Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cette parcelle occupe la partie comprise entre l'extrémité nord du front occidental et la rue Bergey, très rapprochée de l'enceinte à ce niveau. Elle renferme au moins deux ou trois unités d'habitation médiévale qui présentent toutes une origine romane. Le bâti conservé témoigne de plusieurs remaniements dont certains datés du 14e siècle comme en atteste une baie à réseau gothique. Un dessin de Léo Drouyn réalisé à partir d'un croquis de J. Alaux fait en 1810 ou 1820, nous documente sur des parties maintenant disparues. Le bâtiment abrite aujourd'hui le presbytère. Ce dossier est consacré à l'ensemble le plus important (maison 379-1 et 2) ; la seconde unité (379-3), clairement isolée, fait l'objet d'un dossier spécifique.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Principale : 14e siècle

Ce premier ensemble conserve d'importantes élévations, caractérisées par des parements de pierres de taille soigneusement assisés et de grand module. Le plan masse demeure difficile à établir faute de pouvoir clairement délimiter les différentes unités. Il pourrait s'agir ici de deux unités oblongues, l'une parallèle au fossé de la ville et formant enceinte (unité 379-2), l'autre parallèle à la rue Bergey (379-1). Séparées par une cour intérieure, ces deux bâtiments sont reliés par un escalier sur arc, implanté après coup (seconde moitié du 13e siècle ou début du 14e siècle) qui suggère un lien étroit entre les deux parties et qui plaide en faveur d'une unique unité de grande ampleur.

La partie sur le fossé consiste en un imposant mur formant enceinte, long d'une douzaine de mètres et conservé sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, le parement d'origine est encore en place et les assises très régulières filent sur l'ensemble de façade. La seule limite clairement identifiée se situe au nord, environ 50 centimètres avant l'arrachement du mur, où l'on observe un net collage sur neuf assises, soit environ 3 mètres de haut, au droit d'une butte rocheuse conservée dans le mur. La végétation masque aujourd'hui en partie ce secteur mais les photos des années 1950 en permettent l'analyse. Il pourrait s'agir de l'extrémité nord de cette unité qui ne présenterait ici aucun chaînage d'attente contrairement à ce qui a été observé dans le secteur du Palais Cardinal par exemple. Cependant, la disparition de l'unité mitoyenne, remplacée par un mur de moellonnage grossier, ne permet plus d'en avoir la certitude. Vers le sud, aucune limite n'est identifiable jusqu'au redan que marque l'enceinte environ 18 mètres plus loin mais le dessin de Drouyn représente à cet endroit un large contrefort plat qui pourrait correspondre à la limite sud de l'édifice. La destruction de cette portion (effondrée en 1931) et la végétation qui masque les quelques assises conservées ne permettent pas aujourd'hui d'identifier ce contrefort. Le rez-de-chaussée est ajouré de cinq étroites fentes de jour couronnées par des linteaux échancrés d'arcs en plein cintre aveugles ; la cinquième fente, au sud, étant aujourd'hui masquée par la végétation. Ces fentes sont de hauteur et d'espacement variables. Cependant, la distance est régulière entre les trois fentes les plus au nord, de même qu'entre la troisième et les deux dernières fentes les plus au sud. Malgré tout, ni ce rythme, ni les différences de hauteurs ne paraissent ici être un critère permettant d'isoler des unités différentes. Ainsi, les deuxième et troisième fentes, bien que n'ayant pas la même hauteur, appartiennent sans doute possible à la même campagne de construction et leur embrasure très rapprochées semblent indiquer qu'elles éclairaient la même pièce. Par ailleurs, cette troisième fente a la même hauteur que la quatrième et toutes deux sont implantées à l'aplomb du piédroit interne des baies de l'étage. L'étage de cette façade ne permet pas plus d'individualiser différentes unités. La moitié nord du mur a été remontée dans sa partie supérieure avec des moellons, ce qui ne permet plus d'analyse. L'autre moitié est occupée par deux baies géminées romanes identiques, assez élancées et actuellement murées. Celle au sud est la mieux conservée. Bien qu'elle ait perdu sa colonnette centrale, elle est couverte d'un tympan hémicirculaire enserré par une archivolte moulurée (bandeau incisé d'un grain d'orge et cavet) et évidé de deux petits arcs aveugles, légèrement outrepassés. Les piédroits, appareillés avec soin, sont moulurés d'un cavet, avec congés en cuillère aux deux extrémités. Les cordons d'imposte ont le même profil que l'archivolte, tandis que le cordon d'appui, qui ne règne que sous la fenêtre, est profilé d'un bandeau avec grain d'orge, qui surmonte un cavet redoublé (ce profil se remarque en Périgord, notamment à Périgueux, sur des maisons romanes). L'autre baie paraît avoir conservé sa colonnette, à fût lisse et petit astragale torique, mais elle a perdu son tympan. Par contre, l'arrière-voussure est encore partiellement en place et son sommet dépasse de la toiture au revers du mur. Un petit chapiteau récemment retrouvé en remploi dans le mur voisin pourrait appartenir à l'une de ces deux baies. Entre ces deux ouvertures, le parement a été entièrement remonté avec soin mais sans tenir compte des assises d'origines, on a ici employé des pierres de taille en moyen appareil qui se distinguent nettement du reste du mur. Immédiatement à la suite de la baie sud, prenait place une large baie à réseau gothique, implantée une assise et demie plus bas, dont il ne subsiste aujourd'hui plus qu'un piédroit. Cette grande baie, insérée au 14e siècle, est connue grâce au dessin de Drouyn réalisé avant la destruction de cette portion de mur. Elle se composait de deux lancettes subtrilobées, surmontées d'une rose quadrilobée, et séparées par une colonnette. Cette dernière devait ressembler à la colonnette engagée qui subsiste dans le piédroit en place : plinthe et base polygonales encadrée de deux moulures, fût torique, chapiteau à corbeille chargée d'un décor feuillagé (de type feuilles de vigne comme on en rencontre sur le portail de la collégiale). Le cordon d'appui est profilé en larmier en amande, dégagé par une doucine. Le large pilastre plat mentionné plus haut prenait place au sud de cette baie.

Le revers de ce mur n'est que partiellement visible. Au rez-de-chaussée, on retrouve au nord le parement de grand appareil qui marque là aussi un net collage au droit de la butte rocheuse également visible de ce côté du mur. Deux imposants corbeaux d'origine prennent place dans ce tiers nord du bâtiment, dont un au niveau du collage. Par contre, il n'y a ici aucune trace de refend. De même, l'embrasure de la première fente de jour, la plus petite, n'est plus visible aujourd'hui. Un peu plus au sud, les deux fentes suivantes sont bien conservées et le sommet de leur arrière-voussure est visible depuis l'étage. La moitié sud de ce mur est actuellement masquée par un mur moderne. A l'étage, seule une grosse moitié nord de ce mur est visible, la majeure partie étant constituée du remontage en moellon qui prend appui directement contre le piédroit nord de la baie romane. Ce piédroit porte la trace de découpes qui pourraient correspondre au départ d'une niche murale en plein cintre qui jouxtait alors la fenêtre. Le reste de l'encadrement de cette dernière a été entièrement remplacé par un parement de pierres de taille en grand appareil soigneusement assisé qui suggère un bouchage ancien de cette ouverture (présence de calages de tuiles), peut-être à mettre en lien avec le remontage du parement externe entre les deux baies. A noter enfin à ce niveau la présence de trois corbeaux en quart de rond, avec bandeau et arrêtes chanfreinées, qui portaient le plancher de l'étage. L'un des corbeaux est inséré dans l'arc de l'arrière-voussure d'une fente de jour du rez-de-chaussée.

Au milieu de la parcelle cad. 379 subsiste un second mur, fait de pierres de taille en grand appareil, qui pourrait être un mur mitoyen entre le bâtiment qui vient d'être décrit et un second édifice, le long de la rue Bergey. En effet, l'angle sud de ce mur conserve un chainage avec le départ d'un mur roman en direction de l'ouest (l'orientation de ce mur primitif diffère de celle de l'actuel mur moderne) qui fermait donc une pièce comprise entre ce mur et l'enceinte (unité 379-2). Ce mur roman, conservé sur la hauteur du rez-de-chaussée uniquement, forme le côté oriental de la cour intérieure séparant les deux bâtiments. Il s'achève par une corniche en quart-de-rond et est épaulé par un petit contrefort plat contre lequel est venu se plaquer un puits moderne. Ici, la présence du contrefort tend plutôt à indiquer la face externe d'un mur appartenant donc à un bâtiment tourné vers la rue Bergey (unité 379-1). Au-dessus de la corniche s'élève aujourd'hui le mur moderne du presbytère. Au nord de la cour prend place un escalier sur arc plaqué contre le rocher et les premières assises d'un mur en grand appareil. Cet escalier, datant probablement du 13e ou du début du 14e siècle, reliait en pente douce le rez-de-chaussée de la maison sur l'enceinte au premier étage de la maison sur la rue. Bien que maladroitement surélevé durant la période moderne, son aménagement primitif est encore bien visible et témoigne d'un certain raffinement. Le rebord des marches est chanfreiné et à l'intrados, l'arête de l'arc est adoucie par un profond cavet souligné d'une fine moulure. Cet arc, très tendu, s'appuie contre le mur nord mais aussi, contre le mur oriental avec lequel il n'a aucun chaînage ; ce qui explique l'absence de trace laissée par ce type d'escaliers lorsqu'ils sont supprimés. Sous l'escalier, le rocher est entaillé de deux petites niches irrégulières. Le mur roman marque un léger angle sous l'escalier à la suite duquel un imposant contrefort vient empâter l'angle nord-ouest de l'unité 379-1 jusqu'au sommet du premier étage. Depuis la parcelle cad. 378, ce contrefort est plus visible ; il semble être creux et correspond probablement à une tour de latrines. Cette dernière est elle-même associée à un second contrefort, bien moins épais, qui renforce l'extrémité de la façade nord de la demeure. Cette façade en pierre de taille de grand appareil, soigneusement assisée, est conservée sur deux étages. Alors que la tour de latrines s'interrompt au niveau du premier étage, le contrefort plat monte jusqu'au sommet de la façade. Ce mur nord qui rejoint la rue Bergey ne présente aucune trace d'ouverture apparente mais une dé-végétalisation serait nécessaire pour pouvoir l'analyser plus en détail.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 6 rue de l' Abbé-Bergey

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 277, 278, 2010 AP 379 ([1 et 2])

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...