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Abbaye d'augustins, dite abbaye de Saint-Amand-de-Coly
France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Saint-Amand-de-Coly
Historique
Des fouilles menées récemment (Jean-Luc Piat, Hadès, 2000) dans l'enceinte actuelle de l'abbaye, avec la découverte de vestiges antiques et d'un mobilier céramique gallo-romain ou du haut Moyen Age, ont confirmé la tradition d'un peuplement ancien suggérée par la légende de saint Amand arrivé ici au VIe siècle. Les textes hagiographiques, notamment la vita sancti Sori et un fragment de la vita sancti Amandi, racontent, au temps du roi Clotaire, la venue en Périgord depuis le Limousin, des ermites Sore, Cyprien et Amand. Le premier aurait fondé l'abbaye de Terrasson, le second, celle de Saint-Cyprien et le dernier serait à l'origine de Saint-Amand-de-Coly. Le monastère est attesté pour la première fois en 1048, cité dans le rouleau (rotulus) d'Oliba, abbé de Santa Maria de Ripoll (Espagne). Vers la fin du XIe siècle, la règle des augustins remplace celle des bénédictins. L'église actuelle est en partie édifiée au milieu du XIIe siècle après l'abbatiat de Guillaume, premier abbé connu et inhumé dans la chapelle septentrionale. Sur le mur de cette absidiole, une épitaphe évoque la piété de l'abbé : DISCAT Q(U)I NESCIT VIR NOBIL(IS) HI(C) REQ(U) IESCIT/Q(U)I RACHEL Q(U)E LIA Q(U)I MARTA F(U)IT ATQ(UE) MARIA/PSAL(M)OS CANTATE FR(ATRES) CHR(ISTU)M Q(UE) ROGATE/SALVET UT ABATEM W(ILHELMUM) P(ER) PIETATEM. "L'apprenne qui l'ignore, un homme noble repose ici/qui fut Rachel et Lia, Marthe et Marie. Frères, chantez les psaumes et suppliez le Christ/qu'en sa miséricorde il sauve l'abbé guillaume". Le tombeau présumé de Guillaume, situé sous le dallage au pied du mur, est ouvert en 1883 par l'abbé Carrier. A la fin du XIIe siècle, ayant bénéficié de dons des évêques de Périgueux, notamment par une charte de l'évêque Jean d'Asside en 1168, l'abbaye est à son apogée. Ses chanoines desservent alors plus d'une quinzaine d'églises et de prieurés. Selon J.-L. Piat, l'abbaye prospère notamment en plaçant sous sa dépendance plusieurs prieurés établis dans les diocèses de Périgueux, Sarlat, Cahors et Limoges. La construction de l'abbatiale se poursuit au XIIIe siècle dans le contexte conflictuel entre Capétiens et Plantagenêts pour le contrôle de la Guyenne. La nef est achevée ainsi que le portail occidental. Des travaux de fortification sont également entrepris dans les parties hautes de l'édifice, équipées de dix bretèches conçues selon le système du hourd. Chevet et pignons des croisillons sont surélevés à cette occasion. Une enceinte ponctuée de tours de flanquement protège l'ensemble. Selon J.-L. Piat encore, l'enceinte abbatiale ne comportait non pas deux mais trois portes : l'une dite de Salignac, une deuxième de Larnaudie, au sud-est (détruite), et la troisième face à l'église, face au portail d'entrée de celle-ci.
La châtellenie abbatiale relevait directement du roi pour l'hommage jusqu'en 1347, date à laquelle Philippe VI cède au comte du Périgord cet hommage - que lui devaient également les abbayes de Châtres et Terrasson (Bull. SHAP, tome XXX, 1903, p. 78). En 1358, l'abbé Hélie de Marcillac, abbé de Saint-Amand et seigneur haut justicier de la châtellenie, obtient du dauphin Charles, régent de France, l'autorisation d'ériger des fourches patibulaires avec pilori en trois lieux de sa seigneurie (AN, JJ 86, n° 579, fol. 210r°).
La guerre de Cent ans dans un premier temps, puis la pratique de la commende dès le Concordat de 1516 entrainent, à chaque fois, une phase de déclin de l'abbaye. Le nombre de chanoines se réduit régulièrement jusqu'à la désertification comme le souligne l'abbé Bernard de Bonald dans une lettre de 1449 : " Le monastère de Saint-Amand, par suite de guerres et autres calamités, est voué à la ruine dans ses constructions, d'ailleurs, il est complètement inhabité " (cité par Delmas). Le cloître à deux niveaux et la salle capitulaire ne survivent pas aux guerres de religion. En 1575, Jean de Cugnac et ses huguenots, retranchés dans l'abbaye, sont délogés par Henri de Noailles. En 1746, la mense monacale de Saint-Amand revient au collège de Sarlat. A la Révolution, ce qui reste des bâtiments conventuels tient lieu de carrière et l'église devient paroissiale.
Au XVIIIe siècle, si l’abbaye périclite, ses domaines agricoles semblent encore étendus. Des vignes sont partout présentes autour de l’abbaye en 1768 comme le montre la carte de Belleyme et encore en 1818 au moment du levé du cadastre ancien. Des parcelles de vignes existent même à l’intérieur de l’enceinte et sur le coteau qui la domine.
En 1872-1875, l'abbé Carrier entreprend d'important travaux de déblaiement autour de l'église pour assainir l'édifice et crée à cette occasion le chemin qui porte son nom après un terrassement de plus de 4600 mètres cubes. L'école primaire est construite au sud de l'église en 1879. Le cimetière est déplacé en 1888. L'abbaye est classée au titre des monuments historiques en 1886 et depuis, a bénéficié de nombreuses campagnes de restauration. Il est à noter à ce sujet l'intervention d'Anatole de Baudot, architecte entre autres de l’église Saint-Jean de Montmartre. La protection est étendue à l'enceinte en 1965.
Des fouilles archéologiques menées en 1980 par Pierre-Marie Blanc et d'autres plus récentes par Jean-Luc Piat ont permis de mieux connaître le site. Les premières ont précisé l’emplacement de l’aile nord du cloître où a été dégagée une partie du mur bahut et une base d’arcade à double colonne (l’archéologue pense que deux des chapiteaux du cloître sont ceux en remploi dans la façade du clocher de l’église) ; les dernières ont mis au jour une sépulture en coffre bâti des XIIe-XIIIe siècles.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : milieu 12e siècle, 2e moitié 12e siècle Principale : 1ère moitié 13e siècle |
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Description
Bâtie sur le coteau et dominant le bourg à l'est, l'abbaye est constituée d'une enceinte sub-rectangulaire d'une cinquantaine de mètres de long sur près de quarante mètres dans sa plus grande largeur, abritant l'église et l'école primaire. Le mur d'enceinte, épais d'environ 2,5 m par endroits est en partie ruiné, notamment ses élévations nord et l'angle sud-ouest : il est constitué d'un parement en pierre de taille (moyen appareil) avec une fourrure en opus spicatum. Deux portes permettent d'accéder dans l'enceinte : l'une percée au sud, dite porte de Salignac, la seconde, à l'ouest, donnant sur le parvis de l'église. Les habitations des chanoines et l'ensemble des bâtiments conventuels ont disparu, mis à part un édifice occupant l'angle nord-ouest de l'enceinte. Construit en pierre de taille et couvert en lauze de calcaire, il abrite une pièce à feu. On y accède par un escalier de pierre depuis le parvis. Des vestiges de baies, de niches, d'escaliers et de cheminées se distinguent également sur les élévations intérieures de l'enceinte.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA24001364 |
Dossier réalisé par |
Marabout Vincent
Becker Line |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Vézère |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2011 |
Copyrights |
(c) Conseil départemental de la Dordogne, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Abbaye d'augustins, dite abbaye de Saint-Amand-de-Coly, Dossier réalisé par Marabout Vincent, (c) Conseil départemental de la Dordogne, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/4f398c34-a828-455d-9f04-15806ebb870d |
Titre courant |
Abbaye d'augustins, dite abbaye de Saint-Amand-de-Coly |
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Dénomination |
abbaye |
Genre du destinataire |
de chanoines réguliers de saint Augustin |
Vocable |
Saint-Amand |
Parties constituantes |
École primaire Église abbatiale, actuellement église paroissiale Saint-Amand |
Parties constituantes non étudiées |
ensemble fortifié |
Statut |
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Protection |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Saint-Amand-de-Coly
Milieu d'implantation: en village
Cadastre: 1818 B2 509-512, 514, 686, 688, 1986 ZC 87-89