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Historique
La première mention de l'église de Brux apparaît dans un acte de donation daté des années 1023/1030 et conservé dans les chartes de l'abbaye de Nouaillé : Adelinde, religieuse, et l'archidiacre Rorgue, son fils, donnent un alleu à Hugues de Lusignan et à son épouse Aldearde pour l'église que ces derniers font bâtir à Brux, sur la Dive (Monsabert, A.H.P., 1936, p. 171-172). À la fin du 11e siècle, l'église de Brux (et tout ce qui en dépend) est donnée par Geldouin et son frère Vivien, seigneurs de La Touche, à l'abbaye de Nouaillé. Elle est signalée dans la liste des possessions de l'abbaye de Nouaillé que le pape Gélase III, par la bulle du 23 octobre 1118, place sous la protection du Saint-Siège. L'église édifiée par Hugues de Lusignan est peut-être reconstruite au cours du 12e siècle. Au-dessus de l'archivolte du portail sud du monument actuel, une pierre porte, gravées dans un cercle divisé par une croix, les inscriptions superposées : " MCLXXI " [1171] et " NONVS ", entourées de deux (quatre ?) petites croix. Selon Robert Favreau et Jean Michaud, " NONVS " pourrait désigner le mois de novembre. Cette date peut correspondre à la dédicace ou à la consécration de l'édifice reconstruit partiellement ou en totalité.
Dans la seconde moitié du 17e siècle, la famille Saint-Georges prend possession de la châtellenie de Couhé dont relève Brux. Le 8 juin 1700, elle est autorisée à remplacer la litre funéraire de la famille de Montalembert, précédents seigneurs de Brux (Martin-Civat, 1940, p. 336) ; ce sont les armes de la famille Saint-Georges, peintes au 18e siècle, que porte la litre qui orne aujourd’hui l´intérieur de la nef. Au cours de ce siècle, l´église est restaurée et dotée d´un nouveau mobilier. Le 10 mai 1742, Olivier Marie, évêque de Poitiers, bénit le nouveau chemin de croix (cf. manuscrit Delaforest). En 1750, la veille de Noël, est posé un tabernacle neuf. Cette même année, la couverture, le " pavé ", le vitrage [...] de l´église sont refaits (cf. annexe 2 sur les restaurations de l´église). Jusqu’à la Révolution, la cure est à la nomination de l'abbé de Nouaillé, la paroisse dépendant de l'archiprêtré de Chaunay. En 1790, la paroisse devient une commune.
Plusieurs campagnes de travaux sont entreprises pour l´entretien de l´église au cours du 19e siècle. Le clocher est repris vers 1810 et, au milieu du siècle, la couverture de la nef est révisée (Brux. L´église Saint-Martin. DRAC/CRMH, 1996). Vers 1875/1880, l´église est restaurée et dotée d'un nouvel autel ; une sacristie est adossée contre l´élévation nord du chœur (cf. annexe 2 sur les restaurations de l´église). En 1897, le conseil municipal approuve les devis et les plans dressés par M. Bonnet, architecte à Brux, pour la restauration du chœur de l'église et pour l'agrandissement de la sacristie. Les travaux sont financés par des legs et par une recette disponible de la fabrique de 1123,90F. En 1902, M. Bonnet présente un nouveau devis pour des " travaux à exécuter pour recouvrir en ardoises la flèche du clocher, en remplacement du bardeau complètement usé [...] ". Les travaux sont achevés en 1905. Dans les mêmes années, Louis Guyonnet, curé de Couhé, estime que l'église de Brux est " peu digne et trop petite pour 1540 habitants " mais les tentatives de reconstruction ou d'agrandissement sont infructueuses (Dossier de recensement DRAC/CRMH Poitou-Charentes). L´église Saint-Martin est classée Monument Historique le 31 décembre 1914. La couverture de la nef est refaite, en 1936, sous la direction de l'architecte en chef des monuments historiques A. Goubert. Une forme en ciment armé est réalisée puis couverte de dalles en pierre (cf. annexe 2 sur les restaurations de l´église). Quarante ans plus tard, en 1973-1974, la flèche du clocher, dont les proportions s'accordent mal avec l'édifice roman, est remplacée par un toit à quatre pans ; les toits de l'abside et de la nef sont repris, ainsi que les maçonneries du chevet. Après une nouvelle intervention sur la couverture de la nef (1981), la restauration intérieure de l'édifice est engagée en 1983. Elle est achevée en 1993-1994 par F. Jeanneau, architecte en chef des monuments historiques, qui intervient sur les murs et les sols ainsi que sur le pavé extérieur de l'édifice (cf. annexe 2 sur les restaurations de l´église).
Description
L'église Saint-Martin est située au centre du village. Elle s'élève au sud d'une petite place aménagée à l'emplacement de l'ancien cimetière. L'église, de plan allongé, est composée d'ouest en est d'une nef à vaisseau central flanqué de collatéraux et d'un chœur à travée droite et abside plus étroit que la nef. Les murs gouttereaux de la nef sont de longueur inégale et le chevet est très légèrement désaxé par rapport à la nef. Un clocher carré s'élève sur la travée de la nef qui précède le chœur.
Les restaurations successives ne semblent pas avoir altéré profondément le plan roman hormis la construction, à la fin du 19e siècle, d'une sacristie adossée à l'élévation nord du chevet.
Le toit à croupe ronde du chevet et le toit à longs pans de la nef sont couverts en lauze, la couverture de la nef étant portée par une forme en béton. La tuile plate couvre le récent toit à quatre pans du clocher.
La construction de l´édifice témoigne d'une certaine sobriété. Les murs présentent un appareil assisé en moellons équarris relativement homogène. Le décor sculpté extérieur est réservé aux modillons du chevet, hormis quelques pierres sculptées erratiques utilisées en remploi dans le mur sud du clocher.
La façade-pignon occidentale, aux proportions trapues, est austère. Une porte couverte en arc brisé, surmontée d´un arc de décharge, a été percé au rez-de-chaussée ; le pignon est ajourée d'une étroite ouverture couverte en plein cintre. Des chaînes d´angle en pierre de taille consolident les extrémités du mur (fig. 5-12).
Le mur gouttereau sud de la nef présente un appareil de moellons moins allongés qu´en façade. Le portail principal de l´église y a été aménagé ; il ouvre dans la seconde travée de la nef. La porte est couverte d´un arc à un ressaut légèrement brisé et d'une archivolte ornée d'un damier. Au-dessus de l'arc, une pierre gravée porte les inscriptions " MCLXXI " [1171] et " NONUS " [novembre ? ] (fig. 22, 25-26). L'élévation est ajourée, à l´ouest, d´une longue et étroite baie éclairant la première travée de la nef et, à l´est, d´une baie couverte en arc brisé percée au 19e siècle. Une troisième ouverture également couverte en arc brisé a été percée dans le pan de mur en retour est de la nef, cette dernière étant plus large que le chevet (fig. 17, 30, 34).
Deux épais contreforts au glacis terminé en larmier (fig. 29-33) épaulent la travée qui porte le clocher ; le premier est construit à gauche de la fenêtre est du mur ; le second conforte l'angle sud-est de la nef.
Les murs du clocher carré sont divisés en deux registres par une corniche à modillons en quart de rond. Deux étroites baies couvertes en plein cintre, ouvertes au premier niveau sud et nord, éclairent l´intérieur de la travée portant le clocher (fig. 91, 99). Les ouvertures du registre supérieur correspondent à la chambre des cloches : à l´ouest et au sud, les baies sont couvertes en plein cintre, celle du sud étant en partie murée (fig. 95, 103) ; à l´est et au nord, elles sont rectangulaires (fig. 96, 100).
Des reprises de maçonnerie sont visibles sur l´élévation ouest, où la corniche supérieure est séparée des modillons conservés dans la partie sud du mur (fig. 102-105). Trois pierres sculptées en méplat (fig. 90-94) ont été réemployées dans la maçonnerie de l´élévation sud du clocher.
À l´est de la travée de la nef portant le clocher se développe le chevet. Il se compose d´une travée droite et d´une abside demi-circulaire moins larges que la nef. Un léger ressaut marque la jonction entre la travée droite et l´abside. Le flanc sud de l'abside présente un empattement qui n'apparaît pas à l'est (fig. 42). Le sanctuaire est éclairé d'une baie axiale inscrite dans une arcade en plein cintre et d'une large baie percée dans le mur sud de la travée droite ; cette fenêtre, sous laquelle appuie un petit contrefort, est dotée d´un réseau en pierre (fig. 39, 35-36). Une sacristie en appentis est adossée à l'élévation nord du chevet (fig. 72).
Le chevet concentre le décor sculpté extérieur de l´église. Ce dernier est porté par les modillons de la corniche (fig.45-69) qui couronne les murs de la travée droite et de l’abside. Les modillons sont reliés, au sud, par un élément à double arcature alors qu´à l'est et au nord, ils sont reliés par une pierre dont le chanfrein à congé est orné de trois ou quatre pointes de diamant. Sur les modillons, des motifs animaliers alternent avec des représentations humaines, dont un joueur de rote (ou harpe-psaltérion). La pomme de pin est l'unique végétal illustré et le décor géométrique est présent avec des sphères et des disques ornés d'une croix. Les tailloirs des modillons portent un décor légèrement saillant (palmettes stylisées, tresses...). Les sculptures sont détaillées dans l´annexe 1 consacrée au décor sculpté roman.
L´élévation nord de l´édifice est plus sobre que le mur gouttereau sud. Elle est ajourée d´une seule baie couverte en plein cintre, percée au 19e siècle dans la travée sous clocher et restaurée en 1973 (fig. 76-78). Les deux autres travées sont aveugles. Deux puissants contreforts épaulent le mur qui est également raidi par trois jambes. À la base de l´extrémité ouest du mur, et formant l´angle avec la façade, une pierre porte des graffiti (fig. 87).
On accède à l'intérieur de l'édifice par deux portes ouvrant l´une à l´ouest, la seconde au sud. La nef est divisée en un vaisseau central flanqué d'étroits collatéraux. En Poitou, ce type de nef, plus rare que le vaisseau unique, est souvent associé à des édifices avec transept et chœur à déambulatoire. À Brux, la nef est directement prolongée par un chœur à travée droite et abside.
Elle présente plusieurs couvrements. Les deux premières travées du vaisseau central sont couverts d'une voûte en berceau soutenue par des arcs doubleaux légèrement brisés (fig. 111-113). La travée suivante supporte le clocher. Elle est couverte d'une coupole octogonale sur trompes qui est éclairée, au nord et au sud, par deux ouvertures rectangulaires percées à sa base (fig. 115-123).
Les voûtes reposent sur des grandes arcades légèrement brisées dont les grands arcs sont composés de deux rouleaux. Les piliers délimitant la première et la seconde travée sont formés d'un noyau carré flanqué d'une colonne engagée sur la face ouest, d'un pilastre sur la face est et, vers le vaisseau central, d'un pilastre monumental. Entre la seconde travée et la travée sous clocher, ils combinent un noyau carré cruciforme et des colonnes engagées sur les faces est, ouest, et vers l'intérieur de la nef. Le support sud-est de la coupole est plus large que son vis-à-vis nord.
Les collatéraux présentent également deux types de couvrement. Au nord et au sud, une voûte en demi-berceau contrebute les poussées de la voûte en berceau des deux premières travées du vaisseau central. Au niveau de la coupole, les collatéraux sont couverts d'une étroite voûte en berceau. La transition entre le demi-berceau et le berceau plein cintre est soulignée par un arc doubleau retombant sur des corbeaux en quart de rond au sud (fig. 126-127) et à décor géométrique au nord (fig. 177-179).
La nef est indirectement éclairée par les trois baies du collatéral sud et la fenêtre percée dans la troisième travée du collatéral nord.
Le chœur, légèrement désaxé par rapport à la nef, est composé d'une travée droite voûtée en berceau plein cintre et d'une abside couverte d'un cul-de-four (fig. 169-161, 164-173). Contrastant avec la nef à éclairage indirect, le sanctuaire bénéficie de la lumière provenant de la baie d'axe et d'une grande fenêtre percée, à l'époque gothique, dans le mur sud de la travée droite ; la baie aménagée symétriquement dans le mur nord a été murée lors de la construction de la sacristie et recouverte d'un enduit lors de la restauration menée dans les années 1990. Le décor sculpté intérieur est porté par les chapiteaux des colonnes des piliers des grandes arcades de la nef. Il décline essentiellement des motifs végétaux, à l'exception de la colonne ouest du troisième pilier nord où le sculpteur a représenté deux têtes humaines. Il est décrit dans l´annexe 1 consacrée au décor roman de l´église.
Les murs intérieurs de la nef sont aussi ornés d'une litre funéraire seigneuriale, restaurée en 1994. Les 18 blasons sont aux armes de la famille Saint-Georges de Vérac, seigneurs de Couhé dont dépendait Brux durant la seconde moitié du 17e siècle et au 18e siècle.
Le sol de l'église recèle par ailleurs de nombreuses dalles funéraires gravées ; l'intérieur de l'église était un lieu de sépulture privilégié souvent réservé aux ecclésiastiques et aux seigneurs.
Il est aussi à noter la présence, dans le mur sud de la nef, près du chœur, d'une armoire liturgique et d'un lavabo.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
3 vaisseaux |
Couvrements |
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Couvertures |
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Décors/Technique |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA86007630 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Civray |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Église paroissiale Saint-Martin, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/17c5fc02-a548-4a49-ab6b-1a18ffadacc7 |
Titre courant |
Église paroissiale Saint-Martin |
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Dénomination |
église paroissiale |
Vocable |
saint Martin |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Brux
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1837 G2 900, 2010 G 558