Prieuré, aujourd'hui église Saint-Pierre

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Melle

En 950, le cartulaire de l'abbaye bénédictine de Saint-Maixent mentionne l'existence d'un oratoire de Saint-Pierre à Melle lui appartenant. Dans la 2e moitié du 10e siècle sont citées l'église et la paroisse de Saint-Pierre, puis un prieuré dans une charte de 1132.

Il semble que l'édifice actuel ait été construit en deux campagnes, le long du chemin conduisant les pèlerins de Saint-Maixent vers Saint-Jacques-de-Compostelle, à partir du 1er quart du 12e siècle : la construction du chevet et du transept a précédé celle de la nef.

Le prieuré, situé probablement au nord de l'église, est détruit durant les guerres de Religion : l'église, dite grandement ruinée en 1634, fait l'objet de travaux dans la 2e moitié du 17e siècle. La couverture est refaite en « tuile courbe » provenant de Beaussais en 1663 et les voûtes, refaites grâce aux libéralités des seigneurs de Chaillé, portent la date 1685.

En 1729 est passé un marché de travaux entre les habitants et Pierre Jollit, charpentier, et Jean Augustin, couvreur, pour la réparation de la toiture de la nef.

En 1769, il apparaît que l'église est grande, bien voûtée, mais a besoin de réparations dans la couverture et les voûtes. Ces réparations sont achevées en 1783.

D'après un acte de 1781, seules les messes paroissiales des dimanches et fêtes sont dites en l'église Saint-Pierre, les autres cérémonies ayant lieu à Saint-Savinien.

En 1804, le projet de transformation de l'église en temple de protestants est abandonné.

D'après le devis estimatif du recouvreur, Augustin, en 1820, le chevet est couvert « partie en tuile et partie en pierre », et il convient de le couvrir en « tuile courbe, sauf les deux derniers rangs qu'on pourrait laisser en pierre ».

En 1857, l'architecte voyer Antoine Bizard reconstruit le mur et le bas-côté nord, ainsi qu'une sacristie. Puis, une restauration générale est entreprise sous la direction de l'architecte des Monuments Historiques A. Loué par l'entrepreneur mellois Antoine Tribert ; cette restauration, commencée en 1881, concerne la confortation de la façade occidentale et de l'abside, et la réfection de la toiture de la nef et des bas-côtés par l'entrepreneur Métayer. Entre 1889 et 1891, des restaurations intérieures sont effectuées par l'entrepreneur Pierre Tribert sous la direction de l'architecte des Monuments Historiques Deverin ; elles concernent notamment la reprise des soubassements des murs et des piles et celle des parements des absides. En 1890, l'architecte écrit : « j'ai découvert de très intéressantes traces de sculptures sur les arcs de la porte d'entrée, dissimulées, elles aussi, sous une épaisse couche de mortier et badigeon » ; ces sculptures sont restituées et la restauration est entièrement terminée en 1891. En 1889, est édifiée une tribune d'orgue. Quelques travaux sont encore effectués durant la dernière décennie du XIXe siècle : travaux de maçonnerie et de couverture au clocher et à différentes parties du bâtiment. Dans un rapport daté du 7 juillet 1892, l'architecte Deverin décrit le clocher : « la face orientale dont l'ordonnance primitive est complètement détruite et qui est bouchée par une maçonnerie grossière sans liaison sérieuse avec les autres parements ».

En 1925, la couverture est révisée par l'architecte des Monuments Historiques Sardou.

En 1939, deux verrières, offertes par le marquis Vernou de Bonneuil et réalisées par le maître-verrier François Chigot, sont posés dans les bras du transept. Les autres verrières sont remises en état en 1962 par le maître-verrier Philippe Devivier.

Périodes

Principale : 1ère moitié 12e siècle

Principale : 2e moitié 17e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1685, porte la date

Auteurs Auteur : Bizard Antoine, architecte communal
Auteur : Loué Victor, Auguste, architecte des Monuments historiques
Auteur : Déverin Joseph-Henri, architecte des Monuments historiques

L'église paroissiale Saint-Pierre est construite dans un faubourg au nord-est de la ville. Le long de son chevet passe un chemin qui reliait autrefois Saint-Maixent à Melle. Un étroit passage la contourne au nord et à l'ouest, tandis qu'une grande place plantée de marronniers s'étend au sud.

L'édifice est construit en pierre calcaire de moyen appareil à assises régulières. Intérieurement, l'appareil est apparent, toutefois les voûtes sont enduites. La nef, le transept et le chevet sont couverts de tuile creuse, le clocher est en tuile plate. Le sol est dallé en pierre.

De plan en croix latine, l'édifice se compose d'une nef à cinq travées, de collatéraux, d'un transept saillant sur lequel s'ouvrent à l'est deux absidioles, et d'un chœur composé d'une travée droite et d'une abside. La nef, les collatéraux et les bras du transept sont couverts d'une voûte en berceau brisé sur doubleaux. La travée droite du chœur est voûtée en berceau plein-cintre, tandis qu'un cul-de-four couvre l'abside et les absidioles. Une coupole octogonale sur trompes forme le couvrement de la croisée du transept ; elle prend appui sur quatre piles cruciformes à colonnes engagées. L'escalier de la tourelle, accessible du bras nord du transept, est couvert en berceau tournant.

La nef et les collatéraux ont à peu près la même hauteur, et l'édifice n'est éclairé que par les fenêtres des bas-côtés. Les piles qui reçoivent les doubleaux et les arcades, en arc brisé et à double rouleau, sont constituées de quatre grosses colonnes engagées, entre lesquelles se logent quatre plus petites colonnes. La composition des piles est telle que chacune d'entre elle comprend huit chapiteaux, correspondant aux quatre grosses colonnes et aux quatre autres plus petites qui se logent entre elles. Les chapiteaux recevant les doubleaux, situés à la naissance de la voûte, sont nus pour la plupart, ou s'ils ont reçu un décor de feuillage, sont de facture assez médiocre. C'est également le cas des chapiteaux des colonnes engagées des murs gouttereaux, qui reçoivent les retombées des doubleaux et qui sont pour la plupart feuillages. Toutes les baies sont en plein cintre, et ont la partie basse de leur écrasement intérieur appareillé en gradins. Les chapiteaux de la croisée du transept, recouverts d'une polychromie moderne, de facture plus lourde, ne semblent pas l’œuvre du même atelier que les chapiteaux de la nef.

La façade occidentale est un mur pignon découvert divisé en trois parties par des contreforts plats. L'ordonnance de cette façade est très sobre et le décor s'y réduit à sa plus simple expression ; seuls deux chapiteaux, à la retombée du rouleau du portail, sont sculptés.

Sur l'abside et les absidioles des contreforts-colonnes montent de fond jusqu'à la corniche : entre ces colonnes engagées s'ouvrent des fenêtres richement ornementées : y sont sculptés rinceaux, palmettes, losanges, striures, triangles, dents de scie, tares, billettes, pointes de diamant... La corniche est ornée de billettes reliées par des arcs et supportées par des modifions.

L'élévation sud est rythmée par des contreforts plats, entre lesquels s'ouvrent des fenêtres, au cintre surmonté d'un cordon orné de motifs divers : s'y distingue, entre autres, une belle frise de lionnes enroulées dans des drapés. Le portail principal de l'édifice, surmonté d'une niche, est ménagé au centre de ce mur. Le mur sud du bras du transept est un pignon découvert : une fenêtre en plein-cintre ouvre entre deux colonnettes au milieu de ce mur pignon. Le contrefort plat qui raidit l'angle ouest est surmonté d'un relief représentant deux lionnes adossées sur un fond de feuillages.

L'élévation nord a été totalement reconstruite au 19e siècle ; de la même façon que l'élévation sud, elle est rythmée par des contreforts plats. Le mur nord du bras nord du transept est un pignon découvert au centre duquel s'ouvre une fenêtre en plein-cintre. Nul décor n'est présent sur cette élévation.

Le clocher qui s'élève sur la croisée du transept est de plan carré ; son élévation a été entièrement reconstruite au 19e siècle. Chacun de ses côtés est rythmé par trois arcades en plein-cintre, dont seule celle du milieu admet une baie. Des colonnes géminées les encadrent et une colonne engagée marque les quatre angles. Les chapiteaux des contreforts-colonnes et des colonnettes qui encadrent les arcades, dont une partie pourraient dater du 15e siècle, sont de caractère très fruste.

Décor sculpté roman de l'église Saint-Pierre

La sculpture du portail sud : La partie placée sous l´archivolte n´a pas été étudiée, parce que refaite vers 1890 par l´architecte des Monuments historiques Deverin ; subsistent néanmoins huit claveaux paraissant d´origine qui ont été copiés sur les claveaux voisins. La voussure est surmontée d´une corniche à cinq modillons figurant le Tétramorphe et l'agneau au nimbe crucifère et six métopes figurant des signes du zodiaque et des animaux : sagittaire, porc touché par une flèche, deux poissons, un quadrupède, un autre quadrupède touché par la flèche du sagittaire de la 6e métope. Au-dessus se trouve un relief figurant le Christ au nimbe crucifère entre deux personnages (Vierge et saint Jean ou saint Pierre et saint Paul ?). Inscriptions gravées sur les modillons : IOHES, METE et MARCUS.

La sculpture des 41 modillons extérieurs (nef, face est du transept, chevet et absidioles) : modillons exécutés au 12e siècle à l'exception d'un certain nombre qui ont été refaits au 19e siècle : certainement les modillons 1 et 4 dans le bras Nord du transept, les modillons 7 et 8 de l'absidiole de gauche, les modillons 2, 3, 14 et 16 de l'absidiole centrale, le modillon 6 de l'absidiole de droite, et très probablement une bonne proportion des autres modillons. Représentation d´animaux vus de profil, de face, de dos, la tête en bas ; tête d'animal cornu, avant-corps de singe, tête d'oiseau, serpent, têtes d´animal crachant des serpents ou des feuillages, tête d´animal tenant un objet dans sa gueule, hibou, tête d'âne avec deux brides sur le museau, 2 oiseaux affrontés ; représentation humaine : tête d´homme barbu coiffe d´un bonnet, acrobate (?), têtes d´homme barbu ou moustachu, tête d´homme les doigts dans la bouche, personnage accroupi les mains sur les genoux, têtes masculines tenant un objet au-dessus de la tête ou bien jouant d´un instrument de musique (?), tireur d'épine.

La sculpture des 90 chapiteaux des piliers de la nef et de la croisée du transept : 58 de ces chapiteaux sont à feuillages, 13 sont nus et 6 sont à crossettes ; les autres sont ornés de figures animales ou humaines : 2 lionnes affrontées à deux monstres ailés, 2 monstres à tête unique à gauche de feuillages et d´un homme dans des rinceaux, une tête d´homme barbu, 2 oiseaux dans des barques végétales, un tireur d´épine et un personnage agenouillé à côté de lui, 2 lionnes affrontées avec les pattes postérieures en l´air, 4 sirènes oiseaux affrontées deux par deux, un joueur de harpe à droite d´un oiseau, un acrobate à gauche d´un joueur de viole et 2 oiseaux affrontés entre eux ; scène biblique représentant la Mise au tombeau entre un animal fabuleux et un ange tenant un phylactère (interprétation discutée).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse, tuile plate
Plans

plan en croix latine

Étages

3 vaisseaux

Couvrements
  1. voûte en berceau brisé voûte en berceau plein-cintre cul-de-four coupole à trompes
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : appentis

  3. Forme de la couverture : flèche carrée

  4. Partie de toit : pignon découvert

  5. Partie de toit : croupe ronde

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. vitrail
Décors/Représentation
  1. Representations : sujet chrétien

    Symboles : symbole christique

  2. Symboles : agneau mystique

  3. Representations : ornement figuré

  4. Representations : ornement végétal

  5. Representations : oiseau

  6. Representations : ornement géométrique

  7. Representations : chronogramme

  8. Symboles : Tétramorphe

  9. Symboles : symbole du zodiaque

  10. Representations : armoiries


Précision sur la représentation :

Pour le décor roman: voir la description.

Chapiteaux du clocher (12 chapiteaux sur les contreforts-colonnes et 24 sur la retombée des arcs), du 15e et du 19e siècles : les chapiteaux de l'élévation orientale sont des œuvres du 19e siècle, tandis que ceux de l'autre élévation semblent dater du 15e siècle. Vingt sept chapiteaux sont à feuillages et deux à décor géométrique ; sept chapiteaux sont figurés : têtes humaines grimaçantes ou tirant la langue, quadrupèdes difficilement identifiables dans des poses diverses ou marchant, des basilics affrontés, et une figure humaine levant les bras (atlante ?) encadrée par des animaux.

Voûte de la 5e travée de la nef : armes de l'abbaye de Saint-Maixent.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Melle , place Saint-Pierre

Milieu d'implantation: en village

Cadastre: 1832 B 327, 1968-2014 AN 96

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