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Manoir du Breuil, actuellement maisons
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Arces
Historique
Le domaine du Breuil, relevant du baillage de Talmont, est mentionné pour la première fois en 1479 lorsqu'il est cédé par Jeanne Le Boursier, veuve de Léon de Saint-Maure, seigneur de Mageloup (à Floirac) et Montauzier, à Michel Gua, bachelier es lois, juge des baillages royaux de Talmont, Saujon, Nancras et Champagne. Le 1er mars 1483, celui-ci rend hommage au roi pour sa seigneurie du Breuil, imité par sa veuve, Olive de Montgaillard, en 1499, puis par leur fils, François Gua, écuyer et licencié en lois, en 1550. La famille Gua reste à la tête du Breuil jusque dans la seconde moitié du 16e siècle. En 1582, le Breuil appartient à Jacques Turmet, conseiller du roi en l'élection de saintes, puis en 1588 à Geoffroy Turmet, élu par le corps de ville de Saintes député du tiers-état aux états généraux (auxquels il refuse de se rendre). En 1592, sa veuve Jeanne de Relyon, remariée à Jean de Montault, seigneur de Castelnaud, est propriétaire du Breuil. Avant 1604, le domaine passe à Antoine de Ceretany, contrôleur des guerres. La famille Ceretany reste à la tête du domaine pendant tout le 17e siècle, période à laquelle semblent remonter les éléments les plus anciens actuellement visibles : l'extrémité nord-est du logis, soit la cuisine avec sa cheminée à corbeaux ; le grand escalier en pierre avec les ouvertures (porte à fronton, oculus, baie en plein cintre) qui éclairent sa cage ; l'aile ouest du logis, avec le porche et la chapelle ; une partie de l'aile sud-est du logis, avec cave et cheminée de la fin du règne de Louis XIV. Le 15 décembre 1703, les biens du dernier Ceretany, François, prieur de Saint-Pierre-de-Royan, et de son frère, Charles-Eutrope, sont partagés entre ses neveux. Le domaine est alors divisé en deux, une division qui demeure aujourd'hui dans la disposition et la répartition des bâtiments, de part et d'autre des ailes ouest et sud-est du logis, du porche et de la chapelle : - la partie nord revient à Gabriel-Pierre de Viaud d'Aigné puis, en 1720, à son gendre, Philippe-Auguste Lemastin de Nuaillé, chevalier, seigneur de Courseau et viguier de Talmont ; ensuite au gendre de ce dernier, Jean-Jacques de Pelet, conseiller secrétaire du roi en la grand chambre du parlement de Bordeaux ; et enfin à son petit-fils, Jean-Pierre-Auguste de Narbonne-Pelet, comte de Pelet, chevalier de Saint-Louis, lieutenant en premier aux gardes françaises ; - l'autre partie du domaine, au sud, est léguée en 1703 à Gabriel de La Croix, écuyer, seigneur du Repaire, marié à Marie Dubois ; il transmet ensuite sa part à ses filles, Sérène de La Croix, épouse de Jacques de La Porte, et Bénigne de La Croix, épouse François-Louis du Breuil de Javrezac puis de François-Germain Goubert, chef d'escadre. La chapelle reste indivise jusqu'en 1787. A cette date, une transaction intervient entre les deux parties au sujet de la chapelle et de ses ornements, "qui n'ont pas servi depuis plus de quarante ans". Le comte de Pelet achète alors sa part à Bénigne de La Croix. Durant la seconde moitié du 18e siècle, d'importants travaux sont effectués au Breuil. Un procès-verbal de visite daté de 1746, lorsque Jean-Jacques Pelet prend possession de la partie nord du domaine, montre que l'essentiel des pièces et des volumes encore visibles de nos jours dans l'aile nord-est du logis, est en place, mais que d'importants travaux doivent être réalisés, les murs et les toitures notamment étant en mauvais état. A la suite probablement de cette visite, tout en conservant la cuisine et l'escalier du 17e siècle, de larges ouvertures sont percées dans les anciens murs, à la place ou à côté d'autres ouvertures murées ; de nouvelles cheminées sont posées, par exemple dans le grand salon ; des boiseries prennent place dans la pièce entre ce dernier et la cuisine. Quant à l'aile sud-est du logis, elle connaît aussi des remaniements au cours du 18e siècle : une nouvelle porte à fronton est installée, de même qu'une nouvelle cheminée à l'intérieur ; à côté, l'appui de fenêtre porte l'inscription "DIE PRIMAE APRIL 1781", sans que l'on sache toutefois avec certitude si cette pierre d'appui est d'origine ou si elle constitue un remploi à cet endroit. Il semble qu'au moment de la Révolution, la partie nord et la partie sud du Breuil soient réunies dans les mains de Bénigne de La Croix, dont le mari, François-Germain Goubert, décède au Breuil en 1792. Le 24 novembre 1793 (4 frimaire an 2), après avoir échappé semble-t-il à la saisie comme bien national, elle vend le Breuil à Pierre Boutet, un protestant originaire de Niort, marchand tanneur et corroyeur installé dans le bourg d'Arces depuis 1775. Par ses affaires, Boutet engage d'importantes sommes d'argent, par exemple le 24 mars 1802 lorsqu'il promet de verser une rente viagère à Jean-Baptiste Veillet et Catherine Robin et à leurs petites-filles, dont Catherine Elisabeth Pétronille Endrivet, avec pour garantie le domaine du Breuil. L'on peut imaginer qu'à la suite d'un tel endettement, Boutet ait été contraint de vendre le Breuil. C'est ainsi qu'en 1815, le domaine se retrouve dans les mains d'un autre propriétaire, Pierre Lacotte-Dulac, qui y demeure. Pierre Boutet semble toutefois se refaire à cette époque puisqu'en 1815 toujours, il rachète le Breuil à Pierre Lacotte-Dulac pour 30000 francs. En 1823, Pierre Boutet meurt dans sa maison du Breuil qui est alors de nouveau divisée en deux. La partie nord échoit au gendre de Pierre Boutet, Jean-Daniel Demonconseil. Né en 1792 à Saint-François, à la Guadeloupe, il est le fils de Daniel Demonconseil, dit Conseil (1758-1821). Protestant, capitaine de vaisseau, ce dernier a fait campagne aux Antilles pendant la Révolution, puis s'est retiré à Breuillet (près de Royan) dont il a été maire en 1815. Son fils, Jean-Daniel Demonconseil, demeurant d'abord à Cozes, a épousé Judith Boutet en 1814. Ils ont vécu dans le bourg d'Arces avant d'hériter de la partie nord du Breuil à la mort de Pierre Boutet en 1823. Ils sont toujours propriétaires de cette partie lorsque le cadastre d'Arces est établi en 1833. Jean-Daniel Demonconseil décède à son tour au Breuil en 1843. Quant à la partie sud du domaine, elle échoit à la mort de Pierre Boutet à son fils, Saül qui la revend en 1830 à Pierre Michel Mareschal (1791-1851). Originaire de Saintes, officier ayant combattu durant la campagne de Russie, devenu percepteur en 1815, il demeure d'abord au bourg d'Arces avant de s'installer au Breuil. Il est marié à Catherine Elisabeth Pétronille Endrivet, une des parties envers laquelle Pierre Boutet avait passé une rente viagère en 1802. Le cadastre de 1833 montre par ailleurs que le domaine est relié à cette époque au bourg par un chemin creux, qui subsiste de nos jours. A cette date, un moulin à vent apparaît sur le côté du chemin et est détenu par Pierre Michel Mareschal (selon le cadastre, il est démoli en 1845). Mareschal et Demonconseil possèdent enfin, en indivis, la mare et la distillerie situées sur le côté du chemin menant vers l'est. Le Breuil reste divisé en deux pendant tout le 19e siècle et une partie du 20e. Dans la partie sud, à Pierre Michel Mareschal succède son gendre, François Auguste Amédée Jeaud (1818-1898), qui demeure à la Croix d'Arces, puis le gendre de celui-ci, Jean Casimir (1854-1926). Ce dernier est le fils naturel d'un riche propriétaire d'Epargnes, Jean-Jacques Gaborit. Vers 1930, le fils de Jean Casimir, Léon Casimir (1880-1965) réunifie le Breuil en achetant la partie nord autrefois détenue par Jean-Daniel Demonconseil et qui, entre temps, a appartenu pour une part à la famille Bruneau et pour l'autre part à Jean-Jacques Gaborit. Le domaine est encore aujourd'hui la propriété des descendants de Léon Casimir.
Description
Les bâtiments du domaine du Breuil s'organisent autour de deux cours, au nord et au sud, auxquelles s'ajoute un ensemble de vastes dépendances situées au sud-est, à l'entrée est de la propriété. Cet ensemble comprend une grange-étable, un hangar, une écurie et un bûcher et poulailler (établis dans un bâtiment autrefois habitable). En face de ces dépendances, de l'autre côté du chemin, se trouvent une distillerie et une mare. Un autre corps de bâtiment comprenant un logement et des dépendances (bergerie, étable et laiterie) ferme la cour nord au nord-est. Situé entre les deux cours, le logis comprend trois ailes. L'aile sud-est donne sur la cour sud qui est délimitée à l'ouest par un logement, une ancienne souillarde et un fournil, et au sud par un mur de clôture avec portail à piliers maçonnés. La façade de l'aile sud-est du logis présente entre autres une baie à encadrement chanfreiné, une baie rectangulaire dont l'appui porte la date 1781, et la porte à encadrement saillant, avec fronton triangulaire surmonté de trois amortissements. A l'intérieur de cette aile du logis, on observe une cheminée de la fin du 17e siècle ou du début du 18e siècle, ornée de moulurations, et une autre du milieu du 18e siècle, à décor de volutes, de fleurs et de coquille. Une descente de cave donne accès à une cave avec voûte brisée. L'aile ouest du logis est prolongée par un pavillon porche qui constituait à l'origine l'accès principal à la propriété et qui effectuait la liaison entre les deux parties du domaine. Ce pavillon est coiffé d'un haut toit à croupes et à égoût retroussé, couvert en tuile plate et surmonté d'épis de faîtage en terre cuite vernissée. Le passage couvert ouvre par deux portes en arc segmentaire et à encadrement chanfreiné. Côté sud-ouest, au-dessus du passage couvert, se trouve une petite baie à encadrement chanfreiné. Sous le passage couvert, une porte également en arc segmentaire et à encadrement chanfreiné donne accès à la chapelle qui se trouve dans le prolongement du pavillon, vers le nord-ouest. Le mur sud-ouest de la chapelle présente des traces de reprise ainsi que d'anciennes ouvertures murées. Le mur nord-est est percé notamment de deux baies, l'une en arc segmentaire surmontée de l'inscription "IHS", l'autre en plein cintre surmontée des initiales "MRA". L'aile nord-est du logis, à un étage, présente sa façade principale sur la cour nord. Cette façade est percée de plusieurs larges ouvertures et présente les traces d'autres baies murées. A droite, la façade est percée au rez-de-chaussée d'une porte basse en arc segmentaire et à encadrement chanfreiné, surmontée d'un oculus ; et à l'étage d'une baie en plein cintre encadrée par des pilastres et ornée d'un appui mouluré. Cette baie, la porte et l'oculus éclairent une cage d'escalier qui abrite un large degré en pierre rampe-sur-rampe, à deux volées et à mur-noyau. A l'étage, en haut de l'escalier, se trouve une porte en bois cloutée, avec encadrement chanfreiné. Au rez-de-chaussée, à gauche en entrant à partir de l'escalier, un grand salon présente une cheminée du 18e siècle. Au plafond, les poutres possèdent encore les traces d'un décor peint. A partir du salon, un couloir conduit à la cuisine située à l'extrémité nord-est de cette aile du logis. Entre le salon et la cuisine, une pièce contient des boiseries. Dans la cuisine se trouve un potager, un évier en pierre et une cheminée à corbeaux, sans doute du 16e siècle ou du début du 17e.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Étages |
1 étage carré |
Couvertures |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17045497 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2013 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Manoir du Breuil, actuellement maisons, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/3498d7a3-00d0-4841-a797-35885caba280 |
Titre courant |
Manoir du Breuil, actuellement maisons |
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Dénomination |
manoir |
Parties constituantes non étudiées |
cour jardin portail chapelle logement grange étable chai écurie distillerie mare bergerie laiterie |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Arces
Milieu d'implantation: isolé
Cadastre: 1833 C 66 à 82, 2009 C 1011 à 1014