Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Le port de l'Hopitau a la particularité de se situer sur les deux rives et de se confondre parfois avec le passage d'eau qui existait à cet endroit. D'après le chartier de Thouars, la nef construite à Taillebourg pour Louis II de la Trémoille "fut tirée à la cordelle depuis le port de l'Ospitault jusqu'à La Rochelle" en avril 1510. Ce port est aussi mentionné en 1675 dans l'atlas terrier de la commanderie du Temple de La Rochelle au sujet de sa "seigneurie de l'hospital de Lémuing en la paroisse de Geay". Cette commanderie, attestée au 13e siècle, comporte une chapelle d'époque romane et il est probable que le port lui est au moins contemporain. Un plan du 18e siècle concernant cet établissement, situé sur la rive gauche vis à vis de l'écart auquel il a donné son nom, porte la mention "port de l'Hospital" de part et d'autre du fleuve. Dans les années 1750-1760, trois gabares sont rattachées à ce port.

Le procès-verbal de la vente, le 6 janvier 1793 [17 nivôse an 3], comme bien national de la commanderie de Malte sur la commune de Geay, mentionne l'emplacement du port et du passage. Le port se situe à l'est d'un pré nommé "Petit Pré".

En revanche, le port de l’Hopitau n'est cité que sur la rive droite en 1808 par Guérinot, dans l’état des canaux et fossés qui traversent les chemins de halage de la Charente. Les plans cadastraux napoléoniens de Bords et de Geay, respectivement de 1826 et de 1832 ne mentionnent pas de port mais indiquent le chemin de Tonnay-Boutonne à Geay aboutissant aux deux rives et au passage d'eau. Un espace sur les deux rives, à l'est du passage, laisse supposer qu'il existait là un endroit où pouvaient être entreposées des marchandises à expédier. En outre, les prés, situés sur la rive droite et cadastrés C 1464 et 1465 en 1826, sont nommés chacun "Pré du Port" sur l'état de section de la commune de Bords.

Sur le plan cadastral de Bords de 1826 figurent deux écarts constitués chacun d'une métairie portant le nom "le Grand Hopital" et "le Petit Hopital". Cette dernière est située au nord-ouest de la première.

Vers 1883, un quai est projeté sur la rive gauche, ce qui montre que le port est encore actif. Dans son ouvrage de 1901 sur l'Aunis et la Saintonge maritimes, Benjamin Girard mentionne que le territoire de Geay contient beaucoup de bois taillis de diverses espèces, pour le chauffage, dont il s'exporte par eau de grandes quantités, à destination de Rochefort, La Rochelle et l'île de Ré.

Si le passage d'eau est en service jusque vers 1955, le port ne sert plus pour l'expédition de marchandises depuis le début du 20e siècle.