Logis de Beaulieu, actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Charron

Le logis de Beaulieu était à la fois une demeure et un site défensif situé le long du chemin menant au passage du Brault, point de franchissement stratégique sur la Sèvre Niortaise. Les éléments les plus anciens actuellement visibles remontent probablement à la fin du 15e siècle ou au début du 16e (baie à encadrement mouluré sur la façade est, cheminée dans la pièce nord du rez-de-chaussée, tour ronde et son escalier en vis) et à la fin du 16e siècle ou début du 17e (cheminée dans la pièce sud du rez-de-chaussée).

Dans la première moitié du 16e siècle, époque probablement proche de sa construction, Beaulieu appartient à Jacques Rabereau et son épouse, Jeanne Prevost. La demeure passe ensuite à leur fille, Gillette Rabereau, épouse de Guillaume Huillard, marchand. En 1593 et 1612, Jacques Huillard est sieur de Beaulieu. En 1623, sa veuve, Marie Danyau est dame de Beaulieu. De sa propriété dépendent plusieurs biens à Charron dont le moulin des Sables, affermé en 1626 à Abel Tiraqueau, la métairie de la Maison Neuve, affermée en 1628 à Jacques Herbet, et la métairie de Beaulieu, affermée en 1629.

En 1631, Jacques Huillard fils succède à ses parents comme sieur de Beaulieu. Il semble que le logis de Beaulieu apparaisse à l'arrière-plan du château de Charron sur la gravure qui le représente, réalisée par Claude Chastillon en 1630. On y aperçoit un logis entouré d'un clos de mur et flanqué d'une tour ronde coiffée d'un toit en poivrière. La tour a dû perdre son toit et être arasée au 17e siècle.

En 1712 a lieu le partage de succession de Charles Huillard et de son épouse, Esther Desbordes. Beaulieu échoit à leurs petits-enfants, issus du mariage de Jacques Legrand, marchand, et Esther Huillard, décédée. L'acte mentionne la maison et métairie de Beaulieu qui consiste "en un principal corps de logis, cour, jardin, et une grange fort grande, écurie, toits à bestiaux et autres logements, avec droit de four à cuire pâte, tant pour la provision de la maison que pour tous ceux qui y mangent".

En 1761, Jacques Hugues Legrand, négociant à Marennes, vend Beaulieu à Pierre Faivre (1713-1766), marchand et fermier de la métairie de Richebonne, et Elisabeth Vrignaud (1714-1762), son épouse. La propriété est ensuite partagée entre leurs deux filles : Hélène, épouse d'Etienne Poissonnet (1730-1798), et Marie Geneviève (1737-1792), épouse de Jacques Guillon (1741-1782), bourgeois. En 1820, selon le cadastre, l'ensemble appartient à leurs descendants : Alexis Poissonnet (1773-1833), cultivateur, époux de Marie Magdeleine Gaborit ; Marie Jacquette Guillon (1786-1829), veuve de Blaize Michel Beignon, ancien maire de Charron, et sa soeur, Magdeleine Guillon (1774-1838), veuve de Jacques Gaborit, pêcheur.

Sur le plan cadastral de 1820, l'ancien logis apparaît avec la cour à l'est, dans laquelle se trouvent des toits, le long de la rue, et qu'encadrent des dépendances formant un U avec le logis. Celui-ci est toujours flanqué de la tour ronde, à l'est, incorporée à un autre bâtiment qui la jouxte au nord. Le logis se prolonge vers le sud par une habitation et des dépendances. Cette habitation est reconstruite en 1845, selon le cadastre, pour le compte de Jean Gaboriaud (1800-1858), époux de Rose Poissonnet (fille d'Alexis, ci-dessus).

Périodes

Principale : 2e moitié 15e siècle, 16e siècle, 1er quart 17e siècle, 3e quart 19e siècle

L'ancien logis de Beaulieu se situe au sud-est de Bourg-Chapon, le long de la route D9. Il est précédé, à l'est, par une cour dans laquelle les fondations d'une structure de plan circulaire (ancienne tour ?) ont été mises au jour. Le logis présente, sur sa façade est, deux travées d'ouvertures. La travée de gauche comprend la porte, à linteau droit en bois, surmontée d'une petite baie rectangulaire à encadrement mouluré, puis, à l'étage, d'une petite baie à encadrement chanfreiné. L'autre travée, à droite, comprend, à l'étage, une haute baie à encadrement mouluré (fin 15e-début 16e siècle ?). A l'arrière, côté ouest, le logis est flanqué d'une tour ronde massive qui renferme un escalier en vis, en pierre de taille. La tour et sa porte d'accès sont placées dans l'alignement de la porte d'entrée.

A l'intérieur, le logis était composé à l'origine de deux grandes pièces, chacune chauffée par une cheminée en pierre de taille. La cheminée de la pièce au nord, qui a perdu son manteau (en bois) et son trumeau (en moellons), conserve ses jambages à colonnettes engagées et corbeaux (fin 15e -début 16e siècle). Une cheminée identique se trouvait dans le corps de bâtiment, disparu, qui jouxtait la tour au nord. La cheminée de la pièce au sud du rez-de-chaussée (fin du 16e-début 17e siècle) présente un décor plus sophistiqué, composé notamment d'une double corniche au manteau, soutenu par deux jambages à corbeaux également moulurés. Au sous-sol s'étend une vaste cave voûtée qui a été divisée en deux volumes par un mur de moellons.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Charron , 8 ter route de Villedoux

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Beaulieu

Cadastre: 1820 A 1247 à 1258, 2016 AK 187 et 189

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