Maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Émilion

Les habitations médiévales qui ont pu exister sur cette parcelle ne sont documentées que par la configuration de l'enceinte qui ferme tout le côté ouest de la parcelle. En dépit des nombreuses phases de réparations ponctuelles qu'elle a subies, la maçonnerie de cette dernière, en moyen à grand appareil de pierre de taille, est attribuable aux années 1200. L'existence de deux unités mitoyennes est fondée sur la différence de traitement du parement de la muraille, entre la partie contiguë avec la porte Saint-Martin côté nord, en légère avancée et ajouré d'une fente de jour, et celle de la partie sud de la parcelle, dotée d'un soubassement et de contreforts plat. Toutefois, l'absence de toute ouverture et de trace d'aménagements domestiques sur le parement intérieur oblige à la prudence.

A la fin du Moyen Âge, une habitation a été construite, ou rénovée, sur l'emprise de la première unité, et qui s'étendait initialement sur la moitié de la longueur de la maison actuelle du côté de la rue Saint-Martin. En témoignent les vestiges d'une porte couverte d’'un arc reposant sur une imposte moulurée au rez-de-chaussée et à l'étage, d'’une fenêtre à croisée et encadrement à baguettes croisées, ainsi qu'un montant de demi-croisée. Entre 1810 et 1845, une extension vers le sud a réuni la demeure au mur arrière du couvent des Ursulines (cad. AP236). Après avoir servi d'école communale pour les filles dans le courant du 19e siècle, l'ensemble a abrité l'école maternelle de 1885 à 1898.

Dans la deuxième moitié du 20e siècle, une extension a été adossée entre le mur arrière de la maison du 19e siècle et la rupture de pente qui sépare le jardin de la cour aménagée immédiatement à l'arrière de l'unité d'habitation longeant la rue du Couvent. Les caves voûtées ménagées aux deux extrémités de l'immeuble semblent modernes. Celle du côté ouest communique avec un important réseau de carrières aménagé en cave pour le vignoble Gratadour dans la deuxième moitié du 20e siècle.

Périodes

Principale : limite 12e siècle 13e siècle

Principale : limite 15e siècle 16e siècle

Principale : 2e moitié 19e siècle

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 20e siècle

La demeure du côté ouest est établie en léger retrait de la porte Saint-Martin qui la jouxte au nord. De 8 m de long côté enceinte, rien ne permet toutefois de déterminer quelle était son emprise exacte (grand côté longeant l’enceinte ou perpendiculaire à celle-ci ?). Sa limite sud est bien marquée par un second décrochement dans le parement de l’enceinte. La plupart des pierres du parement de cette partie du mur semblent avoir été remplacées, y compris celles de l'encadrement de la petite fenêtre qui l’ajoure, couverte d’un linteau engravé d’un cavet dessinant un arc plein cintre. A l'intérieur, l'embrasure a été reprise afin de ménager une logette couverte d'une dalle en béton. Sur l’emprise de cette unité présumée seulement, le mur a été couronné d’un crénelage qui ne semble pas antérieur à la fin du 19e siècle, un lavis d’Emilien Piganeau montrant cette section de l’enceinte encore couronnée de 13 consoles de mâchicoulis, comme en d’autres endroits où ils ont été préservés (AP386, AP248, AP236 à l'ouest, cad AP003 et 038 à l’est). Sur un dessin du même auteur, daté de 1882, le sommet de la même portion de muraille y est représenté arasé et dépourvu de tout élément en encorbellement. Au revers, une assise mince composée de blocs taillés en biseau dont le bandeau sommital est engravé d’un grain d’orge, marque le sommet du mur. Au-dessus, les deux assises qui constituent le départ du garde-corps du chemin de ronde semblent procéder de la même phase de restauration que celle des créneaux. La face interne du mur n'est pas visible dans la maison actuelle, où au rez-de-chaussée, elle est dissimulée par un parement en pierre de taille normalisée qui s'interrompt à l'emplacement d'un placard mural aménagé à l'arrière de ce chemisage, et qui pourrait être d’origine médiévale.

L’hypothèse de l’existence d’une seconde unité médiévale mitoyenne au sud ne repose pour lors que sur le changement de composition architecturale du mur d’enceinte : à la différence de la portion contiguë au vestige de la porte Saint-Martin, les 20 m construits à la suite, et sans hiatus apparent, comportent deux contreforts plats déterminant des travées de 7 m, 5,80 m et 5,50 m du nord au sud. Ces pilastres n’ont aucune autre fonction constructive que d’animer et rythmer la surface murale. Ce raffinement architectural est complété, au-dessus du rocher qui sert d’assise au mur, par une plinthe continue englobant la saillie des pilastres, couronnée à l’origine par une assise en bâtière comme en témoigne quelques pierres d’origine conservées (assise réparée avec des blocs taillés en quart-de-rond). Le mur, d’à peine 3 m de haut à l’extrémité sud, a été fortement dérasé, ce qui explique peut-être la disparition de toute trace attribuable à une construction domestique, les ouvertures ayant pu être limitées au niveau de l’étage. Par ailleurs, le parement intérieur côté jardin est en partie enterré du fait du surhaussement important du niveau de circulation du jardin : le mur n’y est visible que sur 5 assises, et toute trace de couronnement y a disparu. Il semble en outre avoir été en grande partie rebâti, reconstruction qui peut avoir fait disparaître les traces d’aménagement divers. Ce parement s’est effondré durant le printemps très pluvieux de 2018.

La demeure qui occupe actuellement la parcelle a été bâtie en deux étapes. La construction la plus récente, côté est, est une maison sans caractère construite en pierre de taille normalisée, percées de simples fenêtres quadrangulaires disposées en travées. La porte principale ouvre sur un couloir qui longe le mur latéral sud de la maison primitive, dont les fenêtres actuelles ont dû être percées au moment de la construction de l'extension de l'édifice, en remplacement de ses anciennes baies. Les vestiges de ces dernières ont été laissées apparents lors de la réfection de l'enduit dans la seconde moitié du 20e siècle. Au rez-de-chaussée, il s'agit de la partie droite de l'arc de couvrement d'une porte charretière et du sommet mouluré du montant, dont la position indique un net surhaussement du niveau de circulation de la rue par rapport à l'époque du fonctionnement de l'ouverture. La demeure comportait au moins un étage, éclairé par deux fenêtres. A droite, le montant qui subsiste montre un encadrement constitué d'un simple cavet. La pierre de la traverse a été conservée, ainsi qu'une portion de l'appui mouluré, presque entièrement abrasé. Par comparaison avec l'encadrement de la baie située à gauche, il est probable qu'il s'agissait d'une demi-croisée. L'autre montant conservé est plus complexe, constitué de baguettes croisées avec base prismatique. Une portion de la traverse est restée en place. Le montant gauche de la fenêtre insérée au 19e siècle est probablement celui de la baie primitive, ce qui confirme, par son emplacement, qu'il s'agissait d'une large fenêtre à croisée.

La façade arrière, bien que dépourvue d'enduit, ne présente pas d'éléments permettant de dater avec précision ses phases d’évolution. La partie correspondant à la bâtisse la plus ancienne est construite en moellon tout-venant. Deux fenêtres condamnées sans encadrement caractéristique apparaissent à un niveau intermédiaire entre le rez-de-chaussée et l'étage actuel, témoin d'un remaniement important des niveaux. La partie du 19e siècle se démarque par un parement en pierre de taille normalisée.

A l'intérieur, tous les murs ont été recouverts de ciment au 20e siècle, et les cheminées supprimées. Seules les caves présentent des maçonneries apparentes. Elles sont bâties aux deux extrémités de l'unité actuelle, de facture très semblable : les pierres de taille qui constituent les voûtes, plus longues que hautes, sont liées par un simple mortier de terre qui suggère une datation tardive (18e ou 19e siècle ?).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

  3. Mise en oeuvre : moyen appareil

Toits
Étages

2 étages de sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré

Couvrements
  1. voûte en berceau segmentaire roche en couvrement
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Émilion , 1 rue du Couvent

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Ville haute

Cadastre: 1845 C 628, 629, 2010 AP 239

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