Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

La commune de La Bastide-Clairence considère le patrimoine de son territoire comme un élément essentiel de son identité et attache un intérêt majeur à sa préservation et à sa valorisation. Sa prise en compte dans les politiques territoriales, aussi bien en matière de protection et d’identification de ses éléments remarquables qu’en matière d’éducation et de développement culturel et touristique, s’avère une nécessité.

Créé en 1964 par André Malraux, l’Inventaire Général a développé une méthode scientifique permettant de recenser, d’étudier et de constituer une documentation homogène sur l’ensemble du territoire national. Acté par la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales, le transfert aux Régions de la compétence de l’Inventaire général du Patrimoine culturel est effectif depuis le 1er février 2007. Selon les termes de l’article 95, la Région peut confier aux collectivités territoriales la conduite des opérations d’Inventaire dans un cadre partenarial défini par une convention.

Afin de constituer un socle de connaissances sur l’ensemble de son territoire, la commune de La Bastide-Clairence a fait le choix de s’engager dans une démarche d’Inventaire du patrimoine, sous la responsabilité scientifique de la Région Nouvelle-Aquitaine. Cet engagement de la municipalité rejoint les orientations de la Région Nouvelle-Aquitaine en direction des territoires.

A travers le Service régional du patrimoine et de l’Inventaire (SRPI) du site de Bordeaux, chargé entre autres de la mise en œuvre de la compétence Inventaire, la Région Nouvelle-Aquitaine inscrit son action dans des partenariats avec les collectivités soucieuses de mener des opérations d’inventaire et de valorisation du patrimoine. A ce titre, le règlement d’intervention « Patrimoine et Inventaire », validé par l’assemblée plénière du 23 octobre 2017, lui permet de soutenir financièrement et d’accompagner scientifiquement les collectivités dans cette démarche.

La convention passée entre La Bastide-Clairence et la Région Nouvelle-Aquitaine en mai 2018 a permis le recrutement d’une chargée d’étude. La mission a duré une année, du 11 juin 2018 au 10 juin 2019.

La situation limitrophe de La Bastide-Clairence, entre deux provinces historiques du Labourd et de la Basse-Navarre, ainsi que la culture gasconne, ont pu déterminer des spécificités architecturales. Les différents apports sont à rechercher afin de voir dans quelle mesure les influences se seraient hybridées. L’intérêt premier de ce travail réside dans la nature systématique de l’inventaire et dans la constitution d’une documentation normalisée, fiable et mise à la disposition du public, des élus et des techniciens de l’urbanisme et du patrimoine. Le bourg ayant été très étudié, il convient d’effectuer une mise à niveau de la documentation et d’en proposer une synthèse. Les approches qui en ont été menées jusqu’à présent s’étant surtout concentrées sur l’analyse des façades ou l’organisation de la bastide, la démarche d’inventaire s'est focalisée sur l’étude plus approfondie de l’organisation interne des édifices du bourg ainsi que leurs équipements (escaliers, cheminées, éviers, etc.), éléments qui étaient sous-documentés.

L’apport de ce travail pour la partie rurale est aussi inédit : cette étude prétend apporter un regard renouvelé sur cet habitat, à la fois dans une perspective locale et régionale. Les fermes ont été examinées avec attention pour établir les typologies de la maison rurale et mieux en comprendre les évolutions, les changements de fonctions et d’activités, la manière dont ces espaces sont habités et leur adaptation…Les relations entre le bourg et les quartiers dispersés ont également été étudiées, afin de déterminer quelles ont été les interactions entre ces deux formes d’habitats, quelles ont été les références communes entre formes urbaines et rurales, les influences réciproques et les complémentarités.

La méthode normalisée de réalisation de l’inventaire préconisée à l’échelle nationale est détaillée dans « Principes, méthode et conduite de l’inventaire général du patrimoine culturel ». La finalité de l’enquête est bien la connaissance du patrimoine comme outil au service des politiques publiques et pour l’enrichissement des documents d’urbanisme en cours ou à venir, dans le périmètre communal. L’enquête d’inventaire a été réalisée de façon topographique et systématique, parcelle après parcelle, édifice après édifice. La phase préliminaire de recherche documentaire a commencée dès la prise de poste, les approfondissements et les dépouillements d’archives ont été menés parallèlement à la poursuite du travail de terrain.

La méthode d’investigation retenue ne fut pas le recensement (qui aurait nécessité une procédure d’identification exhaustive du bâti existant), mais bien une approche de type « inventaire topographique », reposant sur le principe « repérage/sélection ». Il s’agissait donc de sillonner le territoire de façon systématique, carte et cadastre en main, afin de déterminer le corpus d’édifices repérés. L’ensemble du bâti dans le territoire doit donc être vu, afin de déterminer ce qui rentre dans le champ de l’enquête patrimoniale. Les éléments et ensembles retenus ont été enregistrés dans des grilles de repérage par type de bâti, puis reportés sur support numérique. Toutes les entités patrimoniales repérées ont été photographiées. Afin de ne pas alourdir le travail de traitement des dossiers, le nombre de photographie par entité a été limité, entre 1 et 5 photos (vue générale, d’ensemble et de détails), sauf exception (édifice menacé de destruction par exemple). Les éléments patrimoniaux jugés susceptibles de nécessiter une couverture photographique professionnelle ont été signalés dès cette phase, pour permettre une programmation des campagnes.

L’enquête n’étant pas thématique, les éléments repérés peuvent appartenir à toutes les catégories de patrimoine : architecture religieuse, commémorative, défensive, domestique, agricole, architectures publiques, patrimoine artisanal et industriel, etc., tant dans les agglomérations que dans le territoire rural de la commune. Toutefois, une attention particulière a été portée au bâti vernaculaire, domestique et agricole, quantitativement le plus présent dans le territoire.

L’inventaire s’est attaché à déterminer l’organisation générale des bâtiments ruraux, entre logis et dépendances agricoles (granges, étables, poulaillers, hangars…). Les modes de mise en œuvre des matériaux, et plus particulièrement du pan de bois, sont également détaillés. Le patrimoine lié aux activités économiques du territoire, qu’il soit artisanal ou industriel, souvent fragile et parfois à l’abandon, fait l’objet d’une attention particulière sur le terrain. Le repérage depuis la voie publique est un minimum dans le bourg, mais il est indispensable de visiter un nombre significatif de maisons afin d’affiner la typologie des demeures et de constituer une documentation de référence sur les éléments de structure, de distribution et de confort des maisons de la bastide (escaliers, cheminées, éviers, charpentes). Pour la partie rurale de la commune, il était nécessaire de pénétrer dans les propriétés privées afin de voir les différentes élévations des bâtiments. Là encore, la visite des intérieurs des maisons et de leurs dépendances a été menée autant que possible.

Les bornes chronologiques théoriques d’un inventaire topographique sont fixées entre 400 après J-C et un terminus ante quem de 30 ans avant la réalisation de l’opération, soit les années 1990. A l’intérieur de ces limites, l’inventaire est cependant sélectif, ce qui implique que toute œuvre inclue dans le cadre spatio-temporel a été vue mais que seuls les éléments présentant un intérêt patrimonial suffisant ont été retenus. Les édifices dénaturés, dont la structure ancienne n’est plus suffisamment lisible, ont été exclus du repérage. Selon la méthode de l’inventaire topographique, parmi les édifices repérés, les plus représentatifs (typicum) ou ceux présentant un caractère exceptionnel (unicum) font l’objet de dossiers d’étude plus approfondis. Sur le terrain, afin de mener cet inventaire topographique, l'approche a été la plus exhaustive possible.

Ainsi, dans un premier temps un repérage a été effectué, à l’aide d’une grille permettant de consigner une première description brève et systématique. Suite à cet inventaire de tous les éléments visibles sur le terrain, une première sélection fut nécessaire, avec une argumentation justifiant de tout ce qui en est écarté. Pour certains édifices un simple repérage est suffisant, tandis que d’autres, d’un intérêt patrimonial plus important, font l'objet étude plus approfondie. Un relevé photographique réalisé afin d’illustrer cette étude et de conserver des documents de l’aspect actuel de ces éléments. Lors de ce travail de terrain, les rencontres avec les habitants ont permis d'aborder l’habitat dans son intégralité, en comprendre l’organisation interne et peut-être identifier des éléments mobiliers de fort intérêt patrimonial.

Les données recueillies ont été traitées, organisées et analysées. Elles ont été saisies dans l’outil de production de dossiers électronique de l’Inventaire pour chaque élément ou ensemble étudié. Cette base de données permet d’enrichir une synthèse communale, qui constitue le rendu final de ce travail d’inventaire. Il présente la commune dans son intégralité avec toutes ses caractéristiques, ses éléments patrimoniaux, ainsi que des études monographiques et collectives.

Les photographies sont indexées pour illustrer les dossiers électroniques et alimentent la photothèque numérique du SRPI. Les données consignées sur le terrain dans des grilles de repérage papier comportent les champs de la base de données architecture dite « Mérimée », ainsi que des champs complémentaires spécifiques à l’opération. Ces données alimentent l’outil de dossiers électronique « GERTRUDE » et les photographies réalisées dans le cadre de l’opération sont regroupées dans la photothèque AUGUSTIN.

Outre les dossiers d’ensembles et individuels, d’édifices sélectionnés pour leur caractère exceptionnel ou représentatif, un dossier de présentation de la commune propose une synthèse sur le patrimoine communal. Des dossiers de synthèse (dossiers collectifs et thématiques) sur l’architecture religieuse, domestique, agricole, etc., caractérisent le patrimoine du territoire par famille d’édifices (par exemple un dossier collectif des maisons et des fermes de la commune).

Un traitement statistique et spatial des données de repérage collectées a permit d’appuyer l’analyse et d’objectiver le commentaire. Les données « à la parcelle » sont mobilisables dans les documents d’urbanisme, de même que les dossiers de synthèse communaux et les dossiers individuels produits dans l’outil Gertrude (procédure d’export de données).

Les résultats de l'inventaire sont donc publiés dans un dossier électronique diffusé par le service régional du patrimoine et de l'inventaire. Ils ont été présentés aux habitants lors d'une réunion de restitution publique, puis valorisés à travers plusieurs événements tels que les Journées Européennes du Patrimoine. La documentation produite est consultable en format papier à la mairie de La Bastide-Clairence.