouluré en saillie. La tourelle a été fortement remaniée à l'ouest : une porte encadrée en brique a été percée pour accéder à la cave ainsi qu'une grande baie rectangulaire en ciment. Cette tourelle a été arasée : elle devait être plus haute et surmontée soit par un toit coiffé en poivrière, soit par un chemin de ronde crénelé. La forme des pierres de taille massive à rebord qui gisent en contrebas du mur gouttereau nord laissent penser que la seconde hypothèse est la plus pertinente. La tourelle dispose désormais d´un toit à deux pans aux extrémités arrondies. Contre le pignon ouest se trouve le logis d'une ancienne ferme. Côté cour, toute la partie sud-est de la façade a été refaite. Recouverte par un crépi gris, les encadrements en brique et pierre forment un décor polychrome avec arcs segmentaires et clés en saillie. Un petit médaillon rectangulaire au-dessus de l'entrée porte l'inscription LA, pour LAVALETTE, nom du propriétaire à l'époque de la réfection. Le solin est recouvert d'un enduit figurant des pierres appareillées en assises régulières ; un petit soupirail encadré en granite indique que la maison est bâtie sur cave. Une petite frise à festons décore la partie haute de la façade, dépourvue de corniche. Les souches de cheminée sont en brique. La partie centrale de la façade sud a conservé ses éléments anciens au rez-de-chaussée : une porte dont le linteau cintré n'est composé que de deux pierres taillées monolithes et d'une clé en saillie, et une fenêtre étroite rectangulaire. La fenêtre donnant sur l'étage, encadrée en brique et pierre, a probablement remplacé une petite ouverture carrée. Cette partie centrale est séparée de la partie refaite à l'est par une grange dite "grange à porteau" dont la façade principale offre au-dessus du linteau en bois un assemblage en pans de bois hourdi en moellon.La porte charretière présente des jambages massifs en granite. Un puits couvert en planches et bois se trouve au sud dans la cour. Il est jouxté par une grande vasque ancienne en granite, monolithique, dont la fonction originelle demeure non déterminée.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
1 étage carré |
Couvertures |
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Typologie |
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État de conservation |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Un médaillon rectangulaire fixé au-dessus de la porte d'entrée de la façade sud, à l'est, porte l'inscription LA, du nom de l'ancien propriétaire, M. LAVALETTE. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA23001935 |
Dossier réalisé par |
Belzic Céline
Chargée de recherche, Conservation du Patrimoine, Conseil départemental de la Creuse, 2008-2010 Pacquot Eglantine Chargée de recherche, Conseil départemental de la Creuse, 2010-2020 |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Communauté de communes du Pays Dunois |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2009 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Département de la Creuse |
Citer ce contenu |
Château de l'Age-Champroy actuellement maison forte, Dossier réalisé par Belzic Céline, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Département de la Creuse, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/009de6e7-1c84-4d2e-9a3a-12d5b84e0a06 |
Titre courant |
Château de l'Age-Champroy actuellement maison forte |
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Dénomination |
château |
Appellation |
Château de l'Age-Champroy |
Destination |
maison forte |
Parties constituantes non étudiées |
grange fournil puits four à pain |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Fresselines
Milieu d'implantation: isolé
Lieu-dit/quartier: l' Age
Cadastre: 1826 C 421, 2008 BK 137