Église paroissiale Saint-Martin

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Arces

L'église d'Arces, placée sous le vocable de saint Martin, fait partie des biens donnés en 1075 par Arnaud Gamon, de Mortagne, à l'abbaye de Vaux. Dans une charte de 1086, le même Arnaud Gamon précise que sa famille possédait l'église "depuis plus de cent ans". En 1098 est mentionné le premier curé connu de cette paroisse, un certain Ménard. A partir de 1141 est fait mention de chapelains ou prieurs. En 1151, Benoît de Mortagne envahit brièvement Arces et empêche l'accès de l'église aux gens de l'abbaye de Vaux. En 1183, un procès s'élève entre l'abbaye de Vaux et celle de Saint-Jean-d'Angély qui réclame, en vain, le tiers des revenus du prieuré d'Arces.

C'est probablement à cette époque, vers le milieu du 12e siècle, que la première église fait place à une nouvelle, dont il reste probablement aujourd'hui l'abside, les murs de la nef et des bras du transept, et des éléments du clocher. Dans cette nouvelle église romane, deux absidioles devaient encadrer l'abside, se greffant sur chaque bras du transept. Au 14e ou au 15e siècle, elles ont dû être remplacées par les deux chapelles qui sont venues masquer une grande partie de l'abside. La chapelle nord est vouée à la Vierge et la chapelle sud est appelée "chapelle de Bresillas" en 1703, ce qui laisse penser qu'il s'agissait d'une chapelle seigneuriale liée à l'ancien fief de Brézillas. Le seigneur de ce fief, un certain Campet, protestant, fut en procès contre le curé, Catherin de Courçon, entre 1639 et 1659 au sujet du paiement d'une rente annuelle qu'il devait à l'église pour une messe hebdomadaire. Au 18e siècle, la chapelle sud, vouée à saint Laurent, servira de sépultures aux membres de la famille de Théon (l'un d'eux, Alexandre-Eutrope du Breuil de Vérac, y est inhumé en 1763).

En septembre 1670, comme le précisent les registres paroissiaux, le clocher est reconstruit. L'emplacement de l'ancien clocher roman, à la croisée du transept, est conservé, de même que plusieurs modillons, remployés aux angles et à la corniche. Pour le reste, l'église est en très mauvais état : les voûtes des deux chapelles sont "rompues" et l'édifice entier "menace ruine". Avec une aide financière du roi, des travaux de restauration sont entrepris en 1703 : la sacristie et le "charnier" (crypte-ossuaire ?) sont démolis et "le pilier qui soutient le clocher, à main droite, vers la chapelle de Brésillas [soit le pilier sud-est] est refait". "L'arcade de la chapelle de Notre Dame" est également reprise. La reconstruction de la nef suit en 1704 puis, après un effondrement pendant les travaux, en mars 1705. En juin et juillet de la même année, la chapelle des fonds baptismaux est à son tour voûtée après que l'on ait fait "le pilier pour la soutenir". En 1706, la pose du retable et des "tabernacles du grand autel et de Saint-Laurent" achève l'opération pour la partie orientale de l'église. La "muraielle de la chapelle des Brésillas, joignant le clocher", est toutefois restaurée en août 1708. Quant à la façade occidentale, elle est sans doute reconstruite à la même époque, comme le laisse penser son style architectural. Un tambour est "fait et posé" en 1714. La même année, le 12 novembre, la bénédiction d'une cloche, baptisée Catherine, du poids de 358 livres, marque probablement la fin de la campagne de restauration de l'église.

L'église figure sur le plan cadastral de 1833, avec le cimetière qui occupe alors la petite place actuelle, entre l'église, le presbytère et les premières maison à l'ouest. Une gravure réalisée par Louis-Benjamin Auguin vers 1840, montre l'église avec sa nef sans couverture, la tourelle d'escalier (avant sa reprise en 1862) et le cimetière. Dans les années 1840, des travaux d'urgence sont réalisés, à la toiture de l'église notamment, sur devis de l'architecte Fontorbe. Dès 1823, la cloche est bénite et, en 1832, un nouveau beffroi est posé (il en porte la date). En 1843, un devis est accepté pour, notamment, construire une sacristie et établir un autel neuf et une tribune.

Il faut attendre 1862 pour qu'une nouvelle phase importante de travaux soit entreprise. Elle concerne cette fois la partie orientale de l'édifice. Les travaux, d'un montant de 12 280 francs, sont réalisés selon les plans de l'architecte bordelais Gustave Alaux, par l'entrepreneur Laurent Dejean, de Pauillac. L'intervention concerne les piliers. Des murs provisoires sont construits pour étayer les arcs des voûtes. La pile nord-est de la croisée du transept (sur laquelle une inscription rappelle encore aujourd'hui l'opération) est ensuite démontée du dessous des chapiteaux aux fondations, puis reconstruite : les fondations sont réalisées en pierre de Tesson, les bases en "pierre fine" de Thénac et les fûts en "belle pierre" de Thénac. Le pilier nord à l'entrée de l'abside est également repris mais on "laisse exister les fondations et les bases des colonnettes". A côté de ce pilier, une "grande ouverture servant de placard", percée en 1833 et à l'origine de désordres dans la structure de l'édifice, est murée. Par ailleurs, la voûte du bras sud du transept est reconstruite en pierre de Tesson. Enfin, la tourelle de l'escalier menant au clocher est reprise : pour la partie inférieure, on réutilise de vieux matériaux, et pour la partie supérieure, celle qui menaçait ruine, on emploie de la pierre de Thénac. Plusieurs contreforts sont restaurés, notamment au nord, et toute la toiture en tuile creuse est refaite.

Au cours des années qui suivent, l'essentiel des travaux concerne l'ornementation. Le choeur est entièrement peint en 1887 par L. Augier et L. Millet (leur nom figure derrière l'autel). En 1896, la couverture de l'église est refaite, comme le rappelle une inscription sur un modillon extérieur de l'abside, côté est : "B-L 1896". Dès le 19 janvier 1911, l'église d'Arces est classée Monument Historique, suivant l'avis positif de l'architecte Lucien Magne (1849-1916), inspecteur général des Monuments Historiques. Aussitôt, des travaux de réfection de la voûte du clocher, de celle du bras sud du transept et de la coupole sont décidés. Ils sont réalisés vers 1915-1916 par Joseph Ricoux, entrepreneur à Royan, sur le devis de l'architecte Ballu. En 1928-1929, la couverture en ardoise du clocher est restaurée, de même que le pignon de la façade occidentale. En 1938, six verrières historiées du 19e siècle sont remplacées par de nouvelles à motifs de losanges.

Dans les années 1970, l'ensemble de la toiture est reprise, sauf pour le clocher qui doit attendre 1980-1981. A cette occasion, tous les parements extérieurs et intérieurs sont revus. En 1986, une partie du mur de soutènement sud de l'église s'effondre. Le mur est restauré en 1988 par l'entreprise de maçonnerie Vedrenne.

Périodes

Principale : milieu 12e siècle

Principale : 15e siècle

Principale : 1er quart 18e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Alaux Gustave, architecte (attribution par source)
Auteur : Dejean Laurent

Entrepreneur à Pauillac au milieu du 19e siècle.

, entrepreneur (attribution par source)

L'église est située sur un promontoire d'où elle domine le bourg d'Arces et les environs. Au sud, ce promontoire est retenu par un mur de soutènement. L'église est accessible par un emmarchement à l'ouest et par une allée d'arbres qui passe à travers une petite place enherbée, occupant l'emplacement de l'ancien cimetière. Il reste quelques tombeaux à l'ouest de l'église. A l'est s'étend une petite prairie, à l'emplacement de l'ancien jardin du presbytère.

L'église, construite en moellon avec parement en pierre de taille, est de plan en croix latine. Elle est constituée d'une nef à deux travées, d'un transept et du choeur avec abside, encadré par deux chapelles de plan rectangulaire. Une sacristie est accolée au mur nord de la chapelle nord. L'ensemble est couvert d'un toit à longs pans, en tuile creuse, avec pignons découverts à l'ouest et à l'est. Au-dessus de la croisée du transept, s'élève le clocher octogonal, à deux niveaux, coiffé d'une flèche en ardoise. La nef, l'abside et le clocher sont ornés d'une corniche à modillons. Les murs sont soutenus par de puissants contreforts. Ils sont percés de baies en plein cintre, sauf pour les deux chapelles latérales, éclairées par des baies en arc brisé et à réseau, et pour la façade occidentale. On devine sur le mur sud du bras sud du transept, une ancienne baie en arc brisé, murée.

La façade, encadrée par deux contreforts, est percée d'une large baie rectangulaire, au-dessus de la porte. Cette porte possède un encadrement mouluré, entre deux pilastres qui soutiennent un fronton triangulaire brisé, orné de deux amortissements. Au milieu du fronton, une niche surmontée d'un autre amortissement, accueille une statue. Une croix en ferronnerie est placée au sommet de la façade.

A l'est, quatre contreforts soutiennent les chevets plats des deux chapelles. Au milieu, l'abside semble noyée par les chapelles. Du reste, une partie de l'abside, autrefois dégagée, est visible à l'intérieur de l'église. Au total, l'abside était scandée par cinq travées séparées par des colonnettes. Seules trois sont aujourd'hui visibles de l'extérieur. Chaque travée comprend un premier niveau, puis un second dans lequel prend place une baie. Chaque baie est inscrite dans un arc en plein cintre reposant sur deux colonnettes. Le tout est coiffé par un second arc qui retombe sur deux autres colonnettes jusqu'au sol.

On pénètre dans l'église par la porte ouest, avec des marches descendantes, sous une tribune en bois. La nef, les bras du transept et les deux petites travées d'avant-choeur sont couverts d'une voûte en pierre, en berceau brisé. La voûte de chacune des chapelles latérales est à ogives. L'on passe de l'une à l'autre des parties de l'église par des arcs brisés. La coupole de la croisée du transept, sous le clocher, de plan presque carré, est percée d'un orifice central destiné autrefois à faire passer la corde de la cloche. La forme de cette coupole affecte celle d'un arc de cloître, ce qui fait son originalité. Elle est soutenue par des arcs diagonaux à tores, qui reposent sur des colonnettes à chapiteaux, elles-mêmes portées par de puissantes piles dissemblables qui regroupent plusieurs colonnes. Enfin, l'abside, voûtée en cul-de-four brisé, est séparée de l'avant-choeur par un arc doubleau brisé soutenu par deux colonnes à chapiteaux. L'abside présente une suite de cinq arcades en plein cintre, aux angles amortis de gros tores, et séparées par six colonnes. Seule la baie centrale est percée. Un cordon sculpté court au-dessus des arcades et se prolonge dans l'avant-choeur.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

Toits
  1. tuile creuse, ardoise
Plans

plan en croix latine

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. coupole voûte en berceau brisé voûte d'ogives cul-de-four
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : flèche polygonale

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation

Précision sur la représentation :

Le décor sculpté de l'église est abondant. Il réside principalement dans les chapiteaux et les modillons de l'abside, à l'extérieur, dans les modillons extérieurs du clocher, et dans les nombreux chapiteaux intérieurs. Voir le dossier documentaire à ce sujet.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Arces

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 1833 B 91, 2009 C 286

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...