Bains Vieux

France > Nouvelle-Aquitaine > Pyrénées-Atlantiques > Lurbe-Saint-Christau

Le vieil établissement thermal, souvent désigné comme "Bains Vieux", est édifié près des deux premières sources (les Arceaux et le Prieuré) découvertes au Moyen Âge. Ces eaux furent fréquentées durant plusieurs siècles par une population d'exclus, essentiellement constituée de lépreux et de quelques autochtones. En 1680, le seigneur de La Salle, propriétaire de la Commanderie de Saint-Christau, installa comme métayer son frère naturel, qui commença à recevoir des étrangers pour leur faire prendre les eaux moyennant finance.

La fréquentation monnayée des sources s'intensifia dans les décennies suivantes, jusqu'à provoquer un conflit entre les propriétaires et la population locale qui revendique le droit de jouissance des eaux. En 1700, les habitants de Lurbe intentent un procès à Marguerite de Lassalle pour bénéficier de la moitié des revenus des sources. Malgré l'intérêt porté dès 1746 par Théophile de Bordeu, le père du thermalisme pyrénéen, et l'afflux de baigneurs amenés par la publicité faite au site lors du procès achevé seulement une soixantaine d'années plus tard, en 1764, les équipements très rudimentaires de cet établissement ne comprennent alors qu'une voûte en briques surplombant la source des Arceaux (ou des Dartres) et une cabane abritant trois cuves en bois "fort sales et enfoncées dans la terre".

Roch de Bousquet, qui rachète la propriété en 1764, commence à améliorer les installations en les dotant de six baignoires, réparties pour moitié entre les deux sources, puis en faisant reconstruire le relais de la Poste. Ce renouveau attira vers les bains les élites judiciaires et les personnalités influentes de la province qui logeaient dans les maisons de maître de Lurbe et d'Eysus jusqu'à ce que la Révolution de 1789 marque un nouveau coup d'arrêt à l'activité. Le modeste mais apprécié établissement de bains est alors confié à un métayer et retombe dans l'oubli jusqu'à l'achat du site par Pierre Antoine Joseph de Bois-Juzan, qui entreprend un grand chantier d'amélioration, notamment des Bains Vieux, entre 1835 et 1837. Au moment de la succession mouvementée de Bois-Juzan en 1841, l'inventaire pléthorique du mobilier décrit déjà un édifice relativement vaste déployé sur deux étages, comprenant 60 chaises réparties dans la cuisine et les chambres ainsi qu'une trentaine de matelas et 22 paillasses.

En raison des divergences entre ses cohéritiers, les Bains Vieux et la propriété de Saint-Christau sont confiés à un administrateur de biens oloronnais dénommé Mahinz, qui se charge entre autres de les mettre en adjudication. Ainsi, à compter du 1er janvier 1842, c'est Bernard Loustalot qui obtient l'affermage des bains, jusqu'à leur vente à la famille de Barraute au début des années 1850.

Cette famille contribue de façon décisive à la modernisation et au développement de la notoriété de la station alors que le thermalisme pyrénéen connaît son âge d'or. Sous le Second Empire et la Troisième République, le vieil établissement de bains figure sur certains documents publicitaires (lithographies, cartes postales) qui vantent à profusion les vertus réparatrices de ses eaux ferro-cuivreuses. Mais l'édifice, loué pour l'efficacité de ses installations médicales, ne fait pas l'objet d'un grand intérêt esthétique en raison de son aspect rustique, contrairement à d'autres édifices plus prestigieux de la station répondant à la mode de l'éclectisme, comme les chalets helvétiques (Marguerite, Bleu, Rose), les grands hôtels (Poste, Mogol, Grand Turc) ou les thermes orientalistes (Rotonde).

Durant la Première Guerre mondiale, l'édifice est réquisitionné comme l'ensemble des logements du site afin d'accueillir un hôpital complémentaire. L'inventaire dressé par Jules Noutary en 1915 fait état d'une construction "très ancienne", en fort mauvais état, notamment au niveau des enduits, des peintures et des menuiseries. Sa description donne en outre une idée relativement précise de son importante capacité d'accueil, avec ses 20 salles de bains et petites pièces au rez-de-chaussée, six chambres et une cuisine au premier étage et onze chambres au deuxième étage.

Dans les années 1930, les sources des Arceaux et du Prieuré subissent plusieurs épisodes de pollution bactériologique entraînant des périodes de fermetures temporaires de l'établissement (un an en 1938 notamment). A la veille de la Seconde Guerre mondiale, seule la source des Arceaux est encore exploitée.

Les Bains Vieux font ensuite partie intégrante du patrimoine de nouveau réquisitionné pour héberger les réfugiés basques de la Guerre civile espagnole, puis les blessés et les soldats allemands durant l'occupation de la Seconde Guerre mondiale. Les dégâts subis par l'édifice à l'issue du conflit sont estimés à plus de 500.000 francs par Fernand Noutary qui en dresse l'inventaire en 1949 pour le compte du marquis d'Ozenay. Le vieil établissement est restauré, comme le reste de la propriété, entre 1948 et 1953.

Racheté par la Société Thermale de Saint-Christau en 1951 puis exploité et acquis par la famille Barthélémy à partir de 1964 (sous l'enseigne de la future Chaîne Thermale du Soleil), l'édifice, vétuste, est démoli dans la seconde moitié du 20e siècle. Malgré de nombreux forages et la fermeture de la station, la source des Arceaux continue de s'écouler dans un abri précaire près des anciens magasins d'embouteillage et de l'emplacement du vieil établissement détruit.

Périodes

Principale : 3e quart 18e siècle (détruit)

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1764, daté par source

Auteurs Auteur : Noutary Fernand

Fils de l'architecte Jules-Antoine Noutary. Architecte à Pau et architecte départemental à la fin de sa carrière.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Noutary Jules-Antoine

Architecte à Pau (14, rue Valéry-Meunier), ancien élève de l'école des Beaux-Arts. Père de l'architecte départemental Fernand Noutary.

, architecte (attribution par source)

A l'emplacement des Bains Vieux, se trouvent de nos jours une prairie et un chemin de desserte.

Murs
  1. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Étages

1 étage carré, étage de comble

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

État de conservation
  1. détruit

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Lurbe-Saint-Christau , Route de Saint-Christau

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Saint-Christau

Cadastre: 2019 OA 284

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