Église paroissiale Sainte-Eugénie

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Pontonx-sur-l'Adour

La monographie paroissiale rédigée par l'abbé Lucien Lajus en 1889, fondée sur des documents pour la plupart disparus depuis lors, et les études de l'abbé Jean-Baptiste Gabarra fournissent quelques renseignements sur les édifices qui ont précédé l'église actuelle. Le monastère Saint-Caprais, fondé vers 960 par le vicomte de Tartas Rex Tortus (ou Arretort) - qui le donna ensuite à La Réole et à Fleury-sur-Loire -, possédait une chapelle dédiée à saint Caprais ou à Notre-Dame, laquelle aurait servi d'église paroissiale à partir de 1311 et "pendant plus de deux cents ans". Cet édifice se trouvait au bord de l'Adour, à l'est de la commune actuelle. A demi-ruiné dès le milieu du XVIe siècle (ses derniers vestiges seront arasés à la Révolution), il est alors remplacé dans le titre paroissial par la chapelle du château des seigneurs de Pontonx, placée sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste et qui prend par la suite celui de Sainte-Eugénie. Ce bâtiment (situé à quelques mètres au sud de l'église actuelle, au croisement de la rote nationale n° 10 et de la route de Pontonx à Saint-Girons), qui ne comportait originellement qu'une nef et un bas-côté, est agrandi entre 1769 et 1781, par le marquis de Pontonx (Henri d'Oro), d'un second collatéral au sud dédié à la Vierge (ces travaux coûtèrent 4672 livres 8 deniers). Malgré une dernière restauration menée par le maire Blaise Dutauzin à partir du 6 août 1841 et un réaménagement du chœur en 1856, l'église, dont l'évêque Le Quien de Laneufville souhaitait déjà la reconstruction dès 1775, s'avère rapidement trop exigüe pour contenir la population locale en expansion.

En 1874, la commune contracte un emprunt de 50.000 francs, remboursable en trente ans, et le maire, le Docteur Alfred Darroze (1872-1912), lance en janvier 1877 un concours pour la construction d'une nouvelle église de grande ampleur. Trente-cinq projets sont soumis. Ceux des praticiens locaux (dont l'architecte départemental Alexandre Ozanne) ayant été écartés, le choix se porte, le 15 mai 1877, sur le plan présenté par le jeune Parisien Charles Dupuy (1848-1925), alors architecte de la Banque de France (et futur bâtisseur de l'église d'Hagetmau en 1884-1886), qui en tire une telle fierté qu'il présentera son projet au Salon parisien de 1882. Le 6 décembre 1877, les travaux sont adjugés, moyennant un rabais de 8%, à l'entrepreneur Jean Fleurant jeune (1824-1890), de Bègles (qui avait construit les églises landaises de Mugron en 1865-1866 et de Cère en 1866). Les travaux commencent le 1er avril 1878, la première pierre est posée par l'évêque Victor Delannoy le 14 mai suivant. Dès le mois de janvier 1880, un contentieux oppose la commune à l'entrepreneur à propos du paiement de travaux supplémentaires. Le procès, qui ne sera jugé en faveur de la commune qu'en 1886, entraîne une interruption des travaux de plus de six ans. Après leur reprise, le chantier est mené rapidement et s'achève pour l'essentiel en 1888 pour un coût total de 220.000 francs (au lieu des 150.000 prévus et malgré une simplification du projet initial). L'édifice est consacré le 24 juin 1888 par Mgr Delannoy, le jour même où est inauguré le nouveau pont sur l'Adour, dans la perspective duquel est placée l'église (dirigée sud-nord, et non orientée canoniquement). Le décor intérieur (sculpté par le jeune Montois Louis Saint-Lannes), commencé en 1887, est achevé en 1888, l'année où le Bordelais G.-P. Dagrant pose ses premières verrières, lesquelles seront complétées en 1911 et 1913. En août de la même année 1888, l'ancienne église Sainte-Eugénie (ex-chapelle castrale) est démolie. Le procès-verbal de réception définitive des travaux de la nouvelle église est signé le 26 janvier 1893 par l'architecte Dupuy. En 1901 (traité de gré à gré du 22 juin), le peintre bordelais Jean Henri Bonnet exécute le décor mural du chœur.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1878, daté par source

Auteurs Auteur : Dupuy Charles Armand Clément

Architecte, né à Paris IVe le 10 septembre 1848 (d'Adolphe Jean Dupuy et Léonie Charlotte Lermillier), mort le 13 mai 1925. Élève de l'École des Beaux-Arts, architecte diocésain, attaché au contrôle général de la Banque de France de 1872 à 1882, officier d'Académie le 31 décembre 1889, officier de l'Instruction publique le 22 août 1897 (sources : AGORHA, bases de données de l'INHA ; J.-M. Leniaud [dir.], Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle).

, architecte (attribution par source)
Auteur : Fleurant Jean

Jean Fleurant dit "Fleurant jeune", entrepreneur à Bègles près Bordeaux dans la seconde moitié du XIXe siècle. Né à Bordeaux le 11 mars 1824 et mort à Bègles (rue de la Mairie) le 18 août 1890 à soixante-six ans, fils de Pierre Fleurant, couvreur, et d'Elizabeth Delmas, et frère cadet de Jean Fleurant aîné, couvreur (né à Bordeaux le 14 novembre 1808, marié à Bègles, le 9 juin 1830, à Anne Arnaud [Gauriac, Gironde, 27 juillet 1809 - ?], fille de François Arnaud et de Louise Barbe). Marié à Bègles, le 24 janvier 1848, à Marie Gabart (Bègles, 23 janvier 1824 - Bègles, 7 juillet 1892), fille du vigneron François Gabart et de Marie Andreau, dont il eut une fille, Jeanne Marie (1855-?), épouse en 1878 d'Achille Louis Auguste Farguès (1843-1912), comptable aux chemins de fer du Midi. Jean Fleurant et son père sont nommés "Floran" dans les actes de naissance et de mariage de Jean en 1824 et 1848, mais le nom est bien orthographié "Fleurant" dans l'acte de décès de Jean et dans celui de la naissance de sa fille. Il était appelé "Fleurant jeune" (pour le distinguer de son frère ainé de même prénom) dans tous les documents concernant ses travaux pour le Grand-Hôtel d'Arcachon (1864-1865) et les églises landaises de Mugron (1865-1866), de Cère (1866) et de Pontonx-sur-l'Adour (1877-1886). Il est dit "masson demeurant à Bègles" au moment de son mariage, plus tard "entrepreneur en bâtisse" et "entrepreneur de travaux publics" dans son acte de décès. Sources : AD Gironde, 4 E 1013, 4 E 4905/8, 4 E 15960/2 et 4 E 15960/4.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Saint-Lannes Louis

Louis Jean Pierre Edeven Saint-Lannes est né à Saint-Sever (Landes) le 6 décembre 1861, fils de Joseph, menuisier à Mont-de-Marsan, et de Claire Madeleine Lafitte, fille d’un menuisier de Saint-Sever (AD Landes, 4 E 282/27, Saint-Sever, naissances 1861-1866). Son frère cadet Louis Aimé Anselme (né en 1864) était tapissier. Élève de l'École nationale supérieure des Arts décoratifs (n° 51324) en janvier 1887, Louis Jean Pierre commença sa carrière de sculpteur à Mont-de-Marsan, travailla à l'église de la Madeleine dans cette ville en 1882 et à celle de Pontonx-sur-l'Adour en 1887. Malgré la variante orthographique, il s'agit à coup sûr du "Louis Saint-Lanne, sculpteur né à Saint-Sever", installé à Paris (63, rue de Vaugirard), qui exposa au Salon des Artistes français en 1893 (où il obtint une mention honorable), puis en mai 1895 au palais des Champs-Élysées. Le 1er juillet suivant, alors âgé de 34 ans, il arriva à New York en provenance du Havre, projetant un "séjour prolongé" aux États-Unis qui s'avéra définitif. Devenu membre de la National Sculpture Society de New York en 1907, il habitait toujours cette ville en 1939 et son nom figure encore en 1940 dans l'annuaire artistique américain. Il réalisa quatre monuments notables aux États-Unis : à New York, la Fontaine des Phoques (Fountain of the Seals, 1906) et la statue American Boy (1932, destinée au Rice Stadium, Pelham Bay Park), et deux statues équestres de Henry Gassaway Davis (1926 et 1927) à Charleston et à Elkins (Virginie-Occidentale). Source pour la partie américaine de sa carrière : David Karel, Dictionnaire des artistes de langue française en Amérique du Nord, Presses de l'Université de Laval, 1992, p. 727.

, sculpteur (signature)

L'édifice de style néogothique, orienté nord-sud dans le prolongement du pont sur l'Adour et de la route nationale, est construit en bel appareil de pierre calcaire pour la totalité du clocher et le premier niveau de toutes les élévations, les contreforts, encadrements des baies, corniches et bandeaux. Le niveau supérieur est bâti en moellon calcaire enduit ; la sculpture ornementale (chapiteaux, culots, clefs de voûte) est réalisée en pierre d'Angoulême. Le bâtiment est entièrement couvert d'ardoise à l'exception du clocher, coiffé d'une flèche en pierre. Les toits à longs pans du chevet et du transept butent sur des pignons découverts ; les chapelles du transept, les absidioles du chevet et les tourelles d'escalier des sacristies sont couverts de toits semi-coniques. L'ensemble des élévations extérieures est raidi par des contreforts talutés.

Le massif occidental est constitué par un clocher-porche dans-œuvre, à quatre niveaux, couvert d'une flèche octogonale en pierre à lucarnes et clochetons angulaires ; au premier niveau, une tribune ouvre sur le vaisseau principal. Le plan en croix latine comporte un vaisseau central de cinq travées communiquant par des grandes-arcades en tiers-point sur piliers fasciculés (en grès) avec des collatéraux dotés d'une travée supplémentaire (correspondant à la profondeur du porche). Un triforium à baies géminées surmonte les grandes-arcades ("et se poursuit dans le chœur). La nef ouvre à l'est sur un transept saillant à croisée carrée ; une chapelle semi-circulaire couverte en cul-de-four ouvre à l'extrémité de chacun des bras. La croisée est prolongée par un chœur rectangulaire peu profond, d'une seule travée. De part et d'autre, dans le prolongement des bas-côtés et ouvrant sur le transept, des absidioles de deux travées, terminées en hémicycle, flanquent le chœur et la sacristie barlongue qui lui est adossée. Ce dispositif devait constituer à l'origine un déambulatoire ceinturant le chœur ; les arcades percées sur les trois faces du chœur ayant été murées, les absidioles sont devenues des chapelles indépendantes (celle de gauche sert d'oratoire ou de "chapelle de semaine", celle de droite de sacristie) et la partie postérieure une salle entièrement fermée, utilisée comme sacristie principale ; cette salle est surmontée d'une pièce desservie par deux escaliers en vis logés dans des tourelles circulaires adossées aux absidioles.

L'intérieur est entièrement voûté de croisées d'ogives retombant sur des demi-colonnettes à chapiteaux sculptés. Les fenêtres du niveau inférieur sont des baies libres en arc brisé, celles des parties hautes des baies libres ou des triplets (chœur et transept) en plein cintre ; la tribune au premier niveau du clocher est éclairée par une rose polylobée.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  3. Matériau du gros oeuvre : grès

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise, pierre en couverture
Plans

plan allongé

Étages

3 vaisseaux

Couvrements
  1. voûte d'ogives
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon découvert

  2. Forme de la couverture : toit à deux pans

    Partie de toit : pignon découvert

  3. Forme de la couverture : appentis

  4. Forme de la couverture : toit conique

  5. Forme de la couverture : flèche polygonale

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

État de conservation
  1. bon état
Décors/Technique
  1. sculpture (étudié)
  2. vitrail (étudié)
  3. peinture (étudié)
Dimensions
  1. Type de mesure : h

    Valeur : 17

    Unité : m

    Précision sur la mesure : hauteur du vaisseau central à la voûte

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Pontonx-sur-l'Adour , place de l'Église

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 2017 AH 21

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