[Jean Dupouy, né à Sore en 1833, prêtre en 1858, fut curé de Souprosse de 1876 à 1910 et mourut à Sore en 1913.]
[P. 1] "Section première. Statistique. / La commune de Souprosse renferme deux paroisses, Souprosse et St-Étienne. La paroisse de Souprosse et qui doit seule nous occuper possède deux églises : l'église paroissiale et la chapelle de Notre-Dame de Goudosse. L'église paroissiale est placée sous le vocable du prince des apôtres Pierre ; la chapelle de Goudosse a pour patronne la Vierge Mère et les pèlerins de tous les siècles l'appellent : Notre-Dame de Goudosse."
[P. 3] "La paroisse a des archives qui remontent au commencement du dix-septième siècle, 1614 ; elles renferment les registres des naissances, mariages, sépultures, un volume qui relate les compte-rendus annuels des recettes et dépenses dressés par l'assemblée des marguilliers, ainsi que les procès-verbaux de la confrérie du Saint Sacrement. Il ressort de ces documents que la comptabilité paroissiale, dégagée de tout formalisme moderne, était tenue avec beaucoup de régularité et que l'église veillait avec un soin jaloux sur la bonne gestion de ses biens temporels. L'église de Notre-Dame de Goudosse a aussi ses archives, non moins anciennes, mais plus ex[...] sur le mouvement religieux de nos contrées, en particulier sur la dévotion populaire à l'égard de la Sainte Vierge. C'est dans ces dernières archives que l'on trouve un titre d'une haute importance, un indult du pape Paul V, datée (sic) de Rome, l'an de l'Incarnation de Notre Seigneur 1619, 19 de Novembre, et de son pontificat le douzième. Nous reparlerons de cette (sic) indult intimement liée (sic) à l'histoire du Sanctuaire."
[P. 4] "Chapitre II. [...] Il y a deux fontaines dans la paroisse dignes de mention. [...] A deux kilomètres du village, dans la direction de Tartas, à 300 mètres de la route Nationale n° 124, au point le plus central de la paroisse se trouve un petit monticule entouré de marécages. C'est là que s'élevait autrefois l'église de St-Pierre, église paroissiale jusqu'à la Révolution [...]."
[P. 11-12] "Il y a deux cimetières, celui de la paroisse et celui de Notre-Dame de Goudosse. Le premier de ces cimetières est tout moderne et ne date que de 1840. M. Coudroy, curé actuel de Pouillon, venait d'arriver à Souprosse, quand la commune jugea avec raison insuffisant le cimetière qui entourait l'église du bourg, devenue église paroissiale depuis la démolition de celle de St-Pierre, qui eut lieu en 1785. Elle acheta à la famille Saubié un champ d'un hectare et demi et c'est dans ce champ transformé en cimetière qu'on ensevelit, je devrais dire, qu'on noye (sic) les morts. [...] Le cimetière de Souprosse, quoique très récent, est dépourvu de ces signes qui, souvent, accusent autant la vanité que la douleur. Il est pauvre, comme cela sied à des pauvres. [...]"
[P. 13] "Le presbytère a été bâti aux frais de la commune, de la fabrique et du gouvernement. La commune a fourni 3300 fr., la fabrique 1000 fr., le gouvernement 500 fr. [...] C'était en 1883, le jour de Pâques, le conseil municipal décida la construction d'un presbytère et d'une maison d'école. Il était écrit que Mr X. [François Guilherme, géomètre et secrétaire de mairie] serait jusqu'au bout le grand architecte de la commune, le grand bâtisseur des églises, des écoles et des presbytères. Quoique bientôt vieux, il caresse, dit-on, l'idée de couronner ses œuvres par le flèche du clocher. [...] Il a longtemps régné en despote, mais son étoile baisse et va bientôt disparaître. Tout a tremblé devant cette nullité. [...] Voilà l'homme néfaste qui depuis sept ans tout à l'heure se joue des deniers de la commune, de la fabrique et de l'État. [...] Il a dépensé 15 mille francs pour bâtir un presbytère et une maison d'école où une commission intelligente trouve à chaque pas les traces accusatrices de l'incurie et de l'ignorance."
[P. 15-16] "Les confréries abondent dans la paroisse. Il y a la confrérie du St-Sacrement, la confrérie de Notre-Dame de Goudosse, la confrérie du Scapulaire, la confrérie enfin du rosaire de St Dominique. / Ajoutons à tout cela l'Apostolat de la prière, une fraternité de St François d'Assise, en voie de prospérité, établie en 1885 par le Révérend père Joseph, capucin du couvent de Mont-de-Marsan ; une congrégation des filles de Marie, affiliée à la prima primaria ; une congrégation d'enfants sous le patronage de St Joseph et de St Louis de Gonzague, fondée le 19 mars 1888. / Tout cela fonctionne dans la paroisse, non pas peut-être avec l'entrain et la ferveur convenables, mais avec une certaine régularité qui suffit pour fomenter la piété et devenir une source abondante de sanctification pour les âmes. / Les plus anciennes sont celles (sic) du St Sacrement et celles de Notre-Dame de Goudosse. La confrérie du Saint Sacrement est de date ancienne. L'état incomplet de nos archives paroissiales ne nous permet pas de préciser l'époque de son institution, mais nous pouvons sans témérité lui assigner une origine au moins aussi respectable qu'à la confrérie du Saint Sacrement établie à Goudosse le 26 mars 1648 (Arch. de N.D.G.). [...] C'est dans la chapelle du bourg qu'elle avait été établie, c'est là qu'elle tenait ses réunions et non à l'église paroissiale, située dans la campagne au lieu dit St Pierre. Cela ressort d'un procès-verbal d'une séance du 7 juillet 1767 [...]. Cette confrérie a ainsi fonctionné jusqu'aux jours funèbres de la Révolution et, quand la tempête cessa de gronder sur notre pauvre France, quand Notre Seigneur reprit possession de ses églises, il trouva encore debout sa garde d'honneur. Et ainsi que nous l'a affirmé une quasi-centenaire, Mme Monnié, le premier soin du saint prêtre Dupérier, nommé dès la Restauration du culte en 1805 à la cure de Souprosse, fut de rétablir la confrérie du Saint Sacrement, qui n'a cessé depuis d'être en exercice dans la paroisse, revêtue de l'approbation renouvelée de Monseigneur Savy [...]"
[P. 28-31] "Deuxième partie. Statistique civile. / Au centre [du bourg] se trouve la maison abbatiale des bénédictins de St-Sever, leur ville, si je puis exprimer de la sorte où les abbés commendataires, barons de Souprosse, vieux et infirmes, venaient se reposer de leurs fatigues et mourir. Elle appartient aujourd'hui à la famille Sourbié, qui a eu, à mon avis, le mauvais goût de greffer une maison-bourgeoise sur ces ruines, laissant à ses domestiques de vastes et confortables appartements où les moines aimaient autrefois à se prélasser. En face s'élève l'élégant chalet des Chauton, dont le nom italien et un peu [illisible] contraste avec le reste des maisons pauvres et enfumées de l'endroit. [...] Monsieur Léon de Chauton, membre du Conseil général, tenta en 1880, sans succès, d'établir des marchés à Souprosse. [...] / Il existe une société de secours mutuels fondée le 23 9bre 1845 sous le patronage de St Vincent de Paul. [...]"
[P. 38-42] "Archéologie. / Églises actuelles. Il y a deux églises qui servent actuellement au culte : l'église paroissiale et l'église aujourd'hui annexe de Notre-Dame de Goudosse. L'église paroissiale est de date récente, elle a été construite sous Mr Benquet, notre vénéré prédécesseur, de 1860 à 1864. Nous dirons, tout à l'heure, tous les ennuis qu'éprouva ce bon et saint prêtre avant de mettre la dernière main à cette église qui était le rêve de son cœur. / Dès 1855, la question était à l'ordre du jour, l'église du bourg, devenue église paroissiale depuis la démolition de celle de St-Pierre, était insuffisante pour une population de près de 2000 âmes et tombait de vétusté. / Un certain M. Boileau, architecte de renom [Louis-Auguste Boileau], mais peu connu dans le midi de la France, offrit le concours de son talent et de ses lumières, et se chargea pour la somme de 64.000 fr. de construire une église assez vaste pour la localité. Ses avances furent repoussées et on lui préféra l'architecte du département, M. Sibien, qui avait déjà son plan. Le Wilson de cette époque [François Guilherme ; allusion au député Daniel Wilson (1840-1919), gendre du président Grévy, impliqué en 1887 dans le "scandale des décorations"] souleva ciel et terre contre l'étranger, et grâce à ses manœuvres, le plan Sibien fut adopté avec le bénéfice de la surveillance pour lui. C'en était fait de cette pauvre église, elle était condamnée à être le théâtre d'une ignoble exploitation, à un émiettement plus ou moins prochain. / C'était le 12 janvier 1860 que fut posée la première pierre. L'année n'était pas encore écoulée qu'une partie de l'édifice s'écroulait. Les piliers de beurre (en pierre douce de Montfort) s'effondraient ; tout craquait sur ce sol mouvant et on reconnaissait, mais trop tard, la sagesse des conseils de M. Darré, alors vicaire général du Diocèse d'Aire, qui avait écrit, à plusieurs reprises : "Gardez-vous de bâtir sur un ancien cimetière, vous ne ferez rien de solide." La population fut consternée, et le cœur du prêtre brisé. Par ordre de l'Administration supérieure, les travaux furent suspendus, et on décréta la démolition de l'église. C'est alors que le péril parut dans toute son horreur : on trouva en faisant de nouvelles fouilles des piliers qui reposaient sur un cercueil ; que serait-il advenu (grand Dieu) si la providence ne s'était chargée de signaler le danger et de conjurer une catastrophe plus grande. Quel mécompte pour la paroisse et la commune qui étaient presque à bout de ressources. Mais en cette extrémité, dit Mr Benquet, personne ne désespéra. Le courage et le dévouement de tous grandit avec la gravité d'une telle situation. Deux années s'écoulèrent en pourparlers, à pleurer devant des ruines ; enfin, au printemps de 1863, une autorisation préfectorale décida la reprise des travaux par régie sous la direction d'une commission composée de Mr Costedoat, Guillerme, Sourbié et Benquet, curé de la paroisse. L'entrain fut général ; riches et pauvres répondirent au chaleureux appel de la commission. Une souscription fut ouverte dans la région et produisit en peu de temps la somme de 4000 f. Le pauvre ne marchanda ni son obole ni ses secours et prit pour lui le transport gratuit de tous les matériaux nécessaires à la restauration de son église. Le riche ne recula pas devant le sacrifice de ses plus beaux pins à l'heure où cet arbre coulait de l'or. Aussi, grâce au dévouement de toutes les classes, on put au mois d'octobre 1864 entonner l’Alléluia sous les voûtes de cette pauvre église, qui sortait après un laborieux enfantement. / Au risque d'être un peu sévère dans mon appréciation, il me semble que tout a manqué dans cette entreprise. Le choix du terrain (un ancien cimetière) a été mauvais ; le choix des matériaux (une pierre poreuse et salpêtrée) mauvais. Le plan, défectueux en bien des points, l'exécution, déplorable. Le vrai coupable, l'auteur de ce gaspillage communal, tout le monde le connaît ici (vrai tyranneau de village, de la race des Wilson), il parlait haut et agissait mal. / Le cœur se serre en voyant cette église dont le plan, cependant, offre dans l'ensemble une certaine régularité, un cachet de grandeur, si dégradée après 20 années, en voyant cette église qui semble s'émietter sous l'action du temps et s'affaisser lentement. / Le premier pasteur du Diocèse, si compétent en cette matière, me disait un jour : "Je crains bien, mon cher curé, que cette église ne tienne pas longtemps debout."
La maçonnerie principale mélangée de briques, de moellons et de cailloux est soutenue à l'extérieur par de nombreux contreforts. En quelques endroits, les joints de ces contreforts sont scellés avec des briques. Sur leurs têtes viennent s'adapter des arcs-boutants qui vont butter sur la muraille de la haute nef à l'endroit principal de poussée de la voûte, faisant office d'étais. Des fenêtres et des roses, ouvertes dans l'épaisseur comprise entre ces arcs, répandent à flots la lumière dans l'édifice. / Les artistes du moyen âge se préoccupaient surtout de l'écoulement des eaux pluviales et aux moyens de chenaux, de chaperons, d'aqueducs, les conduisaient dans des gargouilles qui les vomissaient au dehors. / Mr Sibien ne s'est pas ému de si peu et s'est contenté de simples dalles le plus souvent obstruées par les feuilles des arbres et les détritus des nids d'hirondelles. De là, des infiltrations contre les murs de la haute nef sur les bases de la fondation, qui entretiennent une humidité fâcheuse dont les ravages se font sentir dans l'intérieur. C'est là surtout que l'incurie apparaît, que le spectacle est autrement navrant. / De nombreuses crevasses attestent la mauvaise exécution et le peu de solidité de cette église. Des flaques d'eau venant entacher sur (sic) les murs, justifient nos appréciations et confirment nos alarmes sur l'avenir d'un édifice qui a coûté à la commune plus de 140.000 francs.
Le clocher est une tour carrée attendant sa flèche, flanqué à ses deux angles libres, de deux épais contreforts. Il fait partie intégrante de la façade, et sert de vestibule à l'entrée de l'église. A l'extérieur, il est percé de deux rangs de fenêtres longues distancées (sic) par une grande rosace. / Il supporte deux cloches, une grande et une petite. La grande a été fondue par Mr Dangausse (sic pour "Dencausse") à Tarbes, breveté SGDG - 1880. Sous l'administration de Mr Ulysse Thomazo, maire, Jean Dupouy, curé, Victor Daverat, président de la fabrique. Parrain : Mr Henry de Monclar, conseiller à la cour de Pau. Marraine Mlle Gabrielle de Chauton. Marraine d'honneur Mme la baronne de Toulouzette. Plus bas : Laudo Deum verum / Pebem (sic) voco, congrego clerum / Defunctos ploro, pestem fugo / Festa que decoro. / Petite cloche. Fondue et mise en place en 1826 par les soins de M. Bernard de Chauton, maire de Souprosse. Inscription latine : Set (sic) nomen Domini benedictum. Parrain M. Henry Marie Raymond de Chauton. Marraine Mlle Marie Louise Adèle de Chauton.
La forme de l'église est une croix latine et le style général est de style ogival secondaire. Il y a une nef principale et deux nefs collatérales. La nef principale a 27 mètres de long sur 7 de large. Les nefs collatérales n'ont que 3m60 de largeur. La longueur du chœur est de 10 mètres, la largeur de 7. La voûte est divisée en 4 travées ; de grandes arcades reposant sur les piliers servent de ligne de démarcation à chacune d'elles. Les nefs forment ainsi autant de petites coupolles (sic) qu'il y a autant de travées et ces coupolles, comme autant de petits berceaux, sont bâties en voûtes d'arêtes, vont s'enchâsser dans les murs ou reposent sur les arcades. Sur les bas-côtés s'ouvrent 2 chapelles, celle de gauche a pour titulaire la Ste Vierge, celle de droite, St Joseph. / La voûte du chœur se compose de 3 rangs d'arcs ogives avec une saillie fortement prononcée, profilée de nervures élégantes et bien accentuées. Ces arcs reposent sur des socles en encorbellement terminés par des figures et se ferment à leur rencontre par des clefs de voûte. Les insignes de St Pierre, patron de la paroisse, et celles (sic) de l'Épiscopat sont dessinées (sic) sur ces clefs. Le fond du chœur est à pans légèrement coupés. Une boiserie en chêne avec des panneaux en ogives couvrent (sic) le pourtour, sur une hauteur de 3 mètres. L'autel principal, don de Mme Veuve Paul de Basquiat de Mugriet, est en pierre douce sur laquelle la main d'un artiste a sculpté des feuillages du meilleur goût. Il est surmonté d'un arc triomphal qui sert à l'exposition du St Sacrement. A côté de l'autel se trouve une crédence en marbre d'Italie, reste précieux des meubles de Mgr Lanneluc, qui fut acheté par M. le chanoine Sourbié et donné en présent à l'église.
Y-a-t-il dans l'église des tombeaux. / Nos anciennes églises étaient pavées de tombeaux. La noblesse, le mérite, la vertu donnaient droit à ce privilège. [...] Le marteau destructeur de l'impiété a brisé ce pavé à la fois historique, religieux et moral et l'usage d'inhumer dans les églises, conservé dans la campagne jusqu'à la fin du dix-huitième siècle, disparut sous prétexte de salubrité publique. En fouillant nos archives paroissiales, nous avons trouvé que les églises suivantes : St Pierre de Souprosse, la chapelle du Bourg, St-Étienne d'Artiguebaude et Notre-Dame de Goudosse, étaient littéralement pavées de cadavres. [...]"
[P. 43] "Églises désaffectées. / Église détruite de Sengresse. Une tradition qui ne comptait que quelques représentants dans le pays, affirmait qu'il y avait eu autrefois une église dans le quartier de Sengresse. [...] Quand parut l'ouvrage sur les Castelnau-Tursan par Mr l'abbé Léger, l'histoire venait à son heure corroborer la tradition et ne laissait plus aucun doute sur l'existence d'une église au quartier de Sengresse. [...]"
[P. 44-45] "Église détruite de Saint-Pierre. / C'était autrefois l'église paroissiale, quoique située à la campagne, au lieu-dit de St-Pierre. Elle était encore debout au commencement de ce siècle. Une nonagénaire la vit encore, l'a visitée dans son enfance. Elle avait toutes les apparences d'une belle église, on y remarquait 4 autels : le principal avait pour titulaire St Pierre, le second la Ste Vierge, le 3ème St Antoine, le 4ème St Roch. Quoique bâtie sur un terrain mouvant, cette église résista pendant des siècles à tous les orages et fut le centre de la vie paroissiale. Certains désordres, dont elle avait été le théâtre, et le délabrement de sa voûte, qui tombait de vétusté, amenèrent l'autorité diocésaine à l'interdire. Mr Paul de Basquiat se rendit acquéreur des matériaux et s'en servit pour construire son couvent de St-Étienne. C'est à tort que Mr l'abbé Casauran dans son pouillé fait de l'église de St-Pierre une annexe. De temps immémorial, c'est là qu'était l'église paroissiale de Souprosse. A l'époque la plus reculée de nos archives, les curés s'intitulent curés de St Pierre et appellent cette église : Notre église de St Pierre. C'était donc à St-Pierre qu'était leur épouse, leur église paroissiale. [...]"
[P. 46] "Autre église détruite. La chapelle de Notre-Dame du Bourg. / On ne peut mettre en doute l'existence de cette chapelle sous le vocable de Notre-Dame. Il faudrait déchirer toutes les pages de nos archives. Cette chapelle a disparu, le nom seul en est resté attaché à un groupe de maisons, et principalement à la maison occupée par un certain épicier nommé M. Maque où l'on peut voir encore aujourd'hui une porte ogivale. Cette chapelle ne serait-elle pas la même que celle dont il est parlé par M. Dubuisson dans l'histoire du monastère de St-Sever, Livre IX, page 265, De dominiis monasterii. En le lieu de Souprosse, dit-il, possèdent une maison appelée la salle de l'abbaye et en l'environ d'icelle, deux maisons, deux prairies, deux vignes, un jardin, et y celui un oratoire ou chapelle. Nous sommes portés à croire que cette chapelle abbatiale n'était autre que la chapelle de Notre-Dame du Bourg. Pendant leurs fréquents séjours à Souprosse, les abbés commendataires communiquaient avec leur chapelle par un cloître. L'existence de ce cloître est confirmée par une porte muralle (sic) percée à l'aile droite de la maison abbatiale, mais cachée aujourd'hui par un mur de refend de la maison Penot. Quand vers la fin du dix-huitième siècle, l'église paroissiale fut ravie au culte, la paroisse fut transférée au village ; mais bientôt, à cause de l'insuffisance de cette chapelle pour contenir le concours des fidèles, il fallut songer au choix d'un emplacement plus vaste. C'est alors, nous dit la tradition locale, qu'une grange qui avait servie (sic) à emmagasiner les dîmes des abbés commendataires, seigneurs de Souprosse, fut convertie en église. C'est cette pauvre église qui a été pendant plus d'un demi-siècle, l'église paroissiale, jusqu'au jour où l'on eut la généreuse pensée d'élever à Notre Seigneur un monument plus vaste, plus digne de lui, l'église actuelle. / L'antique chapelle du Bourg avait subi le sort de l'église de St-Pierre, elle avait été démolie et les matériaux vendus par les propriétaires de l'abbaye, ont servi à la construction de quelques maisons du village. [Note de Bernard Bareyt : Certainement la grange de "Bonjour" dans laquelle se cachait le prêtre, ou plutôt dans la grange Arranchipé dans laquelle il y avait un bénitier qui est paraît-il à Goudosse.]"
[P. 47] "Église détruite de St-Martin près Bégnat. / Une vieille tradition place encore une nouvelle église sur les bords de l'Adour, près Bégnat, dont le titulaire aurait été St Martin. [...] Cette église de St-Martin ne serait-elle pas la même dont il est parlé dans l'histoire du monastère de St-Sever, Livre III, tome I, page 306, connue sous le nom de St-Martin de las Bordes. [...]"
[P. 49-51] "Liste des abbés de Saint-Sever, barons de Souprosse. [...] / Le Père Anselme. / Mais celui qui a laissé un plus durable souvenir est sans contredit le fameux père Anselme, seigneur et baron de Souprosse, prédicateur ordinaire du roi, docteur en théologie, de l'académie des belles-lettres, surnommé le petit prophète dans son temps. A tous ces titres, il est juste d'ajouter celui de bienfaiteur de Souprosse. De son vivant, la cure de Saint-Pierre de Souprosse était pourvue d'un homme distingué, Mr Cavaré, docteur lui aussi en théologie, qui a eu soin de consigner quelques dons faits par le père Anselme à la paroisse. Voici ce que nous lisons dans une note écrite de la main de Mr Cavaré lui-même. / "Présents du Père Anselme. 1727. Inauguration d'un calice. Le 29 Juin 1727 (c'était le jour de la fête patronale), Je soussigné curé de Souprosse me suis servi pour la première fois du calice de la présente église de St-Pierre qui avait été consacré par Monseigneur l'évêque d'Aire quelques jours avant, et que j'avais acheté à Toulouse, pesant 3 marks (sic) sept onces, un gros, à 48 f 50 le mark, controlle (sic) 13 f., façon en dorure 40 f., 2 f. l'étui, revenant à 242f12 que j'ai payé. / Plus, me suis servi aussi pour la première fois, ledit jour, d'un pluvial, chasuble et dalmatiques de damas rouge que Monsieur Antoine Anselme, abbé de St-Sever, a donné (sic) à notre dite église. En foi de quoi, Cavaré, curé de Souprosse."
Cloche de St Antoine. Ce n'était pas le premier présent du père Anselme fait à Souprosse : en continuant à fouiller les archives, nous trouvons en grosses lettres ces mots : Cloche de St Antoine. / "1716. Cloche de St Antoine. Le dix neuvième jour du mois de Juillet, jour de dimanche, je soussigné, prêtre, docteur en théologie, curé du présent lieu, fit la bénédiction d'une cloche, qu'on placé (sic) à la tour de l'entrée de bourg, du côté du couchant, pesant environ 6 quintaux. Le parrain de cette bénédiction a été Messire Antoine Anselme, abbé de St-Sever, baron du présent lieu, prédicateur ordinaire du roi, inspecteur des académies, habitant à Paris. Laquelle cloche a été mise sous l'invocation de St Antoine par ordre dudit seigneur abbé, au bas de laquelle est écrit : "Jesus, Maria, Joseph, Sanctus Petrus defendite nos ab hoste maligno". Et en haut, à la naissance des anses : Messire Antoine Anselme, abbé et baron de Souprosse, parrain, et M. Jean Cavaré curé 1716. / J'ai été assisté à cette bénédiction de Mr Guillaume Cavaré, curé de Cauna et directeur du séminaire, mon frère, de M. Jean-Baptiste Cabanes, curé de Goudosse, Mr Bernard Bourdens, curé de Toulouzette, Mr Jean Marsan, vicaire de ce lieu, Mr Bernard Tournié, clerc tonsuré, qui ont signé avec moi et plusieurs principaux habitants. Cavaré, curé de Souprosse. [...]" Cette cloche, dont le son argentin est encore dans le souvenir des anciens, resta suspendue au haut de cette tour jusque vers l'année 1828, faisant les fonctions de médiatrice entre Dieu et le peuple. De graves détériorations nécessitèrent alors sa refonte.
On le voit, quoique de loin, le Père Anselme n'oublie pas sa baronnie de Souprosse. [...] Plus tard, quand les graves devoirs qui le retenaient à la Cour et dans la capitale eurent pris fin, quand, bientôt vieux et cassé, il viendra prendra en mains les reines (sic) de l'administration et la direction de son monastère, où le trouverons-nous le plus souvent ? Dans sa maison abbatiale de Souprosse, au milieu des pauvres qu'il aimait, cherchant peut-être dans leur contact ce calme, cette paix inconnue au milieu des grands. [...] C'est dans les bras de cet humble prêtre [le curé Cavaré], c'est dans le modeste village de Souprosse que la mort vient, à l'âge de 86 ans, visiter cet homme qui avait rempli Paris, la Cour et la France du bruit de son nom. Laissons la parole maintenant au confident de ses dernières heures, à celui qui l'a assisté à ses derniers moments, à son vieil ami M. Cavaré : "1737. Mort à l'abbaye. Messire Antoine Anselme [...] abbé de St-Sever, baron de Souprosse, décéda dans sa maison abbatiale de Souprosse, après avoir reçu les sacrements avec beaucoup d'édification au milieu des larmes des assistants, qui admiraient sa foi, le 8 août 1737 vers les 5 heures du soir, âgé d'environ 86 ans. Son corps a été transporté le lendemain à St-Sever pour être inhumé dans son église abbatiale, où il fut enseveli vers les 5 heures du soir par ses religieux. A cette cérémonie ainsi qu'au convoi ont assisté Mr Guillaume Cavaré, curé de Cauna, Marc Antoine Cavaré, curé de Nerbis, Pierre Joseph Caillebar, curé de Lamothe, Pierre Dunogué, vicaire de Souprosse. Cavarré, curé de Souprosse." C'est donc un fait indéniable. Cette modeste maison abbatiale, si solitaire, a abrité d'illustres personnages, dont la présence donnait au village un lustre qu'il n'a plus aujourd'hui, de grands seigneurs que ne vaudra jamais l'aristocratie bâtarde de nos jours."
[P. 56-58] "Histoire. / [...] Origine de la paroisse. Nous sommes plus à l'aise dans cette question, et nous croyons sans être taxés de témérité pouvoir assigner à l'origine de notre paroisse une date que le concours de circonstances rend plus que probable. Nous avons la prétention de faire remonter la conversion des Souprossais à l'époque de la prédication de l'évangile dans nos contrées par St Sever. [...]"
[P. 68-69] "Souprosse pendant les guerres religieuses du 16e siècle. / [...] Le héros de la Réforme, Montgommery, après le massacre d'Orthez, se jeta sur la Chalosse comme un vautour sur sa proie, laissant de côté la ville de Dax. Des hauteurs de Mugron, où il campa quelques jours, ses arquebusieux (sic), avides de butin et de carnage, se répandirent dans la plaine, alléchés par les tours des clochers qu'ils voyaient poindre à l'horizon. Goudosse et Souprosse n'échappèrent pas à leur rapacité. Le sanctuaire de Notre-Dame fut pillé et brûlé et St-Pierre de Souprosse, après avoir dévasté l'église, ils se livrèrent sur la personne du pauvre vicaire à un raffinement de Barbarie : on le força à se vêtir des ornements sacerdotaux. Ainsi vêtu, on le livra aux injures d'une vile soldatesque, et quand on fut lassé de ce jeu grossier, on lui coupa les membres par morceaux et on le flamba. Après toutes ces barbaries [rayé] horreurs, le tronc informe servit de but aux arquebusiers. Ces scènes se renouvelaient dans la plupart des paroisses traversées par ces hordes de barbares. [...].
Peu à peu, de 1600 à 1617, les annales paroissiales se reconstituent de nouveau et nous permettent de contempler la signature tracée de leurs propres mains de tant de vénérables prêtres [...]. Ce sont ces noms que nous allons transcrire par ordre, c'est cette nomenclature glorieuse que nous allons tracer, glanant par ci par là quelques faits isolés et dignes d'intérêt qui ont pu signaler leur passage."
[P. 69-84] "1617. Nomenclature des curés de Souprosse.
"Nous connaissons, grâce au procès-verbal de Charles IX, le nom du prêtre qui occupait la paroisse au moment où Montgommery s’abbatit (sic) sur la contrée. Il s’appelait Jean Pomède. Depuis 1617, nous n’avons pour ainsi dire qu’à effeuiller, une par une (sic), les débris de nos archives paroissiales pour trouver leur trace. [...]"
Marsan, curé de Souprosse (1617-1646). Poymiro (1646-1663), transféré à Lencouacq. Hugues Dufaur (3 mai 1663-1672), transféré à Maylis. Jean-Pierre Lagardère (28 juillet 1672-1695), né à Poyanne (vicaires : Menellon [1674-1677], Lafourcade [1677-1685], Lamothe [1685-1689], Despouys [1689-1693], Lesbarrère [1694-1700]). Despouys (1696-1714), ancien vicaire de 1693 à 1696, mort le 13 janvier 1714 (vicaires : Lesbarrère, Dupérier [1701-1704]).
Jean Gavaré, docteur en théologie (1714 [prise de possession le 21 janvier] – 1741). Vicaires : Marsan (1715-1721), Arnauld Laborde (1721-1721), Campet (1722-1722), Pensum (1722-1726), Barthenne (28 avril 1726-1727), Laborde (1727-1727), Dayreux (29 novembre 1727-1730), Tournier (1730-1733), Laborde (août 1733-1736), Dumoyné (1736-1737), Poyusan (1737-1738), Dunoyié (1738-1741). Il bénit la cloche de Saint Antoine en 1716, inaugure un calice le 29 juin 1727. 1731 : Gavaré curé, Tournier vicaire. "Nota : Le rétable (sic) de l’église de St-Pierre de Souprosse a été achevé de dorer dans le mois de septembre de la présente année 1731 par mes soins et à mes dépens par Monsieur Despouys (Dupouys ?), doreur de Toulouzette, à qui j’ai payé 830 [330 ?] livres pour son ouvrage, sans compter les autres dépenses conformément à la police passée entre moi et M. Despouys. 12 sept. 1732. Gavaré curé."
Voirac, curé de Souprosse (juillet 1741-1747). Vicaires : Dunoyné (1741-1742), Artauld (1742-1743), Lacouture (1743-1747). En janvier 1743, Mgr de Gaujac prêche en personne une mission à Souprosse avec deux chapelains de Notre-Dame de Garaison.
Lagraulet, curé (2 mai 1747-août 1748). Vicaire : Duprat (1747-1748). Poyusan (1749-1754). Vicaire : Marsan (1749-1756). Comet (septembre 1754-1757). Vicaires : Marsan, Dessance (1756-1757). Loubens (1757-octobre 1769). Vicaires : Dessance (1756-1757), Léglise (1757-1765), Duviella (1765-1768), Léglise (1768-1769). Louis Darrimayou (octobre 1769-1781). Vicaires : Dupoy (1769-1771), Desbats (1770-1771), Caubin (1771-1774), Darracq (1774-1775), Broqua (1775-1777), Dumas (1777-1779), Bonnefemme (1770-1781), Bergoignan (1781-1781), François de Cès-Caupenne (1er août 1781-1782, plus tard archiprêtre de Saint-Sever). Tournée pastorale de Mgr de Playcard de Raigecourt le 24 septembre 1778.
Labat, curé (novembre 1781-avant le 29 septembre 1791). Vicaires : François de Cès-Caupenne (1781-1782), Darbo (1786-1787), Marsan (1789-1789), Sarragousse (mai 1789). "M. Labbat (sic) avait fait le sacrifice de sa foi, il avait souillé sa vie sacerdotale par le serment de fidélité à la constitution civile du clergé, il avait foulé aux pieds la parole solennelle de Pie VI qui le 10 mars et le 13 avril 1791 avait déclaré la nullité radicale de la constitution civile du clergé [...]. Le mépris s’attacha à ce prêtre apostat et vers le commencement de juillet 1791, il alla ensevelir sa honte dans un coin obscur de la ville de St-Sever, sa ville natale, où il mourut misérablement dans un âge très avancé. Sarragousse resta seul sur le champ de bataille, bravant la révolution, traqué, poursuivi comme une bête fauve, allant de nuit, de jour, partout où l’appelait son saint ministère, gardé par la foi vigilante et la discrétion d’une population foncièrement chrétienne. [...] M. l’abbé Sarragousse, après la révolution, devint curé de Fargues, où il mourut. [...]"
Dupérier, curé de Souprosse (1805-1834). "1805. Monsieur l’abbé Dupérier remplaça M. Sarragousse en qualité de pasteur de la paroisse de Souprosse. La biographie de ce prêtre se trouve sur une pierre tumulaire qui était adossée contre le mur intérieur de l’église démolie en 1859. Voici cette inscription : "Ci-gît Raymond-Pierre Dupérier, vrai confesseur de la foi, né à Mugron le 19 octobre 1764, fait prêtre en Espagne le 9 avril 1791, fait prisonnier le 10 mars …, condamné à la déportation par sa seule qualité de prêtre ignorée, mais déclarée par lui, incarcéré à Mont-de-Marsan, à Bordeaux, à Blaye, envoyé sur un ponton au port-des-barques, mis en liberté en avril 1795, fait curé de Souprosse le 23 octobre 1805, où il est décédé le 31 août 1834." C’est lui qui rétablit la confrérie du Saint Sacrement, qui en 1828 (sic) fit refondre les cloches de Souprosse et Goudosse.
1834. Monsieur Barbe, curé de Souprosse. Né à Aubagnan, curé de Souprosse fin 1834 jusqu’à la fin de 1838, alors nommé à Peyrehorade. Sous son administration pastorale eut lieu l’érection par le gouvernement du vicariat royal ainsi que l’achat par la commune d’une maison presbytérale.
Monsieur Coudroy, curé actuel de Pouillon, curé de Souprosse en 1838. / C’est sous son administration, ainsi que nous l’avons déjà dit, que fut acheté le champ Sourbié et converti en cimetière. C’est sous lui encore que fut fondée, en 1851, la maison des religieuses de l’Immaculée Conception de la Ste Vierge, à St-Étienne.
1855. M. Benquet, curé de Souprosse. / Prend possession le 3 mai 1855. C’est à lui que revient la gloire d’avoir fait construire la nouvelle église. Nous ne reviendrons pas sur le récit des événements qui précédèrent ou qui suivirent cette construction, ainsi que toutes les constructions qui ont suivi depuis pour l’éternelle honte des Wilsons qui ont ruiné la commune. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, tout croule lentement, tout s’émiette, et il ne serait pas étonnant, dans un avenir plus ou moins éloigné, de voir les curés de Souprosse obligés de prendre le bâton de pèlerin pour aller quêter pour leur église. Cette pauvre église, objet de ses rêves, fut aussi le tourment de sa vie sacerdotale. Monsieur Benquet mourut dans le mois de Novembre de l’année 1879, et l’esprit saint nous appela [l’abbé Jean Dupouy] pour continuer le sillon inachevé et recueillir le fruit du labeur de ce saint prêtre."
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