Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Cette maison médiévale présente deux grandes étapes de construction. La moitié sud de la parcelle conserve des vestiges romans de la fin du 12e siècle ou du commencement du suivant. A contrario, la moitié nord date elle du 14e siècle ; ce qui fait de cet édifice le seul exemple conservé à Saint-Emilion d'une portion d'enceinte intégralement reconstruite durant la guerre de Cent Ans. Aujourd’hui en ruine, ce bâtiment possédait encore sa toiture au début du 19e siècle comme il apparaît sur un dessin de Pierre Lacour fils. La quasi-totalité des parements du rez-de-chaussée du mur nord, son escarpe et les deux fenêtres de l’étage ont été reconstruits lors d’une restauration hasardeuse menée à la fin des années 1920. L’état antérieur est néanmoins documenté par de nombreux documents anciens.

Quant à la partie sud de ce bâtiment, la maison de plain-pied qui s'était installée au 19e siècle contre les murs romans a été démolie 2018 et remplacée par un édifice contemporain d'un étage qui accueille désormais des locaux associatifs.

Périodes

Secondaire : limite 12e siècle 13e siècle

Principale : 14e siècle

Secondaire : 18e siècle

La maison 8, rue de l’Abbé Bergey occupe l’angle nord-ouest de l’enceinte, à proximité de l’ancienne Porte Bourgeoise, et présente un plan barlong large d’une dizaine de mètres pour une profondeur d’environ 20 m entre le fossé et la rue. À l’origine, le bâtiment englobait tout ou partie de l’actuel 10, rue de l’Abbé Bergey (parcelle cad. 376).

L’ensemble se compose de trois parties distinctes ; la principale, située au nord, étant un bâtiment carré de 10 m de côté, élevé sur deux niveaux et entièrement reconstruit au 14e siècle comme l’indiquent les caractéristiques de son parement, de ses fenêtres d’étage, de ses latrines et de sa cheminée. Il communiquait d’une part, au sud, avec une construction romane bordant la rue de l’Abbé Bergey et, d’autre part, à l’est, avec un espace situé sur l’actuelle parcelle cad. 376 qui ne renferme actuellement plus aucun vestige médiéval visible.

De la maison romane implantée au sud de la parcelle, subsistent les murs ouest, nord et est, conservés en rez-de-chaussée et sur une partie de l’étage. La présence d’un jour, actuellement condamné, au rez-de-chaussée du mur occidental, suggère l’existence d’une issue qui devait séparer cette maison de la maison n°6, rue de l’Abbé Bergey. Le mur oriental présente plusieurs aménagements postérieurs dont une petite armoire murale, couverte d’un arc brisé, percée après coup dans le parement. Elle est elle-même recoupée par une niche surmontée d’un arc segmentaire et dotée d’une feuillure : aujourd’hui murée, sa fonction reste incertaine (évier, cheminée). On signalera ici la présente d’une cheminée monumentale du 17e siècle. Des travaux de démolition réalisés en 2018-2019 dans cet espace ont permis de dégager l’ensemble de ces maçonneries.

Les vestiges les mieux conservés se situent sur la moitié nord de la parcelle et correspondent à une extension de la maison au 14e siècle en nette saillie, d’environ 5 m, sur le fossé. Il s’agit là d’un cas unique sur l’enceinte saint-émilionnaise, suggérant que cette reconstruction, durant la guerre de Cent ans, avait entre autres pour objectif d’assurer un meilleur flanquement des abords de la porte Bourgeoise. C’est également ce que tend à confirmer la présence d’une petite archère, depuis remaniée, au rez-de-chaussée du mur oriental de la maison. Outre la petite archère, le rez-de-chaussée disposait également, dans son mur nord, d’une grande niche murale couverte d’un arc segmentaire, maladroitement reconstruit à la fin des années 1920. Durant ces travaux, une fenêtre géminée barlongue fut implantée au fond de cette niche alors qu’auparavant les vestiges du parement en ruine, visibles sur les photographies anciennes, laissaient tout au plus la place pour une petite fente de jour ou une archère. Ce niveau disposait de trois portes dont une communiquait avec l’espace situé à l’est et deux autres, percées dans le mur sud, ouvraient sur le bâtiment roman en bord de rue. Bien que le mur occidental ait disparu, son arrachement est encore clairement visible à l’extrémité de la façade nord ; cela indique d’une part que les deux étaient chaînés entre eux (ce qui était très rare pour la période précédente ailleurs sur l’enceinte) et, d’autre part, que ce mur avait une largeur d’environ 55 cm, conforme aux gabarits de l’époque pour le bâti civil de la ville. On ne sait en revanche rien des éventuelles relations avec l’espace situé plus à l’ouest, actuellement dépourvu de bâti (parcelle cad. 378), qui devait en partie être occupé par l’issue évoquée précédemment.

L’étage accueillait une grande pièce habitable dotée de nombreux équipements domestiques logés directement dans l’épaisseur des murs. Près de l’angle nord-ouest, une porte aujourd’hui murée ouvrait à l’origine sur une cabine de latrines implantée en encorbellement sur le fossé. À sa suite, deux grandes fenêtres ajouraient le centre de la façade nord. La plus à l’ouest, attestée par la documentation ancienne, a été rouverte lors des travaux des années 1920 et présente deux baies barlongues séparées par un meneau chanfreiné. Elle semble n’avoir jamais disposé de coussièges, contrairement à la fenêtre voisine qui les a conservés, mais a en revanche perdu son encadrement d’origine, remplacé durant le 18e siècle par une grande ouverture couverte d’un arc segmentaire. Le mur oriental reçoit un grand renfoncement mural dont l’absence de feuillure indique qu’il était destiné à rester ouvert sur la pièce ; ce qui ne manque pas d’interroger sur la fonction d’un tel aménagement : simple alcôve, niche d’évier, ancienne archère dont l’embrasure aurait été remplacée par l’actuel œil-de-bœuf, etc. Vient ensuite une cheminée entièrement intégrée au mur ; couvert d’un arc segmentaire très tendu, son âtre mesure 2 m de large pour 1,90 m de haut. Cette cheminée partage son piédroit sud avec une petite armoire murale rectangulaire dotée d’une feuillure, donc fermée par un volet, et de rainures latérales pour y installer deux étagères. À la suite de la petite armoire, le mur, qui jusque-là formait la partie de l’enceinte en saillie, vient se plaquer contre l’extrémité du mur oriental de la demeure romane, épais d’une soixantaine de centimètres, dans lequel fut percée une porte communiquant avec la partie de la maison, aujourd’hui disparue, qui occupait l’emprise de la parcelle cadastrale 376. Une seconde porte, dans le mur sud, communiquait avec l’étage de la maison romane.

Le chemin de ronde qui couronnait l’édifice conservait encore une partie de son parapet crénelé au début du 19e siècle. On ne sait si la toiture visible sur le dessin de Lacour correspond aux dispositions d’origine ou si elle appartient à la phase de reprise moderne. En revanche, l’arrière du chemin de ronde présente encore une assise régulièrement interrompue par des trous, larges d’une trentaine de centimètres, qui devaient accueillir les poutres du plafond ou de la charpente qui couvrait la salle de l’étage. Si le toit représenté sur le dessin de Pierre Lacour appartient à l’état primitif, la maison disposait alors d’un niveau de comble.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
Étages

1 étage carré

État de conservation
  1. mauvais état

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 8 rue de l' Abbé-Bergey

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 275, 276, 2010 AP 377

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