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Présentation de la commune de Mignaloux-Beauvoir
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Mignaloux-Beauvoir
Historique
La commune de Mignaloux-Beauvoir n'existe en tant que telle que depuis 1798, date à laquelle les deux anciennes paroisses de Mignaloux et de Beauvoir sont réunies en une seule. Malgré tout, Mignaloux et Beauvoir sont unis depuis bien plus longtemps par leur histoire et leur développement très liés à la proximité de Poitiers. Ainsi, le territoire de la commune a longtemps appartenu à des propriétaires résidant à Poitiers : abbayes au Moyen Age et sous l'Ancien Régime, puis notables au 19e siècle. Divisé en de vastes domaines agricoles, le territoire de la commune a longtemps été peu construit, celle-ci apparaissant comme un ensemble de hameaux très épars, plus ou moins développés, plus ou moins éloignés des voies de circulation principales. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, la proximité de Poitiers joue à la fois pour et contre Mignaloux-Beauvoir. Si la commune perd une partie de son territoire, le cédant à Poitiers en 1959 pour la construction de l'hôpital, et en 1974 pour celle d'une partie du campus, ces nouvelles constructions renforcent l'attractivité de la commune, désormais aux portes de Poitiers. Elles entraînent le rapide développement de Mignaloux-Beauvoir, et le déclin de son caractère rural.
Les plus anciennes traces d'occupation humaine à Mignaloux-Beauvoir remontent à la période protohistorique : des sites datant de cette époque ont été découverts aux lieux-dits des Terres Grasses, de la Cigogne et du Camp (rattaché depuis 1959 à la ville de Poitiers). A l'époque gallo-romaine, la commune est traversée par deux voies romaines : l'une allant vers Limoges, l'autre vers Argenton et Bourges. La première passait près de l'actuelle gare, au sud de la commune ; la seconde se trouvait probablement au nord du Breuil l'Abbesse (ou tracé actuel de la RN). Une voie secondaire quittait celle de Bourges pour passer par Charassé et la Cigogne, et continuait vers La Souterraine. A l'époque romaine remontent également deux découvertes faites au Breuil l'Abbesse : celle, en 1887, d'un four de potier près du Colombier ; celle, en 1905, d'une clé en bronze dans le champ du Haut-Martin, près des carrières des Rosiers. Le nom de Mignaloux apparaît pour la première fois dans une charte de l'abbaye de Nouaillé en 848, sous la forme "Villa exania Magnalorum". Puis on le trouve indiqué "Villa Magnalorum" en 951, Magnalor en 1295, Meygnalour en 1322, Mignalour en 1479, Mignalou en 1519, enfin "Mialou" en 1757. La paroisse de Mignaloux existe donc au moins dès 848, et l'on peut considérer que l'implantation des habitations se concentrait alors autour de l'église. Quant au nom de Beauvoir, lié à la commanderie, il n'apparaît qu'en 1187. L'endroit se limitait probablement déjà à un lieu de culte et à une exploitation.
Au Moyen-Âge et sous l'Ancien Régime, le territoire de l'actuelle commune de Mignaloux-Beauvoir relevait principalement de quatre seigneurs religieux, principalement des abbayes poitevines : l'abbé de Saint-Hilaire de la Celle qui y implante un prieur-curé résident, l'abbesse de Sainte-Croix, celle de la Trinité. Le quatrième seigneur religieux était le commandeur de la Villedieu. Une cinquième seigneurie, celle des Touches, était aux mains d'un laïc et relevait directement du roi de France. Cette dépendance, notamment à l´égard des institutions religieuses de Poitiers, permet aujourd’hui de bien connaître l´histoire de la plupart des domaines de la commune, grâce à leurs archives. Ces informations se trouvent le plus souvent dans les aveux, qui sont des déclarations écrites constatant l´engagement d´un vassal envers son seigneur, les dénombrements, qui sont des inventaires des domaines, et les déclarations de biens rendues par les propriétaires roturiers. En effet, de ces seigneurs dépendaient des terres confiées à des tenanciers, souvent habitants de Poitiers. Ainsi, un terrier de la commanderie de Beauvoir en 1655 indique que parmi les tenanciers des terres, on comptait deux procureurs, six avocats au présidial, des marchands, bouchers, vitrier, chirurgien, tous de Poitiers. Ces tenanciers faisaient travailler des métayers, qui s'engageaient à cultiver les terres et à partager les récoltes avec eux, et constituaient la population résidant véritablement dans la commune. Celle-ci regroupait, en 1759, 107 familles, ce qui représente environ 300 paysans. Un sondage dans les registres paroissiaux entre 1764 et 1768 permet de dénombrer 39 laboureurs, 17 journaliers, une sage-femme et 2 maréchaux. Les exploitations agricoles étaient de différentes tailles : on distinguait les métairies, fermes grosses ou moyennes, des borderies, plus petites, cultivées par des paysans pauvres qui produisaient à peine de quoi se nourrir. D'après les rôles des tailles (registres des impôts) de Mignaloux et Beauvoir en 1775, les métairies les plus riches appartenaient aux ordres religieux : celles des Rosiers et de Sainte-Croix, relevant de l'abbaye du même nom, imposées respectivement à hauteur de 33 et 27 livres ; celle des Oriollères, relevant du chapitre de la cathédrale de Poitiers, pour 28 livres ; celle de l'Hopitau de Beauvoir, relevant de la commanderie, pour 27 livres ; celle de la Trinité, relevant de l'abbaye du même nom, pour 26 livres. Seule la métairie de Brazoux, appartenant à un certain Dainsay, et imposée à 29 livres, rivalisait avec la richesse de celles des abbayes poitevines. Le rôle des tailles de 1775 précise en outre que parmi les personnes imposées, on comptait 35 laboureurs, 8 bordiers et 2 maréchaux. Cette population est dispersée en de nombreux écarts : on dénombre près de 30 lieux-dits sur la carte de Cassini, datant de la deuxième moitié du 18e siècle.
A la Révolution, et avec la vente des biens nationaux, les abbayes de Poitiers perdent leur pouvoir sur la commune. Les principaux acquéreurs de leurs métairies sont des bourgeois de Poitiers, souvent des hommes de loi. Derniers signes de l'Ancien Régime, les communaux, situés derrière la Cigogne entre les routes de Savigny et de Limoges, restés propriété de la commune, sont vendus dans les années 1830. Sur le plan administratif, la Révolution transforme les paroisses de Mignaloux et Beauvoir en deux municipalités. Un plan daté de 1804, mais réalisé d'après la carte de Cassini, montre ainsi que la paroisse de Beauvoir se développait jusqu'à inclure le hameau des Bruères, la Cigogne, ainsi que la Ganterie. Face à la Constitution civile du clergé de 1791, les attitudes des deux curés en place divergent : alors que celui de Beauvoir, Jean-Pierre Dubois, prête serment, le prieur-curé de Mignaloux, François de Luzines, s'y refuse et quitte sa cure. La commune de Mignaloux-Beauvoir qui est constituée en 1798, est d'abord rattachée au canton de Nouaillé, puis à celui, plus important, de Saint-Julien-l'Ars en 1801. Le premier maire de la commune nouvellement formée est élu en 1800 : il s'agit de Galfried Keating, irlandais propriétaire de la Cigogne et de Charassé. Beauvoir est d'abord le chef-lieu de la commune jusque 1815, puis la situation s'inverse au profit de Mignaloux.
Au 19e siècle, Mignaloux-Beauvoir est rurale, comme toutes les communes entourant Poitiers. Sur le cadastre de 1819, les terres labourables occupent 70 % de la superficie de la commune, les taillis 8,5 % et les bruyères 8,7 %. Le reste est principalement partagé en prés (4,6 %) et pâtures (3,2 %), les vignes n'occupant qu'une infime part du territoire (0,2 %), proportion qui s'accroît à la fin du siècle. En effet, après la crise du phylloxéra sont plantés 100 hectares de vignes sur la commune, produisant annuellement 5000 hectolitres. La production de vin était particulièrement localisée dans la vallée des Touches, aux Bruères, au carrefour de Beauvoir, et à la Maison coupée (actuellement sur le territoire de la commune de Poitiers), quatre lieux dans lesquels la distillation de l'alcool est autorisée en 1916.
Au 19e siècle, la population croît lentement, passant de 460 habitants en 1800 à 535 en 1851, puis 560 en 1874, malgré quelques accidents démographiques dans les années 1810 et à la fin des années 1830. L'augmentation est plus rapide à la fin des années 1870 et dans les années 1880, en lien avec la prospérité agricole d'alors : on compte 647 habitants en 1881, 720 en 1891, 728 en 1903. A cette date c'est la quatrième commune la plus peuplée du canton de Saint-Julien-l'Ars. La fin du 19e siècle est aussi marquée par l'arrivée du chemin de fer en 1883 : la station de Mignaloux-Nouaillé accueille la bifurcation de la ligne Poitiers-Limoges vers Le Blanc. Puis la population décroît sensiblement à cause de l'exode rural puis de la guerre, tombant à 662 habitants en 1936. De nouveaux équipements et services se mettent peu à peu en place : en 1919 on décide d'ouvrir un service d'autobus passant sur la route de Limoges et la route de Chauvigny trois fois par semaine. Puis le téléphone est installé à Mignaloux en 1926. Ainsi, malgré la diminution du nombre d'habitants, leurs conditions de vie s'améliorent, ce qui peut s'expliquer par la proximité de Poitiers.
L'augmentation la plus significative de la population de la commune se produit au cours des années 1960. La population avait enfin retrouvé son niveau de 1900 au début de la décennie, la lenteur de cette augmentation s'expliquant en partie par la perte, en 1959, de 180 hectares du territoire communal au profit de Poitiers pour la construction du centre hospitalier régional de la Milétrie. Malgré cette amputation, l'installation de l'hôpital aux portes de Mignaloux-Beauvoir entraîne un fort et subit accroissement de la population, qui atteint 1300 habitants dès 1968. En 1974, une nouvelle cession de terrain (celui sur lequel est bâtie une partie du campus) à Poitiers fait légèrement chuter la population, mais son développement repart rapidement : 1207 habitants en 1975, 1638 en 1982, 2357 en 1990, 3341 en 1999. Le développement de la commune est lié à celui de la capitale régionale, qui déborde de ses limites. Les habitations s'installent particulièrement aux abords des deux voies de circulation principales, les routes de Limoges (RN 147) et de Chauvigny (RN 151). Elles viennent tantôt densifier l'habitat de hameaux anciens, comme au Breuil l'Abbesse ou aux Bruères, tantôt s'implanter entre deux hameaux, les reliant ainsi peu à peu, comme entre Gros Puits et la Gare, entre Sainte-Croix et la Richardière et les Magnoux. Elles s'implantent aussi sur des terrains vierges de toute occupation précédente, comme au Bois Joli. Les constructions réalisées depuis les années 1960 n'ont pas fait reculer les zones boisées de la commune : au contraire, elles se sont implantées là où les bois étaient rares, comme les lotissements au sud de l'ancien bourg de Mignaloux, ou à proximité : c'est le cas du lotissement du Bois Joli, qui a été construit sur une bande de terrain libre, nichée au coeur d'un bois. Ce dernier est loti au cours des années 1970, le lotissement des Davitaires est approuvé en 1983, celui du Pré-des-Mottes est achevé en 1986, celui de La Vallée en 1987. Puis les zones de la Garenne, la Boulanderie et le Breuil l'Abbesse sont ouvertes à l'urbanisation en 1988, celle de Sainte-Croix en 1989, la Gare en 1990.
Le réseau viaire fait preuve d'une grande stabilité au cours de l'histoire. Les routes royales de Limoges et de Bourges, tracées dans les années 1770, sont devenues nationales, les chemins sont devenus des routes. Il est principalement modifié par la construction d'un raccordement et d'un échangeur entre les deux routes nationales en 1980.
Le développement du bourg est très récent dans l'histoire de la commune, les bourgs anciens de Mignaloux comme de Beauvoir ayant été jusque là réduits à quelques maisons. Le nouveau bourg, projeté dès 1986, apparaît dans les années 1990 au sud de l'ancien bourg de Mignaloux, autour d'une nouvelle mairie et d'une bibliothèque, achevées en 1996, et du centre commercial des Alisiers. Plus récemment d'autres équipements y ont été bâtis (maison des associations, espace de loisirs, résidence pour personnes âgées). A la fin des années 1980 s'implantent aussi de nouvelles activités à Mignaloux-Beauvoir, comme la zone de Beau-Bâton ou l'Agropole aux Touches. Depuis la fin des années 1960, la commune de Mignaloux-Beauvoir perd donc peu à peu son caractère rural. Seules une dizaine de fermes sont encore en activité sur la commune. La majorité des habitants travaillent dans le secteur tertiaire, à Poitiers pour 75 % de la population active (notamment au centre hospitalier), sur place pour 15 %. Le déclin de l'activité agricole sur la commune est toutefois à relativiser à l'aune du chiffre suivant : en 2000, la moitié de la superficie de la commune était encore utilisée pour l'agriculture (1094 ha sur 2156 ha).
Administrativement, la proximité de Mignaloux-Beauvoir avec Poitiers s'était matérialisée dès 1965 par son intégration dans le district de Poitiers (transformé en 1999 en Communauté d'agglomération de Poitiers), aux côtés de Biard, Buxerolles, Chasseneuil-du-Poitou et Saint-Benoît, puis en 1973 par le rattachement au canton de Poitiers.
Description
La commune de Mignaloux-Beauvoir couvre une superficie de 2156 hectares. Elle se développe au sud-est de Poitiers, au-delà du centre hospitalier. Elle est marquée par la présence de vallées sèches : l'une la délimite au nord (vallée des Touches), l'autre à l'est (vallée du Pally). Au sud, la limite communale suit le tracé probable de l'ancienne voie romaine conduisant de Poitiers à Limoges. Outre les vallées sèches, dont le souvenir subsiste à travers les lieux-dits comme la Vallée, Mignaloux-Beauvoir compte des zones humides dont la présence se traduit encore dans la toponymie (La Palaudrie) et dans les nombreuses mares où l'on abreuvait autrefois les bêtes. Les surfaces boisées sont importantes et régulièrement réparties sur le territoire communal, excepté à l'ouest. La commune compte beaucoup de terres incultes ou peu fertiles (brandes, bruyères) dans sa partie est, ce qui a encore marqué la toponymie (les Bruères, la Cigogne, le Racagis). Au nord, la terre argilo-calcaire, de teinte souvent rougeâtre, contient beaucoup de pierres. Une carrière fut d'ailleurs exploitée au Breuil l'Abbesse, à l'époque médiévale et au moins jusqu'au 16e siècle. Des vignes étaient autrefois plantées près des Touches et à Beauvoir.
Le bâti est réparti de manière très éclatée sur le vaste territoire communal, qui est historiquement composé de nombreux écarts et habitations isolées. Les bourgs de Mignaloux et Beauvoir ont jusqu'à récemment été très réduits, comptant quelques maisons, alors que certains écarts comme le Breuil l'Abbesse étaient plus importants. Aujourd'hui, les principales concentrations d'habitat sont, du nord au sud : le Breuil l'Abbesse et ses développements au sud jusqu'au Deffend ; le centre-bourg, autour et particulièrement au sud de l'ancien bourg de Mignaloux ; le sud de la commune, autour de l'ancien bourg de Beauvoir, du hameau de Gros Puits et jusqu'à la Gare. Le Bois Joli, au sud de la route de Limoges, constitue une zone bâtie plus récente mais très étendue, à proximité de l'hôpital. Les écarts sont dispersés sur l'ensemble du territoire, le long des routes secondaires (les Bruères, les Oriollères, la Ganterie, le Brelignuet) ou plus isolés au bout de chemins (la Thoumitière, Beau-Bâton, la Moudurerie). Certaines habitations sont encore complètement isolées, comme Geniec, la Pépinière, la Croix Blanche, Charassé.
Cet éclatement de l'habitat justifie l'existence d'axes de circulation assez nombreux. Les axes les plus importants traversent Mignaloux-Beauvoir d'ouest en est, la commune n'étant qu'un point de passage sur des voies reliant Poitiers à d'autres grandes villes : il s'agit des routes nationales qui relient Poitiers à Limoges (RN 147) et à Chauvigny (RN 151). Un échangeur situé à l'entrée de la commune en sortant de Poitiers, à l'ouest du Breuil l'Abbesse, permet de passer de l'une à l'autre. Deux autres routes de moindre importance traversent aussi la commune d'ouest en est, joignant des communes limitrophes (Nouaillé et Savigny-Lévescault). Les écarts de la commune sont desservis par des routes partant de ces grands axes ouest-est, vers le nord et le sud. Deux axes nord-sud traversent la commune de manière continue, et se rejoignent au sud, l'un formé par la route de la Vallée-des-Touches puis la route de la Gare, l'autre par la route des Bruères, la route de la Plaine et la route de Beauvoir. Mignaloux-Beauvoir dispose aussi de nombreux chemins piétonniers, qui permettent de se rendre d'un écart à l'autre. Certains reprennent des tracés anciens, comme celui de la voie romaine qui constitue la limite sud de la commune et se prolonge vers Nouaillé. Au sud de la commune passe le chemin de fer de Poitiers à Limoges, ainsi que la voie de bifurcation de cette ligne vers Le Blanc. La gare porte le nom de Mignaloux-Nouaillé, commune à la limite de laquelle elle se trouve.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'aire d'étude, communal |
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Référence du dossier |
IA86004619 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. Royer Amandine |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2007 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Poitiers |
Citer ce contenu |
Présentation de la commune de Mignaloux-Beauvoir, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Poitiers, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/3d3c50c3-311c-4f36-97d3-229bd191d038 |
Titre courant |
Présentation de la commune de Mignaloux-Beauvoir |
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