Île du Nord (partie sud)

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Gauriac

L'Île du Nord réunit deux anciennes îles : l'île du Nord ou Nort au nord, et l'île de Calmeilh ou Carmeil au sud.

Un document daté 1601 rend compte de la formation récente de deux îles ou "amaz" de sable stabilisés devant la Roque de Thau, non loin de l'île Cazeau. Ces trois îles sont séparées les unes des autres par de "grands passaiges". Elles semblent relever au moment de leur formation de l'abbaye Sainte-Croix de Bordeaux. D'après Brutails, l'une des îles (Calmeilh) est baillée à fief à Jean Dubreuilh en 1596 ; l'autre île est partagée en 1601 entre Jean de Malevergne, procureur au parlement, et l'abbé de Sainte-Croix de Bordeaux qui la baille en 1607 à Pierre Isaudon, notaire.

D'après des recherches menées par Jacques Lisse, Jacques François de Lazaro, écuyer, seigneur de Poyanne, La Libarde et Lafosse et autres lieux, aurait acquis les îles vers 1604 ; le 16 mai 1607, il vend l'île appelée de la Roque de Thau pour 3750 livres tournois à Jean de Calmeilh seigneur de Barbe, conseiller au parlement. Un procès oppose en 1610 Jacques de Carmeil, conseiller au parlement, et le sieur de Poyanne à propos des droits de Poyanne (29 mars 1610 ; AD Gironde H 584). Ces désaccords n'empêchent pas en 1616 le mariage de Jeanne-Catherine de Lazaro, fille de Jacques François de Lazaro, avec François de Calmeilh, fils de Jacques conseiller au parlement.

A la suite d'une procédure de retrait féodal, François d'Esparbès de Lussan d'Aubeterre, gouverneur de Blaye, prend possession de ces îles en 1614. Il les revend en 1641 à Pierre de Lazaro, fils de Jacques François de Lazaro, issu d'un second mariage. La fille de Pierre de Lazaro, Jeanne, épouse à Bordeaux le 24 février 1663, Gabriel de Nort, fils d'Antoine de Nort, conseiller au parlement de Bordeaux. En 1673, Jean de Calmeilh la fait assigner pour demander une indemnité de 3000 livres.

Ces alliances matrimoniales expliquent les noms donnés aux îles, Calmeilh (ou Carmeil) au sud et du Nort au nord (déformée par la suite en Nord) ; l'appellation Poyanne apparaît également sur certaines cartes (carte de Duval en 1659). En 1613, il est indiqué que l'île du Nord confrontait "vers le soleil couchant, aux sables et rivière non navigable qui passe vers le costé de Médocq et va passer devant Pauilliaq" (AD Gironde H 768, fol. 194).

Au 17e siècle, le "petit passaige d'eau" qui séparait les îles de l'île de Cazeau au sud est à sec à marée basse, accessible de haute mer aux bateaux de faible tonnage (AD Gironde H 1024). Il s'agit de la passe du Garguil qu'empruntaient les bateaux encore au milieu du 18e siècle. Toutefois, à cette époque, l'ingénieur de la Marine Magin propose de condamner cette passe afin de privilégier le passage des bateaux par la passe du Bec d'Ambès.

Des documents concernant l'histoire du château Poyanne renseignent sur l'île : en 1766, un chai contenant deux cuves y est attesté. En 1768, l'ensemble est mis en vente avec "l'Isle appelée du Calmeil, dépendante de ladite maison, et située vis-à-vis ; consistant en trois métairies à deux paires de boeufs chacune, prairies et aubarèdes, maison pour les métayers, avec sept à huit journaux de vignes en palu".

Au début du 19e siècle, des cartes sont dressées par le vicomte de Vivens afin d'illustrer les difficultés de navigation dans ce secteur. Des travaux sont finalement engagés en 1857-1858 afin de réunir les îles Cazeaux et du Nord, encore séparées par une passe avec un îlot au centre. Dans son ouvrage oublié en 1878, Edouard Féret indique qu'"en 1856 et 1857, l'administration a fait construire un barrage en enrochements, entre l'extrémité ouest de l'îlot et la pointe sud de l'île du Nord ; en 1858 et 1859, ce barrage a été prolongé vers l'amont et raccordé avec la rive ouest de l'île Cazeau. La construction de ce barrage a provoqué un dépôt d'alluvions dans toute l'étendue du détroit de Garguil, et depuis plusieurs années des plantations d'oseraies et aubarèdes y ont été faites avec succès".

Au début du 19e siècle, quatre propriétaires principaux détiennent les terres de l'île, en partie plantées en vigne : les négociants Sourget et Bazergue, la veuve Cailleux, et M. Lapalène Roy. D'importants domaines viticoles s'y développent dans la seconde moitié du 19e siècle. Dans l'édition de 1898 de l'ouvrage Bordeaux et ses vins, dans la rubrique consacrée aux Iles de la Gironde, l'Île du Nord est mentionnée avec quatre domaines situés dans le secteur relevant de la commune de Gauriac : Château Carmeil (Héritiers J. Sourget), Cru de Calmeilh (Dupouy), cru de Carmeilh (E. Cailleux) et cru de Carmeil (J. Goujon, député, et Veuve Allard). La déclinaison et adaptation du patronyme puis toponyme Calmeilh ne facilitent pas l'identification de ces crus.

Dans les années 1920, Joseph Chaperon, gendre de François Sourget, crée à partir du Château Carmeil deux nouvelles appellations : Château Belle-Isle et Château La Tour-Sourget. En 1928, une école est installée sur ses propriétés à proximité du Château Sourget.

En 2001 le Conservatoire acquiert le domaine de Sourget, au milieu de l’Île du Nord, puis en 2007 la majeure partie de l’Île Cazeau et le nord de l’Île du Nord, également propriété agricole. Les tempêtes, Klaus (2009) et Xynthia (2010) ont mis à mal l’Île du Nord et l’Île Verte, rompant des digues et accélérant les phénomènes d'érosion des rives. Sur l’Île du Nord, le Conservatoire a réalisé des travaux afin de restaurer le milieu naturel, indépendamment des activités agricoles relancées par l’autre propriétaire de l’île.

Périodes

Principale : 16e siècle

Principale : 2e moitié 19e siècle

L'Île du Nord fait partie de la réunion de plusieurs îles formant "la grande île", longue de 12 km : l'île Cazeau au sud, l'île du Nord au centre et l'Île Verte au nord. L'île du Nord se trouve en partie dans la commune de Gauriac et en partie dans celle de Villeneuve (partie nord).

Comme toutes les îles de l'estuaire, l'île du Nord est formée de dépôts alluvionnaires qui constituent des bancs de sable, peu à peu stabilisés par la végétation et fixés par la main de l'homme. L'île est protégée des eaux de l'estuaire par des digues et les terres ont été asséchées au moyen d'un réseau de fossés.

Un domaine viticole et des terres viticoles sont en activité dans l'ancien Château Calmeilh, tandis que les autres sites (Sourget et annexe de Calmeilh au sud) sont en ruine. Les paysages de l'île sont également marqués par ces zones humides dans lesquels ont été ménagés des points d'eau pour la chasse. La rive orientale est entamée par l'érosion créée notamment par les courants du chenal de navigation. Les brèches provoquées dans les digues lors des tempêtes livrent l'espace à de fréquentes inondations, recouvrant les sols d'une épaisse couche de limons.

Toits
Couvertures

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Gauriac

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: Calmeilh

Cadastre: 2018 AM et AL, 1820 C1 et C2

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